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TROISIEME PARTIE

Composition chimique et Pharmacologie

Les premières recherches chimiques et pharmacologiques relatives au Dirca palustris, sont dues à l'Américain Jacob BIGELOW. Celui-ci nota tout d'abord que l'écorce, mâchée, possède une saveur âcre et désagréable, persistante. Ingérée à la dose de six à huit grains anglais (0 gr. 41 à 0 gr. 55), elle produit une sensation de chaleur dans l'estomac, bientôt suivie de vomissements. Ces effets sont d'autant plus assurés que l'écorce est fraîche ou récemment pulvérisée.

BIGELOW, avec l'aide de son élève le D' JOHN LOCKE, entreprit diverses expérimentations, que l'on peut résumer de la façon suivante :

L'écorce fut soumise d'abord à la décoction et à la distillation en présence d'eau. Il en résulta un décocté très amer, mais dépourvu de la saveur âcre et désagréable particulière à l'écorce. Ce décocté était quelque peu mucilagineux et donnait, par addition d'alcool, un précipité floconneux peu abondant. Les réactions de l'acide gallique et du tanin, par les sels de fer et par la gélatine, furent négatives. L'eau distillée, douée d'une odeur désagréable, était également dépourvue d'âcreté et les écorces bouillies avaient perdu une partie de leur

saveur. L'extrait aqueux était très amer, mais rappelait à peine, par sa saveur, l'âcreté de la drogue. Absorbé à la dose de un drachme (4 grammes), cet extrait restait à peu près sans effet.

Voyant que par l'eau il n'avait pu retirer aucun principe actif de l'écorce, BIGELOW employa, dans ce but, l'alcool, d'abord à froid, puis à chaud. D'après lui, l'alcool froid n'enlevait presque rien à la plante. L'écorce traitée à chaud par de l'alcool, dans une cornue, laissa passer à la distillation un alcool dépourvu de propriétés actives, mais le liquide restant dans la cornue contenait tous les principes actifs de la plante. Concentré par évaporation, il laissait un résidu correspondant à 4 0/0 du poids de l'écorce employée. L'action de cet extrait était plus puissante que celle de la plante ellemême. Cet extrait alcoolique était incomplètement soluble dans l'eau.

BIGELOW examina également la racine récemment desséchée; il en fit prendre à plusieurs personnes, à des doses variant de 5 à 10 grains (0 gr. 35 à 0 gr. 70) et put observer dans la plupart des cas des effets puissamment émétiques, et parfois cathartiques; conservée pendant longtemps, la racine ne produisait plus les mêmes effets.

Le D' LOCKE rechercha sur lui-même les propriétés vésicantes de l'écorce; celle-ci, humectée de vinaigre, et appliquée sur le bras, ne produisit rien en douze heures; au bout de vingt-quatre heures, il remarqua une certaine rougeur, accompagnée de démangeaison; à la trentième heure, une vésication complète s'ensuivit.

On avait aussi attribué au fruit du Dirca des propriétés narcotiques. Le D' PERKINS, en Amérique (1) a rapporté le cas d'un enfant qui, ayant mangé quelques

(1) Cité par BIGELOW.

baies, éprouva des symptômes analogues à ceux de l'intoxication aiguë par la Stramoine stupeur, insensibilité, mydriase. Grâce à un vomitif, l'enfant revint graduellement à la santé. Un étudiant en médecine, qui prit plusieurs de ces baies, ressentit du vertige et des nausées.

BIGELOW Conclut donc, à la suite de ces recherches, que l'action de l'écorce de Dirca doit être attribuée à ses «< constituants acres, à savoir une résine et une substance volatile ». Il compare cette plante, pour ses propriétés, au Polygala Senega et propose de l'employer, en nature, comme succédané de celui-ci; il ne croit pas que l'on puisse tirer parti de sa légère action vésicante.

M. le Prof. LECOURS reprit, un siècle plus tard, l'étude du Bois de plomb. L'écorce sèche fut traitée par l'eau, d'abord à froid, puis à chaud; les liqueurs réunies furent évaporées au bain-marie, de façon à obtenir un extrait. Celui-ci était dur, de couleur foncée, presque noire; il correspondait à 15,5 0/0 du poids de l'écorce employée.

Cet extrait, administré à un sujet de bonne volonté, d'abord à petite dose, puis, en augmentant jusqu'à 0 gr. 30, ne produisit aucun effet.

Voyant les résultats négatifs obtenus par le traitement à l'eau, M. LECOURS épuisa par percolation avec l'alcool à 90°c, un autre lot de plante pulvérisée. Il obtint ainsi un extrait mou que l'évaporation ne durcissait pas. Le rendement fut de 8,5 0/0. En donnant cet extrait alcoolique au même sujet que précédemment, à la dose de 0 gr. 10 à 0 gr. 15, il prouva qu'il existait dans l'écorce un ou plusieurs principes purgatifs, solubles dans l'alcool. Celui-ci dissolvant une huile fixe, une huile volatile, de la chlorophylle et une résine, il lui parut vraisemblable que cette dernière constituait l'élément purgatif. Pour s'en assurer, ce savant pré

para de nouveau, au moyen de l'alcool, un extrait qui, après concentration, fut mélangé à un excès d'eau froide acidulée par de l'acide chlorhydrique. Il en résulta un précipité abondant qui, recueilli et lavé, lui apparut comme une substance oléo-résineuse molle, de couleur foncée, ne durcissant pas avec le temps. Cette substance, placée dans une étuve légèrement chauffée, s'est séparée en deux portions: l'une huileuse, l'autre résineuse. La partie résineuse, dissoute dans l'alcool et décolorée au noir animal, a donné finalement une résine d'un jaune sale, de consistance assez molle. Cette résine était très active, ainsi que l'indique l'essai suivant :

« Une seule dose de 0 gr. 05 de cette résine, prise à deux heures de l'après-midi, a produit un effet purgatif violent de 5 h. 50 à 7 heures du soir du même jour : trois selles, la première très liquide, accompagnée de légères nausées et de légères coliques, une quatrième selle à 8 heures du soir et une cinquième à 10 heures. L'effet purgatif s'est continué le lendemain. »

D'après M. LECOURS, comparée aux purgatifs les plus énergiques, la résine du Bois de plomb viendrait se placer à la suite de l'élatérine et de l'élatérium, à peu près sur le même rang que l'huile de croton et la podophylline. « Il est fort possible, dit-il, qu'elle occupe encore une meilleure place quand on aura réussi à la purifier davantage. » En raison de son origine, M. le Prof. LECOURS propose pour cette résine le nom de dircéine.

* **

A notre tour, nous avons repris l'étude de la composition chimique du Dirca palustris. L'écorce de la tige, séchée, a été pulvérisée finement au mortier, et épuisée par percolation avec de l'alcool à 90°. Cette extraction a été faite en employant dix volumes d'alcool pour une partie de plante. La première portion d'alcool a été

conservée, les portions suivantes ont été réunies, puis évaporées, et le produit redissous dans la première portion; un centimètre cube de l'extrait ainsi préparé correspondait à 1 gramme de l'écorce sèche. Cet extrait est de couleur brun verdâtre, de saveur âcre et amère, d'odeur particulière assez prononcée. Concentré par évaporation au cinquième de son volume primitif, il a laissé précipiter une substance grumeleuse, brunâtre, souillée de chlorophylle. Ce dépôt a été recueilli et lavé pour y faire la recherche d'un glucoside dont nous à l'eau sur un filtre; le liquide de lavage a été conservé soupçonnions la présence. Quant à la substance insoluble dans l'eau et restée sur le filtre, elle a été séchée, puis traitée par de l'éther; ce traitement l'a divisée en deux parties totalement différentes. La première, soluble dans l'éther, est de couleur verte, résineuse, assez molle, elle durcit légèrement à l'air en devenant foncée, presque noire. L'autre partie, insoluble dans l'éther, a été dissoute dans l'alcool à 90° puis évaporée à sec; le résidu se présente sous l'aspect d'une substance résineuse, dure, friable, de couleur brun foncé. Cette résine, essayée physiologiquement comme purgatif et comme vésicant, n'a produit aucun effet.

Des essais identiques furent alors tentés avec l'autre partie de la substance soluble dans l'éther, après évaporation de ce dernier : à la dose de 0 gr. 02 elle a donné lieu à une purgation énergique.

Dans le but de purifier le principe actif soluble dans l'éther, nous avons essayé plusieurs dissolvants. Un premier fractionnement au moyen de l'éther de pétrole (bouillant au-dessous de 70°), donne une partie soluble qui, par évaporation, laisse comme résidu une substance graisseuse, grumeleuse, verte, d'odeur particulière, ne durcissant pas à l'air : vraisemblablement de la chlorophylle.

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