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fut exécutée en 1597, tems où dans Naples on pouvait déjà aussi prévoir le triomphe qu'obtiendrait bientôt la musique dramatique représentée dans le palais de Corsi, elle y reçut le plus favorable accueil.

Le succès encourage toujours ceux qui méritent de l'obtenir, et Rinuccini, qui pouvait justement réclamer une grande part dans le triomphe, ne balança pas à écrire deux autres opéra, Ariane et Eurydice, qui n'obtinrent pas moins d'applaudisse

mens.

Tandis que Florence préludait si heureusement à l'invention du grand opéra, Rome suivait son essor; mais ne se relâchant en rien du caractère de sévérité qu'elle croit devoir imprimer aux cérémonies du culte catholique, elle fesait exécuter en forme d'oratorio un opéra composé par un de ses citoyens nommé Emilio del Cavaliere, et qui portait pour titre le nom singulier, pour ne pas dire barbare, dẹ l'Anima ed il corpo. Après Peri à Florence, et Emilio à Rome, Caccini, jeune chanteur de cette ville, composa la musique de l'Enlèvement de Céphale, De tous ces ouvrages, l' Eurydice de Peri est celui qui fut représenté le

Il est compté parmi les compositeurs qui les premiers se sont efforcés de relever l'art en Italie. Sa musique tenait du genre de celle des madrigaux.

+ Cet ouvrage, ainsi que celui de Peri, a été imprimé en 1608: les auteurs récla ment chacun dans leur préface, l'honneur de l'invention du récitatif; ils le regardent comme un renouvellement de la déclamation chantante des Grecs. Mais selon Doni, cette invention appartient au père du grand Galilée, grand homme lui-même, qui frappé des défauts de la musique de son tems, déjà remplie de recherches artificieuses, s'efforçait de la rappeler par d'heureux exemples à la belle simplicité des Grecs. Il appliqua sa méthode à l'épisode du comte Ugolin, tiré de l'Enfer du Dante, aux Lamentations de Jérémie, qu'il composa et chanta lui-même dans le même style, en s'accompagnant d'une viole; et partout il produisit, malgré la contagion du mauvais exemple, l'effet le plus heureux comme le plus surprenant.

premier publiquement sur le théâtre de Florence, à l'occasion du mariage de Henri IV et de Marie de Médicis. Rinuccini dit qu'à en juger par cette production, il espérait voir renaître la déclamation chantante des Grecs. Mais l'aria,* cette espèce de eom position sans laquelle il n'est point d'opéra, et qui devait seul le compléter, est bien indiquée dans cette pièce, mais ne s'y trouve réellement pas, du moins telle que nous la reconnaissous aujourd'hui. Ce fut dans le siècle suivant qu'on va la voir avantageusement figurer sur la scène.

Cavallit et Cicogninit font ensemble, en 1649, l'opéra de Jason. C'est là que se font entendre pour la première fois des airs différens des simples récitatifs. Ces airs sont monotones sans doute; ils ne sont qu'une sorte de menuets écrits dans une mesure sujette à des variations. Mais Cestig écrit sa Dorce en 1663, et il introduit enfin des chants qui vont faire ressortir le talent des chanteurs.

Nous touchons à l'époque de la fondation et de l'illustration simultanée de la musique dramatique à Naples. Cette époque, une des plus

* Chaque acte de cette opéra, qui en avait cinq, se termine par un chœur, et des stances anacréontiques ressemblant assez à ce qu'on appelle aujourd'hui Aria. C'est ainsi que furent tous composés les opéra de ce siècle; mais dans le suivant, ce geure de spectacle ne laisse rien à désirer, comme on va le voir.

+ Cavalli composa les premiers grands opéra à Venise; il était maître de chapelle de Saint-Marc; il a fait beaucoup d'ouvrages estimés.

Cicognini, compositeur italien du dixseptième siècle, fit Jason, et a cru inventer les airs (arie); mais Peri l'avait en quelque sorte devancé, comme on vient de le voir.

§ Cesti, de la patrie de Guido, et moine comme lui; il fut maître de la chapelle de l'empereur Ferdinand III, et disciple auparavant du grand Carissimi ; il contribuá, comme on voit, aux progrès de l'opéra italien, en réformant la psalmodie, en y appliquant les cantates divines de son maître Carissimi.

glorieuses sans contredit de la musique en général, et de celle de l'Italie en particulier, ne rappelle presque plus l'enfance de l'art, mais bien son adolescence par les grands maîtres qu'elle a produits et les chefsd'œuvre qu'ils ont laissés. L'opéra à peine né était déjà dégénéré de ses principes constitutifs; on en connaissait à peine les poëtes et les compositeurs dès la fin du dix-septième siècle. Ce spectacle semblait n'avoir été inventé que pour le plaisir des yeux, et non pour celui des oreilles, lorsque Alexandre Scarlatti créa le récitatif obligé.

Ce grand homme sentit la nécessité de ramener la mélodie à l'expression de la parole, de laquelle déjà une foule de compositeurs sans génie s'étaient écartés. Ses essais, dans cette louable entreprise, furent couronnés du plus grand succès; et ses efforts admirablement secondés par les Vinci, Sarro, Hasse, Porpora, Feo et Abos, ses immortels élèves, et surtout par Pergolèse, auxquels on doit ce grand perfectionnement qui se consomma dans le siècle suivant. A de grands musiciens il faut toujours de grands poëtes: Apostolo Zeno et Métastase parurent, et leurs poëmes écrits avec élégance et pureté, et remplis de situations intéressantes, firent ressortir davantage des compositions aussi belles qu'elles étaient savantes, une musique aussi expressive qu'elle était vraie. Trois générations de ces brillans compositeurs se succèdent les unes aux autres, marquées chacun par de nouvelles inventions musicales dans la voix ou les instrumens, dans le chant ou dans l'orchestre, et toutes hâtant le perfectionnement de l'école et de l'art. Aux hommes étonnans que nous verons de nommer se réunissent les Jomelli, les Terradeglia, les Traetta, les Piccini, les Sacchini, les Guglielmi et les Anfossi, également brillans par leur génie et leur fécondité; et enfin à ses derniers, deux hommes qui les surpassent peutêtre, parce que nul n'a porté plus TOME IV.

loin qu'eux les charmes de la mélodie et de l'originalité, les grâces de l'exécution et celles de l'invention, et cette heureuse facilité qui presque toujours accompagne le génie. Ces hommes sont Cimarosa et Paisiello.

Avec ces deux compositeurs dans Naples, Gasparini et Lotti dans Rome, Marcel et Galuppi dans Venise, le grand opéra fut porté à un aussi haut degré qu'il le fut en France par Gluck, en Angleterre par Handel, et par Hasse et Mozart en Alle

magne.

Six époques sensibles marquent la naissance, les progrès et le perfectionnement de la musique dramatique.

La première date de l'invention du récitatif sous Peri et Monte-Verde; La deuxième des airs sous Cavalli et Cesti;

La troisième, du récitatif obligé et de la science sous Scarlatti et Peri; La quatrième, de l'expression et de la vérité sous Vinci, Porpora et Pergolèse;

La cinquième de la force et de la profondeur sous les grands maîtres de l'école d'Allemagne ;

Enfin la sixième est celle où Haydn et Cherubini introduisent les piquans effets de la symphonie appelée aussi dramatique.

Mais la musique dramatique se divise en opéra sérieux et en opéra comique. Certes, si le premier de ces spectacles a fait des progrès, l'autre a dû les suivre dans l'Italie et surtout dans Naples, dont le peuple est aussi gai que les compositeurs d'opéra bouffons sont nombreux et féconds. Mais avant que de signaler les progrès de l'opéra comique dans cette ville, tâchons de faire l'histoire de sa naissance et de ses développemens, comme nous avons fait celle de l'opéra sérieux. Elle sera beaucoup plus courte.

Les premiers opéra dans ce genre, qui aient été représentés en Italie, sont les suivans: I Pazzi amanti, La Poesia representativa, La Tra

M

gedia di Frangipana, Il re Salomone, Pace e Vittoria, Pallade et l'Anti-Parnasso d'Orazio Vecchi, tous joués à Venise dans les années 1569, 1574, 1578, 1579, 1580, 1581 et 1597.

Le style des madrigaux ne fut pas moins appliqué à ces ouvrages qu'il l'avait été aux grands opéra. On y fesait usage des monologues que l'on chantait à plusieurs voix, parce qu'on manquait d'instrumens pour les accompagnemens. Cette musique, quoique belle à plusieurs égards, lorsqu'elle est bien placée, devenait, ainsi appliquée, aussi choquante qu'elle paraissait peu naturelle. Mais l'école de Naples sut bientôt perfectionner la comédie lyrique, et lui créer une harmonie et une mélodie dignes d'elle.

Pergolèse écrit sa Serva Padrona, qui n'enchante pas moins la France que l'Italie. On ne sait point quel est le compositeur qui introduisit dans le nouvel opéra, comme on l'avait fait dans le grand, le récitatif qui fut simple d'abord et obligé ensuite; mais il est certain que ce fut Logrosino, grand maître napolitain, et le premier en ce genre de cette école, qui inventa les finales qui sont aujourd'hui un des premiers ornemens des pièces bouffonnes. Enfin l'im mortel Piccini, en composant la Buona Figliuola, créa, ainsi que Pergolèse, un chef-d'œuvre qui est et sera toujours le plus beau et le plus vrai modèle du genre.

A cette école nouvelle sont venues s'unir successivement celle de France, immortalisée par plus d'un compositeur français, et surtout par ce fécoud Grétry, que l'on peut considérer comme le Cimarosa de cette nation, et celle d'Allemagne qui ne l'est pas moins, par Mozart qui l'a enrichie de la symphonie dramatique.

Nous venons de faire le plus brièvement possible l'histoire de la musique dramatique, parce qu'elle marche immédiatement après la musique d'église, dont nous avions tracé les pro

grès dans les chapitres précédens. Maintenant nous passerons à celle de la musique instrumentale, qui sera sans contredit plus courte, faute d'écrits authentiques et de documens propres à nous éclairer dans notre marche.

L'absence de ces titres, indispensables pour écrire toute histoire, se fait sentir en effet davantage pour ce genre de musique, que pour la musique vocale.

de

En vain l'éloquent et savant abbé Arteaga nous dit-il que les poëtes provençaux, sous le nom de ménestrels, de troubadours, de cantères et de giullares, vinrent dans le royaume de Naples et dans la Sicile pendant que la dynastie des Angevins possédait cette belle partie de l'Italie, et qu'ils introduisirent la musique instrumentale sous Bérenger d'abord, et ensuite sous Charles, le frère Saint-Louis. Nous ne connaissons que quelques-uns des chants informes et simples de ces chanteurs nomades, et nous n'avons point, ou nous ne connaissons que fort peu les instrumens avec lesquels ils s'accompagnaient. Quels que fussent dans ces tems les malheurs de l'Italie, il est probable, à en juger par les chanteurs qu'elle possédait dès le tems de Boëce et de Théodoric, qu'il lui restait encore assez de notions musicales pour n'être pas obligée d'avoir recours à des musiciens étrangers. Le moine Donigone, cité par l'écrivain dont nous parlons, dit que les Italiens fesaient un fréquent usage, dès le règne de la fameuse comtesse Mathilde, de la musique instrumentale; et l'on sait que cette princesse devance d'un siècle en Italie les Angevins et les Provençaux: mais toutes ces diverses allégations n'en prouvent que mieux l'indigence de documens pour l'histoire de la musique instrumentale en Italie, où, malgré les Barbares et leurs dévastations, les changemens de mœurs, de lois et de langage, elle n'a toutefois pas cessé d'exister.

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ALLOCUTION

DE S. S. LE PAPE LÉON XII,

DANS LE PREMIER CONSISTOIRE SECRET TENU, À ROME, LE 17 NOVEMBRE 1823.

“ Vénérables frères,

Ayant à vous parler du haut de ce trône sublime, nous avons douté, pendant quelques instans, si nous devions vous rendre grâce pour la dignité pontificale à laquelle vous nous avez élevé, ou nous plaindre plutôt de ce que vous nous avez imposé le joug si pesant de la servitude apostolique. N'auriez-vous

donc voulu nous faire succéder à Pie VII, dont l'éloge sera consacré par les âges à venir, que pour faire ressortir davantage notre faiblesse comparée avec ses héroïques vertus ? Vous aviez des collègues doués de toutes les qualités et dignes de recevoir de vos mains l'administration de l'église universelle.

"Pourquoi, malgré notre résistance, nous avez-vous préféré, nous qui n'avons aucun mérite? Occupé de ces pensées, nous avons reconnu que notre élection vient réellement de celui qui, des pierres même, a coutume de susciter des enfans à Abraham et qui choisit ce qui est faible dans le monde pour confondre ce qui est fort; vous avez été les interprêtes et les ministres de la volonté divine. Aussi, comme vous avez suivi avec empressement, avec amour et célérité, et dans un admirable accord, les inspirations de l'esprit divin, au lieu de nous plaindre, nous reconnaissons que nous vous devons d'éternelles et sincères actions de grâce.

"Ayant rempli notre premier devoir envers celui qui nous a élevé au-dessus de la terre, tout pauvres que nous sommes, pour nous placer sur le plus haut dégré, nous avons convoqué aujourd'hui vos fraternités

pour nous acquitter envers elles, dans la sincérité de notre cœur, du tribut d'actions de grâce dont nous leur sommes redevables. En vous rendant ce témoignage, nous désirons que vous soyez persuadés que nous le réaliserons par des effets lorsque l'occasion pourra s'en présenter.

"Ainsi, tout ce qui pourra contribuer à orner, à augmenter votre imposante dignité, tout ce qui se rapportera aux honneurs, aux avantages, aux bienfaits que chacun de vous aura le droit de réclamer, nous vous promettons que, de notre part, rien ne sera omis pour répondre à vos désirs. Mais en échange, vénérables frères, nous vous demandons que cet empressement, cet attachement sincère, cet accord que vous nous avez témoignés, en nous déférant le souverain pontificat, vous nous en donniez aussi des preuves en nous aidant à supporter le pesant fardeau du suprême ministère.

"Vous n'ignorez pas, vénérables frères, quelles cruelles blessures a reçues, dans les derniers tems, l'église de Jésus-Christ, quels ennemis combattent contre la foi ortodoxe, combien est grande la dépravation des moeurs qui règne partout, quels sont les entraves, les difficultés, les obstacles qui arrêtent de tous côtés les affaires de l'Eglise. Pour nous, nos soins, nos travaux seront, et le jour et la nuit, consacrés à détourner ce déluge de maux; mais si, dans cette grande et difficile entreprise, nous ne sommes point aidés de vos conseils, de vos secours, nous ne nous flattons pas de retirer de notre administration ces M 2

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C'ÉTAIT à la suite d'un grand dîner qu'il donnait à ses amis, et dans le moment où les femmes venaient de se retirer, que le jeune sir Thomas Wentworth, cédant aux pressantes sollicitations de ses convives, prit la parole et leur dit: "Vous désirez apprendre, mes chers amis, par quels moyens je me suis guéri de cette funeste maladie qui dévorait insensiblement mes jours, et qui, dans le printems de mon âge, me privant de tous les charmes de la vie, ne me laissait plus qu'un seul désir, celui de la mort je vais vous satisfaire; mais je vous préviens d'avance que cette histoire n'est point hérissée d'aventures et d'événemens romanesques; si elle peut offrir quelque intérêt, c'est principalement aux hommes qui se plaisent à suivre et à étudier les divers mouvemens du cœur humain.

"Il était dix heures du matin, je venais de me lever, lorsque le docteur Elliot, que j'avais fait appeler pour la première fois, entra dans mon appartement, et vint s'asseoir auprès de moi; à peine le docteur s'est-il nommé que, soulevant languissamment ma tête, je lui dis d'une voix affaiblie ; "Hélas! M. Elliot, vous voyez un pauvre jeune homme qui va bientôt descendre au tombeau. En

vironnné de tous les agréméns que procure une immense fortune, je me sens miné sourdement par le dégoût et l'ennui; à vingt-cinq ans, M. Elliot, j'ai perdu toutes les illusions de la jeunesse ; mon âme est vide et refuse même des désirs à mes sens émoussés; mon existence m'accable de son poids, et ressemble moins à la vie qu'à un sommeil pénible et tourmenté par de lugubres songes; toutes mes idées se portent vers la mort ; je l'attends, je la désire, et cependant je tiens encore à cette vie qui n'a plus de charmes pour moi ni dans le présent, ni dans l'avenir. J'ai consulté sur mon état les plus habiles médecins de Londres, ou du moins les plus renommés; leurs remèdes n'ont fait qu'augmenter mon mal, et ils ont fini par m'abandonner. suis arrivé, disent-ils, au dernier degré du spleen.-Ils ont raison, me répond brusquement le docteur.-II faut donc que je meure !—Oui, sans donte, il le faut, mais à quatre-vingtdix ans.-Ciel, m'écriai-je, connaîtriez quelque remède ?.. Peut-être, peut-être. Voyons, sir Thomas, continue le docteur en attachant sur moi des regards attentifs, voyons, parlez-moi franchement: avez-vous abusé des plaisirs que

Je

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