Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

"Eh! que me fait le Dieu qu'enfanta leur démence ?
"S'il peut m'anéantir, que ne vient-il enfin !
"Mais non; de ma grandeur de mon empire immense,
"Le Tems, quoiqu'immortel, ne verra point là fin.”
Au noir séjour qui donc t'a fait descendre?
Pourquoi n'entends-je plus tes profanes concerts?
Je t'ai cherchée au fond de tes déserts....
Pas un débris, pas seulement la cendre
De ces palais pompeux qui fatiguaient les airs.

Attiré vers l'Euphrate, où jadis tu fus Reine,
Je t'appelle, et tu dors au-dessous des sillons,
Et tes murs sont mêlés à la mouvante arène
Que l'ardent Africus roule en noirs tourbillons.
Ton dieu, lui-même a partagé ta tombe;
La terre a dévoré les temples de Bélus ;
Tes successeurs comme toi ne sont plus.
Semblable au flot qui grandit et retombe,
Chaque Etat, tour à tour, a son flux et reflux.

Là, régnait ta rivale; ici l'herbe remplace
Les remparts que Palmyre élevait jusqu'aux cieux ;
Plus loin mourut Balbec; là, j'ai foulé la place
Où Memphis, autrefois, attirait tous les yeux.
"Fendez les mers, affrontez la fortune,
"Partez, disait Sidon à ses mille vaisseaux ;
"Que tous les Rois deviennent mes vassaux ;
"Qu'à votre aspect le superbe Neptune
"Abdique le pouvoir qu'il avait sur les eaux."

Et cependant l'oubli la couvre de son aile!
Et cependant ses ports sont muets d'abandon !
Et cependant, la mort, livide sentinelle,

Est debout, pour jamais, sur les murs de Sidon !
Voilà, voilà, magnifiques atômes,

Conquérans trop fameux, foudroyans potentats,
Comme le ciel se rit de vos Etats,

Et fait passer, tels que de vains fantômes,
Vos peuples souvent grands par de grands attentats.

[merged small][merged small][ocr errors]

Non, vous ne verrez plus vos cabanes rustiques !
Au foyer paternel adressez vos adieux!
Il va périr l'asile où, tels qu'aux jours antiques,
Vous cultiviez en paix l'innocence et les dieux !
Que tardez-vous? la guerre et l'incendie
Ont ligué leurs fureurs, réuni leurs tisons.
Entendez-vous ces lamentables sons?
Tout est perdu.... De la flamme agrandie
Le courroux se déploie à travers vos moissons.

Que d'horreurs ! Et pourquoi dévaster ces rivages?
Insensé conquérant, quel peut être ton but?

Crois-tu que ton grand peuple, après tant de ravages,
Au néant, à son tour, ne paiera point tribut?
Sors du tombeau, sors, géant politique,
Rome, viens l'effrayer du bruit de tes revers,
Toi qui jadis, insultant l'univers,

Voyais fléchir sous ton joug despotique
Tant de fronts couronnés, tant de peuples divers.

Jusqu'où n'ont point volé tes aigles intrépides?
Quel moyen d'envahir n'as-tu pas inventé,
Quand, la flamme à la main, tes légions rapides
Couraient annoncer Rome au monde épouvanté?

Des bords du Tigre aux colonnes d'Alcide,
Lançant tous les fléaux que l'enfer déchaîna,
Tu ressemblais au turbulent Etna,

Lorsqu'entr'ouvrant son sommet homicide,
Il vomit la terreur dans les vallons d'Enna.

En vain dans ses déserts, en vain la Nigritie*
T'opposait tous les feux de son ciel dévorant;
En vain le fils glacé de l'âpre Sarmatie
Croyait dans ses marais échapper au torrent:
Comme à la voix du maître des tonnerres,
Un océan vengeur, dans les airs enfanté,
Couvrit soudain le globe dévasté;

De même on vit tes bandes sanguinaires
Inonder de leurs flots tout l'univers dompté.

Levez-vous! accourez insulter à son ombre,
Peuples qu'elle a plongés dans la nuit du cercueil :
Des règnes effacés Rome a grossi le nombre;
Elle a perdu sa gloire et courbé son orgueil;
La ronce avide a percé ses murailles :

Ses thermes, ses palais, dans la poussière épars,
Sont là semés, jetés de toutes parts;

Tandis que l'if, amant des funérailles,

S'est emparé du sol où brillaient ses remparts.

• Les Romains ont poussé leurs conquêtes jusqu'aux bords du Niger.

Tel ce fleuve échappé des flancs du mont Adule,
Le Rhin, gros de tributs, terrible, impétueux,
S'avance, imaginant, dans sa fierté crédule,
Qu'il va rouler sans fin ses flots tumultueux.
Hélas! ses flots sont des flots périssables!
Vainement de son cours la terre a retenti;

Déjà, moins fier, son cours s'est ralenti ;
Décroît encore, et dans des mers de sables,
Comme un humble ruisseau, disparaît englouti.

Ainsi tout passe, ainsi, ma patrie elle-même,*
Après avoir dompté cent peuples belliqueux,
Precipitée un jour de sa grandeur suprême,
S'en ira dans l'oubli se confondre avec eux;
Et quand le Tems, ce Dieu de la vitesse,
Aura mis au tombeau notre règne expiré,
Peut-être alors quelque Barde inspiré,
Touchant sa harpe aux lieux où fut Lutèce,
N'entendra que le chant qu'il aura soupiré.

NOTICES SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

[blocks in formation]

Pont suspendu sur le Tolly's Nul

lah.-Cette nouvelle construction est faite d'après le même système que les ponts suspendus de l'Amérique et de l'Angleterre (système qui a été simplifié en France, surtout par M. Navier, et mis à exécution par MM. Séguin, du département de l'Ardèche: Le lieutenant Schalch a seul dirigé les travaux, sans le secours d'aucun ouvrier européen. Il lui a fallu autant d'industrie que de patience, pour faire exécuter des opérations aussi difficiles par des artisans du pays, qui n'en avaient ni l'habitude ni l'expérience. On a fait passer sur le pont, des troupes, des bestiaux, des voitures, etc., sans qu'il y ait eu aucune vibration inquiétante. Le gouverneurgénéral des Grandes-Indes était présent à ces épreuves.

CALCUTTA.

Société Asiatique.-Séance du 8 Mars.-M. J. H. HARRINGTON est

* C'est un Français qui parle.

élu vice-président. On lit; 1o une lettre de M. de Hammer, annonçant que quelques nouveaux monumens mithriaques, encore plus remarquables que ceux qui étaient déjà connus, ont été découverts en Transylvanie; il offre d'en donner une description. 2o Une lettre du docteur Carey, dans laquelle il transmet à la société quelques détails envoyés par M. Nisbet sur l'aérolite qui tomba dernièrement dans le Zillah d'Allahubad. M. Nisbet promet d'envoyerau musée de la Société, un échantillon de cette pierre météorique. Il en possède six fragmens, pesant plus de vingt-une livres. 3o La note d'un envoi de M. Moorcroft, en députation à Tourkistan Osbeck, datée de Leh, capitale du Ladakiou. Cette note annonce une peau de lynx, des peaux de léopards mâles de renard, la peau d'une espèce d'éet femelles, une peau d'ours, une peau cureuil volant; ces peaux diffèrent, dit-on, considérablement d'aspect et de couleur, avec celles des mêmes espèces d'animaux dans les autres parties de l'Asie où les Européens ont pénétré.-M. Bayley a présenté

à la Société, pour le musée, au nom de M. Hodgson, quelques échantillons de tissus de laine, de cristaux d'ores métalliques, de pierres de Salagram, de siva lingas, et un cylindre à prière (prayer-cylinder), de Nepaul. Les tissus de laine sont fabriqués par les femmes de Bhote. Selon les naturels de Katmandoo, Bhote est ce vaste pays montagneux, borné à l'est par l'Indus, à l'ouest par le Burhampouter, et au nord par les monts Himalaya, couverts de neiges éternelles. Au sud, il ne semble pas y avoir de bornes naturelles. Le mouton, dont la toison fournit les matières propres à la fabrication des tissus dont nous avons parlé, est natif de Bhote; c'est un animal grand et fort. C'est la seule bête de somme qui puisse traverser ces effroyables régions; il vaut, dans la vallée de Nepaul, environ deux roupies ou huit anas. Sa toison diffère de qualité, suivant les climats variés de ce pays montagneux ; elle est commune daus la partie méridionale, et augmente de finesse et de douceur en remontant vers le nord. Dans le voisinage immédiat des neiges, cette laine est peu inférieure à la toison des chèvres de Cachemire.

- Un très-joli modèle d'une voiture construite dans

le pays, a été offert à la société par des parens de feu Miss Tytter, qui a

enrichi le musée d'une multitude d'objets curieux, et qui, par ses connaissances étendues en sciences et en littérature, a contribué au progrès de la civilisation dans les Indes.-Les deux premiers cahiers du Journal Asiatique, publié par la Société Asiatique de Paris, ont été reçus et communiqués à la Société. Enfin, le secrétaire a lu un mémoire géographique, statistique, politique, historique et archéologique sur Orissa proprement dite, ou Cuttack, par Andrew Stirling. Ce travail se divise en trois parties: la première contient une description générale de la province, et fait connaître ses limites anciennes et modernes, son sol, ses productions, sa géologie, ses riTOME IV.

vières, ses villes, son commerce, sa population, ses revenus, ses institutions politiques, etc. La seconde partie traite de sa chronologie et de son histoire. La troisième, de sa religion, de ses antiquités, de ses temples, de son architecture civile.

SÉRAMPOUR.

College. On se rappelle que le but de cette louable institution est de répandre les lumières dans l'Inde, et de contribuer à la prospérité du pays, en perfectionnant les facultés morales et intellectuelles de ses habitans. Le troisième rapport sur ce collége, pour l'année 1822, nous apprend que l'édifice est assez avancé pour être bientôt habité. Les douze salles du centre sont presque toutes achevées, ainsi que la salle des cours et la bibliothèque; mais on ne peut terminer les constructions qu'après l'arrivée des deux escaliers de fonte qui ont été commandés en Angleterre. Des quatre suites d'appartemens destinés aux professeurs, deux sont finies chaque suite contient huit chambres de différentes grandeurs, quatre en bas et quatre en haut. M. Johnmack, qui a fait récemment un cours de chimie dans la salle appartenant à la Société Asiatique, a été nommé surveillant du département des sciences dans le Collége. nombre des élèves, mentionnés dans le dernier rapport, était de 45; il s'élève aujourd'hui à 50. Le comité a admis deux jeunes musulmans de Delhi, dont l'éducation sera payée sur les fonds faits par le capitaine Gowan, pour cet objet: l'un étudie le persan, l'autre le samskrit: un troisième, nouvellement admis, est un brahmane mahratte, d'environ vingt ans, que le capitaine Gowan a placé au Collége, à ses frais, pour trois ans. Il étudie l'anglais, le samskrit, la géographie et le système d'astronomie de Newton. Ces trois élèves, avec les six brahmanes qui étudient l'astronomie, reçoivent une certaine somme par mois pour leur

Y

Le

nourriture, attendu que les règles de leur caste ne permettent pas de manger dans le Collége. Le quatrième examen des élèves, qui se fait tous les trois mois, a eu lieu dans la grande salle du Collége, en présence du gouverneur de Sérampour. A la suite. de cette cérémonie on a décidé qu'à l'avenir on donnerait aux jeunes gens qui étudient l'anglais, quelques notions sur la chimie. Le comité a proposé d'ajouter à l'établissement un professeur de théologie. Le salaire de chaque professeur est fixé à 250 roupies par mois. Le comité propose aussi un professeur de médecine. La nécessité d'avoir un observatoire pour faciliter l'étude de l'astronomie, n'a point échappé à l'attention du comité : la hauteur et la solidité du centre de l'édifice permettra d'en élever un à peu de frais. Les missionnaires de Sérampour ont offert à la bibliothèque du Collége environ trois mille volumes, qu'ils ont rassemblés depuis vingt ans.

SUEZ.

Voyage scientifique.-Le docteur Ehrenberg et le docteur Hemprich, naturalistes prussiens, qui ont fait un voyage en Egypte, sont sur le point d'entreprendre une nouvelle expédition que la libéralité du Roi de Prusse les met à même de faire. Dans une lettre de Suez, datée du 8 Juin, ils donnent un exposé de leur plan. Ils comptent visiter d'abord les côtes de Ja Rge, et faire un assez long séjour à Tor et à Akaba. Ils s'embarqueront ensuite pour Moka, d'où ils feront des excursions sur les côtes

d'Abyssinie et les îles voisines de Bab-el-Mandeb; ils iront ensuite à Puakem, et, si les circonstances le leur permettent, ils tenteront de pénétrer en Nubie jusqu'à Sennan, afin de mieux connaître les contrées fertiles qu'ils ont vues lors de leur premier voyage, et dont ils n'ont visité que les limites. Ils se proposent de retourner au Caire par Cosseir et Sineh. Un riche convoi de trente

grandes caisses, renfermant les résultats de leur expédition en Nubie, est arrivé en Allemagne il y a quelques mois. Ce sont des specimens de toutes les productions naturelles de ce pays, si imparfaitement connu en Europe. Ce qu'ils ont recueilli depuis a été embarqué pour Trieste, et arrivera en Prusse vers la fin de l'année. Le zèle infatigable de ces deux savans et l'étendue de leurs connaissances, rendront ces voyages d'une haute importance pour l'histoire naturelle.

VIENNE.

Bateaux à vapeur.-Les feuilles allemandes ont déjà fait mention à plusieurs reprises, des expériences qui ont eu lieu sur le Danube pour remonter ce fleuve au moyen des bateaux à vapeur. Le résultat de ces expériences est tel, que les actionnaires n'ont pas hésité à fournir, de leur plein gré, le double de la somme pour laquelle ils s'étaient primitivement engagés. Il n'y a plus maintenant à douter que cette entreprise ne fasse époque dans l'histoire de notre commerce, et ne soit de la plus grande utilité pour l'échange des produits du royaume de Hongrie. C'est encore à M. le conseiller intime Ferdinand de Palfy, généralement connu par son zèle pour toutes les conceptions grandes et utiles, que l'on est redevable de cet important succès. Les premières difficultés que l'on a rencontrées dans cette entreprise avaient paru insurmontables, soit à cause de la rapidité du fleuve, soit à cause des bas-fonds qui s'y trouvent en beaucoup d'endroits; et il fallait un homme du génie et de l'activité de M. Palfy, pour ne pas se laisser décourager.

HEIDELBERG.

Nous avons entretenu souvent nos lecteurs de cette université, qui continue à être l'une des meilleures de l'Allemagne. Nous avons sous les yeux le programme de ses cours pour le semestre présent. Quelle branche

« VorigeDoorgaan »