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Dieu va bientôt se rendre au gîte;
Le prêtre est à l'introibo,
Qui sait le latin, sent bien vite
Ce qu'un tel moment a de heau,
Au missel il se place:
Gloria, Kyrie,

Evangile et préface,
Tout est expédié.

Après le sanctus, chose étrange,
Le prêtre avec des mots latins,
Fait Dieu, le coupe et puis le mange,
Et s'en lave ensuite les mains.
Princesse, etc., etc.

5o Mélanges de Littérature. A Philosopolis (Bel-Eil), M. DCC. LXXXIII, 2 vol. petit format Cazin, le tome premier, 162 pp., le tome second, 149 pp. Volumes très rares, composés en entier par le prince de Ligne : dans l'un d'eux, on lit une dissertation sur les embellissemens de Paris, écrite par le prince sur les frontières de la Hongrie, dans une misérable cabane, à 500 lieues du foyer des plaisirs et des lumières dont il rêvait l'embellissement.

4° Instruction secrette dérobée à Sa Majesté le roi de Prusse, contenant les ordres secrets expédiés aux officiers de son armée, particulièrement à ceux de la cavalerie, pour se conduire dans la circonstance présente, traduit de l'original allemand, par le prince de Ligne. à Bel-OEil, et se trouve à Bruxelles, chez Hayez, imprimeur-libraire, rue llaute, M. DCC. LXXXVII, in-12, VI et 123 pp. C'est le moins rare des livres que nous venons de citer; il parait qu'un certain nombre d'exemplaires en ont été distribués ́et livrés au commerce.

Au reste, ces quatre ouvrages (1) sont dignes de garnir les tablettes des amateurs de raretés bibliographiques; pour nous, nous les estimons comme des souvenirs précieux d'un prince littérateur dont nous vénérons la mémoire qui est encore chérie dans la

(1) Il est sans doute inutile d'ajouter ici qu'un cinquième ouvrage, annoncé en août 1840, comme devant faire partie d'une prétendue vente des livres d'un soi-disant comte de Fortsas, décédé à Binch, n'a jamais existé et ne forme qu'un des 52 articles d'une mystification littéraire fort spirituellement et savamment ourdie par M. R. Chalon, membre de la Société des Bibliophiles de Mons. Cet ouvrage fictif, qu'on annonçait comme imprimé à la fin du siècle dernier, portait ce titre: Mes campagnes aux Pays-Bas, avec la liste, jour par jour, des forteresses que j'ai enlevres à l'arme blanche. Imprimé par moi seul, et pour moi seul, à un seul exemplaire, et pour cause. A. B. (Bel-OEil), de l'imprimerie (du prince Charles de Ligne), in-8°, 202 pages. Ce livre, unique en son genre et en son espèce, était, disait-on, relié en chagrin vert avec fermoir à clé en vermeil.

contrée que nous habitons. Ce noble écrivain est mort à Vienne en 1815, pendant qu'on y tenait le congrès Européen, dans un petit pavillon à plusieurs étages qu'il appelait son baton de perroquet. A. D.

Manuscrit autographe de Sigebert de Gemblours.

Sigebert, né vers l'an 1030, avait pris très-jeune l'habit de Saint-Benoît dans l'abbaye de Gemblours. Ses talens le firent appeler à l'abbaye de Saint-Vincent de Metz, où il professa longtems; mais il revint à Gemblours et y mourut le 9 octobre 1112. La tradition constante de la maison faisait considérer le manuscrit en question comme l'autographe, et quand Nelis et Schopflin y vinrent, et qu'on le leur montra en cette qualité, Schopflin frappé de vénération pour une pareille relique, tomba à ge

noux.

L'écriture de ce manuscrit est du Xe siècle; les 42 feuillets de la chronique même ne contiennent pas, chose étonnante, plus de huit fautes d'orthographe. Il y a entre le 12° et le 14° feuillet une de ces lemnisques additionnelles que M. Bethman considère comme une preuve d'autographie dans le Radulfi Tancredus qui vient également de Gemblours.

Sigebert travaillait encore à sa chronique l'année qu'il mourut, et Anselme commençait sa continuation, cette année, dans le même volume. Le caractère, dans ces appendices, ne se modifiie en général d'une manière sensible que trois fois, en 1136, à la mort d'Anselme, en 1137 et en 1145. On est donc autorisé à admettre trois continuateurs distincts. Mais la variation de la couleur de l'encre, la dimension et l'attitude non moins variable des lettres, prouvent assez que les annotations, loin d'être copiées, ont été écrites à mesure que les évenemens ont été connus à Gémblours.

Comment ce manuscrit est-il venu jusqu'à nous? M. Baude, fils du dernier propriétaire, a répondu à cette question par une lettre adressée à l'Emancipation et insérée dans la feuille du 7 juillet 1840.

Les armées françaises avaient envahi la Belgique. Les commissaires du pouvoir exécutif pour la suppression des monastères, étaient venus à Gemblours, et avaient rempli leur mission avec cette acerbité révolutionnaire dont se faisaient un mérite les philosophes à bonnet rouge de ce temps-là. Chassé de son paisible séjour, dom Romuald Ypersiel, liseur de l'abbaye (on appelait ainsi le bibliothécaire), voulant dérober à la rapacité révolutionnaire quelques-uns des trésors confiés à sa garde, emporta divers ma

nuscrits, parmi lesquels se trouvait la chronique de Sigebert. Devenu curé à Tongriennes, dom Ypersiel y mourut longtems après. Ses héritiers, ignorant la valeur de tout ce parchemin, vendirent pêle mèle et par sacs aux boutiquiers des environs, ces précieux restes d'une des plus belles bibliothèques de la Belgique, que Sanderus a cependant passée sous silence dans sa Bibliotheca manuscripta Belgii.

Entre autres acquéreurs, les sieurs Gilles et Piérart, marchands de tabac à Gemblours, achetèrent assez de ces manuscrits pour en charger une charrette. Avant d'en faire aucun emploi, ils furent visités par le médecin du lieu, à qui ils permirent de choisir dans ce tas les objets à sa convenance.

M. le docteur Baude trouva dans ces ruines quantité d'ouvrages rares, mais tronqués, et découvrit enfin la chronique de Sigebert, qu'on lui céda pour une couronne. En 1829, un bibliophile anglais en offrit au propriétaire un prix très élevé, mais M. le doctenr Baude ne voulut abandonner son manuscrit qu'avec la certitude de le voir placé dans le seul dépôt qui lui convint. C'est de son fils, M. l'avocat Baude, que le tient aujourd'hui la bibliothèque royale de Bruxelles; là il occupe le premier rang parmi les manuscrits de Gemblours.

Le baron de REIFFENBERG.

Facétie féodale.

Dans un registre intitulé: Rapports et dénombremens des fiefs tenus de la salle de Lille de 1613, lequel se conservait, avant la Révolution, aux archives de l'ancienne chambre des comptes de Flandre, à Lille, on lisait, f.o 130, le rapport que je vais transcrire mot pour mot :

<< Item, ledit Nicolas Imbert tient encoires un fief se consistant, etc., lequel fief doibt à ma dicte seigneurie (de Templeuve en Dossemetz près Tournai), le dixième denier à la vente, don ou transport, service en court quant l'héritier requis en est, et ung jambon de Mayence cuit avec de la moutarde sucrée, de relief, à la mort de l'héritier, présentant audict seigneur de Templeuve estant à table, et chantant gaillardement la chanson vulgairement appelée :

» Regnauld de Montauban trouve sa mère morte,
» Et lui souffle au c.. et se le reconforte. »

Ces conditions vraiment comiques, consignées gravement dans des titres originaux, prouvent que, dans ces temps de la féodalité dont on se fait communément une si terrible idée, on ne dédaignait pas le mot pour rire.

G.

Processions en Belgique.

La confrérie de Sainte-Gertrude, établie à Nivelle, en Hainaut, fait tous les ans, le lendemain de la Pentecôte, une procession solennelle en l'honneur de cette sainte, qui est la patrone de la ville. On voit d'abord paraître un homme à cheval; derrière lui est assis en croupe une fille choisie entre les plus belles de la ville, pour représenter Sainte-Gertrude'; elle est habillée en dévote, et d'une manière convenable au personnage qu'elle joue. Devantelle, un jeune homme alerte, qui représente le diable, fait mille sauts et mille cabrioles, et tâche, par ses gestes bouffons, de faire rire la prétendue sainte, qui de son côté, s'efforce de conserver la gravité qui convient à son caractère et à la cérémonie. De jeunes filles viennent ensuite, portant l'image de la Sainte-Vierge; le reste de la procession n'a rien de remarquable,

A Courtrai, le vendredi Saint, la ville paye vingt-cinq livres à un pauvre homme, pour représenter les souffrances du Sauveur. On le mène en procession dans toutes les rues, vêtu d'une robe violette, la tête couronnée d'épines, portant une lourde croix sur ses épaules: Douze religieux, six capucins d'un côté, six récollets de l'autre, faisant l'office de bourreaux, le tiraillent à droite et à gauche, par autant de grosses cordes qu'il a attachées autour du corps. Les tourmens qu'ils lui donnent le feraient bientôt périr de fatigue, si un nouveau Simon le Cirénéen ne survenait fort àpropos, lorsqu'il est près de succomber sous le fardeau de sa croix. Il arrive enfin à l'église plus qu'à demi-mort. Au milieu de toutes ces souffrances, il ne laisse pas échapper le moindre murmure ni la moindre plainte, et se croit assuré de son salut, s'il peut expirer sous les coups; ce que n'ont pas honte de lui faire accroire les ministres de la religion eux-mêmes.

Le même jour, à Bruxelles, on crucifie aussi un homme, pour imiter le crucifiement de Jésus-Christ; mais au moins choisit-on, pour faire le rôle de crucifié, un criminel condamné à mort, et à qui on accorde la grâce pour l'amour du rôle qu'il doit jouer. C'est l'église des Augustins qui sert, pour ainsi dire, de salle de théâtre à ce spectacle tragi-comique. On y voit, aux pieds sacrés des autels, un vaste échafaud sur lequel est élevé une croix haute de vingt pieds; de côté et d'autre sont dressées des espèces de loges pour les dames, les gens de qualité, et pour les premiers de la ville; le reste de l'église, si l'on veut le parterre, ne suffit pas pour contenir la foule incroyable de peuple qui se presse de toute part pour voir enfin terminer le plus curieux de la scène. Il ne commence qu'après la procession. Cette procession se fait au son lugubre d'un grand nombre d'instrumens. On y voit d'abord marcher

les confrères, dits de la Miséricorde, le visage masqué, les pieds nus et en habit de la confrérie; viennent ensuite les prisonniers traînant à leurs pieds de gros boulets de canon qui y sont attachés avec des chaînes de fer; arrivent enfin des religieux Augustins travestis en juifs, et au milieu d'eux le représentant du Sauveur, garotté, couronné d'épines, revêtu d'une robe de pourpre. Après l'avoir ainsi promené en procession par toute la ville, les religieux en bourreaux le conduisent au lieu du supplice, armés de clous, de marteaux et autres instrumens de la passion, le font monter sur l'échafaud, et y montent avec lui. Aussitôt ils le dépouillent jusqu'à la chemise, tirent ses habits au sort, et l'étendent enfin sur la croix, où ils lui attachent les pieds et les mains avec des courroies, sous lesquelles sont de petites vessies pleines de sang, qui, percées par les clous, font croire au peuple qu'on a réellement percé les pieds et les mains du crucifié. A cette vue, tout le peuple se sent les entrailles émues; et se retraçant l'image deson Sauveur, il laisse couler ses larmes. Quelques uns des plus dévots se laissent tellement emporter à leur douleur, qu'ils se frappent rudement la poitrine, et se la meurtrissent à force de coups. Ce sont là des restes frappans de la domination espagnole. J.-Fr. DE LA CROIX.

La petite ville d'Hesdin.

Entre St.-Pol et Montreuil, dans la vallée arrosée par la Canche, je trouve la ville d'Hesdin dont les habitans prétendent que le véritable nom est Eden et que ce n'est que par une corruption d'orhographe qu'on a écrit Hesdin. J'ai même vu un brave citoyen qui m'assurait avec le plus grand sang froid du monde que c'était sur une des montagnes environnant la ville que s'était arrê– tée l'arche du père Noé. Quoi qu'il en soit, la ville est très-agréable et ses environs le sont plus encore. J'y arrivai du côté de l'ouest, de Montreuil dit sur mer. La route est charmante et offre continuellement des paysages dont on n'a aucune idée dans notre pays de plaines. Les villages y sont très nombreux; on en compte, je crois, 8 depuis Montreuil, et la distance entre les deux villes n'est que de 5 lieues; aussi il n'y pas de route de 3 lieues qui paraisse plus courte. Après avoir traversé une superbe allée, ornée d'arbres majestueux, on arrive à Hesdin par la porte Neuve. Je ne sais pourquoi on lui a donné ce nom, car elle m'a paru aussi ancienne que sa sœur qu'on appelle la porte Vieille.

J'ai été très-étonné en entrant de voir dressé au-dessus de la porte un long morceau de bois. Je demandai si c'était quelque symbole ou un épouvantail. —On me répondit que dans les grands jours,

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