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Monnier de Richardin ne cessa-t-il que le 2 septembre 1707, par suite de la puissante intervention de M. l'évêque d'Arras.

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« Le 16 octobre, Monnier arriva à Douay; la nouvelle de mon retour, dit-il, s'estant répandue dans la ville, grand » nombre d'honnêtes gens viurent m'en féliciter. Je vis M., » de Pontmarie, gouverneur de Douai, mon généreux amy, » lieutenant du roy, au même gouvernement. J'eus la con»solation d'être convaincu que la joie publique estait sin» cère, et je fus rendre grâce à Dieu avec plusieurs de mes amys dans la chapelle de l'abbaye de Paix. »

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Monnier de Richardin reprit aussitôt ses fonctions collègues qui devaient élire un nouveau recteur deux jours après son arrivée, voulaient l'élever à cette dignité, mais il refusa, dit-il, par diverses raisons qu'il ne donne pas. Cependant, on peut à bon droit, supposer qu'il craignit d'appeler de nouveau sur lui par cette distinction la haîne de ses

ennemis.

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Le journal de Monnier s'arrêtant presque aussitôt après son retour à Douai, on terminera cet article en rapportant une solennité Universitaire, qui eut lieu à cette époque : « Le » 25 octobre, dit-il, se célébra au collège St.-Waast, l'acte » de licence des maîtres-ès-arts; j'y assistai, et on me fit beaucoup d'honneur. Cette cérémonie se pratiqua de cette » sorte; premièrement, le bédeau de la Faculté des arts appela à haute voix ceux du collège St.-Waast (ils avaientla » préséance ce jour-là, parceque la cérémonie se faisait dans » leur collége); puis ceux du collège du Roy ; et enfin, ceux » du collège d'Anchin Ensuite le sieur de Meuricourt, professeur de philosophie, prononça un discours latin qu'il partagea en deux parties : dans la première il fit voir qu'il n'y avait rien de si précieux que l'or: dans la seconde, il n'y avait rien de plus vil. Il adressa la fiu de son discours au chancelier de l'Université, en lui présentant >> les candidats là présens au nom de la Faculté des Arts; le >> bedeau relut de rechef tous leurs noms, et ils prêtèrent ensuite le serment de Foy, suivant le formulaire prescrit

»

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>> par le concile de Trente. Puis, ils jurèrent d'observer les >> statuts de la Faculté, que le bedeau lut à toute voix ;

enfin, ils se mirent à genoux et reçurent la bénédiction du chancelier qui les créa: Artium licentialòs autoritate » apostolica et regia. »

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Cette séance universitaire prouva qu'alors la direction donnée aux études était peu éclairée. En effet, quelle opinion peut on avoir des connaissances acquises par la jeunesse de cette époque, quand on voit un professeur de philosophie développer sérieusement devant un nombreux auditoire des thèses puériles. Ce n'est point avec de frivoles controverses et d'ingénieux paradoxes qu'on forme des hommes capables de servir utilement leur pays.

On a restreint autant que possible les citations que l'on a faites relativement aux affaires de l'Université de Douai, parce que les contestations qui ont eu lieu alors ont perdu une grande partie de leur intérêt.

Toutefois, on doit dire, que ces Mémoires seraient fort utiles à consulter si l'on voulait écrire l'histoire de cette Université. On puiserait à cette source des documens curieux qu'on ne pourrait rencontrer ailleurs pour la période de temps que l'auteur embrasse dans son journal.

On y trouverait surtout des renseignemens et des faits pleins d'intérêt sur les professeurs de l'Université, notamment sur MM. Gallois, Denys, Turpin, Plaisant, Delcourt, etc., etc., sur le rétablissement du collège de Marchiennes et sur la Faculté de médecine. On publiera peut être ailleurs quelques articles relatifs au séjour que Monnier de Richardin a fait à Bourges en 1705, 1706 et 1707; inté ressans pour le Berry, ils ne pourraient trouver leur place dans un recueil où l'on ne s'occupe que de la Flandre et du Haynaut.

F.

MARTIN DE VOS.

MARTIN DE VOS, artiste d'une imagination inépuisable, d'une conception hardie et riche, d'une exécution aussi prompte que facile, est trop peu connu, même dans le pays qu'il illustra par ses talens et qu'il orna de ses innombrables ouvrages. Sorti d'une famille que l'on peut comparer à ces arbres qui donnent à la fois de belles fleurs et de bons fruits, il eut pour ancêtres et pour parens des peintres et des poètes : sa famille, féconde surtout en artis. tes, produisit Pierre, Paul et Simon de Vos, peintres, et Laurent de Vos, musicien, auteur de motets imprimés, mort décapité à Cambrai, dans les troubles de 1580 (1).

Martin de Vos, vit le jour à Anvers, la ville commerçante et artistique, où les richesses et les chefs-d'œuvre abondaient, où les négocians habitaient des palais, et où les peintres, riches et considérés, formaient une corporation aussi nombreuse que celle des bouchers ou des boulangers dans d'autres villes; il prit naissance au commencement de ce XVI° siècle, si remué, si remuant, si novateur, si guerroyant et si fécond en grands hommes de tous genres, dans les lettres, dans la guerre et dans les arts.

Martin eut pour père et pour maître Pierre de Vos, assez

(1) Voir la notice que nous avons donnée sur Laurent de Vos, maître de chapelle de la cathédrale de Cambrai, dans les Archives du Nord, première série, Hommes et Choses, p. 231.

habile peintre d'Anvers, et membre de l'Académie de cette ville. Il naquit en l'année 1519, au moment où CharlesQuint était élu Empereur et lorsque Luther commençait à prêcher la Réforme : deux circonstances qui devaient singulièrement agiter le siècle dans lequel le jeune Anversois était appelé à fournir sa carrière toute artistique, toute calme toute étrangère aux affaires publiques.

Destiné à la peinture par l'auteur de ses jours, le jeune Martin fit sous lui des progrès étonnans; il est vrai que les attentions d'un père pour un fils qui embrasse sa profession sont ordinairement plus ingénieuses, plus soutenues que celles d'un maître étranger. Comme le dit Descamps, dans son ouvrage sur La vie des peintres flamands (tom. 1, p. 117), la véritable mère a plus de soins de son enfant qu'une nourrice. Ainsi, notre jeune peintre fut heureusement ébauché parson père. De cette instruction particulière et toute paternelle, il passa à celle du célèbre Franc Flore, dans l'atelier duquel il trouva de jeunes condisciples très forts qui excitèrent en lui cette louable émulation d'où sortent toujours les grands talens et les grands hommes.

Martin de Vos avait reçu du ciel l'ardeur du travail, l'aptitude pour apprendre, la facilité pour exécuter; il dépassa bientôt tous ses émules et voulut aller chercher ailleurs qu'en Flandre de nouvelles difficultés à surmonter, de nouveaux rivaux à vaincre, d'autres modèles à suivre et de plus grands maîtres à imiter. La terre classique des beaux arts, la riante Italie, offrait tout cela à sa jeune et active imagination : il partit donc pour Rome, qu'il salua de ses acclamations de jeune homme et de jeune artiste, comme un port où devait se terminer ses essais et ses efforts d'écolier. Là, il étudia surement et fructueusement, il vit et il compara entr'eux les chefs-d'œuvre que cette capitale des arts renferme, et il devint en peu de tems un peintre d'un dessin correct et d'une exécution franche et naturelle.

Mais il lui restait encore quelque chose à acquérir: il avait remarqué la richesse et le brillant du coloris de l'école

vénitienne, il se doutait qu'il y avait là des secrets d'art, des moyens traditionnels qu'il chercherait en vain d'obtenir par des essais il voulut voir travailler les peintres Vénitiens et devenir coloriste comme eux et près d'eux. 11 se rendit donc à Venise, où il fit connaissance avec le Tintoret, et sut gagner son amitié et sa confiance. Ce grand peintre, charmé de la facilité et du bon vouloir du jeune flamand, l'employa aux paysages de ses tableaux et se fit un plaisir de l'initier dans tous les secrets de la couleur. Dès lors, Martin de Vos d'élève devint maître; d'imitateur, original; et cela sans cependant s'écarter du genre de faire de celui qu'il avait choisi pour modèle. Les voyageurs, les passagers, qui fréquentaient alors Venise, la belle reine de l'Adriatique, reportèrent bientôt dans toute l'Italie le bruit des succès de De Vos, et sa réputation s'étendit au loin. Plusieurs portraits qu'il fit pour les Médicis et pour quelques grands seigneurs Italiens, grandirent à la fois sa renommée et sa fortune, et ses tableaux d'histoire, exposés en public, mirent le comble à sa jeune célébrité.

Si Martin de Vos eut voulu rester en Italie, il ne tenait qu'à lui de parcourir une carrière brillante et fortunée sur cette terre des arts; mais l'amour du sol natal, inhérent à tous les enfans de la bonne Flandre, le rappela dans son pays, et, après avoir laissé au grand duc de Florence un Paradis terrestre fort estimé pour le paysage et les animaux, il quitta le Midi pour le Nord, et revint grossir et fortifier cette riche école flamande qui a jeté tant de lustre sur nos

contrées.

L'Académie de peinture d'Anvers s'empressa de l'admettre dans son sein en 1559; il était alors âgé de 40 ans et dans toute la force de son talent et de son génie. Aussi composa-t-il une immense quantité de dessins et de tableaux que le burin de J. Bussemecher, des J. et 4. Wierix, de Crispin de Pas, N. de Bruyn et Collaert, des Sadeler, et des Galle nous a reproduits. Il débuta par faire des tableaux d'autel, et presque toutes les riches corporatious de métiers de la puissante ville d'Anvers voulurent avoir leurs chapelles ornées de sa main. Ce fut alors qu'il fit les Noces de Cana, pour l'autel des mar

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