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le citoyen, on retrouva toujours ce zèle consciencieux, cet attachement au devoir qui avait distingué le militaire. Cette vie si bien remplie et si honorable fut terminée le 17 juillet 1838, à l'âge de 65 ans, après une courte mais douloureuse maladie. Le Chevalier Delesalle fut vivement regretté à Lille; il emporta en mourant l'escime des habitans: Les honneurs militaires lui furent religieusement rendus et son corps fut inhumé au cimetière d'Esquermes près Lille, où M. Lestiboudois prononça un discours chaleureux sur sa tombe.

A. D.

Vincent de Stochove.

Vincent de Stochove, seigneur de Sainte Catherine, naquit à Bruges, vers la fin du XVI° siècle, d'une famille de bons gentilshommes flamands. Il était l'aîné de cinq enfans; son père, Jean Stochove, mort le 29 octobre 1615, git en l'église SaintGilles, à Bruges, auprès de Marie Reynaert, sa femme, décédée le 24 septembre 1619. Dès son jeune âge, leur fils ainé se sentit du goût pour les voyages, et c'est ce qui fait qu'à cette époque, où chacun adoptait une devise personnelle, il choisit celle de : Omne solum viro patria est Là dessus les beaux esprits du tems s'évertuèrent: Don Antonio de Fuertes lui décocha un sonnet espagnol dout nous ferons grâce à nos lecteurs; Antoine de Bourgogne, archidiacre de Bruges, lui adressa maints vers latins, dont nous ne citerons que ce dystique :

« Omne solum in patriam Deus ut donavit Adamo :

» Sic tibi et in patriam vita dat omne solum. » C'était prendre les choses d'un peu haut. Jacques-Philippe de Dongelberge, autre Brugeois, lui fabriqua le sixain suivant qui n'est pas le plus mauvais de tous :

« Le style vous donne à la France,
« L'extraction vous dict flamang:
<< Mais vos oeuvres en leur substance
<<< Font mescognoistre vostre saug;
« Et vous donuent sans flaterie,
«Chaque province pour patrie. »

Vincent de Stochove épousa à Bruges Marie Van Marcke, fille de Jean Van Marcke, commis du Franc de Bruges; cette alliance ne le retint pas longtems dans ses foyers et ne l'empêcha pas de voyager. Il avait conçu le projet de visiter l'Italie et de faire un pélerinage à Jérusalem: il exécuta cette grande entreprise au commencement de l'année 1630. Vers le 1er mars, il quitta Bruges et se réunit à Paris le 9 du même mois, avec MM. Fermanel, conseiller au Parlement de Rouen, Fauvel d'Oudeauville, maître

des comptes de Normandie, et Baudouin de Launay, également de Rouen. Ils partirent ensemble de Paris, vers la mi-mars, pour Lyon et Grenoble, s'arrêtèrent à Avignon pour voir les fètes de Pâques dans la ville sonnante, comme dit Rabelais, et s'embarquèrent à Cannes pour l'Italie. Ils virent Livourne, Florence et Gênes, prirent terre à Smyrne et débarquèrent à Constantinople, où ils passèrent cinq mois, c'est-à-dire tout l'hiver de 1630 à 1631. Ce fut comme attachés à l'ambassade que Stochove et ses compagnons furent reçus dans l'ancienne Bizance et obtinrent du sultan un passeport pour visiter toutes les Echelles du Levant et les terres de la domination Ottomane. Munis de guides et de recommandations, ils quittèrent Constantinople le 31 mars 1631.

Après avoir visité les îles de l'Archipel, et toutes les côtes de l'Asie mineure, nos voyageurs voulurent aller en Perse; ils traversèrent l'Euphrate à Bir et vinrent sous les murs de Bagdad assiégé par le grand- visir. Craignant d'être pris pour des espions, ils revinrent à Alep, cotoyèrent la Syrie et gravirent le Liban. Ils manquèrent périr de froid dans les neiges des montagnes ; ils virent Balbec, Damas, Beirouth et Seyde où ils rencontrèrent l'émir Facardin. Enfin ils pénétrèrent dans les lieux saints, après avoir traversé Sour, Acre, Nazareth, le Mont-Thabor, Tibériade et Naplouse. De Jérusalem, qu'ils quittèrent le 13 septembre 1631, ils allèrent à la mer Morte et à Jéricho, s'embarquèrent à Jaffa, et parvinrent au Caire par Damiette et le Nil alors à sa plus grande hauteur. Ils firent des excursions aux Pyramides, à Suez et au Mont Sinaï, puis revinrent au Caire et à Damiette, parcoururent les côtes de Syrie, ce qui leur demanda presque tout l'automne de 1631. Ils repartirent de Seyde le 2 novembre, restèrent deux mois dans la Méditerranée, à Candie, Malte et en Sicile, et abordèrent enfin le dernier jour de l'an 1651 au port de Livourne.

Stochove et ses amis employèrent l'hiver et le printemps à visiter toute l'Italie, là Toscane et les Etats de Venise, évitant autant que possible la peste qui régnait en Romanie; ils virent Rome et Naples et s'embarquèrent à Civita-Vecchia pour la France et pri· rent terre à Toulon le 27 juin, 1652. Ils parcoururent le midi de la France, allèrent à Nimes, Toulouse, Bordeaux, La Rochelle, rentrèrent le 4 août à Paris, y restèrent quelques jours; puis enfin, Stochove ayant reconduit ses camarades à Rouen, revint le 1er septembre à Bruges, après une absence de deux ans et demi.

Rentré dans ses foyers, De Stochove mit en ordre les souvenirs et les notes rapportés de ses voyages et il les publia sous le titre de: Voyage du Levant, Bruxelles, Hubert Velpius, 1642, in-8°. Cet ouvrage eut un tel succès qu'une seconde édition en fut donnée en 1650, chez Hubert-Antoine Velpius, à Bruxelles, in-8°, avec un frontispice et le portrait de l'auteur, tous deux

gravés par W. Hollar. En 1662, une troisième édition fut enco re jugée nécessaire; le même imprimeur la donna in-8°, de 9 fos et 508 pages. Cette relation fut fort goutée, bien qu'écrite dans un style plein de Flandricismes; mais on y remarque du naturel, de la vérité, et une foule de renseignemens curieux sur les lieux innombrables que l'auteur a visités. Son chapitre sur le débordement du Nil et ses causes est très-satisfaisant.

Le succès de ce voyage donna aux libraires de Rouen l'idée de le réimprimer en y mettant les noms des voyageurs Rouennais à côté de celui de Stochove, leur ami; ils y firent quelques changemens dans les premières pages, donnèrent le livre comme une refonte générale, et en définitive, ne supprimèrent que quelques mots wallons qui n'eussent pas été compris en France. Ils publièrens cette espèce de contrefaçon, sous ce titre : Le voyage d'Italie et du Levant, de Messieurs...... contenant la description des royaumes. avec plusieurs remarques, merveilles et prodiges, desdits païs, recueillis des écrits faits par lesdits sieurs pendant ledit voyage, Rouen, 1664, in-12. Seconde édition, Rouen, chez Antoine Maurry, 1670, in-12, de 4 fset 481 pages. Le succès de la relation de Stochove, soit originale, soit contrefaite, donna encore naissance à un autre ouvrage intitulé: Observations curieuses sur le voyage du Levant, fait en 1630, par MM. Fermanel, Fauvel, Baudouin de Launay et de Stochove. Rouen, 1668, in-4°. Ce dernier livre ne contient rien de nouveau ; l'éditeur dit en avoir tiré le fond des mémoires d'un des quatre voyageurs, mais cette assertion nous paraît hasardée. Il n'y est nullement question de rien qui ait rapport au voyage; c'est une réunion de lieux communs sur les contrées du Levant : ce ne peut être qu'une spéculation de libraire.

Vincent de Stochove avait sur les Turcs une opinion contraire à celle répandue jusqu'à lui. Il pensait que la puissance Ottomane était faible et sur son déclin ; il appuyait son dire sur la défaite de l'armée d'Osman, battue en 1621 pas 60,000 polonais, bien qu'elle fut composée de 300,000 hommes; sur le siége d'Asac fait par 100,000 Ottomans, en 1642, et levé après quatre mois d'une attaque soutenue seulement par 1500 cosaques; enfin sur la guerre des Turcs et des Vénitiens qui eut lieu pendant 20 ans ces derniers ayant seuls résisté à toutes les forces de la Sublime Porte. Cette opinion de notre voyageur Brugeois le mène à désirer que les puissances chrétiennes s'entendent et se réunissent pour chasser d'Europe ces infidèles qui ne respectent ni le droit des nations ni celui de l'humanité. Il a développé et soutenu cette hèse dans un petit ouvrage, fruit de sa vieillesse, qu'il a abrégé de Nicolas Chalcondyle, athénien, pour les tems anciens, et tiré de ses propres observations pour les tems modernes. Ce traité,

devenu peu commun, a pour titre : L'Othoman, ou l'abrégé de s vies des empereurs Torcs, depuis Othman Ier, jusques à Mahomet IV à présent regnant. A Amsterdam, chez Jean Schipper, M. DC. LXV. pet. in-12 de 8 fs et 149 pages.

Dès que V. De Stochove fut stable à Bruges, il devint souvent échevin et bourguemestre de cette ville, dont il était une des notabilités. Ses armes étaient d'or, au chevron de gueules, av ec deux pointes d'hermines au chef, et une tête de lion de sable, lampassée de gueules à la pointe Son portrait fut fait par J. Van Oost, peintre de Bruges; on mit au bas les vers suivans:

« Stochovio, pictor, similes in imagine vultus
<< Ingenium calamo prodidit ipse suo,

« Tot terras obiisse viro quæ gloria major
<< Spectandas doctes exhibuisse libris. »

J P. de Dongelberge, que nous avons déjà cité, composa à cette occasion ce quatrain:

« Le désir de savoir qui vous mit en voyage,

« Portera ce pourtraict où vous fastes jadis :
« Et les lieux qui pour lors revirent vos espris

<< Seront charinés assez en voyant vostre ouvrage. »

Enfin, pour terminer ici les hommages littéraires rendus à De Stochove, nous dirons que lorsqu'il fut nommé bourguemestre de sa ville natale, Olivier de Wrée, trésorier de Bruges, le gratifia des quatre vers suivans:

« Qui mores hominum multorum vidit, et urbes,
« Græcus cum Vates pro sapiente tenet.

« Consulis officium geritur sapienter agendo,
« Hinc populus gaudet consule STOCHOVIO. >>

A. D.

Le chanoine Stiévenard.

Simon-Pierre Stiévenard, naquit à Valenciennes, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, d'une honnête famille qui n'est pas éteinte en cette ville. Il reçut une bonne et solide éducation et se destina à l'état ecclésiastique. Ce fut ainsi qu'il s'attira les bontés de l'illustre Fénélon, archevêque de Cambrai, qui lui donna les moyens de terminer ses cours de théologie à Paris. Ce fut en la Faculté de cette ville qu'il prit le grade de licencié en théologie; il revint ensuite à Cambrai où il s'attacha à la personne de Fénélon, qui en fit son secrétaire. A compter de l'année 1707, tous les mandemens archiepiscopaux sont contresignés par l'abbé Stiévenard.

La Biographie universelle dit que Stiévenard fut nommé en 1703 à un canonicat de la métropole de Cambrai, il doit y avoir

erreur dans cette date, à moins qu'elle ne porte que sur une pro messe particulière faite par Fénélon, et réalisée plus tard; car nous trouvons que cet abbé fut seulement reçu chanoine de Cambrai le 20 avril 1709, par provision apostolique.

Stiévenard était capable, éclairé, spirituel, dévoué à son archevêque, et lui devint fort utile pour la publication de ses mandemens et de ses instructions pastorales. Le choix que Fénélon fit de lui pour l'attacher à sa personne en dit plus que l'éloge le plus éloquent. C'est lui qui composa la longue préface de l'instruction en forme de dialogue, sur le système du jansénisme. C'est lui qui en soigna la seconde édition en 1715, après le décès de son patron, qui lui recommanda à son lit de mort d'y intercaler ses additions, entr'autres deux dialogues sur la volonté de Dieu de sauver tous les hommes, qui furent placés après le XIe dialogue. Ce fut encore lui qui devint éditeur d'un volume, devenu trèsrare, et intitulé: Recueil des lettres sur des matières importantes de messire François de Salignac de la Motte Fénélon.., avec un discours prononcé par le même auteur devant S. A. S. E. de Cologne, le jour de son sacre. (Cambrai, Douillez), M. D. CC. XIX, in-12, 246 p., qui eut une seconde édition sous le titre de Recueil de quelques opuscules de... Fénélon..., avec un catalogue exact de tous les ouvrages de l'auteur, M. D. CC. XXII pet. in-8o de 252 p., et 10 fos non chiffrés. Ce volume, signalé comme excessivement précieux, par M. Villemain, dans son article sur Fénélon de la Biographie universelle, est possédé par cet homme de lettres-ministre qui en fait grand cas Nous en avons les deux éditions sous les yeux.

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Le chanoine Stiévenard est auteur d'une Dissertation inédite sur la chronologie des évêques de Cambrai. M. le docteur Le Glay en a publié un long extrait dans les preuves qui terminent ses Recherches sur l'église métropolitaine de Cambrai, 1824, in4°, pages 153-160. Le même écrivain lui attribue une autre Dissertation sur le pontificat de Saint-Gery que l'on trouve à la suite des Mémoires historiques de l'église collégiale de SaintGéry, à Cambrai, par l'abbé Tranchant, Ms. in-4° qui repose dans la bibliothèque publique de Cambrai, sous le n° 885. Le style et la division des deux dissertations, la nature et la forme des citations dont elles sont enrichies, prouvent assez qu'elles sont l'œuvre de la même personne, et que la seconde fut composée pour faire suite à la première.

Stiévenard partageait la manière de voir de Fénélon sur le jansénisme; son zèle pour son ancien protecteur, joint à son opinion arrêtée sur ce point, l'engagea, quelques années après la mort du prélat, dans une polémique qui lui donna du renom parmi les théologiens. L.-P. Billuart, dominicain, né à Révin, et

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