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La force de l'épée ou l'adresse du piège ;

Par un chemin sanglant qu'il descende au tombeau Et qu'Israël me doive un triomphe si beau!"

Dieu qui jusqu'à ses pieds voit monter sa prière,
Soudain frappe Judith des traits de sa lumière,
Comme une jeune vigne aux sommets d'Engaddi,
Baissant un front brûlé sous le vent du midi,
Renaît plus belle encor quand sa tige épuisée
Reçoit les pleurs féconds de la fraîche rosée;
Son espoir se ranime et d'un noble dessein
Le germe courageux se forme dans son sein.
Tout s'apprête; déjà la lampe vigilante
Répand sur les lambris sa lueur vacillante;
Déjà sont déployés ces tissus éclatans
Dans le cèdre poli renfermés si long-tems,
A la voix de Judith, la nourrice fidèle

Qui sous les ans courbée, est jeune encor de zèle;
Salomith fait couler sur ses chastes attraits
Des flots voluptueux de myrrhe et d'aloès.
Tombez, voiles de deuil! brillez, voiles de fête !
Que la perle en bandeau serpente sur sa tête:
Que les colliers d'onyx et les bracelets d'or
Déroulent à l'envi leur mobile trésor.

Que sur le lin flottant la pourpre deux fois teinte
Eclate confondue à la molle hyacinthe,

Et d'un léger réseau que les plis indiscrets
Laissent d'un sein de lis deviner les secrets.
O parure innocente, ô pieux artifices,

Soyez d'un crime heureux les glorieux complices!
A l'heure où désertant son humide prison
Le soleil, de sa pourpre embrase l'horizon,
Judith fuit Béthulie.... Anges, veillez sur elle
Et ceignez sa vertu d'une vertu nouvelle.
Ses yeux ont vu bientôt flotter au loin épars
Des rois de l'aquilon les nombreux étendards.
Ce n'est plus cette veuve, amante du mystère,
Qui dans l'ombre cachait sa pudeur solitaire :
Ses pas, déjà formés au tumulte des camps,
D'un peuple d'ennemis osent franchir les rangs.
Sous un pavillon d'or où des tapis de soie
Le luxe oriental à longs plis se déploie,
Holopherne, entouré des chefs et des soldats,
Allume dans leur sein la flamme des combats,
Et, vainqueur en espoir, à leur brûlant courage
Promet six jours de meurtre et six jours de pillage.
Le belliqueux conseil, à l'aspect de Judith,
Long-tems sur elle attache un regard interdit,
Se lève; et tous, vaincus par l'éclat de ses charmes,
Déposent à ses pieds leurs triomphantes armes.
Judith parle, et le Ciel, pour la première fois,
Façonne à l'imposture et son cœur et sa voix :

"O mon maître, salut! si l'austère vieillesse
Est l'arbre aux fruits divins où mûrit la sagesse,
Le Seigneur à son gré dans un sein jeune encor
D'une raison précoce épanche le trésor.

Guerrier, cède sans crainte aux avis d'une femme :
Ton seul honneur m'anime et mon seul Dieu m'enflamme,
Ce Dieu qui par tes mains frappant un peuple ingrat,
Va changer en palais la tente d'un soldat:
De succès en succès tu t'élèves au trône,
Et le casque t'instruit à porter la couronne,
Transfuge d'Israël, Judith vient contre lui
Te demander asile et t'offrir un appui.
Par de secret chemins dirigeant tes cohortes,
Moi-même de nos murs je t'ouvrirai les portes:
Et soumis sans obstacle à ta suprême loi,
Juda dans son vainqueur va saluer son roi.
Ordonne, j'obéis." La pieuse héroïne

Aux pieds de l'étranger profondément s'incline.
Lève-toi, répond-il; non, l'Orient jamais
N'offrit à l'oeil des rois de plus divins attraits,
Mon âme à tes conseils se livre tout entière.
La sagesse a brillé, je marche à sa lumière.
Toi, pour mieux cimenter l'accord de nos destins,
Par ta douce présence embellis nos festins."

Holopherne a parlé; ses esclaves s'empressent;
Les couches de Sétim de toutes parts se dressent.
Aux sons harmonieux du cistre et du nébel
S'apprête des banquets l'appareil solennel.
Des coteaux d'Engaddi la grappe parfumée
Prodigue aux coupes d'or sa liqueur enflammée
Et les mets savoureux dans l'argent des bassins
Embarrassent le choix des regards incertains.
Tantôt par ses refus, Judith avec adresse
D'un maître suppliant irrite la tendresse,
Et tantôt de ses yeux l'insidieux poison
En mille ardens désirs égare sa raison.

Mais tandis qu'Holopherne imprudemment se livre,
Au perfide bonheur dont le charme l'enivre,
La mort l'enveloppant d'invisibles filets,
S'assied, pâle convive, à ses rians banquets ;
Pour lui seul menaçante, une clameur secrète
Se mêle aux champs joyeux de la bruyante fête ;
Il se trouble, il frissonne, et son œil éperdu
Voit briller sur sa tête un glaive suspendu :
Tel ce roi réprouvé de l'infidèle ville
D'une morne terreur frémissait immobile,
Quand sur le mur de flamme un redoutable bras
En traits mystérieux écrivait son trépas.

L'astre des jours finit sa carrière éclatante;
Les banquets ont cessé ; jusqu'au fond de sa tente
Judith, les yeux baissés, portant ses pas muets.
Du voile de la feinte entoure ses projets.

Comme un chaste manteau, sa pudeur l'environne,
Et d'un bandeau sacré la vertu la couronne.
Des vapeurs de l'ivresse Holopherne accablé
Sous le poids du sommeil a bientôt chancelé;
Fatigué de la lutte, il cède, et sa paupière
Pour ne plus s'y rouvrir se ferme à la lumière.
Voici donc ce moment par ta haine imploré !
Dieu te livre, ô Judith, un vainqueur abhorré.
La nuit règne profonde et cette armée immense
S'endort comme un seul homme en un vaste silence.
Lève-toi! quel courroux s'allume sur ces traits
Où respiraient naguère et l'amour et la paix !
D'un pas ferme et hardi tu marches vers la couche,
Où sommeille étendu ton ennemi farouche.

A peine as-tu saisi ce glaive criminel,
Instrument et vengeur du meurtre d'Israël,
Un trouble involontaire ébranle ton audace;

Ton cœur épouvanté frémit......Ton sang se glace....
Le fer deux fois se lève et retombe deux fois....
Mais le ciel a parlé, tu cèdes à sa voix,

Tu frappes le tyran, tu fais tomber sa tête,
Et tes pieuses mains emportent leur conquête.
O nuit, redouble encor tes voiles ténébreux!
Rends la chaste exilée à l'amour des Hébreux,
Et que Juda, sauvé par sa sainte victoire,
Du fond de ses malheurs remonte vers sa gloire.
Dans Béthulie en deuil elle entre avec le jour.
Quels transports d'allégresse accueillent son retour
On s'arme, on vole, on part et sa voix pacifique
Au sortir du combat, entonne ce cantique;

"Béni soit le seigneur ! son glorieux reveil
A plongé nos tyrans dans l'éternel sommeil.
L'étranger s'écriait dans son avide joie ·
Israël m'appartient, Israël est ma proie:
Israël par sa chute, instruisant l'univers,

Va tomber sous mon glaive ou ramper dans mes fers.

Son trône, je le hais; ses autels, je les brave;

Ses rois seront mon peuple, et son Dieu, mon esclave,
O téméraire espoir! ô sacrilége orgueil!

Du haut de son triomphe il descend au cercueil,
Et Dieu fesant pâlir le soleil de sa gloire,
Dans la nuit du néant rejette sa mémoire.

Béni soit le Seigneur! son glorieux réveil
A plongé nos tyrans dans l'éternel sommeil,
Qù sont ces chars tonnans aux traces enflammées
D'où la faux du trépas moissonnait nos armées?
Où sont ces fils du Nord, brillans d'or et d'acier,

A la lance rapide, au glaive meurtrier ?

Nuit de sang! jour de pleurs! un seul homme succombe Deux cent mille soldats l'escortent dans la tombe,

Et sous les traits vengeurs de son brûlant courreux 2

L'ange du Dieu vivant les a renversés tous.

Leur grandeur disparaît comme un jour qui s'efface.
Comme une ombre qui fuit, comme un torrent qui passe.
Béni soit le Seigneur! son glorieux réveil

A plongé nos tyrans dans l'éternel sommeil.
La paix, dans le tombeau long-tems ensevelie.
De son souffle fécond rajeunit Béthulie.

O rives de l'Euphrate, abreuvez-vous de pleurs!
O rives du Jourdain, embaumez-vous de fleurs!
Chants d'ivresse, éclatez! Jérusalem captive
Ne fléchira jamais sous le joug de Ninive.
Si l'arbre de Jacob, de ses rameaux flétris
Voyait déjà la terre engloutir les débris,
Dieu parle, il se redresse, et vainqueur de l'orage
Lève en paix jusqu'aux cieux son paternel ombrage
Béni soit le Seigneur! son glorieux réveil

A plongé nos tyrans dans l'éternel sommeil.”

LE ROSIER ET LA RONCE.

FABLE.

UN fort joli rosier s'adressant à la ronce :
Voisine, lui dit-il, pourquoi de vos piquans
Vous voit-on, chaque jour déchirer les passans.
Quel plan de vie! entre nous il annonce
Un naturel des plus méchans.

La ronce l'écoutait, et voici sa réponse,

Dans vos propos c'est mettre un peu d'aigreur;
Il vous sied bien de censurer les autres !

Je montre mes piquans; mais vous cachez les vôtres,
Et le piége chez vous est tendu sous la fleur.

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NOTICES SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

ILE DE SUMATRA. PALEMBANG,

Administration.-Le sort de ce pays est changé, et tout semble lui promettre un meilleur avenir. Le sultan a renoncé à son pouvoir, et prévenu lui-même ses ci-devant sujets, qu'ils sont soumis à l'autorité immédiate du gouverneur général envoyé par le roi des Pays-Bas. Le sultan conserve le faste de ses titres ; on lui assigne un revenu fixe, et il continue à exercer une sorte d'autorité, sous les ordres des délégués du gouverneur général résidant à Batavia. Tous ces arrangemens entre les vainqueurs et les vaincus seraient peu dignes d'attention, si les peuples n'en tiraient aucun avantage; mais quelques-unes des maximes d'une bonne administration commencent à être appliquées à cette extrémité de l'Asie. Les corvées pour les travaux publics sont supprimées; chacun jouit et dispose librement de ses propriétés

et des fruits de son travail. Plus de réquisitions, ni de taxations arbitraires. Les impôts sont répartis avec uniformité; les employés salariés par le gouvernement; les administrés soustraits à toute autre contribution que celles qu'ils versent au trésor public. Malheureusement, ces améliorations sont l'effet d'une ordonnance, d'un acte révocable: le bien est sans garantie; et, si le pouvoir qui l'a fait, cessait de protéger ces contrées, le despotisme y reparaîtrait avec tous les fléaux qu'il mène à sa suite. Le seul moyen d'assurer le bonheur d'une colonie, c'est d'y créer une nation, et de lui donner un gouvernement national.

CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. Population.-M. Colebrooke a publié un état de la colonie du Cap en 1822, d'où nous tirons les faits sui

vans:-La population de la colonie du Cap a augmenté dans la progression suivante: en 1798, selon M. Barrow, on comptait 61,947 habitans; en 1806, d'après un recensement, 75,145; en 1810, id., 81,122; en 1814, id., 84,069; en 1819, id., 99,026; en 1821, id., 116,044; en 1822, par estimation, 120,000. 11 y avait, en 1818,42,854 blancs, 22,980 Hottentots, 33,320 nègres: il y a maintenant 28,835 Hottentots et 32,188 nègres. Dans la population libre on compte sur 50 individus un décès et au-delà de deux naissances. La ville du Cap a 1,748 maisons et 18,422 habitans, parmi lesquels 7,534 nègres esclaves. Les revenus de la colonie s'élevaient, en 1821, à 1,463,510 rixdalers, et les dépenses à 1,249,908.-Les Anglais ont singulièrement encouragé depuis quelque tems la culture de la vigne dans cette partie de leurs colonies, et de nombreuses importations se font actuellement de ce point dans la Grande-Bretagne.

Moscou.

Industrie.-Atelier pour la teinture et l'apprêt des draps.-De toutes les branches de l'industrie manufacturière, il n'en est aucune qui ait fait en Russie des progrès aussi rapides que les fabriques de draps. Comme il s'agit avant tout de satisfaire aux besoins les plus pressans de l'Etat, et que des produits perfectionnés ne sont que le fruit d'une industrie et d'une civilisation avancées: ce sont aussi les draps communs et de moyenne qualité qui ont été fabriqués en plus grande quantité. Non-seulement les armées de terre et de mer sont habillées de drap russe, le gouvernement a, chaque année, à sa disposition un excédant de plusieurs millious d'archines (mesure russe qui équivaut à près des de l'aune française,, qu'il ne peut employer pour

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