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Pour faciliter l'exécution des dessins coloriés, Redouté inventa un procédé de tirage en couleur, d'après lequel les couleurs primitives sont appliquées sur les planches. Lorsque le papier en a reçu l'empreinte, le pinceau n'a qu'à la retoucher légèrement et à étendre dessus des teintes plates et transparentes. Ce procédé a contribué aux progrès de l'art en multipliant les copies, en leur donnant une perfection qui les rapproche davantage du modèle. M. Redouté, sur le rapport du jury des arts, chargé d'examiner les produits de l'industrie nationale, a obtenu une médaille pour cette invention dont il ne profita guères, et qui fut exploitée au préjudice de ses droits.

Les nombreux ouvrages que Redouté publia sur l'iconographie des plantes, avec des planches coloriées, le firent connaître plutôt comme savant iconographe que comme habile peintre de fleurs. Car quelque perfectionné que soit le procédé de tirage en couleur, jamais il ne rendra la finesse de la touche originale, ni toutes les nuances du modèle. C'est dans les admirables aquarelles, peintes par l'artiste luimême, que se retrouve son talent tout entier. C'est par là que son nom brille à côté des noms des artistes modernes les plus célèbres, de Van Spaëndonck et de Vandaël.

Les bouquets de Redouté sont composés avec beaucoup d'art ; et pourtant l'art ne s'aperçoit pas ; ils semblent sortir des mains de la nature. Comme toutes les fleurs se groupent avec grâce! comme les oppositions sont habilement ménagées! Quelle harmonie au milien de cette diversité de couleurs! Quelle savante combinaison dans la distribution des demi-teintes et des ombres! L'éclat trop vif de certaines fleurs est amorti dans la demi-teinte; celles dont les tendres nuances seraient perdues dans l'ombre, ressortent au grand jour avec tous leurs avantages. Comme la lumière circule largement partout! La vigueur du coloris n'ôte rien à la transparence des tons; la couleur n'est pas moins suave que brillante. Sous la grosse main de Redouté qui peignait avec tant de légéreté, les fleurs ont conservé toute leur fraîcheur; la rosée du matin couvre encore leurs feuilles ; la goutte

d'eau brille sur leurs corolles. On reconnaît que le goût le plus pur a présidé à tout cet arrangement. Les diverses parties du tableau concourent à l'effet de l'ensemble et forment un tout harmonieux.

Qui pourrait compter les fleurs que Redouté a fait éclore! Il en ignorait lui-même le nombre. Chaque exposition du Louvre offrait à notre admiration quelques-unes de ces charmantes productions. Cette année encore la place qu'il avait conquise à l'entrée de la grande galerie était honorablement occupée par les dernières fleurs sorties de son brillant pin

ceau.

Vous vous appelez, messieurs, le jour de notre dernière réunion, il y a un an, à cette même place!.. Redouté y assistait... Je vous entretenais des productions de nos collègues exposées au Louvre, et pour couronner les éloges donnés aux fleurs de Redouté, je citais les beaux vers de M. Jules Baget. Vous avez applaudi à cet hommage rendu au talent du grand artiste par un de ses élèves qui ne se distingue pas moins dans la poésie que dans la peinture. Comme le bon vieillard octogénaire, encore jeune par la vigueur et la fermeté de son pinceau, paraissait heureux au milieu de ses collègues! Avec quelle effusion de cœur il répondait à l'expression de nos sentimens, à notre admiration pour son beau talent? Hélas! c'était le dernier jour de bonheur qu'il devait passer avec nous !

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PAR MONNIER DE RICHARDIN,

Professeur de Droit, et successivement Recteur et vice- Recteur à l'Université de Douai.

(SECOND ARTICLE.)

Les personnes avec lesquelles Monnier de Richardin avait les relations les plus fréquentes à Paris, appartenaient à l'état ecclésiastique. Ce qui s'explique par l'intérêt qu'il avait à s'assurer la protection des hauts dignitaires de cet ordre pour faire triompher les prétentions de l'Université de Douai.

Dans ses rapports avec le jeune abbé de Guébriant, parent du célèbre maréchal de ce nom, il apprit de cet ecclésiastique diverses particularités de la guerre atroce suscitée dans les Cévennes par l'inflexible volonté de Louvois et par l'intolérance ombrageuse d'une partie du clergé.

« Cet abbé me conta quelques désordres et cruautés com>>mises par les fanatiques des Cévennes, entre autres, » qu'ayant rencontré un officier de l'armée du Roy, ils lui » coupèrent la langue et lui tirèrent les yeux de la tête avec » un tire-bourre. Une autrefois, ils traitèrent d'une manière >> étrange un curé qui les avait reçus chez lui et à qui ils di>> rent à la fiu du repas : Nous vous sommes bien obligés » M.le curé de toutes vos civilités, mais il nous vient une envie

» qu'il faut que nous nous passions, de vous fouetter vous ou » votre chat.

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Eh! Messieurs, répartit le curé, fouettez non seu»lement mon chat, mais encore mon chien s'il vous en prend » envie. Aussitôt ils prirent le chat et l'attachèrent au col » de ce pauvre prêtre, lui laissant seulement la tête et les » pattes libres et fouettèrent le chat jusqu'à ce qu'il eut dé» chiré tout le visage du curé.

<«<< Ils ont aussi inventé un nouveau genre de supplice » qu'ils exercent d'une manière impitoyable, sur tous les prêtres et religieux qui tombent sous leurs mains; ils leur >> mettent dans la bouche une petite grenade chargée de pou>>dre et de plomb, cousent les lèvres, mettent le feu à une >> petite mèche, qui pend de la grenade, et font sauter la » cervelle à ces pauvres gens. »

Crimes affreux qui font rougir l'humanité, mais qui en définitive ne furent que les tristes représailles des dragonnades et du massacre de plusieurs ministres calvinistes.

M. l'abbé de Guébriant vous vous êtes laissé attendrir par la mort des prêtres catholiques, cela est bien ; mais si vous eussiez été un vrai chrétien, imbu de la morale de l'Evangile, vous eussiez aussi jeté un coup-d'oeil de compassion sur les malheureux protestans, qui, contre la mort, ne trouvaient de refuge que dans l'exil, ou dans l'abjuration de leur foi.

Ces sombres épisodes du règue brillant de Louis XIV, jetèrent un sanglant reflet sur l'azur et l'or, qui resplendissaient à l'éclat de mille bougies dans les fêtes de Versailles, au milieu de la cour la plus élégante et la plus voluptueuse de l'Europe.

Si Louis XIV était sans pitié pour ceux qui ne partageaient pas ses croyances religieuses; s'il n'hésitait pas à briser les résistances qui auraient voulu entraver son pouvoir jaloux, il faut aussi reconnaître, pour être juste, qu'il exigeait que la loi fut respectée par tous ses sujets, et même par un courtisan blasonné. On verra, en effet, combien il fut difficile à un gentilhomme campagnard, qui avait com

mis un meurtre, pour faire respecter les couleurs de son blason, de soustraire sa tête à la hache du bourreau.

En effet, un crime d'homicide fut commis en Flandre, dans le village d'Arleux, par le vicomte de ce nom, seigneur dudit lieu, sur la personne du nommé Jacques-Polrus Vaillant, fort mauvais sujet d'ailleurs, s'il faut en croire le mémoire justificatif du vicomte, qui le fit rédiger par Monnier de Richardin.

L'auteur indique ainsi qu'il suit, comment il se mit à l'œuvre :

<< Le chevalier de Vignacourt, beau-frère du vicomte » d'Arleux, me remit toutes les informations et procédures >> criminelles faites à la charge du nommé Vaillant, tué de>> puis par le vicomte d'Arleux.

» On avait fait venir toutes les procédures de Flandres » pour justifier que ledit Vaillant était un homme séditieux » et animé contre le vicomte d'Arleux, son seigneur. On » voulait, par là, faciliter la grâce que l'on demandait pour >> ce pauvre gentilhomme.

>> Le chevalier de Vignacourt me pria donc de dresser les » mémoires nécessaires à ce sujet, je parcours la plume à la >> main toutes les informations et procédures, en mettant » à l'écart celles que je trouvais moins fortes, et en particu>>lier certain arrêt du parlement de Tournay, rendu sur >> un appel dudit Vaillant, d'un décret de prise de corps » exécuté à sa charge par les hommes du fief de la ville d'Ar» leux, à la requête du procureur d'office de ce lieu; lequel >> arrêt émendant ladite sentence ou décret, ordonne seule>>ment que Vaillant serait admonesté pour les excès par lui >> commis à l'endroit du vicomte d'Arleux, avec défense de >> récidiver sous peines plus grièves, mettant dis-je à l'écart >> ces sortes de pièces, nous nous arrêtâmes aux documens >> suivans:

» 1° Certain procès-verbal tenu par quelques échevins du » dit Arleux, par lequel il était justifié que ledit Vaillant,

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