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surexcitation des esprits et l'enthousiasme patriotique qu'on répandait dans toutes les classes. Sans parler ici des égaremens et des excès à jamais déplorables qui ensanglantèrent cette époque, nous pourrions citer des actes bisarres et empreints de sentimens, au moins exagérés, qui se firent jour alors: nous choisissons entr'autres, parmi un recueil curieux de pièces de cette époque qui se trouvent dans le cabinet de M. Gentil-Descamps, de Lille, une proclamation des dames de Valenciennes, qui aura probablement pour tous nos lecteurs le mérite de la nouveauté.

A. D. Lettre des dames citoyennes de Valenciennes, à MM. les grenadiers du 24 régiment d'infanterie.

« Valenciennes, 6 octubre 1791.

« Votre lettre en réponse à celle du lâche et déserteur Bardin, nous a, chers amis, chers camarades, causé moins de surprise que de satisfaction. C'est à votre fermeté, à votre énergie, que nous vous avons reconnus pour de véritables amis de la liberté, de zélés défenseurs de la patrie. Déjà vous avez reçu, sans doute, d'un grand nombre de compatriotes, l'expression de leur reconnaissance. Nous partageons leurs sentiments, mais les éloges étant à nos yeux un tribut peu digne de votre noble courage, nous vous réservons un tout autre prix.

» Oui, frères et amis, ce sont des citoyennes, inspirées du patriotisme le plus pur et de l'amour du bien public qui, comme vous, sont dévouées au maintien de la Constitution et au soutien de la liberté. Si votre lettre jointe à l'acceptation donnée par le roi à notre bienfaisante Constitution, ne suffit pas pour ramener au même but tous les individus de l'empire français; s'il reste encore à nos ennemis quelqu'espoir de contre-révolution, qu'ils tremblent ces vils partisans du despotisme et de la féodalité. Ceux du dedans auront à redouter les amis de la Constitution, surveillans, actifs et capables de déjouer leurs projets. Ceux du dehors rencontreront sur leur passage une barrière invincible, composée de braves et courageux soldats, guidés par l'honneur, l'amour de la liberté et de la patrie. Oui, frères et amis, nous vous le jurons, si nous ne vous suivons pas sur les remparts pour combattre avec vous les ennemis qui oseraient en approcher les armes à la main, nos soins ne vous seront pas moins utiles, nous vous inviterons au combat, nous vous ferons renforcer par vos camarades d'armes que nous remplacerons dans les casernes, pour nous occuper à vous préparer des vivres, tandis qu'ils iront partager votre gloire.

«

Qu'ils seraient heureux, qu'ils seraient contents, nos ennemis, s'ils pouvaient se flatter d'un pareil espoir ! Les monstres,

en avançant, ne rencontreront que sang et carnage; en reculant, ils ne trouveront que rage et désespoir.

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Jugez des sentiments des autres citoyennes par les nôtres; ayant peu à redouter les efforts de nos ennemis, livrons-nous à la félicité, au bonheur que nous assure la Constitution nouvelle, et répétons ce refrein chéri, Ça ira, ça ira, etc.

» Pour les dames citoyennes et patriotes de

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Extrait du registre aux délibérations de la commune d'Armentières intrà -muros, séance du 19 fructidor, 2° année républicaine, a été extrait ce qui suit:

Le conseil-général de la commune sur la déclaration d'un membre que plusieurs citoyens se disposent encore de chaumer le jour de la dédicace, jour proscrit par notre révolution, établi par les agens du despotisme pour satisfaire l'ambition et l'orgueil des ci-devant seigneurs qui ces jours-là exigèrent que les habitans qu'ils appelèrent leurs vassaux vinssent, tambour battant battre le drapeau sous leur croisée, considérant qu'il n'y a que les amis de la royauté et du despotisme qui peuvent tenir de ces sortes de fêtes,

ARRÊTE :

1° Qu'il sera pris des mesures vigoureuses pour connaître les personnes qui fêteront le jour de la ci-devant dédicace;

2° Qu'il charge son comité de révision de s'assembler séance tenante pour prendre les mesures nécessaires à ces fins.

Pour extrait conforme :
Signé, COTTIGNY, secrétaire.

RAPPORT DES COMMISSAIRES.

Les citoyens Cottigny et Wiart rapportent que s'étant rendus chez les citoyens Rotru et de Wulf, ils auroient trouvé dans leur cour respective chacun un jambon qui dessaloient, lesquels ont de suite été transporté en l'hôtel commun, avec offre auxdits Rotru et de Wulf, de les indemniser s'ils le vouloient.

Les citoyens Bayart et Burier s'étant rendus chez la citoyenne veuve Blauwart où étant ils ont trouvé un petit jambon, lesquels

ils ont fait transporter en l'hôtel commun en faisant à cette citoyenne les mêmes offres.

Le comité réuni s'étant fait représenter les trois pièces dont l'une cuite, a répandu dans la salle une odeur qui enjambonoit tous ces membres, au point qu'une discussion vive, mais courte, s'est ouverte si on mangerait le jambon cuit.

Après les débats, le comité a pris et exécuté l'arrêté suivant, séance publique les portes ouvertes :

1° Que les deux jambons crues seroient mis de suite à la disposition des administrateurs de l'hospice d'humanité des vieillards sauf à eux d'en payer le prix d'après les mémoires qui seront fournis par les commissaires de Wulf et Rotru, lesquels devront passer à notre comité pour en faire le rapport au conseil.

2° Que le jambonet cuit sera mangé séance tenante par le comité, sauf à eux à en payer le montant d'après le mémoire de la propriétaire Blauwart, qui sera visé à notre comité pour être rapporté au conseil.

Le présent arrêté serà adressé aux citoyens de Wulf, Rotru et Blauwart, et à la Société populaire à la séance de demain. Pour extrait conforme :

Par ordonnance, MEURILLE, commissaire.

<Arras, ce 11 vendémiaire, an 3 de la Rép. franc. + Une et Indivisible.

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Le représentant du peuple envoyé dans les départemens du Nord et du Pas-de-Calais à l'agent national du district de Lille.

Citoyen,

Je t'envoie l'extrait d'une délibération sur laquelle j'appelle toute ton attention.

Je ne sais si la bêtise plus que tout autre motif a donné lieu à cet acte digne du tems des Vendales.

Les membres d'une autorité constituée, décider qu'ils mangeront séance tenante un jambon que le propriétaire est invité à donner; c'est le comble de la déraison.

Il paraît difficile que de pareils hommes restent en place.

Je t'engage à recueillir mieux encore les circonstances de cette singulière affaire, et surtout à me désigner des citoyens propres à remplacer ceux qui y ont joué un rôle.

Salut et fraternité,

F. BERLIER.

Serment du Magistrat de Valenciennes.

Le Serment des anciens magistrats de Valenciennes, dont nous donnons ci-dessous littéralement la teneur, est des plus remarquables; c'est une pièce d'un intérêt tout local qui vaut à elle seule une peinture de mœurs. On y voit en première ligne la profession de foi catholique intercalée dans le serment pendant la domination espagnole; vient ensuite la promesse de garder fidèlement les droits et franchises de la ville qui étaient considérables, celle de ne point vendre la justice à beaux deniers comptans, puis enfin de ne pas fréquenter les tavernes et cabarets à certains jours: on a dû restreindre cette abstinence aux veilles des enquêtes, le sacrifice eut paru par trop dur de fermer totalement l'entrée des cabarets à des Magistrats flamands. Le serment se termine par les clauses libérales, celles qui auraient dû être placées en première ligne; savoir: de juger le riche et le pauvre dans une balance égale, de n'employer que des gens probes, loyaux et éclairés, et de ne mettre ni haîne, ni passion dans les jugemens.

Le magistrat de Valenciennes prêtait ce serment en public, sur un perron de l'hôtel -de-Ville, à un endroit d'où il pouvait voir les clochers de l'abbaye de St.-Jean, vers lesquels il étendait la main.

Formulaire du serment que doivent prêter Messieurs les Prévóst, juréz et Echevins de la ville de Valenciennes au renouvellement du Magistrat.

« J'EN jure par le Dieu Tout-Puissant et sur la damnation de mon âme, que je crois tout ce que croit l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, et que je tiens la doctrine qu'elle a tenue et tient sous l'obéissance de nostre Saint père le Pape; détestant toutes doctrines contraires à icelles; si comme des Luthériens, Calvinistes, Anabatistes et tous autres hérétiques et sectaires; et qu'en tant que moy sera, je m'opposeray et contrarieray à icelles. Ainsy m'ayde Dieu et tous ses Saints.

́« Vous jurez et promettez sur la foy que vous tenez de Dieu, que vous garderez bien et loyalement tous les droits, loix et ordonnances du Roy, et pareillement les droicts et franchises de cette ville, et ferez droit entre les parties toutes les fois que vous en serez requis, et que vous maintiendrez la ville en ses loix; coûtumes et usages selon qu'anciennement a esté faict, et que vous ne prendrez directement ni indirectement don, loyer, promesses, ny service pour la bonne administration de la justice que vous rendrez à vostre loyal sens et pouvoir, et celerez les avis et résolutions qui se donneront et rendront sur le fait de la justice, et n'irez en tavernes ou cabarêts pour y boire ou y manger le

jeudy avant que les enquestes soient rendues, si avant quelles se puissent rendre lors, ny le vendredy tant et jusques à ce que les plaids du Prévost-le-Comte soient achevez, et jugerez un chacun suivant ce qu'il se trouvera avoir mal faict, autant bien le riche que le pauvre, et le pauvre que le riche, sans aucun support ni connivence.

« Davantage que vous serez Prévost, Mayeur et Treize hommes de la Halle-Basse, de Gens Preud'hommes, loyaux et suffisans; et que vous leur enjoindrez de se régler en conformité des chartes et statuts d'icelle Halle-Basse sans laisser passer aucun drap ou autre chose qui dépend d'icelle.

« Vous jurez de plus que vous ne serez présens à aucun don, vente, transport ou autre espèce d'aliénation qui se feront au profit de quelqu'un de main morte, et ne prendrez pour sergens de cette ville que preud'hommes suivant votre pouvoir. Toutes lesquelles choses et chacune d'icelles, vous jurez et promettez sur la foy que vous devez à Dieu et sur ses saintes Evangiles de tenir et accomplir à vostre loyal sens et pouvoir, et que vous ne détournerez de faire loyal jugement pour parenté, amitié, haîne, ou autre occasion que ce puisse estre.

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Archives du département du Nord.

A. D.

Dans ce département, où les intérêts sont aussi considérables que multipliés, les archives de l'administration moderne ne peuvent manquer d'être précieuses. Toutefois, celles qui sont antérieures à 1790 n'ont pas une moindre importance comme documents historiques et politiques. Ce sont en effet les archives de l'ancienne chambre des comptes de Lille, archives souveraines d'un état jadis étendu et puissant, et dont la célébrité, dans les deux derniers siècles, a égalé celle des dépôts les plus importants de l'Europe.

La chambre des comptes de Lille, instituée vers 1380, à l'instar de celles de Paris et de Dijon, par le duc de Bourgogne Philippe-le-Hardi, lorsqu'il fut devenu comte de Flandre, et qui n'a cessé d'exister qu'à la prise de la ville de Lille, par Louis XIV, en 1667, n'eut d'abord de juridiction que sur les comtés de Flandre et d'Artois et la seigneurie de Malines; mais, par l'accroissement des domaines des ducs de Bourgogne, elle réunit à son ressort, en 1421, le comté de Namur; en 1436, le Hainaut; puis le Tournésis et quelques autres portions de territoire. Il fut aussi ordonné de porter à cette chambre les comptes des receveurs généraux de tous les domaines et finances, tant de ce pays que du Brabant, de Gueldres, de Limbourg, de Luxembourg, de Bour

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