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comme lorsque M. le sous-préfet venait voir les llesdinois, par exemple, on pendait à la perche le drapeau tricolore. C'est fort bien imaginé.

La ville se présente très bien les rues y sont droites et larges et les maisons bien bâties. Parmi les monumens publics on m'a fait voir l'hôpital, l'église, le collége et le manége. Il n'y a de remarquable que le manège : c'est un des plus beaux que j'aie vus.

Par une fatalité assez singulière, depuis qu'elle a élevé ce manège, la ville d'Hesdin n'a plus de garnison de cavalerie. Il n'y a même plus depuis plusieurs années qu'une ou deux compagnies d'infanterie, juste ce qu'il faut pour garder les deux portes, et le magasin à poudre.

Il y a aussi à Hesdin de belles et vastes casernes de cavalerie; mais la négligence de l'administration voulant sans doute se mettre au niveau de l'indifférence du gouvernement, les laisse dans un état complet de délabrement. Il y en a une près du manege, dont les fenêtres ont toutes leurs vitres cassées.

Le rempart offrirait une assez agréable promenade, si par une précaution assez burlesque, le génie (c'est lui qu'on m'a désigné comme le coupable) n'en avait fait couvrir le sol de cailloux, briques, tuiles cassées, etc., etc.; de sorte qu'à moins d'avoir une chaussure à très forte semelle, on risque de s'y écorcher les pieds. J'en ai fait le tour avec des dames qui ont juré de ne plus y revenir.

J'ai eu plus de courage, moi; j'y suis revenu avec mon hôte; j'avais besoin de quelques explications. Après avoir admiré encore une fois le manège dont la charpente hardie me semble un véritable tour de force, après avoir traversé une jolie allée bordée d'un côté par de beaux arbres et de l'autre par de riants jardins, j'arrivai à une grande place à peu près circulaire que je n'avais pas remarquée la première fois. C'était le manège découvert. Les jeunes gens d'Hesdin en ont fait un jeu de balle. Presque tous les jours, quand le tems le permet, m'a dit mon hôte, on trouve des joueurs sur ce champ de bataille. Il y avait ce jour-là lutte entre la partie d'Hesdin et une partie d'un village voisin; et quoique les vainqueurs ne dussent remporter que l'honneur de la victoire, il y avait entre les joueurs autant d'activité autant d'ardeur, autant de feu qu'en ont jamais montré les lutteurs qui, à Gayant, viennent se mesurer sur notre place SaintJacques.

L'allée suivante offre un inconvénient assez grave. Elle a dans toute sa longueur un précipice à gauche. Il ne serait pas prudent de s'y promener un livre à la main. Mon hôte n'a pu me dire pourquoi on avait négligé d'y élever des gardes-corps. Quand quelque enfant s'y sera tué ou estropié, on pensera alors à la précaution inutile. Du reste, je ne fus pas trop étonné de cette négligen

ce, puisqu'au milieu de la ville, dans une rue qu'on appelle rue de l'Empereur, on laisse au dessus de la rivière un trou de deux pieds de diamètre. Si quelqu'un s'y noyait, on le boucherait de suite, mais jusqu'à présent, il n'y a eu personne qui ait eu cette complaisance et ce dévouement.

Un autre inconvénient du rempart, c'est la malpropreté qui y règne en plusieurs endroits : j'ai jugé que M. le maire ou M. le commissaire de police n'y faisaient pas souvent leur promenade.

En continuant notre tour, nous arrivâmes à l'endroit où la Canche entre dans la ville. D'ici, me dit mon hôte en m'arrêtant sur le pont, on voyait il y a quelques années le fleuve débuter par une jolie cascade et faire tourner plusieurs moulins; mais après une enquête sur le commodo et l'incommodo, on a remplacé cette agréa– ble perspective par celle que vous avez sous les yeux. Et j'avais devant les yeux un immense échafaudage garni de tourbes faites avec le tannin, et de peaux qui pendaient en lambeaux et exhalaient une odeur fétide. Après avoir pesé le commodo et l'incommodo, l'autorité hesdinoise a jugé que le commodo l'emportait sur l'autre ; il faut qu'elle ait une singulière balance.— Mais laissons-là le rempart et visitons rapidement les environs. Tout autour de la ville se développe une vaste digue ornée de beaux arbres et bordée d'un côté par un bras de la Canche, de l'autre par les glacis. Le terrain en est un peu sablonneux : on peut s'y promener en toute saison.

Au sortir de là, on peut entrer dans ce qu'on appelle les prou menades de la ville: ce sont d'immenses allées qui se croisent en tout sens, c'est réellement admirable. De là, on peut arriver a village de Saint-Leu, qui est charmant, et monter à la belle forêt qui couronne majestueusement la ville; puis on descend dans le village de Marconnelle, et on se perd au milieu des milliers d'arbres qui semblent se jouer sur ce vaste territoire. Enfin, de quel que côté qu'on dirige ses pas au sortir d'Hesdin, on est sûr d'y jouir d'une ravissante promenade.

A une lieue d'Hesdin, il faut aller visiter le villagedu Vieil Hesdin, qui était jadis une ville assez importante, et que détruisit, en 1553, le lieutenant de Charles-Quint, Emmanuel-Philibert, duc de Savoie. On y voit encore les ruines du château qui dominait la ville, et quelques restes de fortifications.

Rentrons à Hesdin. Voyons la place d'armes : c'est un carré long, comme dit mon hôte; à chaque angle se trouvent deux rues qui forment un angle droit. Cette place est assez pittoresque, mais elle est très mal pavée. L'Hôtel-de-Ville y est situé : c'est un mònument assez ordinaire et qui a besoin de réparation. Ce que j'y ai vu avec le plus de plaisir, ce sont les bals qui s'y donnent à la fête . ils sont charmans. On ne croirait jamais qu'une si petite ville puisse

offrir une si nombreuse réunion de charmantes demoiselles. Je ne crains pas de dire qu'elles ne le cèdent en rien à celles de notre ville.

Un avantage qu'on trouve à Hesdin, c'est le bon marché de la vie. Avec 800 fr. de rente, un petit ménage y vivra à l'aise. Pour 200 fr. de loyer, on a une jolie maison. Enfin, rien n'y est cher. Je suis sûr que si cette ville était bien connue, on verrait chaque année augmenter sa population. Si les Anglais, à médiocre fortune, pouvaient la deviner, comme ils se hâteraient d'y accourir.

Je me résume et je dis: allez à Hesdin, vous qui aimez le repos et la tranquillité. Allez à Hesdin, vous qui aimez les accidents de terrain, les jolis paysages, les agréables promenades. Allez à Hes din, petits rentiers qui êtes obligés de vous imposer mille privations dans les grandes villes, vous y aurez là tout en abondance, Vous y ferez même des économies.

Je ne puis trop vous dire, M. le rédacteur, quelle est l'opinion. politique de la ville. J'ai diné avec de braves citoyens qui louaient à toute force le ministère Thiers: j'ai revu quelques jours après les mêmes citoyens qui avaient bonne espérance dans le ministèreGuizot, et ils m'ont assuré que tous les bourgeois pensaient comme eux. Concluez. Je ne sais pas d'ailleurs s'il y a des électeurs à Hesdin; jusqu'au 15 septembre, j'allai tous les jours à la porte de la mairie pour y lire les noms des électeurs, qui devaient être affichés depuis un mois, je n'y ai jamais rien vu. On m'a dit pourtant qu'il y avait quelques gens riches: probablement leur fortune est en portefeuille.

Agréez, etc.

UN DOUAISIEN.
(Libéral).

Ecroulement du Clocher de la Métropole de
Cambrai (30 janvier 1809).

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Le clocher de la métropole était la merveille du Cambrésis. Jamais on n'en parlait, dans la contrée, sans emphase et sans complaisance. Si l'on interrogeait un Cambrésien sur ce monument il ne manquait pas d'en décrire aussitôt les fenêtres aussi nombreuses qu'il y a de jours de l'année, le globe d'airain qui pouvait contenir à l'aise six personnes, et la brillante croix de cuivre fondu, haute de quinze pieds et large de sept et demi, qui surgissait au-dessus de ce globe. Les trente-neuf cloches, à savoir : l'énorme Marie, l'Argentine, Glorieuse, Aldegonde, Ægidia, Martine, Nicole, Jacobea, Foi, Esperance, Charité, etc., etc., étaient énumérées impitoyablement et il n'était point fait grâ ce d'une seule des six cents marches de pierres qu'il fallait gravir

pour atteindre l'extrémité la plus haute; car depuis le bout de la croix, jusqu'à terre, on comptait trois cents trente pieds d'élévation.

Et afin que rien ne manquât pour attester l'affection populaire vouée à la flèche métropolitaine, il y avait des légendes et des traditions merveilleuses qui se rattachaient soit aux cloches, soit à la flèche elle-même. On racontait entr'autres que l'horloge, autre merveille placée au pied du clocher, avait été ouvrée par un berger, auquel on fit crever ensuite les yeux afin qu'il ne fabriquât plus dorénavant rien de semblable.

Quelque grande que fùt cette admiration, elle se trouvait justifiée par le monument qui en était l'objet On imaginerait difficilement une flèche plus grâcieuse et plus aërienne que cette pyramide svelte et transparente construite en pierres grises, et sans qu'aucune ferrure, sans qu'aucun ciment en assujettît les parois. Tout ce que l'architecture arabe et celle du moyen-àge, ont de riche, de parure et de fantastique, avait été prodigué pour cette flèche élégante que l'on aurait dit avoir été légèrement posée sur deux énormes tours massives.

Dépouillée de ses immenses trésors, par les misérables entre les mains duquel l'anarchie avait laissé tomber un pouvoir terrible et destructeur, l'église métropolitaine fut vendue à vil prix, en 1796, comme domaine national, et sous la condition qu'elle serait démolie.

Les clauses du contrat de vente ne furent que trop fidèlement exécutées !

Tandis que les murs de l'église s'écroulaient sous la pioche révolutionnaire, le clocher seul restait debout. Soit respect pour un pareil monument, soit plutôt qu'il se trouvât trop de danger et pas assez de lucre à l'abattre, il fut épargné.

Mais la destruction du corps de maçonnerie et de la charpente de l'église, la démolition de plusieurs voûtes et de plusieurs autres ouvrages importans, laissaient presque sans appui un fardeau aussi énorme. En outre, il ne restait plus, ni chaines, ni ancres en fer; et de larges gersures, des lézardes gigantesques en s'ouvrant chaque jour de plus en plus, sillonnaient de toutes parts l'intérieur du clocher.

Un architecte consulté par l'autorité municipale fit connaître en quel état de péril se trouvait le beau monument et indiqua en même tems les moyens de prévenir sa ruine. Ils étaient peu coûteux, et consistaient en contreforts et en travaux de maçonnerie.

On avait, à cette époque, l'intention d'adapter le clocher de la Métropole au monument de Fénélon, projeté dès lors, et dont l'exécution n'a eu lieu qu'en 1826. On s'adressa donc à M. de

Pommereul, alors préfet du Nord, pour obtenir l'autorisation d'entreprendre des réparations aussi urgentes. Le préfet, qui singeait admirablement le despotime bon plaisir de son maitre, refusa l'autorisation et ajouta même le sarcasme à son refus. « Votre clocher durera plus longtems que vous! Laissez moi en repos à >> ce sujet. »

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Et trois mois après, par une tempête violente, on entendit un bruit soudain, terrible, majestueux. Le clocher de la Métropole, renversé par l'impétuosité d'un tourbillon de vent, gissait sur la place Fénelon qu'il couvrait de ses immenses ruines.

Il n'y eut ni plaintes, ni récriminations sur une négligence aussi condamnable. Le pouvoir en ce tems là était ombrageux, arbitraire et il exerçait une censure impitoyable sur les moindres productions de la presse Quant aux journaux, ceux qui existaient alors dans le département, se bornaient à remplir d'annonces et de charades leurs seize pages in-8°, qui ne voyaient même le jour, qu'après l'examen de l'autorité.

A l'époque de liberté où nous vivons, on conçoit difficilement que l'on ait pu se résigner à un semblable état d'abjection et d'esclavage. Mais sous le rude joug impérial, il ne restait même pas la consolation laissée par Mazarin aux Français de son temps : Qu'ils chantent, disait-il, pourvu qu'ils paient. En 1809, il fallait payer, se courber et se taire.

S. H. BERTHOUD.

Ancienne cathédrale d'Arras.

Nous empruntons à la notice sur l'ancienne cathédrale d'Arras,, publiée par M. Debray, curé de Saint-Nicolas, une curieuse description de ce monument, que bien peu de nos concitoyens se rappellent avoir vu dans toute sa splendeur. Cette description, fruit de laborieuses recherches, embrasse tous les détails et ne laisse rien à désirer sur ce sujet important et pour l'histoire du pays et pour celle de la religion. Nous pensons que nos lecteurs nous sauront gré de reproduire ce passage remarquable d'un ouvrage qui se recommande si vivement à l'intérêt général par sa nature, la distribution des matières et le charme du style.

La cathédrale affectait la forme d'une croix latine dont les branches allaient du nord-est au sud-ouest; la tête était figurée par le chœur au sud-est; l'entrée principale était au nord-ouest.

La longueur totale de l'édifice était de 113 mètres ; dans sa plus grande largeur, c'est-à-dire à la croisée, il y avait un peu plus de 70 mètres.

Le chœur avait cinq travées jusqu'à la naissance de l'abside qui

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