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dans un morne silence et dans une immobile stupeur. Ses regards sont fixés sur la terre; il n'ose les promener autour de lui, de crainte de rencontrer quelque fâcheux témoin de sa honte. Sa triste rêverie est bientôt interrompue; il entend marcher auprès de lui, il lève les yeux et reconnaît.. Mélédin, son ami Mélédin, qui revient aussi vieux, aussi cassé que lui.

Les deux vieillards se regardent long-tems sans oser rompre le silence. Cependant leur réunion les console un peu. Mélédin prend, le premier, la parole et dit: Te voilà donc, bel Amestan?-Te voilà donc, beau Mélédin? Hélas! oui, me voilà. Notre jeunesse n'a pas duré long-tems. C'est notre faute. Qu'avons-nous fait?-Des sottises. Je le vois bien. Alors Amestan raconte son aventure à Mélédin, qui lui dit, à son tour, comment il a su profiter des bienfaits du génie.

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"Tu n'as pas oublié, mon cher Amestan, que le génie me mit au doigt un anneau précieux, à l'aide duquel je devais connaître tous les secrets des hommes que je regarderais en face. Beau, rajeuni, plein de vigueur et de santé, je retourne à Ispahan, formant d'avance les projets les plus brillans. Je me voyais riche, puissant, considéré. Quel moyen, disais-je, pour faire, en peu de tems, une immense fortune! Je vais bien m'amuser du spectacle de toutes les passions, de toutes les petitesses, de toutes les ruses, de toutes les fourberies des hommes. Si je veux, il ne tiendra qu'à moi de passer pour l'homme le plus savant de la terre, pour un être doué d'un esprit supérieur. Je pourrai même prédire l'avenir, et presque toujours à coup sûr.

Comme je réfléchissais à toutes ces choses, j'arrive à Ispahan, par les jardins de Zurfa, et je traversais la grande et belle rue de Scéarbach, lorsque je vois venir une petite vieille, enveloppée d'une longue mante et portant une corbeille sous le bras, avec un air mystérieux. Je soulève le voile de cette vieille, je la regarde TOME IV.

en face, et je lui dis en riant: "Ah! ah! ma bonne; ce n'est pas moi que vous cherchez ; le magnifique seigneur Akélibé serait bien content s'il savait de quelle jolie commission vous vous chargez.' chargez." La vieille parut interdite et très-effrayée. Au nom du prophète, ne me trahissez pas, dit-elle; il est vrai qu'une des femmes du seigneur Akélibé est éperduement amoureuse d'un jeune homme de cette ville; elle lui a donné rendez-vous dans le lieu où je porte cette corbeille pleine de fruits et de vins délicieux. Je vous en conjure, seigneur, n'abusez pas du secret que vous avez su découvrir." Je mourais de faim et de soif, et je dis à la vieille: "Ne craignez rien, ma bonne; je serai discret si vous voulez me laisser cette corbeille, car je n'ai ni bu, ni mangé d'aujourd'hui." La vieille n'hésita pas; elle laissa tomber la corbeille et s'enfuit. Je m'emparai des provisions destinées aux deux amans, et j'entrai dans un beau caravanserail, où je fis un excellent souper, riant de cette aventure, et bénissant le génie dont le merveilleux anneau me procurait un si bon repas. Je pensai à toi, je bus à ta santé, et je priai le prophète de te continuer sa protection.

Je n'avais pas encore achevé mon souper, que je vois quatre jeunes gens entrer dans le caravanserail. Ils se placent auprès de moi, se font servir des glaces, et se mettent à raconter quelques aventures galantes qui excitèrent ma curiosité. Je veux m'égayer avec ces aimables convives, et je crois leur faire le plus grand plaisir en leur racontant l'histoire du seigneur Akélibé. Je cherche à mettre dans mon récit beaucoup d'esprit et de gaîté; je l'assaisonne d'une foule de traits plaisans, que me fournissent le bon vin, la bonne humeur et le désir de briller. Je suis assez content du rôle que je joue; lorsque le plus jeune de mes quatre auditeurs se lève, m'interrompt brusquement, et dit à ses compagnons: "Voilà l'homme que nous cherchons, celui qui connaît le secret de mon amour. Amis, il 2 S

faut nous assurer de son silence, et, pour cela, je ne vois qu'un seul moyen, c'est de nous défaire de sa personne. A l'instant les quatre inconnus fondent sur moi avec impétuosité; ils étaient armés de gros bâtons, ils me frappent avec tant de violence qu'ils m'auraient bientôt assommé, si mes cris n'eussent attiré à mon secours tous les esclaves employés au service du caravanserail. Les quatre inconnus s'éloignent précipitamment et me laissent plus mort que vif. Heureusement mes blessures n'étaient pas dangereuses, et grâces aux soins qui me furent prodigués, je fus guéri en peu de jours.

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Je n'avais pas encore mis le pied dans ma maison depuis le jour de ma nouvelle métamorphose, et je voulais y rentrer; mais j'éprouvais une grande difficulté. "Comment, disaisje en moi-même, comment parviendraije à me faire reconnaître de ma famille et de mes esclaves? Me voilà plus jeune que mes enfans; si je dis que je suis leur père, ils se moqueront de moi, et me chasseront honteusement de ma propre maison." J'imagine un moyen qui doit me réussir. J'écris au chef de mes esclaves, et je lui mande qu'un voyage indispensable doit me tenir pendant long-tems éloigné d'Ispahan. Je lui enjoins de recevoir le porteur de cette lettre comme un autre moi-même, et de lui obéir en toutes choses, jusqu'à mon retour, dont je ne fixe point le moment. J'arrive chez moi muni de cet ordre, qui est aussitôt exécuté; je me vois introduit dans ma maison, j'y dispose de tout, comme à mon ordinaire, et seulement sous un nom emprunté. Cependant je crus m'apercevoir que l'absence de leur père ne déplaisait pas à mes enfans; ils se livraient sans contrainte et sans calcul à toutes leurs fantaisies. Mon fils aîné voulait m'enlever une jeune et belle esclave que je venais d'acheter pour moi; je le surpris même un jour aux genoux de cette jeune beauté ; je me permis des remontrances assez vives; on me répondit par un sourire moqueur; je perdis patience, on me manqua de

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respect. J'oublie le rôle que je dois jouer, mon sang s'allume et bouillonue dans mes veines; je me mets en fureur, mon fils me répond par des injures. Je veux employer la menace pour rappeler ce jeune téméraire à la raison; toute la famille se révolte contre moi. Je déclare à mes enfans que je suis leur père; ils me déclarent que je suis un fou et me mettent à la porte.

Ne pouvant réclamer un titre et des droits que personne n'aurait cru légitimes, j'allai m'établir dans une petite maison située sur la place de l'Atméidan. Tous les matins je me promenais sur cette belle place où les marchands de toutes les nations viennent étaler leurs immenses richesses. Là, je pouvais contempler à mon aise le tableau mouvant de toutes les passions humaines. Je voyais les acheteurs, les vendeurs, les curieux, les honnêtes gens et les fripons. Je portais à mon doigt l'anneau du génie, et je m'amusais à découvrir les plus secrètes pensées de tous les hommes qui passaient et repassaient devant moi; je lisais sur la figure de tous les marchands le véritable prix de chaque chose, et j'acquérais une instruction qui pouvait m'être fort utile un jour, si je n'avais mieux aimé montrer mes connaissances que de les mettre à profit. Je donnais d'excellens conseils aux acheteurs, je leur indiquais le prix réel des objets dont ils étaient tentés; mais ce rôle ne me réussit pas, les dupes furent toujours dupes en dépit de mes conseils, et doutèrent d'une science qui contrariait leurs désirs. Je vis bientôt que les caprices et les passions des honnêtes gens font une grande partie de l'adresse des fripons, et que l'homme qui désire vivement est déjà à demi trompé.

Cependant après avoir recueilli un bon nombre d'observations neuves et piquantes, je cherchai à me produire dans les grandes assemblées, dans les jeux et les fêtes publiques. Je me fis connaître, et sans laisser deviner le secret de mon anneau, je disais sur tous les gens que je rencontrais, des choses si curieuses et

qui se trouvaient si conformes à la vérité, que je passai bientôt pour un homme extraordinaire ; je triomphais, je jouissais avec orgueil de l'éclat d'une brillante réputation, lorsqu'insensiblement je vis chacun s'éloigner de moi, même ceux que mes discours avaient d'abord amusés. On me fuyait comme un homme dangereux; tous ceux à qui j'avais fait part de mes observations sur les autres les avaient trouvées si justes, qu'ils craignaient aussi d'être démasqués à leur tour. J'entendis plusieurs fois bourdonner à mes oreilles que j'étais un homme perfide et méchant, et je vis sur quelques figures le projet à demi formé de me jeter dans la rivière du Sanderon. Jusqu'ici je n'avais songé qu'à satisfaire ma vanité; je n'avais rien fait encore pour ma fortune. Un jour que je me promenais, selon ma coutume, sur la place de l'Atméidan, un grand bruit se fait entendre. On dit autour de moi que le grand roi SchaSéfi sort de son palais et qu'il va traverser la rue de Scéarbach, pour se rendre avec toutes ses femmes dans les jardins de Zurfa. Bientôt s'ouvrent les portes du palais; on étend sur les degrés de marbre blanc les plus riches tapis de la Perse, et Scha-Séfi descend escorté de tous les grands de son empire.

Le

Il monte un superbe coursier arabe, tout resplendissant de perles, de diamans et de pierres précieuses. Les courtisans, les seigneurs de sa suite sont aussi montés sur des chevaux d'un grand prix. Cette magnifique cavalcade traverse, au pas, toute la rue. Les femmes sont portées dans des litières couvertes de riches tapis et d'étoffes de soie et d'argent. visir est auprès du roi qui lui parle avec familiarité. "Le grand-visir est plus que jamais en faveur," disent plusieurs politiques qui se trouvent près de moi. Je regarde attentivement le grand roi, et, fier de pouvoir montrer ma pénétration, je dis, assez haut pour être entendu de ceux qui m'environnent: "Demain le grandvisir recevra le fatal cordon," Tout

le monde se regarde en souriant; on me montre au doigt, on se moque de ma prédiction.

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Cependant la foule se dissipe, chacun se retire chez soi, et le lendemain, au lever du soleil, on арprend que le grand-visir a perdu la vie. Cette nouvelle circule dans tout Ispahan avec ma prophétie. Chacun se dit: Quel est cet homme qui possède ainsi le talent de deviner? Certes, il faut qu'il soit inspiré par le prophète, ou qu'il soit doué d'un esprit supérieur à celui des autres hommes.' Dans tous les cercles, on ne parle que de moi. Si je parais, on s'attroupe pour me voir, et je deviens l'objet de la curiosité générale. Le roi, le grand Scha-Séfi lui-même, me fait appeler; il veut me voir, m'interroger, m'entendre. Quel bonheur ! quelle gloire! que je vais bien profiter de cette audience! Je monte au palais du roi, je suis introduit auprès de sa personne auguste et sacrée, je puis le contempler face à face dans tout l'éclat de sa puissance. Je me prosterne à ses pieds, il m'ordonne de me relever, et me dit: Qui es-tu, toi qui prédis l'avenir? Qui t'as dit que

mon grand-visir mourrait aujourd'hui ?-0 le plus sage et le plus puissant des rois ! lui répondisje; roi plus brillant que cet astre qui dispense la lumière au monde, je te dirai la vérité. Je puis te rendre les plus importans services, car je puis lire, d'un seul regard, dans les replis les plus profonds du cœur humain. Je puis distinguer ceux qui t'aiment de ceux qui te haïssent, et déjouer les complots des ennemis de ta grandeur. Aucun secret ne m'est caché.-Aucun secret! me répond le roi; je veux l'éprouver. Répondsmoi donc; pourquoi ai-je fait mourir. mon grand-visir ?-Parce qu'il a eu l'imprudence de vous rappeler la loi du prophète qui défend aux croyans de boire du vin.-Qu'ai-je fait hier au soir, avant de m'endormir?— Vous avez fumé des aromates, et vous avez vidé six coupes de vin de Schiras. Quel rêve ai-je fait pendant

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mon sommeil ? Vous avez rêvé, seigneur, que vous étiez le soleil ; que la mer roulait le vin le plus délicieux, et que vous la pompiez de vos rayons. -A qui ai-je donné audience ce' matin ? - A l'ambassadeur de la Chine. Qu'ai-je fait à cette audience? Vous vous êtes endormi, seigneur. Il suffit, dit le grand roi, en fronçant le sourcil d'un air terrible. Allez, sortez de ma présence. Je ne veux pas qu'il existe sur la terre un homme qui connaisse mes plus secrètes pensées, et qui puisse lire jusqu'au fond de mon cœur. Allez.-O mon cher Amestan! quelle fut ma surprise, quelle fut ma terreur! Je m'attendais aux plus brillantes récompenses, et le roi venait de prononcer l'arrêt de ma mort ! Je sors du palais, je descends les degrés avec précipitation; mais à peine suis-je dans la rue, que je sens mes genoux s'affaiblir et chanceler, mon corps s'affaisser, une longue barbe effleure ma poitrine; je me retrouvé à quatre-vingts ans, et l'anneau merveilleux a disparu.'

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"A peine avais-je fait une centaine de pas dans la rue, que je vois arriver les gardes du roi. L'un d'eux me saisit fortement par le bras et me dit: "Vieux barbou, aurais-tu rencontré, par hasard, un jeune homme de vingt ans, dont la figure est belle, le teint coloré, les cheveux blonds, les yeux pleins de feu? Il sort dans ce moment du palais de Scha-Séfi, et sans doute il a pris le même chemin que toi. Que voulez-vous faire de ce jeune homme? demandai-je en tremblant.-Nous voulons lui couper la tête. Ces paroles me font frémir de terreur, mon sang se glace dans mes veines, le peu de cheveux que je possède se dresse sur mon front; la crainte du danger me fait perdre la raison. Je me jette à genoux, et je m'écrie: "Ah, seigneurs, prenez pitié de moi; grâce! grâce! Je suis ce jeune infortuné que vous cherchez." Les gardes étaient loin de s'attendre à cette réponse. Ma figure ne ressemblait guères à celle dont on leur

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avait donné le signalement. Ils se mettent à rire et s'éloignent. Ma terreur se dissipe par degrés, je recouvre assez de raison pour penser que ma nouvelle métamorphose me met à l'abri des poursuites de mes ennemis. Je traverse toute la ville, et je reviens en ce lieu, avec l'espérance de t'y rencontrer; elle n'a pas été déçue."

"Hélas! non, dit Amestan, nous n'avons pas été plus sages l'un que l'autre. Qu'avons-nous fait des présens du génie! Ah! s'il voulait encore nous les rendre!-Nous nous conduirions mieux, dit Mélédin ; nous étions si jeunes!-Vous vous trompez, leur répond une voix extrêmement douce, qu'ils reconnaissent pour celle de leur génie protecteur; vous vous trompez, ô bons vieillards! ce vœu que vous formez encore prouve que l'expérience ne peut vous corriger. Ce n'est ni l'expérience, ni la raison qui manquent aux hommes dans leur jeunesse. L'ignorance n'est point la cause de leurs erreurs et de leurs folies, mais leurs passions qui font taire la raison et oublier les leçons de l'expérience. Après vingt naufrages, le pilote met encore à la voile; il s'embarque de nouveau sur cette mer orageuse qui a pensé vingt fois devenir son tombeau. Les enfans ont l'expérience des folies de leurs pères, et n'en sont ni meilleurs ni plus sages. En vain les générations passées instruisent les générations à venir; les guerres les plus funestes, les révolutions les plus terribles couvriront de deuil, de sang et de larmes ce petit globe où vos passions s'agiteront jusqu'au dernier des jours. Rendre à la vieillesse sa vigueur première et ses penchans, c'est lui rendre toutes les erreurs de la jeunesse. Vous, Mélédin, vous étiez vain, indiscret, léger, inconsidéré ; vous avez été mille fois dupe de votre indiscrétion et de votre vanité. Redevenez jeune encore, vous serez encore dupe des mêmes défauts. Vous, Amestan, vous aimiez passionnément les femmes, vous avez été cent fois dupe de cette passion; qu'on vous rende vos belles années,

Vous serez trompé cent fois, mille fois encore. La dernière femme que vous ai merez vous paraîtra toujours plus belle, plus tendre et plus vertueuse que toutes les autres, et vous direz d'elle ce que vous disiez d'Améline: C'est un ange, son cœur est pur comme le ciel même ; elle ne peut tromper."

"Cessez donc d'accuser le ciel d'injustice et de rigueur. L'expé rience est le réveil qui dissipe les erreurs de vos songes, elle est moins douce, moins riante que vos illusions; mais il faut en jouir comme de la vérité.

EXTRAITS DU MAHA BAHRATA.

POÈME ÉPIQUE DES BRAHMANES.

LE roi Dushmanta avait rencontré dans la solitude Sakontala, fille adoptive d'un saint hermite: enchanté de sa beauté, il s'unit à elle par les liens du mariage. Un fils naquit de leur hymen, et le roi promit à la mère de le faire nommer son successeur à l'empire. Mais Dushmanta oublia son épouse; elle resta dans la solitude jusqu'à l'époque de la sixième année de son enfant. Alors l'infortunée quitta le désert, se présenta à la cour de Dushmanta, où elle le trouva assis sur son trône, les grands rassemblés. Le roi refusa de reconnaître l'enfant, et Sakontala lui parla en ces termes.

"Prince élevé, vous me connaissez; pourquoi me répliquez-vous : Je ne te connais pas ? Pourquoi me mentir sans crainte, comme un homme de basse extraction? Votre cœur sait fort bien si je dis vrai ou si je trompe. En rejetant cet enfant de l'amour, vous vous faites un affront à vousmême. Il n'y a que moi qui le sache, voilà ce que vous pensez en vousmême. Vous ignorez donc l'existence du vieillard qui, dans votre propre cœur, a les yeux ouverts sur vous? Il connaît toutes les actions du criminel, et vous ne redoutez pas de commettre le mal à sa face? Vous vous dites, quand la mauvaise action est consommée: Personne ne sait que ce fut moi; mais tous les dieux le savent, l'homme en a lui-même

* C'est-à-dire, la conscience.

connaissance dans son fort intérieur. Le soleil et la lune, le feu et l'air, les cieux, la terre et la mer, le cœur en nous-mêmes, l'abîme, oui, le jour et la nuit, les divisions du tems, le dieu de la justice, tout contemple l'action des hommes. Le dieu de la mort, demeurant dans de vastes profondeurs, efface les actions coupables de celui dont l'esprit invisible qui, en nous-mêmes, contemple nos actions, se montre satisfait; mais celui que sa propre conscience repousse, cet être pervers, le dieu de la mort le frappe en personne, en le saisissant au milieu de son crime. Ne me dédaignez pas, moi, l'épouse fidèle; que vous-même vous vous êtes choisie; cessez de ne faire aucune attention à moi, à moi qu'il faut que vous sachiez estimer, à moi la femme qui vous a été destinée. Oh! pourquoi me regarder avec mépris, comme si j'étais un être d'un rang inférieur ? Ce n'est pas dans un désert que j'ex. hale ici mes plaintes; pourquoi ne m'écoutez-vous pas ? Mais si, Dushmanta, vous ne voulez pas m'adresser une seule parole, à moi la suppliante, ma tête se brisera à l'instant

même en mille morceaux !

"Le témoignage des voyans de l'antiquité proclame que l'époux renaît au monde par celle qui devient mère par lui*. La femme est la moitié de l'homme, elle est le

* Le fils, appelé le sauveur du père, dans les doctrines indiennes, est regardé

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