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» le Dauphin, M. le duc de Bourgogne et M. le duc de Berry, précédaient le roi de quelques pas. On y voyait en. » core M. le duc d'Orléans, M. le prince, M. le duc de ⚫ Bourbon et M. le prince de Conty.

» Toutes les princesses suivaient la reine d'Angleterre, » tout ce qui avait quelque rang à la cour assista à cette messe vraiment royale. J'y vis le cardinal de Coislin, grand » aumônier de France et le Père de la Chaise, confesseur or» dinaire du roi....

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Mme. de Maintenon y vint quelque tems après : toute cette foule auguste était pressée dans la chapelle.

De la description de ce tableau pompeux le grave professeur ne dédaigne pas de descendre à des détails de toilette qui peut être ne seront pas sans intérêt pour les dames.

»

»

• Un jour, dit-il, je vis madame la duchesse de Bourgo gne qui parcourait les bosquets du petit parc de Versailles accompagnée de plusieurs dames qui paraissaient être fort étourdies, grandes diseuses de rien qui ne parlaient que » de Médor, Angélique et Adonis.» (Il paraît que les dames de la cour n'avaient pas le don de plaire autant à l'auteur que les charmantes Douaisiennes à qui il écrivait des lettres si tendres.)

Mme. de Bourgogne était vêtue, ce jour-là, d'une étoffe » à fond vert, mouchetée de petites fleurs d'or ayant les >> manches de son habit fort courtes et garnies de grand nom»bre de pierreries.

Si les princesses se mettaient avec une richesse en rapport avec leur rang, les princes du sang se permettaient quelquefois des plaisanteries qui étaient fort peu bienséantes chez d'aussi hauts personnages.

En effet, le Monnier de Richardin rapporte le fait suivant: « Le 18 novembre 1703, je fus, dit-il, à Versailles; à mon >> arrivée, je me rendis dans la grande galerie où je vis M. » le duc de Bourbon, fils du prince de Condé donner par galanterie un coup de pied très-serré dans le c.. d'un sei

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gneur de la cour de sa connaissance. » Malheureusement il ne fait pas connaître le nom de ce personnage, ni la contenance qu'il fit en recevant une telle grâcieuseté; nos princes aujourd'hui en usent moins familièrement avec leurs grands officiers qui ne sauraient probablement pas apprécier à la même valeur une semblable marque de bienveillance. En lisant de telles particularités les admirateurs des anciens usages trouveront sans doute que les belles manières se perdent dans la nouvelle France.

Mais continuons. Cela ne se passait à huis-clos et le prince n'était pas un enfant, en effet l'auteur du journal ajoute :

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» Le duc de Bourbon peut être maintenant âgé de trentecinq ans. J'y vis encore le prince de Conty, le duc de Ber>> wik, fils naturel du roi d'Angleterre, s'entretenant avec » ces deux princes. Le gros président de Mesmes qui faisait parade de son cordon bleu et du Saint-Esprit brodé sur » son manteau, se faufilait avec eux et se donnait des airs de » petit maistre. >>

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Si ce magistrat excita la gaîté de Monnier de Richardin, un autre sentiment s'empara de lui, quand il rencontra le brillant Lauzun, chez M. de Chamillart.

» Je vis, dit-il, chez ce seigneur, le duc de Lauzun. C'est » un petit homme fort vieux, âgé de 70 ans, marié depuis » neuf ou dix ans, à une fille du feu maréchal de Lorges » dont il est jaloux jusqu'à la fureur. Le duc fait aujour» d'hui à la cour une figure bien différente que celle qu'il y » fit autrefois. Il y est sans emploi et sans considération. Ce » n'est plus le tems que de colère, il jetait sa commission de » colonel-général des dragons en présence du roi et qu'il » voulait casser son épée se reprochant à lui-même de l'avoir " portée trop long-temps pour son service. Autrefois il eut ⚫misen pièces la porte d'un secrétaire d'Etat qu'il eut trouvé trop long-temps fermée, mais aujourd'hui il gratte tout doucement comme un autre du pommeau de son épée à celle de M. de Chamillart.

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Nous bornerons ici nos extraits qui suffiront à faire connaître comment Monnier de Richardin raconte ses impressions et ses souvenirs. Dans un autre article, nous citerons les passages de ces mémoires où l'auteur met en scène Bossuet, M. de Barbesieux, ministre de Louis XIV et fils de Louvois, ainsi que plusieurs grands personnages, à l'occasion des prétentions de l'Université de Douai, dont Monnier de Richardin allait soutenir à Paris les droits et les prérogatives.

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SPICILÉGE.

INTRODUCTION.

En histoire, les moindres faits ont de l'importance. Ce sont les détails qui donnent, sinon la vie, du moins la physionomie aux récits de l'historien. Jadis, on les dédaignait trop; aujourd'hui, peut-être, on en est prodigue. C'est au narrateur judicieux à en faire un usage modéré et circonspect. Pour nous, vivant au milieu des dépôts qui recèlent ignorés tant de documents, notre tâche est de les livrer, discrètement aussi, à l'attention publique. A nous donc de choisir au préalable ce qui nous paraît propre à jeter une lumière nouvelle dans l'obscurité de nos annales; mais, à l'histotorien lui-même le soin de démêler parmi ces matériaux divers ce qui lui convient, quid utile, quid non.

Voici sous le titre de SPICILEGE quelques épis glanés çà et là. Tous les grains qu'ils renferment ne sont pas de même nature et de même qualité, mais aussi tous les oiseaux ne cherchent pas la même pâture.

Si ce modique tribut payé par nous à la science historique n'est pas trop dédaigné, nous le renouvelerons de tems à autre,

Car ce champ ne se peut tellement moissonner,
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.

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RECUEIL DE DOCUMENS

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES FAITS, DES MOEURS, DÉ LA LITTÉRATURE ET DES ARTS. (1)

Chambre de Jacqueline de Bavière à Valenciennes.

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A Jehan de Florence, ouvrier de tappiserie et de haulte liche, demorant à Valenchiennes, pour sen sallaire de avoir renettyet et relavet le blancq cambre de ma très-redoutée dame la ducesse, ycelle ouvree de haulte-liche, de pappegais et figurée de damoisielles juwans de le harpe, restoupet plusieurs traux qui estoient en plusieurs lieux, destachiet et destroet, puis icelle toute fourée de nuefve toile de Bourgogne pour tant que onques ne le avoit estet; et pour otel avoir fait et ouvrer, nettyer et relaver une autre cambre et une salle verde, l'une semée et figurée de cachevres et l'autre de le battaille de Jhérusalem, ouquel ouvraige faire, mist li dis ouvriers le terme et espasse de XVIII sepmaines accomplies en le moyenne dou mois de juing; a estet payer au rapport de Thiery, le cambrelent de ma ditte dame XXIIII s. pour cascune sepmaine: font parmi VI lib. XVI s. VI d. à lui payer pour icelles nettyer, relaver et rendre couleur comme dit est, et ainsi en fu marchander par le dit Thieri et que li recepveres compte chiendroit.....

....

XXVIII lib. VIII s. VI d. t.

Recette générale du Hainaut.

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(1) La plupart de ces documents sont extraits des archives générales du

département du Nord, à Lille.

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