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A quelques milles de la ville de Bénarès, dans la province du même nom, fameuse par son célèbre collége de Bramines, se voient dans la campagne les ruines d'un beau village habité autrefois par des Banians. Dans le tems de sa prospérité, il était garanti de la vive ardeur du soleil par une colline couverte de thecas, de makarékaus et d'autres arbres, que des mains bienfesantes, ou la nature elle-même, avaient plantés dans des tems reculés, et qui répandaient sur le village leur ombre favorable. Là, vivait une famille, la plus pauvre de la bourgade, si l'on n'a égard qu'à l'or et à l'argent; mais la plus riche en effet, si la vertu est comptée pour quelque chose. Le vénérable Altaf en était le chef. Son épouse Naama l'avait rendu père de quatre fils d'une mer⚫ veilleuse beauté, et dont la naissance s'était suivie de si près, qu'ils se trouvaient tous quatre en âge d'être mariés. On les nommait Hégiage Mirza, Alcouloub et Béhergiour: ce dernier nom signifie aussi éclatant que le diamant: la beauté de ce jeune homme surpassant encore celle de ses frères. Leur union était parfaite: ils passaient leur vie à inventer chaque jour quelques nouveaux moyens de plaire à leurs parens, de leur procurer des douceurs, ou de s'éviter des fatigues les uns aux autres: ils ne rentraient jamais sous leur toit sans apporter de la racine de gingembre, propre à confire dans le vinaigre, et aussi des bananes, des mangoustes, ou des noix d'aréka pour mêler avec le bétel, feuilles d'un arbrisseau que les Indiens

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terre; les arbres ne rapportèrent point de fruits, les sémences périrent. Le Gange resserré dans son lit, coula entre des rives stériles, et la famille d'Altaf, trop pauvre pour se procurer des vivres, devenus extrêmement chers, se vit avec effroi menacée de toutes les horreurs de la famine. Hégiage, l'aîné des quatre fils, dit à son père : Qu'allons-nous devenir? vous n'avez point d'argent pour acheter du riz, la terre ne nous promet, cette année, aucun secours; attendrons-nous paisiblement la mort la plus affreuse? Vendez-moi à quelque personne riche, et achetez ensuite du blé et du riz à Bénarès, pour ~ vous nourrir, vous, ma mère et mes frères."

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"A ces paroles, Altaf pleura amèrement, sa femme, Naama, s'éva nouit de douleur, et les trois autres frères s'abandonnèrent au désespoir. Chacun d'eux voulait se vendre à la la place d'Hégiage; mais il était l'aîné, triste privilége qui lui obtint de se sacrifier à la nécessité de sa famille. Son père ne s'y déter cependant que lorsqu'ils eurent consommé tout ce qui leur restait de vres, et que d'autres Banians du même village, aussi misérables que lui, lui en eussent donné l'exemple. Alors, triste et abattu, il partit secrètement avec son fils, pour éviter de cruels adieux et les plaintes de Naama, et se rendit à Bénarès, où i ille vendit avann tageusement. Avant de s'en séparer, Altaf le serra tendrement dans ses bras, lui remit une petite fiole qui remittend contenait de l'eau du Gange, qui estof pour les Indiens un fleuve sacré; puis, lui montrant une petite boîte de bois

à mâcher, et dont ils se parfument la ta: Mactement scellée, il ajounov

her enfant, lorsque tu

bouche. La piété filiale les arra-vins au monde, un saint Fakir qui chait à ce repos qui est si cher aux Indiens, qu'on les entend souvent répéter ces vers d'un de leurs poètes:

Il vaut mieux dormir que veiller; il vaut mieux être assis que debout; mais la mort est encore préférable.

Une année les pluies qui ont coutume de fertiliser régulièrement ces contrées ne virent point arroser la TOME IV.

demeurait dans notre voisinage, et au-v quel ta mère fesait de tems en tems l'aumône, me donna pour toi cette petite boîte, scellée de son sceau, et dans le même état que tu la vois aujourd'hui. Non-seulement il me défendit de l'ouvrir, mais il ajouta que je ne devais te la confier et te la faire connaître que dans le cas où tu 2 M

serais obligé de quitter la maison paternelle. Il dit encore, si je m'en souviens bien, que tu attendisses à être seul pour l'ouvrir. Reçois-la avec confiance, mon cher fils, car ce Fakir était un saint personnage. Il avait fait vœu de ne se laver jamais le corps, de ne se peigner ni la barbe ni les cheveux: il a fini ses jours dans une rnde pénitence, et en tenant la queue d'une vache.'

"Après avoir ainsi parlé, Altaf embrassa encore son enfant, pleura de nouveau sur lui, et s'en retourna en le recommandant à ses dieux. Une nouvelle douleur l'attendait chez lui, où il trouva sa femme et ses enfans plongés dans le deuil: son absence et celle d'Hégiage ne leur permettant pas de douter que celui-ci les eût quittés pour jamais. Dès ce moment le bonheur de cette famille se changea en une longue série d'infortunes. L'année suivante, étant encore sèche et stérile, la misère publique augmenta: on ne voyait dans les campagnes que des malheureux, pâles, exténués, semblables à des ombres, cherchant avec avidité quelques racines amères échappées au fléau, et qu'ils arrachaient péniblement du sein de la terre.

"Mirza vit que le moment d'imiter son frère était venu. Ce nouveau sacrifice réveilla la douleur du premier; mais on n'avait point d'autre ressource contre la mort. Altaf prit encore avec son deuxième fils le chemin de Bénarès. Il lui remit, comme à son frère, de l'eau du Gange et une boîte de bois de sandal que le Fakir lui avait aussi donnée pour son fils, avec les mêmes conditions. La troisième année n'étant pas plus heureuse, le cœur de ces infortunés en fut tellement abattu qu'ils se résignèrent plus aisément à la perte du généreux Alcouloub, qui abandonna à son tour la maison paternelle, emportant avec lui de l'eau du Gange et une petite boîte de sandal, troisième présent du bon Fakir.

Des enfans si dévoués auraient dû désarmer la colère du ciel; mais,

soit qu'il eût à punir quelque souverain puissant, dont le crime retombait sur le pauvre peuple, soit qu'il voulût éprouver la patience de ses élus, les nuages chargés de répandre les pluies fertiles passèrent encore sans s'y arrêter sur le pays de Bénarès, et ses malheureux habitans crurent que cette fois ils n'échapperaient point à la mort. Béhergiour dit à ses parens: • Vendez-inoi aussi afin que vous viviez."

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"Altaf lui répondit: De quatre enfans que Wisnou nous avait donnés, il ne nous reste plus que toi : demeure donc pour nous fermer les yeux, et nous porter au bord du Gange, quand nous serons près de rendre le dernier soupir, afin que, purifiés par ses eaux saintes, nos âmes ne soient point condamnées à passer dans le corps de quelqu'animal immonde !'

"Sa mère lui en dit autant; mais bientôt des maladies contagieuses s'étant jointes à la famine pour peupler les tombeaux, cette mère désespérée fut la première à souhaiter l'éloignement de son dernier fils.

Laissons le partir, dit-elle en pleurant à son époux, il vaut mieux nous en séparer que de le voir expirer å nos yeux.'

"Altaf se détermina donc en gémissant à vendre encore le jeune et beau Béhergiour, reste de son infortunée famille.

"Mon pauvre enfant, dit ce malheureux père, j'ai donné à tes frères de l'eau du Gange, afin qu'elle les purifie en quelque lieu qu'ils se trouvent; mais comme il ne m'en reste plus une goutte, et que je n'ai point d'argent pour acheter la permission d'en puiser, il m'est impossible de t'accorder ce dernier bienfait. Tu n'emporteras, hélas! de notre héritage que nos regrets, notre bénédiction, et cette petite boîte semblable à celle de tes frères. Je ne sais encore quelle utilité tu en retireras, mais la confiance que j'avais dans la sainteté de celui qui t'en a fait don, me laisse espérer que c'est quelque

talisment propre à conserver la ver

tu."

"Le père et le fils se dirent adieu à plusieurs reprises. Altaf s'en retourna désespéré, et Béhergiour, avec d'autres Indiens que la nécessité obligeait comme lui de se vendre, suivit son maître qui était un riche marchand de Siam. Arrivés dans cette ville, capitale du royaume du même nom, tous les esclaves passèrent entre les mains de différens maîtres, et Béhergiour, dont la beauté était remarquable, fut vendu fort cher au premier Mandarin de la cour, qui apprenant qu'il était né parmi les laboureurs, lui confia la culture de ses jardins. Son sort lui eût paru assez doux s'il avait pu oublier son pays et sa famille, et perdre la pensée qu'il ne les reverrait peut-être jamais, mais au contraire elle l'occupait continuellement et lui arrachait des larmes intarrissables. La tristesse inspire naturellement des choses touchantes: Béhergiour, qui avait autant d'esprit que de beauté, composa sur ses malheurs des vers qu'il prenait plaisir à chanter, en cultivant les fleurs de son jardin. • Qui me rendra le tamarin que mes pères avaient planté à l'entrée de ma cabane, et dont l'ombre majestueuse Ja protège à l'heure de midi? disaitil dans ces vers. Qui me le rendra, hélas! Les oiseaux de paradis se reposent sur ses branches, lorsqu'ils viennent visiter le pays des Banians, dans la saison où mûrissent les noix dé muscade. Que n'ai-je comme eux des ailes! Quand le soleil disparaît, les fruits du tamarin se cachent sous les feuilles ; ainsi depuis que j'ai perdu de vue le ciel de mon pays, mon triste cœur renferme en lui-même tous ses sentimens.'

"Une des filles du Mandarin l'ayant aperçu au travers d'une jalousie, lorsqu'il chantait ces paroles, fut si touchée de sa beauté et de sa tristesse, qu'elle envoya secrètement une vieille femme s'informer de son nom et de ses malheurs. Mieux instruite de son sort, il n'en

parut que plus intéressant aux yeux de la jeune Princesse, qui, naturellement vive et passionnée, lui proposa, toujours par l'intermédiaire de la confidente, de l'épouser et de s'enfuir avec elle; mais Béhergiour repoussa généreusement cette offre. Je suis le bien de celui qui m'a acheté, répondit-il; sa volonté peut seule me rendre libre, et quand il me dirait Retourne dans ton pays, je ne consentirais point encore à lui enlever sa fille.'

"Cette sage réponse fit rentrer dans son devoir la fille du Mandarin, qui, loin de s'en offenser, redoubla au contraire d'estime pour le jeune esclave, et continua de lui en donner des preuves, par mille douceurs qu'elle lui fesait parvenir secrètement. Elle lui promit. même de s'employer auprès de son père, dont elle était tendrement chérie, pour lui faire obtenir sa liberté ; mais l'intention du Mandarin étant d'offrir au Roi ce bel esclave, les prières de la Princesse demeurèrent sans effet.

"Un jour, le fils d'Altaf se trouvant seul et de loisir, vint à se ressouvenir de la boîte de bois de sandal, qu'il avait oubliée jusque-là dans l'un des plis de sa ceinture. Il rompit le cachet, ouvrit la boîte, et pensa d'abord être suffoqué par une épaisse vapeur qui s'en échappa, remplit toute la chambre, et lui laissa voir, en se dissipant, un Génie d'un aspect assez agréable, mais qui n'en effraya pas moins le jeune esclave.

"Le Génie dit à Béhergiour: Je te remercie de m'avoir délivré de cette étroite prison où le Fakir m'avait renfermé par surprise. En récompense de ce service, je te donne ces lunettes, dont les verres sont composés d'une matière si merveilleuse, qu'avec leur secours, la vue pénètre dans le corps humain, aussi aisément qu'on aperçoit le fond d'un bassin à travers une eau limpide. Tu découvriras ainsi la cause de toutes les maladies que les plus savans médecins ne font que deviner, et tu n'auras besoin

que de peu d'efforts pour

apprendre à y appliquer le remède. Ces lunettes sont faites de manière qu'une fois placées devant les yeux, elles deviennent invisibles, et cette circonstance est d'autant plus nécessaire, que le secret seul peut t'en assurer la possession. Apprends encore que j'y suis intéressé autant que toi, puisqu'en le révélant, tu m'obligerais à rentrer dans cette boîte ; mais avant de subir ma captivité, je tirerais de toi une vengeance aussi éclatante que je me montre généreux en cet instant.'

Le Génie disparut sans qu'il fût possible à Béhergiour de savoir par où ni comment il était sorti de la chambre. Il mit aussitôt les merveilleuses lunettes, et s'étant regardé lui-même, il vit avec une surprise inexprimable l'intérieur de son propre corps, la circulation du sang, les mouvemens réguliers du cœur, les ramifications des veines et des artères. Ce spectacle lui parut si admirable qu'il serait demeuré tout le jour à le contempler, si l'heure du travail ne l'eût rappelé dans les jardins. 1 garda devant les yeux les surprenantes lunettes, curieux d'éprouver la vérité des paroles du Génie, et en effet aucun des autres jardiniers ne sembla s'en apercevoir. Tout-à-coup des cris et des pleurs partis du palais du Mandarin, alarmèrent les esclaves qui s'imaginèrent que la jeune Princesse sa fille, la même dont Béhergiour avait reçu tant de marques de bonté, venait de rendre le dernier soupir, car depuis quelque tems, une maladie extraordinaire la fesait dépérir. Une esclave parut, tenant entre ses bras un singe extrêmement rare, dont la femme du Mandarin raffolait, et qui, saisi d'un mal soudain, paraissait presque mort. On l'éloignait des yeux de sa maitresse désolée. Béhergiour s'approchant de l'esclave, examina le singe, et déclara qu'une boule d'ivoire arrêtée dans sou gosier était la seule cause de son état; qu'il suffisait de la déplacer pour lui rendre la vie. En disant cela, il lui enfonça ses doigts

dans la gorge et retira la boule d'ivoire, au grand étonnement de ceux qui l'entouraient. Le singe reprit peu à peu ses forces et se mit à sauter et à gambader. Cette aventure fit grand bruit dans le palais. Le Mandarin, surpris, demanda à Béhergiour s'il ne pourrait point aussi guérir la jeune Princesse, à la maladie de laquelle les médecins ne connaissaient rien. Béhergiour répondit qu'il ne promettait point de la guérir, mais qu'il découvrirait certainement la cause de son mal, ce qui était déjà un grand acheminement à sa guérison. On le conduisit auprès de la Princesse, qui lui dit d'une voix mourante, sans être arrêtée par la présence de son père : • Pauvre esclave! pourquoi tenter une entreprise qui te coûtera peutêtre la vie? car si je meurs, on t'accusera d'avoir hâté ma perte, et de t'être vanté d'une science mensongère. Ne sais-tu pas que les plus habiles médecins y ont échoués ? D'ailleurs, à quoi me servirait de vivre, puisque je ne puis être heureuse? j'ose le déclarer devant mon père, ta beauté, ton esprit, tes malheurs, et surtout ta sagesse, m'ont charmée. Ta piété filiale t'a seule réduit à l'esclavage; aussi, quoique tu ne sois pas né prince, je me serais estimée heureuse de porter le nom de ton épouse; mais dès que je ne dois point l'espérer, je préfère la mort à la vie.'

"La princesse paraissait si proche du tombeau que le Mandarin n'osa lui reprocher sa hardiesse; il garda le silence, se contentant de pousser de profonds soupirs: car cette fille lui était extrêmement chère, quoiqu'elle ne fût pas née de son épouse légitime, Béhergiour, fort touché de ce qu'il venait d'entendre, se mit à genoux au bord du lit de la Princesse, et lui répliqua avec beaucoup de modestie:

Généreuse Princesse, quand le trépas le plus cruel lui serait réservé, votre humble esclave n'en ferait pas moins tous ses efforts pour vous rappeler à la vie. Puissent donc le

grand Brahma et son frère Wisnou, qu'on adore dans mon pays, seconder mon entreprise! Mais surtout ne vous abaissez pas jusqu'à aimer un malheureux esclave, qui, même avant sa disgrâce, n'était pas digne de vous.'

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Après avoir dit ces paroles, que le Mandarin ne put s'empêcher d'admirer en secret, Béhergiour étant passé dans un appartement voisin pour placer devant ses yeux les merveilleuses lunettes, revint auprès de la malade, Il n'eut pas de peine à découvrir dans son estomac un ver noir et velu qui était la cause de ses souffrauces. Chacun de ses mouvemens causait de vives douleurs à la Princesse, et Béhergiour, qui les voyait distinctement, les lui prédisait de minute en minute, avec une exactitude qui surprenait étrangement le père et la fille. L'Indien se fit apporter les remèdes prescrits par les inédecins et il vit qu'au lieu de tuer ou d'affaiblir le ver, ils ne servaient qu'à le nourrir et à augmenter sa vigueur. Il observa qu'il se jetait surtout avidement sur les substances amères, ce qui engagea Béhergiour à ne lui en donner que de douces auxquelles il ne touchait point: ce nouveau régime soutenu avec constance, soulagea beaucoup la malade, et détruisit enfin le monstre, dont le cadavre fut rejeté par la Princesse, à l'aide d'un violent vomitif. Le Mandarin et ses médecins, qui, jusqu'à ce moment, avaient un peu douté de l'existence de ce ver, crièrent au miracle en le voyant. Les médecins, plus mécontens que satisfaits d'une cure si merveilleuse, avaient de la peine à dissimuler leur jalousie; mais le Mandarin, transporté de joie de la guérison de sa fille, ne pensait qu'au moyen d'en récompenser dignement le jeune esclave. Il lui reprocha néanmoins de l'avoir trompé, en se donnant pour un simple laboureur: mais Béhergiour lui répliqua qu'il lui avait parlé selon la vérité, et que la cabane de son père fesait encore partie du village de Seringham, dans la province de Bénarès.

"Si tu es réellement laboureur,

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Seigneur, repartit l'Indien, apprenez que je ne puis satisfaire làdessus votre curiosité sans perdre aussitôt mon savoir, et peut-être la vie, et ne vous offensez point de mon silence.

"Tu m'imposes là une loi bien rigoureuse, continua le Mandarin, et certes, sans l'obligation que je reconnais te devoir, je ne me contenterais pas de cette réponse; mais apprendsmoi du moins ce qu'il me convient de faire pour te récompenser?

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Seigneur, répliqua Bébergiour, la misère seule m'a arraché des bras d'un père et d'une mère dont j'étais devenu l'unique appui. Maintenant que je possède un secret avec lequel je ne puis manquer d'être riche, si vous croyez devoir quelque chose à votre esclave, je vous supplie de m'accorder ma liberté, et de me laisser retourner dans ma patrie."

"Le Mandarin fut fort mécontent de ces paroles, ne pouvant se résou→ dre à se séparer d'un si habile médecin. Cependant, comme il ne pouvait se dispenser de reconnaître le service de Béhergiour, il lui dit, après y avoir un peu rêvé: Ne pense point à me quitter, Béhergiour; réjouis-toi, au contraire, de la faveur inouïe que je te prépare ; non-seulement je te rends la liberté, mais je joins à ce présent la main de la Princesse ma fille, avec de grands trésors pour sa dot: je n'ai point oublié qu'elle t'aime, et le talent surprenant que tu possèdes me fait passer sur l'obscurité de ta nais➡ sance.'

"Prince, le Mandarin ayant prononcé ces paroles d'un ton qui ne permettait pas de réplique, Béher giour fut obligé de se soumettre à son sort, dont la grandeur le touchait moins que le regret de demeurer malgré lui dans cette terre d'exil. On prit l'heure de sa naissance, et on l'en voya aux devins avec celle de la Prin cesse pour savoir si le mariage serait

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