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LESAGE (GEORGES-LOUIS), SAVANT Génois, membre de la société royale de Londres et correspondant de l'académie royale des sciences de Paris, naquit le 13 Juin 1724, d'une famille originaire de France. Son père, qui professait à Genève les mathématiques et la physique, lui enseigna lui-même le latin, et lui rendit très-familiers les principaux passages de Lucrèce, ceux qui ont plus particulièrement trait à la physique. Le jeune Lesage profita rapidement des leçons de son père, esprit singulier qui ne pouvait supporter de méthodes régulières; mais il ne put jamais adopter la marche qu'il lui avait prescrite pour étudier l'histoire moderne, et qui consistait à lire simplement le dictionnaire de Moreri. Le père de Lesage aimait à se livrer à la solution des problèmes de toute espèce; il l'entretenait souvent des agens secrets des choses qui s'offrent à la méditation sous les formes les plus simples, et détermina de cette manière le goût

tes.

de ce jeune homme pour les découverIl étudia la physique sous Calandrini et les mathématiques sous Cramer. Il se lia étroitement avec J. A. Deluc, qui s'est rendu célèbre par ses hautes connaissances en physique. Par les conseils de sa famille, qui voulait lui voir un état assuré, il se détermina à étudier la médecine sous Daniel Bernoulli, à Bâle. Il vint ensuite à Paris, où il suivit les cours des plus célèbres professeurs. Cette étude était contre sa vocation. Il reprit ses occupations favorites et parvint à résoudre deux problèmes. Dans son enthousiasme, il écrivit à son père, le 15 Janvier 1747:"J'ai trouvé! j'ai trouvé! Jamais je n'ai eu tant de satisfaction que dans ce moment où je viens d'expliquer rigoureusement, par les simples lois du simple rectiligne, celles de la gravtiation universelle qui décroît dans la même proportion que les carrés des distances augmentent... Peut-être cela me procurera-t-il le prix proposé par l'académie des scien

Il se

proposé par l'académie de Rouen sous le titre d'Essai de chimie mécanique, un Mémoire qui obtint les suffrages unanimes de cette société. Ces nombreux travaux lui causèrent des insomnies qui, par intervalles, le privaient de la raison. En 1762, il devint presque aveugle. Lesage a beaucoup écrit et fait imprimer peu d'ouvrages. Une extrême timidité paraît en être la cause. Dès 1753, il écrivait à d'Alembert qu'il avait dans sa bibliothéque 38 mémoires fruits dé ses méditations sur les mathématiques, la géométrie et la physique. Il est fâcheux que tous ces écrits aient été perdus pour les sciences. On connaît de lui: 1o Fragmens sur les causes finales; 2o Extraits de la correspondance de Lesage; 3° Sur les alvéoles des abeilles ; 4° Loi qui comprend toutes les attractions et répulsions (dans le Journal des savans, 1764);5° Suffrages britanniques relatifs à la physique spéculative (dans la Bibliothéque britannique, vol. 8 et 9); 6° Remarques sur différentes méthodes de préserver les édifices des incendies, in-8°, 1778; 7° Différens autres Mémoires insérés dans le Journal helvétique et dans l'Encyclopédie. 8° Il a paru à Genève, en 1818, deux Traités de physique mécaniques, publiés par Pré vost. Le 1er est rédigé sur les notes de Lesage; le 2e est de l'éditeur. Lesage mourut à Genève le 20 Novembre 1803, âgé de près de 80 ans, regretté de tous les savans et de toutes les pèrsonnes qui avaient été à même d'apprécier ses excellentes qualités. Il fut en correspondance suivie avec les savans de tous les pays, entre autres, les Mairan, les d'Alembert, les Bailly, les Frisi, les Boscowich, les Euler, les Lagrange, etc. Parmi ses élèves on distingue Sennebier, H. B. de Saussure et M. Lhuilier, professeur à Genève. On regrette que son Traité des corpuscules ultra-mondains n'ait pas été mis au jour.

ces de Paris sur la théorie de Jupiter et de Saturne." Ses espérances ne se réalisèrent pas. Voici comment il était parvenu à opérer ces importantes découvertes. Les Leçons élémentaires d'Astronomie de Lacaille lui étant tombées sous la main, il les lut avec avidité. La conclusion lui parut surtout admirable. Il l'étudiait sans cessc, et se convainquit de la vérité des principes de ce savant, qui démontre avec force que le physicien peut expliquer mécaniquement toute l'astronomie. Dès-lors Lesage n'abandonna pas son travail; il y passait même des nuits entières et arriva ainsi au but qu'il s'était proposé. Il retourna ensuite à Genève, où quelques formules qu'on exigeait de lui et qu'il ne put remplir l'empêchérent d'exercer la médecine. livra alors librement aux études pour lesquelles il s'était senti une vocation invincible, et composa pour le prix académique un Essai sur les forces mortes; le succès ne couronna point encore sa tentative. En 1750, il devint professeur de mathématiques, et se procura de cette manière une exis tence honorable et indépendante: il fut l'ami de Charles Bonnet, qui parle de lui avec beaucoup d'éloges dans sa Contemplation de la nature. Ne négligeant rien pour les progrès des sciences, et ayant appris de Cramer que Nicolas Fatio avait depuis long-tems conçu l'idée d'un mécanisme propre à produire la pesanteur, il fit aussitôt des démarches près de ce dernier pour en obtenir des renseignemens; Nicolas Fatio lui donna toutes les instructions qu'il désirait, et lui confia même son manuserit, que Lesage a légué à sa mort à la biblio théque publique de Genève. En 1756, il fit insérer dans le Mercure de France une Lettre à un académi➡ cien de Dijon, dans laquelle il s'élevait avec force contre la manière d'éxpliquer alors la pesanteur. Peu de tems après, il composa pour le prix

MÉLANGES.

COURONNEMENT DE LÉON XII.

CETTE cérémonie s'est faite, à Rome, le Dimanche 5 Octobre, dans la basilique de Saint-Pierre.

Dès l'aube du jour, le canon du château Saint-Ange annonça cette fête. D'abondantes aumônes avaient été distribuées la veille. Le pape a voulu convertir en bonnes œuvres les frais qu'on eût consacrés à l'illumination du dôme et à la girandole.

A huit heures du matin, les cardinaux s'étaient rendus dans la salle des Ornemens. Le pape y arriva une demi-heure après; les cardinaux Ruffo et Gonsalvi lui ôtèrent le rochet et la mosette, et le revêtirent de ses habits pontificaux. Sa Sainteté passa ensuite dans la salle Ducale; elle monta sur un trône porté par douze hommes, vêtus et armés à l'antique. Devant les cardinaux marchaient les prélats assistans du trône pontifical, les prélats de la rote et ceux de Saint-Pierre, les protonotaires, les chapelains de Sa Sainteté, et tous les officiers de sa Cour.

Ce beau cortége se rendit sous le vaste portique de la basilique de SaintPierre, où un trône avait été dressé vis-à-vis la Porte-Sainte. Vis-àvis le trône étaient des banquettes où les cardinaux prirent leurs places.

Le pape étant assis, le cardinal Galeffi lui demanda de vouloir bien admettre au baisement des pieds les membres du clergé.

Après cette cérémonie, le cortége entra dans la basilique; le pontife fut transporté dans la chapelle de Saint Grégoire, où il reçut du cardinal-doyen l'anneau pontifical. Après qu'on eut chanté l'Heure de tierce, les assistans s'avancèrent vers la chaTOME IV.

pelle papale; au fond de la chapell était le trône.

Les chapelains et les prélats non assistans, marchaient les premiers. Les évêques assistans avaient à leur tête un prélat de l'Eglise grecqueunie, avec ses diacres et sous-diacres. Un des maîtres des cérémonies brûla par trois fois devant le Saint-Père une étoupe, en lui disant: Pater sancte, sic transit gloria mundi.

Après le Confiteor, le premier cardinal diacre donna au pape le pallium, en lui disant: Accipe pallium, scilicet plenitudinem pontificalis officii, ad honorem omnipotentis Dei; et gloriosissimæ virginis Mariæ, matris ejus, et BB. apostolorum Petri et Pauli, et S. R. E. Pendant le Kyrie de la messe, les cardinaux et les prélats rendirent un nouvel hommage au Saint-Père. la communion, le Saint-Père se rendit à sou trône, et l'un des cardinauxdiacres lui porta la communion sous les deux espèces.

A

La messe étant finie, le Saint-Père remonta sur son trône portatif, et le cardinal archi-prêtre de Saint-Pierre lui présenta une bourse où étaient vingt-cinq pièces d'or, selon l'ancien usage, pro missâ bene cantatá.

Pendant la messe, trois mitres enrichies de pierreries étaient exposées sur l'autel, du côté de l'Evangile, deux thiares du côté de l'Epitre. Après la messe, une des mitres et une des thiares ont été portées sur le bord de la tribune du portail de la basilique qui donne sur la place de Saint-Pierre. Bientôt on y vit paraître le souverain pontife lui-même. On chanta à son arrivée: Corona au

B

Le cardinal

rea super caput ejus. doyen chanta: Omnipotens sempiterne Deus dignitatis sacerdotii; le second cardinal-diacre ôta la mitre au Saint-Père, et le premier lui posa la thiare sur la tête, en disant: Accipe thiaram tribus coronis ornatam, et scias te esse patrem principum et regum rectorem orbis, in terrâ vicarium Salvatoris N.S.J.C. cui est honor et gloria in sæcula sæculorum.

Après une courte prière, le pontife se leva, et donna la bénédiction urbi et orbi. Ensuite les deux cardinaux-diacres lurent un bref d'indul

gence accordée en cette occasion par le nouveau pape, et laissèrent tomber sur les assistans le papier où ce bref était écrit. Le pontife donna encore une fois la bénédiction. Le moment du couronnement et de la bénédiction papale fut annoncé par des salves d'artillerie du château Saint-Ange et par le son de toutes les cloches. La vaste place de SaintPierre était couverte d'une multitude immense, qui témoigna par ses acclamations, la joie que lui causait l'élection du pontife. Le soir, la ville a été illuminée.

CEUVRES DE SCHILLER.

Le génie de Schiller diffère en tout de celui de Goethe. Le dernier poëte est lyrique par excellence, l'autre ne possède pas même l'ombre du talent lyrique; il est constamment rhétoricien. Ce n'est qu'à force d'étude et de conception que Schiller est parvenu à dessiner quelques caractères qui sont dans le vrai, qui se retrouvent dans une nature idéale. Goethe, au contraire, à force de se négliger et de peu soigner ses Euvres dramatiques, a fini par dépeindre quelques caractères factices, quoiqu'il possédât spontanément et nativement le don divin de la création. Sous le rapport du style encore, les deux amis ne se ressemblent pas davantage; le style de l'auteur de Faust et du Tasse a été constamment à la hauteur de tous ses sujets; Racine n'est pas plus élegant, Shakespeare n'est pas plus énergique, Sophocle n'est pas plus pur. Quant à Schiller, sa manière d'écrire fut, d'abord, lourde, monotone et extravagante; elle s'ennoblit en s'épurant, mais il lui resta toujours quelque chose d'emphatique et de peu harmonieux, de redondant dans le genre du prosateur Thomas.

Il y a deux époques marquantes dans la vie littéraire de Schiller. D'abord, on le voit armé d'une éloquence grotesque, déclarer la guerre à la société, comme s'il eût été poëte de la Constituante, ensuite il revient à pas de géants vers la route sociale; sa poésie, d'abord vaguement déiste, ensuite médiocrement protestante, finit par se reposer avec force dans le catholicisme. La muse de Goethe ne fut ni déiste, ni protestante; elle alterna constamment entre le catholicisme et le panthéisme. Schiller est né avec plus de sérieux dans l'âme que Goethe, et ce dernier avec plus de profondeur dans l'esprit que son rival de gloire. Schiller, né inquiet, et ne pouvant se contenter de son propre génie, creusa les questions, si non à une grande profondeur, au moins avec une ardeur extrême. Goethe, né positif, et clairvoyant par nature, dissipa un peu les dons du génie ramassés dans son esprit, se livra trop aux impulsions du dehors, et ne s'établit pas assez dans les questions, pour pouvoir rapidement les parcourir

toutes.

Schiller leva, dans sa première jeu

nesse, son bouclier contre la société par son drame extravagant des Brigands. Il est hideusement écrit, le style en est tantôt pompeux jusqu'à la folie, tantôt plat jusqu'à l'excessive trivialité. Les caractères sont tracés avec une extrême grossièreté, et se prononcent sur leurs opinions et sur leurs intérêts avec une brutale franchise. Le sujet intéresse par lui-même, c'est la parabole du Fils perdu; mais l'auteur allemand l'a trop fait descendre dans la sphère bourgeoise moderne, et l'époque du moyen âge, que le titre indique, n'y est nullement caractérisée. On voyait, néanmoins, s'énoncer par cet horrible mélodrame, un jeune homme de grandes espérances, d'un talent marquant, qui visait partout à la profondeur, soit dans la peinture des caractères, soit dans la conception du sujet. Le génie dramatique de Schiller y est déployé dans son germe, et plusieurs scènes pourraient être terribles et vraiment pathétiques, si le style n'en était constamment ou burlesque ou dégoûtant.

Fiesque, drame historique, et Amour et Intrigue, tragédie bourgeoise, ne valent pas mieux que les Brigands, quant au style, et leur sont très-inférieurs, sous le rapport du génie. Il y a de la force dans ces deux tableaux; mais l'auteur s'y montre avec moins d'enthousiasme et de verve, il approfondit moins son sujet. L'intention dramatique des caractères est très-marquée; mais tout est outré jusqu'à l'incroyable, et devient risible à force de vouloir atteindre au grand. La tragédie bourgeoise est, à mon avis, le pas le plus rétrograde que Schiller ait jamais fait dans la carrière des Lettres.

Les poésies lyriques de notre poëte, à cette première époque de sa carrière littéraire, sont dignes d'un forcené qui chercherait des extases au sein de l'ivrognerie. Il a voulu se faire dithyrambique, mais il n'a rien compris à la véritable nature de ce genre de poésie. Quelques chansons d'a

mour indiquent déjà suffisamment, par leur excessive médiocrité, que Schiller n'a jamais su peindre ce sentiment, dans le tableau duquel Goethe excelle.

Les compositions historiques que Schiller fit sous la même inspiration antisociale que les ŒŒuvres dont nous venons de parler, sont ce qu'il y a de moins approfondi en histoire. Le récit de la révolution des Pays-Bas, contre le pouvoir espagnol, est faux d'un bout à l'autre, et nulle part puisé dans les sources; je n'ai pas besoin de dire qu'il est écrit de ce style inconcevable, dont les échantillons éclatent dans les Brigands, Fiesque, Amour et Intrigue, etc.

Nous arrivons à une époque intermédiaire, où Schiller est encore tout ce qu'il fut dans sa première jeunesse, mais où il commence déjà à s'épurer et à aspirer à l'idéal. Ce changement est marqué par le total abandon de la prose, pour ses compositions dramatiques, Don Carlos est en vers. Le grotesque des caractères, marqués avec une rigueur excessive, existe, comme par le passé, mais le style s'est amélioré; sans cesser d'être bouffi et emphatique, il est devenu plus éloquent; les accens en sont plus nobles et plus dignes de la muse tragique. Le héros de la pièce est le marquis de Posa, être imaginaire, sous le masque duquel Schiller a voulu peindre le prototype d'un vertueux révolutionnaire. Ce marquis de Posa est d'une bizarrerie qui n'a pas d'égal au théâtre. C'est un enthousiaste de phrases, comme on en a pu étudier dans la faction girondine, seulement l'auteur allemand y a mêlé sa couleur fantasque, son vague et son incohé

rence.

Dans ses Lettres sur Don Carlos, Schiller commence déjà à raisonner son système dramatique, et à entrer dans la carrière de la haute critique. Il n'y a jamais été ni profond ni éminent; à cet égard, les Allemands possèdent des chefs-d'œuvre de critique, vrais morceaux de haute litté

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