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Jadis, comme on a pu le voir ci-dessus, le développement de la peste était fort fréquent et ses ravages fort terribles. La moitié ou le tiers de la population était victime de son invasion; tandis qu'aujourd'hui l'apparition d'une maladie pestilentielle est fort rare, et ses ravages beaucoup moins funestes. A quelles causes devons-nous donc attribuer cet heureux résultat ? Les progrès incessants de la civilisation, la culture plus répandue de l'esprit, les améliorations continuelles propagées dans l'agriculture, l'introduction de nouveaux produits dans l'alimentation, des logements plus salubres et mieux disposés, des vêtements plus convenables, une administration plus éclairée et plus sévère pour tout ce qui a trait à l'hygiène publique et privée, l'aisance devenue plus commune qu'autrefois, les disettes, les famines beaucoup plus rares sont incontestablement les éléments principaux de la disparition des épidémies qui désolaient les temps passés. C'est là la conséquence logique, irrécusable de l'étude à laquelle nous nous sommes livrés ci-dessus, à mesure que la barbarie s'efface, que l'intérêt général n'est plus ténébreusement sacrifié aux caprices insensés d'une ambition personnelle, en un mot que la condition matérielle des individus s'améliore, la maladie respecte presqu'entièrement le corps social; elle s'amoindrit, se rapetisse, s'humilie comme un ennemi vaincu devant l'égide tutelaire et les dogmes bienfaisants de l'hygiène !!!

STIEVENART,
Docteur-Medecin.

EXTRAITS

DE MÉMOIRES INÉDITS

LAISSÉS

PAR MONNIER DE RICHARDIN,

Professeur de Droit, et successivement Recteur et Vice-Recteur à l'Université de Douai.

Maintenant que par d'utiles investigations des hommes amis des lettres et de l'histoire cherchent sur tous les points de la France à mettre en lumière les titres de gloire de la province ou de la cité qui les a vus naître, maintenant que partout on encourage ceux qui entrent dans cette voie et que l'on recueille avec indulgence tous les écrits qui ont pour objet soit de rappeler des faits presque tombés dans l'oubli, soit d'en révéler de complètement inconnus, pourquoi nous aussi ne ferions-nous pas tous nos efforts pour ajouter une feuille à la couronne de notre ville natale, en lui signalant l'existence d'œuvres laissées par un de ses enfans adoptifs.

Douai a toujours été une ville de repos, de calme et d'études sérieuses, où loin des hazards et des émotions si vives des affaires commerciales, une jeunesse pleine de gravité et d'une pieuse mélancolie, chantait dans la confrérie des Clercs Parisiens les louanges de la Vierge Marie, ou discutait avec ardeur dans notre savante Université les questions les plus difficiles, soulevées par l'étude des lois et de la jurisprudence. Aussi cette ville, où l'émulation du savoir a fait naître tant d'hommes célèbres, a-t-elle mérité qu'un auteur ancien la baptisât du glorieux surnom d'Athènes des PaysBas.

Si tout le monde connait les travaux historiques des Gaguin, des Caoursin et des De Raisse; les poésies de Gandor

et des Loys, les relations des voyages avantureux des Lesaige et des Trigaut, et les ouvrages de droit et de jurisprudence des Broïdes, des Pollet et des Defrance, on ignore partout que parmi les professeurs de la docte université de Douai, il en est un qui a laissé deux volumes in-4° de mémoires manuscrits, contenant une foule de révélations curieuses sur les différends qui se sont élevés en 1699, entre l'Université de Douai, les jésuites et l'abbaye de St.-Bertin de St.-Omer, sur les missions dont ce professeur a été chargé à Paris et sur son exil à Bourges.

Ces mémoires fourmillent de faits intéressants, car ce jurisconsulte, pendant son séjour dans la capitale, a eu des audiences de plusieurs augustes prélats, notamment de Bossuet et de Fénélon, et a été reçu par quelques ministres de Louis XIV. Homme érudit, à la fois archéologue et jurisconsulte, assiste-t-il à une audience du parlement, si l'affaire est de haute importance, il vous donne l'analyse des plaidoieries; visite-t-il une église, il en décrit les tableaux, les statues et les mausolées des grands hommes qui y ont reçu la sépulture. Va-t-il admirer les monumens de Paris et ceux de Bourges, il nous apprend qui les a élevés, quelles ont été leurs vicissitudes et leurs grandeurs, et enfin les artistes qui les ont décorés de leurs œuvres.

Cependant, pour être juste dans Jappréciation de cet ouvrage, il faut reconnaître que l'auteur a eu le tort de s'arrêter sur des détails oiseux, de consigner des circonstances minutieuses et de laisser quelques incorrections dans son style.

Maintenant que l'on connait sommairement les mémoires dont on a l'intention de donner des extraits au public, on croit nécessaire de dire quelques mots sur leur auteur.

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On sait seulement qu'ils sont de Louis Monnier, seigneur de Richardin et de Castille, qui fut professeur royal de droit civil et canonique de 1695 à 1709, et pendant plusieurs années Recteur et vice-Recteur de l'Université de Douai. On ignore l'époque de sa naissance, mais on sait qu'il était fils de Pierre Monnier, lieutenant-général de la Chatellenie de

Bouchain, que sa famille était noble et originaire de St.Amand Quaut à lui, il est né à Tournai, d'après ce qu'il dit lui-même dans un passage du journal de son deuxième voyage à Paris; il avait pour frère un sieur Monnier de Miranchin, qui demeurait à St.-Amand, et sa famille était alliée à plusieurs maisons nobles du pays, telles que les Dubus de Vailly, les Dusart, les Bailleul et les Duchastel..

Monnier de Richardin a-t-il publié des traités sur le droit ou d'autres ouvrages? Nous nous garderons de répondre maintenant d'une manière positive à cette question, car nous avons parcouru ses manuscrits trop rapidement pour être certain qu'ils ne jeteront pas quelque lumière sur ce point.

Les souvenirs de Monnier de Richardin embrassent le temps qui s'est écoulé de puis le commencement de l'année1699 jusqu'à la fin de 1705.

Sans suivre rigoureusement dans nos extraits l'ordre chro nologique, nous parlerons d'abord des faits qui se rattachent au voyage que Monnier de Richardin fit en février 1799 à Paris, où il avait été envoyé comme député par l'Université de Douai, pour soutenir auprès des ministres du roi les droits et priviléges de ce corps enseignant.

Monnier de Richardin, plein d'ardeur et de zèle pour sa sa compagnie, partit de Douai impatient du succès. Mais alors de rapides malles-postes ne faisaient point franchir 50 lieues en 18 heures, alors la vapeur, moteur docile à la volonté de l'homme, ne rapprochait pas les distances les plus éloignées, n'anéantissait pas les obstacles, ne faisait pas devan cer le vol des oiseaux par des trains de cent voitures, partant comme des flêches et marchant comme la foudre; alors, on mettait 7 ou 8 jours pour aller à Paris!....

« Je partis de Douai, dit l'auteur des mémoires, le 28 » février 1699, dans une chaise qui me mena jusqu'à Arras, » où le lendemain je devais rencontrer la carosse de Lille à » Paris. On compte quatre lieues d'Arras à Bapaume, nous » y arrivâmes assez tard. Le deuxième jour de mars, nous » partimes pour Péronne où nous parvinmes d'assez bonne

» heure. On alla d'abord descendre à la douane, oùtrois ou » quatre publicains, qui se donnaient des airs d'hommes » d'importance, renforcés de quelques gardes et commis, >> vinrent faire visite de nos coffres et de nos malles. Le con» trôleur du bureau était en robe de taffetas de Chine et en » dentelles de Malines. Ces gens ont deux cents écus d'ap>> pointement, je ne sais comment ils font. >>

Malgré le plaisir d'admirer un aussi bel accoutrement, ce n'était pas un médiocre inconvénient que d'être ainsi arrêté dans ses voyages aux frontières de chaque province du même royaume. La grande et belle uniformité de notre législation a détruit toutes ces ridicules entraves.

Le lendemain on alla coucher à Roye, et bref, Monnier de Richardin n'arriva à Paris que le 6 mars.

Comme à cette époque, la cour résidait à Versailles, cette ville était le séjour des plaisirs et le lieu où toutes les affaires du royaume venaient recevoir une solution.

Monnier de Richardin s'y rendit donc : la première chose qui le frappa fut le grand nombre d'équipages qu'il vit sur la route. « Nous rencontrâmes, dit-il, plus de 200 carosses » à 6 chevaux. Que les hommes sont fols de chercher le plai» sir dans le pays des peines et des inquiétudes! Tant de * gens ne fatiguaient leurs valets et leurs chevaux que pour » se trouver au bal. >>

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Qu'il y a loin de ces somptueux attelages et de ce luxe fastueux, au modeste coche de Marie de Médicis. C'était alors l'unique carosse de la royauté. Quand la reine s'en servait, le bon roi Henri IV allait à pied ou chevauchait dans Paris. Pendant la route, continue Monnier, quelques officiers, qui étaient dans notre carosse, nous entretinrent » de M. de Chamillard et de sa famille. Un d'entr'eux nous apprit que le ministre avait un véritable mérite et qu'il >> ne faisait jamais de mal que malgré lui; qu'il n'était pas » prévenu des principes d'une extravagante vanité, qui in>fecte et corrompt ordinairement l'esprit de ses pareils. En

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effet, le sieur D'hosier, fameux généalogiste, ayant de» mandé audit sieur de Chamillard la permission de travail

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