Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

toine de Herrera, grand chroniqueur des Indes, etc. A Amsterdam, chez Emanuel Colin de Thovoy on, marchandt libraire, anno MDCXXII, in-f', fig. et cartes. On en trouve encore une réimpression dans le tome VIII du Recueil des voyages de la Compagnie des Indes Orientales de Hollande; enfin, De Brosses en a donné un Précis dans son Histoire des navigations aux terres australes, 1756, 2 vol. in-4°.

Il faut bien se garder de confondre le premier voyageur qui découvrit les terres australes avec celui du même nom qui parcourut l'Afrique et sur lequel on a publié un volume intitulé: Les Voyages du sieur Le Maire aux iles Canaries, etc., Paris, 1695, in 12, fig.

La Fournée de l'Ours,

A. D.

Les droits féodaux avaient souvent des origines singulières; il arrivait même souvent qu'un don ou un hommage de bonne volonté dégénérait en tribut et devenait obligatoire par suite d'un usage invétéré. Le fait suivant puisé dans les annales de l'Artois en fournira une preuve. Arnoul II, baron d'Ardres, dans le Boulonnais, étant à la cour de Guillaume II, roi d'Angleterre, reçut en cadeau de ce monarque, un ours d'une grandeur prodigieuse. Le baron le ramena sur le continent et le logea dans son château d'Ardres où il le faisait quelquefois combattre contre des chiens. Ses vassaux s'amusèrent tellement de ce spectacle semi-sauvage, qu'ils demandèrent avec instance qu'on voulut bien les en régaler tous les jours de fête : ils offrirent même de prélever sur chaque fournée un pain qui servirait à la nourriture de l'animal qui faisait leurs délices. Cet acte de bonne volonté dégénéra bientôt en une coûtume onéreuse: l'ours faiblit, ne se battit plus, mais mangea encore le pain des vassaux ; puis il mourut, et le seigneur d'Ardres exigea de la ville, à titre de tribut, le pain par chaque fournée, par la raison, comme disait Basile, que ce qui est bon à prendre est bon à garder. Ce tribut fut appelé la fournée ou le fournage de l'ours, tant qu'il fut libre, et le pain d'angoisse quand il fut forcé. A. D.

Diane.

Diane (Emmanuel-Joseph), né le 2 octobre 1765, à Namur, d'un huissier du Conseil provincial, fit ses humanités avec une grande distinction, au collège de sa ville natale, et sa philosophie

à l'Université de Louvain. Il achevait ses études en médecine lorsqu'il apprit, en septembre 1789, qu'une armée d'insurgés Belges s'organisait à Breda; il s'y rendit croyant y remplir les fonctions de chirurgien-major, mais arrivé là, des idées belliqueuses s'emparèrent de son esprit, et il obtint un brevet de lieutenant. Le combat de Turnhout (le 27 octobre) et la prise de Gand le mirent à même de donner des preuves éclatantes de sa bravoure. Ses lectures l'avaient familiarisé de bonne heure avec les doctrines philosophiques du 18° siècle; il adopta les principes du parti Vonckiste (1), fit partie de l'état-major de Vander Mersch et partagea la disgrace de son général. Au retour des Autrichiens, en décembre 1790, il passa sur le territoire français, et, pendant un séjour de 'quelques mois à Lille, il publia son Mémoire historique sur VanderMersch, avec pièces justificatives, 3 vol. in-8°, Lille, Jacquez, 1791. Il se rendit bientôt après à Paris, fut un des membres les plus actifs du comité Belge, reprit du service et mérita, par sa belle conduite, le grade de capitaine et celui de lieutenant-colonel; il se distingua surtout à la glorieuse journée de Jemmappes, qui lui permit de revoir son pays et sa famille; mais il fut contraint de les quitter de nouveau après la défaite de Nerwinden, au mois de mars 1793. Il servit ensuite dans la Vendée, où, sans se laisser intimider par la présence des farouches proconsuls qu'envoyait sur tous les points la Convention nationale, il ne signala pas moins son humanité que son courage; il fut tué près de Nantes, en 1793; il venait d'obtenir le rang d'adjudant-général.

Diane aimait passionnément la littérature et cultivait la poésie avec quelque succès; sa famille conserve les quatre premiers actes d'une tragédie intitulée: Richilde, veuve de Baudouin, comte de Flandre. De beaux vers et même de belles tirades y rachètent de nombreuses négligences que l'auteur sans doute aurait fait disparaître en revoyant son travail. Il avait composé une tragédie de Saül qui doit avoir été présentée à la Comédie Française; on ignore ce qu'elle est devenue.

Le baron DE STASSART.

Notice sur Moreau de Brioul.

Moreau de Brioul (Jean-Michel-Raymond Gislain de), naquit

(1) Cette dénomination lui vint de l'avocat Vonck, chef de la faction démocratique.

à Namur, le 16 décembre 1763. Ses ancêtres avaient donné au commerce de la forgerie des développemens qui leur avaient valu des titres de noblesse. Destiné à jouir d'une grande fortune, il reçut une éducation soignée; ses études furent dirigées par un ancien jésuite français, de mœurs douces et d'une instruction solide, l'abbé Blanchard, qui était venu chercher un asile sur le sol hospitalier de la Belgique. Ce fut en préparant des thèmes pour son élève, ce fut en recueillant des anecdotes propres à lui former le cœur et l'esprit qu'il composa, sous l'ombrage bienfaisant des vieilles charmilles du parc de Brioul, l'Ecole des mœurs, dont les nombreuses éditions attestèrent le mérite.

Le jeune Moreau se rendit à Reims pour y faire sa philosophie et son droit. A son retour, en 1787, il crut devoir répondre au vœu de ses concitoyens en acceptant un brevet de capitaine dans un de ces corps de volontaires que Namur, à l'exemple des autres villes, venait d'organiser; c'était le resultat de l'effervescence qu'avaient provoquée les innovations introduites par l'Empereur Joseph dans le gouvernement des Pays-Bas Autrichiens. Néanmoins, lorsque le mécontentement public prit un caractère plus sérieux, vers la fin de 1789, Moreau de Brioul donna sa démission, et de 1790 à 1793, il visita la France, l'Italie, la Suisse et l'Allemagne. Partout il se montra passionné pour les arts; les monumens archéologiques attiraient particulièrement ses regards. A ces occupations si douces, si séduisantes, succédèrent bientôt, pour lui, les soucis inséparables des procès qui péniblement absorbèrent ses plus belles années et firent à sa fortuné une brèche assez considérable, par suite du mariage de sa mère avec un gentilhomme du Bourbonnais (le comte de La Roche) porté sur la liste des émigrés.

Le 18 brumaire rapprocha du gouvernement français tous les Belges instruits; Moreau de Brioul devint membre du ConseilGénéral du département de Sambre-et-Meuse. Il accepta plus tard (en 1812), sur les pressantes instances du préfet (Pérès de la Haute-Garonne), les fonctions de Sous-Préfet à Dinant, mais il ne consentit à les remplir que par intérim et sous la condition que la veuve de son prédécesseur jouirait du traitement. La chûte de l'Empire lui fit éprouver des regrets; il se tint quelque temps à l'écart, et ce loisir lui permit de mettre la dernière main à sa traduction de l'Architecture de Vitruve. Ce livre, qui parut en 1816, fut l'objet de nombreux suffrages. On applaudit principalement au mérite des remarques instructives et neuves qui l'accompagnaient. Le Roi Guillaume nomma l'auteur Chevalier de l'Ordre du Lion Néerlandais.

Membre du corps équestre et des Etats provinciaux de Namur, Moreau de Brioul fut élu membre de la seconde Chambre des Etats

les

généraux en 1818; un nouveau système d'impôts y fut adopté en 1820, quoique repoussé par les Belges qui le considéraient comme contraire aux intérêts de leur pays. Le député de Namur ne partagea point cette opinion; il s'associa aux vues du Roi ; services qu'il avait rendus jusques là furent méconnus et les journaux de l'opposition se déchaînèrent contre lui avec une inconcevable persévérance d'acharnement. Il fit preuve, dans ces circonstances, de modération et même de magnanimité, car plus d'une fois il obligea des solliciteurs qu'il savait bien avoir figuré parmi ses plus fougueux adversaires. N'ayant pas, en 1821, été réélu par ses commettants, il fut nommé membre de la première Chambre... Le Roi des Pays-Bas n'abandonnait jamais les hommes qui s'étaient dévoués à sa cause; la reconnaissance est une vertu dont il faut lui tenir compte ; il n'avait pas admis en principe cette maxime de la plupart des rois constitutionnels, qu'on doit des égards à ceux-là seulement qui se font craindre, maxime parfois utile le jour même, mais à coup sûr dangereuse le lendemain, tant elle est encourageante pour l'opposition, tant elle favorise l'audace de l'intrigue éhontée.

En 1830, lorsque la Belgique se sépara violemment de la Hollande, Moreau de Brioul sut concilier les sentimens d'une affectueuse gratitude envers le Roi Guillaume avec les devoirs que lui imposait sa qualité de Belge. On ne le vit pas faire antichambre chez les personnages en faveur, mais il ne refusa point d'être utile à la patrie, et les habitans de Brioul l'élurent presque à l'unanimité bourgmestre de leur commune.

Ses derniers jours s'écoulèrent dans le calme de la solitude; il trouvait, au sein des sciences et des lettres, d'amples compensations à la perte de ses dignités. Entouré de livres et de cartes géographiques, il paraissait heureux et l'était sans doute; il s'identifiait volontiers avec les voyageurs célèbres dont il lisait les ouvrages, tels que Cook, Levaillant, Macartney, Mongo-Park; il se plaisait à suivre sur une énorme mappe-monde, qu'il avait placée dans sa bibliothèque, leurs courses lointaines et périlleuses.

Il mourut au château de Brioul, le 3 juillet 1835, dans les bras d'un fils adoré, l'unique fruit de son union avec une comtesse de Berlo. Des connaissances variées, une mémoire prodigieuse, une sorte de bonhomie qui n'était pas dépourvue de finesse et de malice, rendaient sa conversation très attachante; il aimait à conter, mais rarement il abusait de cette disposition naturelle de son esprit. Bon, affectueux et serviable, s'il fit plus d'un ingrat, il eut des amis intimes qui surent l'apprécier.

Indépendamment de la TRADUCTION DE L'ARCHITEcture de VITRUVE, vol. in-8°, Bruxelles, Stapleaux, 1816, Moreau de Brioul a composé plusieurs ouvrages restés manuscrits, entre

autres des mémoires sur divers points d'histoire, de géographie, d'archéologie, un Traité des machines de guerre des anciens, et un Voyage en Italie. Son fils se propose d'en être, quelque jour, l'éditeur.

Le baron DE STASSART,

Exécutions révolutionnaires à Valenciennes, en 1794.

La ville de Valenciennes paya richement sa dette à la Révolution française. Un siège et un bombardement de 40 jours qui arrêtèrent une invasion des Coalisés et permirent d'organiser la défense et la victoire, lui coutèrent la perte de 5000 habitans et la ruine et la dévastation de la majeure partie des propriétés. Une occupation étrangère, dure et pesante, succéda à cette première épreuve et dura une année entière. Pendant ce tems le régime de la terreur s'écroulait en France, et il y avait tout lieu d'espérer, pour la cité qui avait tant souffert de l'étranger en sauvant une invasion à la patrie, qu'elle éviterait du moins les horreurs de la tyrannie révolutionnaire C'était avoir trop de présomption pour une époque où le mal l'emportait si souvent sur le bien dans la balance.

Valenciennes fut repris par les Français le 1er septembre 1794: Robespierre était tombé ; dès le 2 août précédent, une députation des habitans de Cambrai avait porté une dénonciation à la barre de la Convention contre le féroce Proconsul Joseph Lebon et ses complices; la Convention, qui rejetait sur Robespierre tous les meurtres et tous les forfaits, parlait hypocritement du retour de la justice et de l'humanité en France; les ecclésiastiques, les religieuses, qui, à la suppression des cloîtres, s'étaient retirés en Belgique et étaient revenus à Valenciennes reprendre leur ministère pendant l'occupation étrangère, crurent pouvoir y rester avec la vie sauve à la rentrée des Français en voyant la situation plus calme des affaires intérieures. Ils se trompèrent étrangement: bientôt, ils durent comprendre que la persécution durait toujours et que toutes les villes devaient payer leur tribut de sang à la République. Roger-Ducos et J B. Lacoste, députés de la Convention, arrivés à Valenciennes à la suite de l'armée de Scherer, firent arrêter les religieuses, les prètres, les déportés et les émigrés qu'on put trouver (*), et se hâ

(*) Les Conventionnels J.-B. Lacoste et Roger-Ducos avaient écrit à la Convention, pour se faire valoir, qu'ils avaient trouvé á Valenciennes plus de 1000 émigrés : la Convention leur demandaient en réponse ce qu'était

« VorigeDoorgaan »