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Elle aimait trop encor pour mourir sans regret.
Mais quand Belmar vainqueur à ses yeux reparaît:
"Ah! dit-elle, aux fureurs de cette race infâme,
Quoi ! j'abandonnerais et ta fille et ta femme,
Sélim! Non, je saurai briser ce joug fatal.
Enfant, réjouis-toi ! sous le palmier natal,
Ce soir tu reverras le plus tendre des pères.
Et toi, qui nous ravis jusques au nom de frères,
Qui pour nous opprimer cherches à nous flétrir,
Blanc, connais-nous du moins en nous voyant mourir;
Vois par quelle vertu, sous ces fers qu'il abhorre,
Maître de son trépas, l'esc ve est libre encore."
Néali, sur sa fille à ces mots s'élançant,
Cruelle par pitié, l'étouffe en l'embrassant,
Et, d'un effort terrible au jour soudain ravie,
Exhale en cris muets sa douleur et sa vie.

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Vaisseau, fatal vaisseau, témoin de tant d'horreurs,
Puissent sur toi les vents épuisant leurs fureurs
Unir au fond des mers les bourreaux aux victimes!
Mais quoi! le négrier, partout, souillé des crimes,
Sur des trésors sanglans porte une avide main.
Français vous tous, Chrétiens, d'un commerce inhumain,
Qu'à ma voix dans vos coeurs naisse l'horreur profonde.
Et vous, Rois, vous, Sénat de l'Europe et du monde,
Quand sous l'olive en fleurs reconnaissant nos droits,
Aux peuples affranchis vous promettiez des lois,
Sur ces vils trafiquans des jours de l'innocence
Votre sceptre indigné déploya sa puissance.
Achevez vos desseins. Rois, au milieu des mers,
Quel que soit leur drapeau, poursuivez ces pervers,
Quoi! de vos pavillons au meurtre, au sacrilége,
Les lois prostitûraient l'auguste privilége!
Ah! frappez: la patrie étouffera ses pleurs ;
Le sang, de leur bannière effaça les couleurs.
Liguez-vous, sur les flots prêtez-vous le tonnerre.
Quelle union plus sainte aux trônes de la terre
Peut du trône céleste attirer les bienfaits?
Que l'Afrique par vous ravie à leurs forfaits,
Puisse adoucir ses mœurs, repeupler son rivage
Et du bandeau des arts ceindre son front sauvage.
Alors, de leurs destins connaissant mieux le prix,
Le planteur pour les serfs sur sa glèbe nourris
Saura par le bonheur féconder l'hyménée ;
Alors, ô Liberté, sous ta loi fortunée,

Joyeux, viendront s'unir d'innombrables mortels,
Le maître conduira l'esclave à tes autels;

Et le dieu qui pour tous rêpand ses dons prospères
Bénira ses enfans dans des peuples de frères,

NOTICES SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

EGYPTE.

Le

Culture du Cotonnier.-Un Français, M. Jumel, imagina, il y a quatre ans, de transplanter en Egypte le cotonnier du Brésil. L'essai lui réussit, et le pacha ordonna bientôt d'étendre la culture de cet arbuste. produit de la récolte s'accrut, la deuxième et la troisième années, dans une progression rapide. Depuis le Depuis le commencement de la quatrième, il a déjà été envoyé à Marseille 600,000 kilogramines de coton. La culture du cotonnier, qui, par l'ordre exprès du pacha, a pris le nom de Jumel, est permise dans toute l'Egypte sans restriction. Le pacha veut l'étendre, dit-il, jusqu'aux sources du Nil. Ce nouveau coton d'Egypte est excellent; il remplace parfaitement celui de Fernambouc, et paraît méme plus pur et plus blanc. Ses qualités et son bas prix le feront sans doute employer dans les manufactures.

VIENNE.

Bateau à Vapeur.-Au mois d'Octobre, le bateau à vapeur, le François, le premier qui ait encore navigué sur le Danube, a fait, pour la première fois le trajet de Vienne à Pesth, et de Pesth à Vienne, avec un chargement de 1,500 quintaux.

WEIMAR.

Fête en l'honneur de Gathe.-Le 28 Août 1823, les amis de Goethe ont célébré le soixante-quatorzième anniversaire de la naissance de ce grand poëte, et à la même occasion son heureuse guérison. M. Auguste Gœthe, son fils, assistait au banquet, où il occupait une place d'honneur. Plusieurs poëtes y apportèrent leur tribut, en stances et en sonnets, dans lesquels ils exprimaient leur enthousiasme. pour le talent de leur ami et maître. On y couronna aussi les deux médecins qui ont soigné Goethe pendant sa dangereuse maladie.

LUBECK.

Manuscrit de littérature ancienne. Il y a quelques mois qu'à l'occasion d'une sollennité scolaire, le docteur Goring a publié un programme qui contient des renseignemens fort intéressans sur un manuscrit où sont des extraits des Lettres de Sénèque, des Dix livres de Diogène Laërce et des Institutes de Justinien. Ce manuscrit se trouve maintenant à la bibliothèque de Magdebourg.

NECROLOGIE.

Christian Gotthilf Hermann.— Né à Erfurt en 1765. Hermann étudia avec succès à l'Université de cette ville et à celle de Gættingue, les sciences théologiques, la philosophie et la philologie. De retour dans sa ville natale, il y obtint, en 1789, une première place à l'école des prédicateurs (Prediger Schule); en 1790, il fat nommé professeur à l'Université d'Erfurt en 1793, professeur au Gymnase évangelique, et deux ans après il fut nommé membre de l'Académie des sciences d'Erfurt. Pendant la domination des Français en Westphalie, il se distingua par son zèle à conserver les écoles confiées à ses soins. Lorsque la ville et le territoire d'Erfurt furent soumis à la Prusse, il eut, en 1820, comme døyen, la surintendance de ce diocèse. Il est mort presque subitement, le 26 Août dernier, âgé de 58 ans et six mois. Outre plusieurs dissertations et mémoires moins considérables, il a publié les ouvrages suivans: Vergleichung der Theorieen, etc. (Comparaisons des théories sur le beau de Kant et d'Hemsterhuis). Erfurt 1792, 8vo.Lehrbuch der christlichen Religion, etc. (livre élémentaire de la religion chrétienne à l'usage des classes supérieures du Gymnase). Erfurt, `1796, Svo, Enfin il a dirigé avec talent et avec zèle, de 1793 à 1800, les Annales scientifiques d'Erfurt (Erfurter Gelehrten-Nachrichten).

Imprimé par G. Schulze,
13, Poland Street.

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CHEZ SAMUEL LEIGH, LIBRAIRE, STRAND, No. 18;

SE TROUVE AUSSI CHEZ TREUTTEL ET WÜRTZ, TREUTTEL, JUN. ET RICHTER;
DULAU ET Cnie.; BOSSANGE ET Cnie.; ET BOOSEY ET FILS.

A PARIS, CHEZ TREUTTEL ET WÜRTZ; BOSSANGE, PÈRE; ET CHEZ TOUS LES
LIBRAIRES DES PAYS ÉTRANGERS.

LE MUSÉE

Des Variétés Littéraires.

No. 25.]

JUIN, 1824.

[TOME IV.

BIOGRAPHIE.

MAURY (JEAN-SIFFREIN),

CARDINAL prêtre de la sainte église romaine, du titre de Très-SainteTrinité, au mont Pincius, archevêque, évêque de Montefiascone et de Corneto, naquit à Valréas ou Vauréas, dans l'ancien comtat venaissin, le 26 Juin 1746. C'est de bien bas qu'il prit l'essor pour arriver bien haut, et il ne nous en paraît que plus recommandable. Si l'on en croit la renominée, né dans une condition, inférieure encore à celle du cardinal Dubois, et même du cardinal Alberoni, ce prince de l'église, ainsi que J. B. Rousseau, eut pour père un de ces artisans qui, dit Voltaire,

Viennent de ma chaussure Prendre à genoux la forme et la mesure; on dit même que cet artisan ne travaillait pas en neuf. Cet honnête homme ne s'imaginait pas que le plus intrépide défenseur des priviléges de la noblesse sortirait de son échoppe. Qui peut jurer de rien? N'est-ce pas d'une maison noble qu'est sorti Mirabeau, le plus ferme champion de la cause populaire ? Comme l'enfant montrait plus d'esprit qu'il n'en fallait pour suivre la profession de son père, on crut pouvoir en faire un prêtre: on l'en

voya au collège Maury ne trompa point les espérances de sa famille. Ses études finies, il entra au séminaire de Saint-Charles d'Avignon, puis à celui de Saint-Garde. Avant l'âge de 20 ans, fixé à Paris, il se plaça d'abord comme instituteur dans une maison particulière. Plus occupé de ses propres succès que de ceux de son élève, il composa et publia, dès 1766, un Eloge funèbre du dauphin, et un Eloge de Stanislas, ouvrages moins recommandables par leur valeur réelle que par l'extrême jeunesse de leur auteur. Un an après, il concourut pour l'Eloge de Charles V et pour les Avantages de la paix, sujets de prix proposés par l'académie française. Ces deux pièces ayant été accueillies assez favorablement, Maury, qui était entré dans les ordres, s'adonna particulièrement à l'éloquence de la chaire. D'heureux essais lui obtinrent l'honneur de prononcer, devant l'académie française, le panégyrique de saint Louis; et celui de saint Augustin, devant l'assemblée du clergé de France. Devenu le prédicateur à la mode, l'abbé Maury, après avoir brillé dans les chaires de Paris, fut appelé à Versailles pour prêcher, devant le roi, l'Avent et le Carême. Ce n'est pas seulement à son talent

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