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lants, les actes qui illustrèrent la carrière militaire, politique ou civile de nos pères.

Ainsi, en arrêtant vos plans de réorganisation, modifiez, réformez, rejetez comme inutiles, comme humiliantes, ces orgueilleuses démarcations sociales et les attributs qui les distinguent, à la bonne heure; mais vous ne disposerez que pour l'avenir; ces mêmes choses, vous les reconnaîtrez, vous les subirez dans le passé, comme intéressantes et comme présentant une instruction nécessaire et patriotique.

L'art héraldique, convenez en de bonne grâce, n'est donc pas sans quelque utilité, et, ne fût-ce que considérée sous les rapports historiques,

La noblesse, Dangeau, n'est pas une chimère.

AIMÉ LEROY..

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L

A terre dans son sein garde bien ce qu'on lui confie; et rien n'est stable à sa surface, où tant d'in térêts s'agitent constamment aussi, n'est-ce plus que dans sa partie souterraine que nous pouvons retrouver l'ancien château de Selles, j'entends le véritable, car des constructions modernes ont remplacé sur le sol cette sombre forteresse épiscopale qui joue un rôle si important dans l'histoire du Cambrésis. Elle a du moins l'avantage de n'avoir pas disparu totalement, comme, sous le ciel de Paris, l'antique château de Vauvert, séjour des démons et des enchanteurs, et la trop fameuse tour de Nesle, aux amoureux et sanglans mystères. Si les générations qui se succèdent n'ont qu'un temps donné pour venir, l'une après l'autre, occuper leur place au soleil, une existence plus ou moins longue est assignée pareillement aux édifices. En outre, ici, bien des transformations, bien des changemens durent s'opérer, dans les premiers siècles, à travers les

invasions si fréquentes des barbares. Et qui me dira tout ce qu'on a pu voir déjà à la place où nous sommes, depuis la hutte grossière, depuis le toit de roseaux qui abrita le vieux gaulois, pêcheur sur cette rive, jusqu'aux murs de l'hôpital militaire, que voici sur le terrain où fut longtemps le château de Selles? Naguères encore ces bâtimens étaient affectés aux divers services d'une manutention: aujourd'hui l'Etat prend soin de ses soldats malades ou blessés, au lieu même où il faisait confectionner le pain qui les nourrit.

Le fort de Selles passe pour être d'origine romaine: toutefois cette origine est loin d'être prouvée, si on l'appuie, comme on l'a fait, sur l'étymologie (1). Mais primitivement, ce fort dut être élevé pour défendre le passage de l'Escaut, là où se réunissent plusieurs bras de ce fleuve. Nous laissons l'historien Carpentier rechercher l'opinion de ces chroniqueurs qui, sérieusement, attribuent à Servius Tullius, roi de Rome, ou tout au moins à un certain Cambro, duc des Huns, qui aurait vécu à la même époque que ce roi, la fondation de notre forteresse (2). Ce qui paraît beaucoup plus avéré, c'est qu'elle fut réédifiée vers l'an 1270. On était alors tout au beau milieu des guerres de la féodalité. Les croisades avaient offert un but, une proie, en même temps qu'une sainte espérance à cette ardeur inquiète et belliqueuse qui tourmentait nos ayeux. Mais l'Europe, après s'être précipitée en torrent sur l'Asie, venait d'être refoulée sur ellemême; Richard et Philippe-Auguste avaient tourné l'un contre l'autre, au cœur même de la France, ces armes qu'un élan fraternel, de trop courte durée, rendit fatales aux infidèles. Alors surtout c'était le temps où l'on élevait des châteaux-forts : le premier de ces princes, au mépris du

(1) Le radical sca, de Scaldis, ne se retrouve nullement dans Selles, salæ, sala.

(2) Ces chroniqueurs sont Jacques de Guise et les deux Gélicq, que Carpentier a souvent copiés. Ils disent, en outre, qu'après la conquête de J. César, des proconsuls romains bâtirent un capitole dans le voisinage du château de Selles, y établirent un amphithéâtre, des bains et des aqueducs.

traité conclu avec son rival, construisait en un an son formidable Château-Gaillard, sur la rivière de Seine, tout près des Andélys. Dans un grand nombre de localités, les Communes s'étaient constituées; mais la lutte ne cessait pas d'être flagrante entre les émancipés et leurs maîtres. A Cambrai, ville relevant de l'Empire, le pouvoir, d'abord aux mains des évêques et des comtes, qui se partageaient ainsi le spirituel et le temporel, avait fini par écheoir tout entier à celles de l'évêque. Au milieu de nombreux élémens de trouble, et parmi des dissentions toujours renaissantes, nierons-nous que des motifs de répression aient été étrangers à l'œuvre de Nicolas de Fontaines, puisque c'est, en effet, à cet évêque que l'on doit le château de Selles, tel à peu près qu'on l'a vu pendant le moyen-âge (1) ?

Voici tous les renseignemens historiques, anciens ou modernes, que nous avons pu recueillir sur ce fort, comme sur la porte qu'il domine :

D'anciens titres donnent aussi à la porte de Selles le nom de porte Saint-Jean. Un droit de péage, fort onéreux aux paysans et aux marchands étrangers, se percevait aux trois

(1) Ecoutons Carpentier qui nous raconte, à sa manière, l'affreuse auarchie qui régnait dans ce temps là: « Il fut fort travaillé ( l'évêque Ni>> colas de Fontaines) par les révoltes des habitans de Cambray, mais >> toujours assaisonné de prudence et de sel, il tascha de jouer à tous res>> sorts pour le bien de sou clergé et le repos des affligéz. A la fin voyant >> sa ville toute confuse en l'horreur de sa désolation, toute enyvrée du » sang, du fiel et du vinaigre de la discorde, toute semblable à l'eau du >> Nil remplie de crocodiles, de bestes cruelles et malfaisantes, et où toute >> fidélité perdue, comme on dit qu'autrefois la sainte lampe s'esteignit a » Athènes et en Delphes, voyant, dis-je, celle qui lui servait de séjour être >> toute à pièces et à lambeaux..... en mourut de regrets, l'an 1275, et

» fut inhumé dans sa cathédrale. » Nicolas de Fontaines se comporta honorablement dans ses guerres, dit l'épitaphe retrouvée en 1822, in guerris suis laudabiliter se habuit. Cette épitaphe a fixé toutes les incertitudes sur l'époque précise de la mort de Nicolas, que Carpentier place si mal à propos en l'an 1275, et qui eut lieu le 18 mars 1272, à Andernach, en Allemagne, au-delà de Cologne, d'où son corps fut rapporté à Cambrai. Il est vraisemblable, dit M. Le Glay, dans ses Recher

ponts qui étaient alors en face des moulins de Selles ; il fut racheté, les uns disent par l'évêque Burchard lui-même, d'autres, avec raison, par un bourgeois nommé Wirembauld; et pour qu'il fût aboli sans retour, ce dernier affecta une partie de ses biens à la réparation des ponts, de ce côté de la ville. Il existe une charte de l'évêque Burchard, 1elalative au rachat dudit droit, cause de beaucoup d'iniquités et qui faisait répandre aux pauvres des larmes sans nombre. Or, ajoute la charte, Wirembauld, inspiré de l'esprit de Dieu, rendit libre de toute redevance ce péage que tenait en fief de l'évêché un chevalier nommé Fulcard, de manière qu'à l'avenir, on ne puisse plus exiger là ni dénier, ni obole, ni avoine, ni autre chose que ce soit. Des malédictions sont prononcées contre les infracteurs de ce pacte.

Sous Godefroi de Fontaines, le gouverneur du château de Selles était Hugues de Marnix. Dans la liste des châtelains on peut placer: Wyon de Lafayette, en 1239; Régnauld de Haucourt, en 1341; Jacquemart Cabus, qui, sacrifiant au goût du temps, avait pour armes un chou cabus, avec cette devise: Tout n'est qu'abus ; le même figure, avec sa qualité de châtelain, ou capitaine du château de Selles, dans un acte du 8 octobre 1354 (1); Hugues de Warfusée, mort en 1372, le 30 septembre, et inhumé, ainsi que sa femme, Alix de Saveuse, en l'église Cantimpré; N... Godin, en 1410; Aubert de Sorel, en 1429, Jean le Baudain, 5o du nom, en 1480, etc.

ches sur l'Eglise métropolitaine, p. 57, qu'au moment où notre évêque fut surpris par la mort, il se trouvait en Allemagne, pour y remplir les fonctions qui lui étaient dévolues par son titre de chancelier du roi des Romains.

L'épitaphe précitée qui attribue au même prélat l'érection des châteaux de Thun et de la Malmaison, ne parle pas de celui de Selles. Est-ce une omission fondée, ou n'est-ce là qu'un simple oubli ? Nous nous rangeons à ce dernier avis, quant à la réédification de notre château-fort. L'Histoire, un flambeau à la main`, n'en marche pas moins ainsi parfois environnée de ténèbres, ou bien d'incertitudes.

(1) Voy. Mém. pour M. de Choiseul, p. 101.

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