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rante, comme un homme qui ne déguisait pas sa pensée de dictatuer. »

et

Daunou fut tour à tour professeur aux écoles centrales de Paris, membre de l'Institut dans la classe des sciences morales et politiques et de celle des inscriptions, qui l'élut son secrétaire perpétuel, à la mort de M. Sylvestre de Sacy, arrivée en 1838; bibliothécaire en chef du Panthéon, sous le Directoire, professeur au collège de France, garde général des archives de l'empire, puis du royaume, fonctions dont il était si digne, dit M. N. de Wailly, qu'on aurait dû les lui confier s'il n'en avait pas été investi, que la Restauration commit la faute de lui ôter, au commencement de 1816. Appelé à la direction du journal des Savans, par les sollicitations du vénérable Barbé-Marbois, alors garde-dessceaux, et qui voulut contribuer à réparer autant qu'il dépendait de lui, cette injustice, il était aussi président du comité historique établi près du ministre de l'Instruction publique, et membre de la commission de l'école royale des chartes ; le roi le nomma pair de France en 1839: M. Daunou a rempli toutes les fonctions que nous venons d'énumérer, et toujours il a noblement et largement satisfait aux obligations qu'elles exigeaient de lui. Sa modestie fut telle, que de tous ces titres, il n'en a recherché aucun, et que tous lui sont arrivés sans qu'il ait fait la moindre démarche pour les obtenir; son désintéressement fut si grand, que toujours il se hâta de résigner tout emploi rétribué des deniers de l'Etat, dès l'instant qu'on lui en conférait un autre ayant le même avantage; poussant jusqu'au scrupule le soin de le bien gérer et de s'y consacrer de tous ses moyens. Enfin, soit à la tribune nationale, soit dans les travaux de sa vie studieuse, Daunou a toujours été le vir probus, dicendi peritus, si bien caractérisé par l'orateur romain. Il est peu d'exemples d'une existence plus laborieuse et de longs jours mieux remplis. Aucune branche des connaissances humaines ne lui fut étrangère, et l'on doit s'étonner du grand nombre d'écrits sortis de sa plume, au milieu des agitations et des devoirs de la vie publique. « Vous êtes jeune, lui écrivait en 1788 le savant Formey, secrétaire perpétuel de l'Académie de Berlin, vous faites les premiers pas dans une carrière dont je suis surpris de n'avoir point encore atteint le but, près d'accomplir ma soixante-dixseptième année, et conservant, par la grâce de Dieu, mes facultés intellectuelles dans leur intégrité et la facilité du travail qu'une habitude de douze lustres m'a donnée. Puissiez-vous en dire autant dans un demi-siècle et vous souvenir alors de mon vœu ! » M. Daunou a pu, en effet, comme le remarque M. Taillandier, se souvenir de ce vœu, cinquante ans après, en 1838, car il écrivait

alors son éloge de M. de Sacy, véritable chef d'œuvre de style et de raison.

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« Cette vie solitaire, laborieuse, modeste (ainsi s'exprime en terminant, l'ami et le biographe de Daunou, désigné par lui pour être son exécuteur testamentaire), avait quelque chose de pur et d'admirable que nous ne pouvons plus connaître que par tradition. Il est permis de dire que la France a perdu en lui un grand citoyen, un habile écrivain, un savant illustre. De semblables pertes se sentent d'autant plus profondément qu'elles ne se réparent pas. Ajoutons que les idées de la génération actuelle ont pris une autre direction; les études sérieuses et longues ne sont plus de notre époque. Elles serviraient mal cette fièvre de parvenir vite qui tourmente aujourd'hui toutes les classes de la société. On se persuade qu'on sait tout à vingt ans ; à trente, on veut être riche, avoir fait sa fortune. On oublie que les vrais trésors du savoir ne s'obtiennent que par le temps et la réflexion, de même que les fortunes solides sont celles qui ont été laborieusement et honorablement acquises.

Retracer la vie d'un homme tel que Daunou, c'est faire pour ainsi dire l'histoire de toute une époque. Et quelle époque plus féconde en grands événemens et où furent agitées des questions plus hautes que tout le temps qu'embrasse cette carrière ! Simple biographe, l'auteur pourrait prétendre au titre d'historien. Il n'est nulle part au-dessous de la tâche qu'il s'est imposée. Ses matériaux qui étaient abondans, nous semblent très-heureusement coordonnés. On a pu prendre une idée de son style par la lecture des nombreux passages que nous avons cités, et, dans le tableau de nos dissentions politiques, ayant à peindre souvent par un seul trait les divers personnages qui viennent poser devant lui, il apprécie avec beaucoup de tact et de sagacité les hommes et les choses. Il sait aussi l'art d'animer sa narration par d'intéressantes anecdotes. Qu'on nous permette d'en reproduire une, ponr clore l'analyse, sûrement très-incomplète, que nous venons de faire de cet ouvrage : « L'abbé Raynal avait chargé l'Académie des sciences, belles Lettres et arts de Lyon, de proposer un prix sur le sujet suivant: Quelles vérités et quels sentimens importe-t-il d'inculquer aux hommes pour leur bonheur? - M. Daunou eut pour concurrent dans cette paisible arène, un homme qui, plus tard, remplit le monde de son nom : Napoléon Bonaparte. Ce dernier a révélé lui-même, à MM. O'Meara et de Las-Cases, cette circonstance singulière. Ces deux fidèles compagnons de son exil ajoutent même qu'il remporta le prix; mais « Bonaparte, dit avec esprit et vérité l'historien de l'académie de Lyon, s'est attribué

un assez grand nombre d'autres couronnes, il faut laisser celle-ci à M. Daunou (*).

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F. D.-X.

(Echo de la Frontière, 6 mars 1841).

94. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE, tone IV (supplément). Amiens, A. Caron, 1841, in-8°, figures.

Il ne faut qu'un petit nombre d'hommes pour apporter dans un pays le goût de l'étude et de la littérature. Nous avons déjà eu l'occasion de signaler les travaux utiles et estimables de MM. Rigollot, Bouthors, et quelques autres de la ville d'Amiens; ces hommes laborienx et érudits ont suffi pour donner à la Société des Antiquaires de Picardie une impulsion qui la place aujourd'hui au premier rang des associations savantes. La portion du IV volume de ses mémoires que nous annonçons aujourd'hui, est digne de fixer l'attention des antiquaires et des érudits de tous les degrés; elle contient une Notice sur une découverte de monnaies picardes du XIe siècle, recueillies et décrites par Fernand Mallet et le docteur Rigollot, avec neuf planches de monnaies lithographiées. On sait quel intérêt se porte en ce moment vers l'étude de la science numismatique du moyen-âge restée si obscure jusqu'à ce que les savans modernes, et notamment le président Lelewel, soient venus y porter le flambeau; les monographies numismatiques sont surtout nécessaires pour bien récolter dans ce vaste champ à peine défriché; les savans membres de la Société des Antiquaires de Picardie, rendent donc un service immense à la science, en expliquant une masse de monnaies picardes, presque toutes inédites ou peu connues, et appartenant à Montreuilsur-Mer, au Ponthieu, à la ville de Laon, à celle de St.-Quentin, et autres lieux du Vermandois. Ces monnaies sont expliquées d'une manière claire, quoique savante, et la description en est appuyée par des figures exactes prises sur les pièces originales trouvées, il y a près d'un an, dans un sac apporté chez un orfèvre d'Amiens. Les recherches de MM. Mallet et Rigollot, nous paraissent du plus haut intérêt et leur mériteront la reconnaissance de tous les vrais et zélés numismatistes.

A. D.

(*) Histoire de l'Académie de Lyon, par J.-B. Dumas ; Lyon, 1840, 2. vol. in-8°, t. 1, p. 144.

Le discours de Bonaparte a été publié par le général Gourgaud (Paris, Bauduin, 1826, in-8), d'après une copie conservée par l'un des frères de l'auteur; car celui-ci, si l'on eu croit O'Meara, aurait brûlé l'original que Talleyrand avait envoyé chercher à Lyon. Ce discours est au-dessous du médiocre, et l'empereur a fait une plus grande preuve de bon-sens en le brûlant que le jeune Bonaparte en l'écrivant. (Note de M. Taillandier).

NOUVELLES

ET DÉCOUVERTES HISTORIQUES.

Depuis la fin du siècle dernier, les savans de Belgique s'occupaient de recueillir les chroniques et les monumens inédits de leurs pays, pour faciliter la composition d'une histoire complète de la Belgique. Cette pensée fut suggérée à Marie Thérèse, qui résolut cette publication. Mais la réalisation de ce projet fut entravée presqu'à sa naissance, et plusieurs années s'écoulèrent depuis sans qu'il pût en être question. La révolution française arriva, puis l'empire, et on ne put s'occuper de travaux historiques.

L'année 1815 ayant placé la Belgique dans des conditions d'avenir très-favorables, on vit le goût de l'histoire se propager et se développer dans ses provinces. Toutes les études se dirigèrent de ce côté, l'histoire se présenta sous toutes les formes.

Le gouvernement protégeait de toute sa puissance ce genre de travaux, et le 23 décembre 1826 parut un arrêté royal qui ordonna qu'il serait pris des mesures pour faire rechercher, examiner et mettre au jour, dans l'intérêt de l'histoire des Pays Bas, les documens qui la concernent. Ce même arrêté invitait tous l ́s savans nationaux qui s' s'occupaient de travaux historiques, de faire parvenir au ministère de l'intérieur: 1° Un plan détaillé de la manière qu'ils croiraient convenable d'écrire une histoire générale des PaysBas, basée uniquement sur des documens authentiques et Justifiée par eux dans toutes ses parties; 2o une indication des moyens les plus propres à mettre ce plan à exécution. Celui dont les vues auraient été reconnues les meilleures, et qui aurait pu se charger de la partie principale du travail, eût été nommé historiographe du royaume. L'arrêté royal promettait en outre des distinctions et des récompenses à ceux qui dans la suite auraient composé le meilleur ouvrage sur quelque partie séparée de l'histoire des Pays-Bas, en réponse á des questions proposées.

Le travail de M. Groen van Prinsterer fut reconnu le

meilleur, mais l'auteur n'obtint pas le titre d'historiographe des Pays-Bas.

Au mois de septembre suivant, une commission instituée par le gouvernement pour la publication des monument inédits de l'histoire du pays, détermina ceux dont on devait s'occuper d'abord. Cette commission fut surprise au milieu de ses travaux par les événemens de 1830. La révolution ferma l'imprimerie normale, où la chronique de van Heelu était déjà sous presse, et chassa en Hollande une partie des personnes chargées de publier les chroniqueurs. Mais en suspendant quelque temps ces publications, elle donna un élan immense aux études historiques dans la patrie indépendante qu'elle avait faite aux Belges. Aussi, dès lors, aver quelle ardeur on explore, on fouille, on creuse l'histoire de Belgique dans tous les sens! Le grand sol des faits est mis en exploitation per les hommes d'étude, comme le sol matériel l'est depuis quelques années par diverses sociétés. De beaux résultats sont déjà venus couronner ce vaste travail.

En 1834, le gouvernement nomma une nouvelle commission chargée de reprendre les travaux que celle de 1827 n'avait pu achever. Elle retrancha des ouvrages à publier la chronique de Jehat: Molinet, mise au jour depuis par M. Buchon, Antoine de Lalaing, et la relation des troubles de Gand Mais elle y ajouta Philippe Mouskes, une collection d'itinéraires et des voyages des anciens souverains de la Belgique, un corps de chroniques latines de Flandres, et la continuation des Acta sanctorum.

Ainsi, la grande idée de Marie-Thérèse et du gouvernement déchu fut enfin réalisée ; et tout promet de voir s'élever un jour l'édifice de cette histoire, dont les travaux commencés sont déjà de solides fondemens.

On annonce la prochaine apparition d'un ouvrage qui ne peut manquer de jouir des plus grands succès auprès du monde aristocratique auquel il s'adresse. Les Archives de la Noblesse Belge, paraîtront par livraisons, imprimées sur papiers super fin, illustrées par MM. de Keyser et Hendriky, gravées par Brown, et accompagnées d'un texte dû à la plu me élégante et savante de M. le baron de Reiffenberg. Ce magnifique recueil, édité par le capitaine Seghers, imprimeur des Belges peints par eux-mêmes, dépassera en luxe typographique le Voyage autour de ma chambre, de M. Wahlen; ce sera même à cet égard le travail le plus remarquable produit par la typographie Belge, I contiendra l'histoire des familles nobles du pays avec le dessin de leur armoiries, le tableau des plus belles actions de leurs chefs.

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