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MÉLANGES.

NOTICE SUR MLLE. CLAIRON,

NÉE A SAINT-WANON DE CONDÉ, EN 1723, MORTE A PARIS LE 31 JANVIER 1803.

De tous les témoins nécessaires, celui qu'on est le moins obligé de croire, est sans contredit l'enfant qui raconte les détails de sa naissance. Ainsi, nous nous permettrons de douter, malgré le récit de Mlle. Clairon, que née avant terme pendant le carnaval, elle ait été baptisée à la hâte au milieu d'une salle de bal, par le curé et son vicaire, déguisés en arlequin et en gille. Il n'était pas besoin de cette fable pour signaler la vocation qui la fit comédienne. Ni la misère, ni les coups, ni l'ignorance ne purent l'en détourner, et sa volonté eut à cet égard la ténacité de l'instinct. En général, depuis le berceau jusqu'à la tombe, Mlle. Clairon n'a dû qu'à elle-même tout ce qu'elle a valu.

Cependant, elle trouva un premier obstacle dans l'espèce de contradiction que la nature avait mise entre ses dispositions morales et ses formes extérieures. Cette jeune flamande portrait dans sa petite et délicate stature, un caractère énergique et passionné, et sous les jolis traits d'une physionomie vénitienne, cachait une grande cervelle d'homme, comme on le disait de la reine Elisabeth. Elle subit d'abord la loi des apparences; et née avec la mine d'une soubrette, force lui fut d'en accepter les rôles. Elle y débuta, dès l'âge de treize ans, à la Comédie-Italienne, et continua de les remplir dans des troupes de province, à Rouen, à Lille, à Gand, à Dunkerque, en figurant aussi, selon l'usage, dans des divertissemens de

chant et de danse. Sa voix acquit une telle étendue, qu'elle fut appelée à l'Opéra pour doubler Mlle. Lemaure, première cantatrice du tems. Mais, son inexperience en imusique la fit rentrer, malgré ses succès, dans la classe des soubrettes. Un ordre de débuter à la Comédie-Française, sous le tablier de Marton, fut donné à celle qui ne devait bientôt être connue dans les coulisses que par le sobriquet pompeux de reine de Carthage; elle payait pour sa jolie figure, comme Philopomen pour sa mauvaise mine.

Ses débuts au Théâtre-Français eurent tout le merveilleux des métamorphoses. Quoique désignée pour doubler Mlle. Dangeville dans l'emploi des soubrettes, elle devait, à la forme des règlemens, de se montrer aussi dans quelques personnages tragiques. Or, la néophyte, substituant Paccessoire au principal, n'exigea pas seulement que son premier début se fît dans la tragédie, mais choisit le rôle de Phèdre, qui était le triomphe de Mile. Dumesnil. Son droit et son opiniâtreté firent taire les réclama tions, et l'on n'attendit plus qu'une issue burlesque de cet acte de démence, où Lisette devait soutenir, aux yeux d'un public prévenu, le poids de la couronne et les feux de l'inceste. Le jour de l'épreuve justitia l'audace de l'entreprise. Le succès fut complet, et l'admiration universelle. Une autre Clairon sembla naître. On n'avait connu que son masque; c'est son âme qui débuta. Cha❤

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cun fut frappé du grandiose de sa petite taille; et sa physionomie piquante étonna par sa majesté. Cette illusion était due à deux qualités de l'actrice, un organe plein, sonore, le plus beau qui eut retenti sur la scène française, et une âme de feu, que dirigeait une profonde intelligence. Les hommes de notre tems se feront une idée de ce prestige, s'ils ont vu cette infortunée Maillard, qui débuta, il y a quinze ans, au Théâtre-Français, où bientôt elle s'éteignit, consumée par ses passions; et s'il se rappellent comment cette jeune fille, si petite et si jolie, s'élevait par enchantement à la taille héroïque de Roxane et d'Hermione, et d'une voix tonnante, que je crois encore entendre, envoyait Bajazet à la mort, et foudroyait l'assassin de Pyrrhus. Mlle. Clairon soutint par d'autres rôles l'enthousiasme qu'elle avait excité dans Phèdre, Sa réception se fit sans obstacle et sans délai. Pendant vingtdeux années qu'elle occupa la scène, sa réputation alla toujours croissant, et le public fut constamment de l'avis de Voltaire, lorsqu'il écrivait: Je suis Claironien.

La postérité reconnaîtra les services que Mlle. Clairon a rendus à l'art théâtral. La première, elle en fit une science, et tendit toujours à la perfection, c'est-à-dire, à l'expression de la vérité par des moyens nobles et de vives émotions. Secondée par Lekain, elle abolit les costumes

de fantaisie, qui confondaient dans une commune mascarades les personnages de tous les tems et de tous les pays. On ne vit plus se mêler, dans la même pièce, telle que Cinna ou Andromaque, les acteurs vêtus en courtisans de Louis XIV, aux actrices parées en maîtresses de Louis XV*, et dès-lors les couleurs

Voici quelques particularités inconnues sur cette révolution des costumes. La représentation de l'Orphelin de la Chine, au mois d'Août 1755, en offrit la première idée. La manie des productions chinoises en étoffes, en meubles, et en quincailleries, avait rendu si populaire la connaissance

locales plus respectées invitèrent les

des vêtemens de cette nation, qu'il parut également impossible de montrer sur la scène des Chinois habillés en français ou en magots. Joseph Vernet venait d'exposer ses premières marines, et la variété des costumes étrangers qu'il avait peints sur les ports de Marseille et de Toulon, était surtout admirée. Les amis de Voltaire, qui déjà vivait sur le territoire de Genève, engagèrent ce peintre à dessiner pour la nouvelle tragédie des costumes mixtes, juste assez chinois et assez français pour ne pas exciter le rire. Vernet eut cette complaisance, et Mile. Clairon fit, dans son personnage d'Idamé, quelque altération à l'ancienne routine. La décoration présentait un superbe palais d'ordre corinthien, dont chaque colonne portait sur son chapiteau de feuille d'acanthe, le magot accroupi d'un mandarin occupé à lire. Cette tentative n'eut point alors de suites; mais une autre épreuve de l'année suivante fut décisive. Mlle. Clairon était venue donner quelques représentations à Marseille, forsque le maréchal de Richelieu y débarqua, tout couvert des lauriers de Mahon. Le jour que le vainqueur se rendit au spectacle, elle l'embrassa et le complimenta au haut de l'escalier, dans le costume d'Alzire, c'est-à dire, en belle robe de soie mordoré, avec un soleil appliqué eu larmes d'or sur la poitrine. et un petit panier circulaire ou tonnelet chargé de pompons jonquille. Le jour suivant, elle joua Zaire dans une parure non moins ridicule, et fut poignardée sur un canapé français, et fort embarrassée après sa mort dans un énorme panier de cour chamarré d'or et d'argent. Le soir elle soupait, suivant son usage, chez le duc de Villars, gouverneur de la province, avec le maréchal de Richelieu et son étatmajor; elle se trouva placée à table à côté d'une dame grecque, que M. Guys, riche négociant, et auteur de Voyages en Italie et en Grèce, avait épousée à Constantinople. Après les éloges que méritait son jeu, cette dame témoigna à Mile. Clairon ses regrets de ne pas lui avoir proposé pour le rôle de Zaïre un des habillemens grecs qu'elle avait apportés de son pays L'actrice fut vivement jouer la pièce une seconde fois non-seulefrappée de cette idée ; et comme elle devait ment Mme. Guys lui envoya un de ses costumes byzantins, mais elle vint elle-même l'habiller. Le public applaudit cette nouveauté avec transport, et Mme. Guys en prit occasion de faire présent à Mlle. Clairon d'un ajustement oriental complet. dont une magnifique pelisse fesait partie. De retour à Paris, Mlle. Clairon s'empressa de renouveler une expérience dont le bon sens et la nécessité furent si fortement sentis, que la réforme devint générale pour

acteurs et les écrivains dramatiques à moins s'écarter du naturel. Mlle. Clairon elle-même changea son premier jeu trop emporté, et y substitua une manière raisonnée, où de plus grands effets naissaient de causes plus simples, comme ces liqueurs généreuses qui s'adoucissent en vieillissant, et perdent leur âpreté en gardant leur force. Cette réforme était le fruit d'études opiniâtres qui décelaient du jugement, de la sagacité, et une contention d'esprit peu commune. Chacun de ses rôles fut confronté par elle à l'histoire, à la philosophie morale, à la connaissance du cœur humain, et lui fit découvrir dans les pièces des effets et des intentions dont les auteurs étaient eux-mêmes les plus étonnés. Une tête naturellement poétique, une oreille sensible à l'euphonie, un débit fidèle aux moindres beautés, la rendaient précieuse aux gens de lettres. Le goût des arts du dessin et de la statuaire antique présidait à sa démarche, à ses attitudes, à l'expression de ses traits. Elle poussa l'amour de l'exactitude jusqu'à s'assurer, par des leçons d'anatomie, du mouvement des muscles faciaux et des règles du jeu muet; et telle fut son ardeur scientifique, qu'elle dédaigna de s'apercevoir que de loin comme de près, le plus parfait des épouvantails doit être une femme anatomiste.

Par le soin, la profondeur et la perfection de son jeu, Mlle. Clairon fut l'actrice des connaisseurs, des lettrés, des gens de goût, tandis que Mlle. Dumesnil entraînait la multitude par quelques éclairs admirables qui jaillissaient d'un débit nu, précipité, incorrect et sans couleur. Celleci est, disait-on, l'interprète de la na

les deux sexes. La poudre, les mouches, les chignons, les paniers, les fontagnes, et mille autres fantaisies modernes, furent bannis du costume tragique; les héroïnes de la Grèce et de Rome, les reines de Carthage et de Babylone, les sauvages du Pérou et de la Scandinavie, n'eurent plus

rien à démêler avec l'almanach des modes.

ture, et l'autre est l'enfant de l'art. Mais il faut laisser à Dorat ces antithéses de rhéteur. Ce n'est pas sans art que Mlle. Dumesnil donnait, par ses négligences, plus de relief aux élans de son âme; et l'art n'était, chez Mlle. Clairon, que la règle et l'ornement d'une nature non moins riche qu'énergique. Aussi remarquet-on, comme un témoignage de la franchise de son jeu, qu'elle excella surtout dans les rôles analogues à son propre caractère, vain, enthousiaste, altier et véhément. Ce caractère lui fit presque autant d'ennemis que ses talens. Mais, si elle en eut les torts et les ridicules, elle en recueillit aussi les avantages: le respect de soi-même, l'amour de la gloire, le désintéressement, la véracité, le goût du noble et du beau; enfin, comme elle l'a écrit elle-même, la force, le courage, et le cœur d'un galant homme. peut dire d'elle, et c'est un assez rare éloge, que, dans le cours entier de sa vie, toutes les fois qu'elle eut un parti à prendre, elle choisit le plus généreux. Ne soyons donc point surpris si elle eut des amis enthousiastes, non-seulement dans les hommes, mais parmi les femmes, entre lesquelles on peut citer la duchesse de Villeroi, la femme de l'intendant de Paris, Berthier de Sauvigny, et la princesse de Gallizin, qui la fit peindre par Wanloo dans un tableau magnifique, que Louis XV voulut enrichir d'une bordure de cinq mille francs, et que le comte de Valbelle fit graver. Une médaille fut aussi frappée en son honneur. La sculpture modela ses traits; et deux charmantes épîtres de Voltaire lui assureront l'immortalité mieux que le marbre et le bronze.

On

Mlle. Clairon, énivrée de ces hommages, s'indigna du contraste de sa gloire avec l'abaissement de sa profession, et résolut d'abord de soustraire les gens de théâtre à l'excommunication religieuse. Il est vrai que cette rigueur n'a pas lieu dans les autres pays catholiques, et l'on re

marque que les mœurs des comédiens y sont infiniment meilleures qu'en France,résultat qui prouve, d'un côté, l'avantage des pratiques du culte, et de l'autre, le danger de la sévérité gallicane. Notre église avait des prélats d'un esprit assez élevé pour apprécier cette considération, si elle leur eut été soumise. Il paraît que Mlle. Clairon voulut l'emporter par d'autres voies. Elle inspira si mal un jurisconsulte inhabile, appelé Huerne de La Motte, que son Mémoire fut lacéré par la main du bourreau, et l'auteur rayé du tableau des avocats.

Un siècle indifférent ne vit, dans la démarche de l'actrice, qu'une bouffée d'orgueil; et ses camarades se rirent d'un zèle qui les touchait peu. Je crois cependant qu'au milieu de sa vanité, Mile. Clairon écoutait aussi quelques pieux scrupules, dont les femmes, d'un cœur droit et d'une imagination vive, ne s'affranchissent jamais entièrement. Aujourd'hui, les gens de théâtre, mus de sentimens religieux, trouvent un refuge dans les communions évangéliques, qui n'étaient pas alors autorisées par les lois de l'état, comme elles le sont maintenant.

Mlle. Clairon échappa aux censures ecclésiastiques autrement qu'elle ne l'avait prévu. Un acteur du ThéâtreFrançais s'étant donné un spectacle par un procès scandaleux contre son chirurgien, ses camarades payèrent sa dette, et arrêtèrent de ne plus communiquer avec lui. Cette résolution fit manquer une représentation de la tragédie du Siège de Caluis, et causa un assez grand tumulte, à la suite duquel les principaux acteurs furent emprisonnés au Fort-l'Evêque. Mlle. Clairon y resta durant cinq jours, et tint pendant vingt-un les arrêts chez elle.

Révol

tée de ce traitement, elle donna sa démission, et l'autorité, alarmée de sa perte, vint négocier avec elle. Mais l'héroïne, plus inflexible dans son repos qu'Achille sous sa tente, ne se laissa point apaiser, et la levée de

l'excommunication des comédiens, qu'elle avait bien voulu mettre pour condition à sa rentrée, n'ayant pu s'accomplir, elle quitta le théâtre à l'âge de quarante-deux ans, dans le plus grand éclat de son talent, et laissant un vide qui ne fut pas rempli; car les inspirations de Mlle Dumesnil se bornaient à peu de rôles, et lui étaient trop personnelles pour servir de modèle. Mlle. Clairon, devenue indépendante, fit le pélerinage de Ferney; et le petit théâtre du patriarche fut ébranlé de ses accens. Elle consentit à reparaître deux fois sur le théâtre de la cour, à l'occasion du funeste mariage de Louis XVI. On la vit aussi, dans une nombreuse assemblée réunie chez

elle, se montrer sous le vêtement d'une prêtresse d'Apollon, et couronner le buste de Voltaire, en récitant un hymne de Marmontel. Le public se fût probablement moins moqué de cette fête prétentieuse, si l'ode eût été meilleure. Le soin que prît Mile. Clairon de former pour la scène Larive et Mlle Raucour, fut le dernier service de sa carrière théâtrale. Elle donna aussi quelques leçons à l'avocat-général Hérault de Sechelles, mais sans pouvoir animer l'idole; car je ne me souviens pas d'avoir connu de plus bel homme, ni de plus mol

orateur.

La vie privée d'une actrice touche par trop de points aux actes de sa profession, pour qu'elle n'en partage pas souvent la publicité. On sait déjà quels tributs la jeunesse de Mlle. Clairon paya dans les provinces aux séductions de son métier, et peutêtre aux causes premières de son talent. Des indiscrets ont trahi les faiblesses moins excusables qui la suivirent dans une situation plus indépendante. Marmontel, Guymond de la Touche, Du Belloy, reçurent la part qu'elle fit aux muses dans les affections de son cœur.

Le comte de Valbelle, plus jeune qu'elle de sept à huit ans en fut si éperdument épris, qu'il la sollicita

a

pendant treize ans d'accepter sa main, et obtint même le consentement de la marquise de Valbelle, sa mère. Mais Mlle. Clairon, qui l'aimait avec tendresse et sincérité, se refusa cons~tamment à cette haute fortune par des motifs qui honorent la fierté et la délicatesse de son caractère. Ce jeune officier, d'un grand nom et d'une rare beauté, mêlait aux grâces brillantes d'un courtisan une âine efféminée, un esprit frivole, et les goûts magnifiques d'un grand seigneur. Dans un moment de gêne, où ses dissipations le compromettaient, Mlle. Clairon vendit ses effets les plus précieux, et lui prêta pour dix années une somme de 90,000 fr. Devenu, par la mort de son frère aîné, le chef de sa famille et possesseur d'une immense fortune, il retourna en Provence, où, dégagé des conseils de son amie, il afficha une dissolution effrénée. Son superbe château de Tourves fut un théâtre si fameux de faste, de corruption et de galanterie, que les bourgeois de la contrée n'en prononçaient le nom qu'en rougissant. Mais, à Paris, où tout se peint en beau, on publiait que ces orgies et ces fètes, si mortelles aux bonnes mœurs, n'étaient que les simples jeux d'un troubadour opulent et spirituel, jaloux de restituer à la terre galante des Provençaux l'ancienne institution des cours d'amour. Je ne tairai pas que, du sein de ce désordre, M. de Valbelle fit à l'Académie française le fonds d'un prix annuel pour l'encouragement des gens de lettres, et qu'à ce noble réveil on reconnut l'ancien ami de Mlle. Clairon, et tout ce qu'elle avait pu semer de littéraire dans un cœur aussi léger.*

Plusieurs traits de la conduite de cette actrice, rentrée dans la vie commune, avaient trahi ce besoin d'occuper le public, dont ne se guérissent jamais les âmes qui ont

M. de Valbelle avait été nommé com

une fois goûté l'ivresse des applau dissemens. Depuis la désertion du beau commandant de la Provence, elle cultivait quelques branches de l'histoire naturelle, lorsque la conquête d'un prince souverain vint la distraire de ce loisir philosophique, plus convenable à la maturité de son âge. Le margrave d'Anspach, de retour dans ses états, ne put supporter l'absence de son amie, et la conjura de venir habiter sa cour. Mlle. Clairon se rendit à ses prières réitérées, et lui sacrifia toutes les habitudes de son existence. Elle avait cinquante ans, lorsqu'elle partit,

mandant de la Provence. Ce que j'ai dit de sa magnificence et de la dépravation de ses mœurs, est confirmé par le témoignage des habitans du pays. Voici d'ailleurs ce que lui écrivait Mile. Clairon, dans une lettre datée d'Anspach, le 20 février 1774: Pourquoi rester dans des lieux où vous avez le faste le plus ruineux, où tout le monde vous hait au fond de l'âme ? Espérez-vous que des maris outragés, des amans négligés pour vous, puissent jamais être vos amis?.. Renoncez à des chimères d'ostentation qui dégradent votre grandeur réelle; ayez dans vos affaires l'ordre dont votre âge, votre esprit, votre honneur vous font un devoir: quittez des lieux où vous ne pouvez faire que des fautes funestes au repos de vos vieux jours et à la gloire de Prenez une compagne qui

tous vos momens.

vous honore, etc. Une triste fatalité détruisit tout cet enchantement. Le comte de Valbelle mourut, à 46 ans, usé par les plaisirs; son corps fut entreposé dans une écurie; son beau château de Tourves a été rasé; la révolution a confisqué la somme de 24,000 fr. qu'il avait léguée à l'Académie française, par son testament du 6 Février 1779, pour que le reveuu en fût, chaque année, assigné par elle à un homme de lettres qui aurait fait ses preuves, ou qui donnerait seulement des espérauces. Il n'était resté du nom de Valbelle qu'un fils naturel du frère aîné, dont la naissance avait été voilée par son introduction dans une famille étrangère. A la suite d'un procès célèbre au parlement d'Aix, il fut mis en possession de la plupart des grands biens que les Valbelle lui avaientlégués; mais ce jeune homme, d'une extrême beauté, d'un caractère facile, d'un esprit médiocre, et qui avait quitté son nom de Cossigny pour celui de ses bienfaiteurs, fut cruellement immolé sous le règne de la terreur.

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