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légendes ou quelques litanies! Vers la fin du quatorzième siècle, on commença à rechercher ces bons auteurs de la Grèce et de Rome qui font nos délices; on secoua la poussière des couvents, des anciens castels; on y déterra successivement une bonne partie des classiques; mais les uns ne nous sont parvenus que par fragments, d'autres ont été défigurés par l'ignorance des copistes. Il en est cependant qui paroissent avoir conservé ou recouvré toute leur pureté originaire. Rendons grâces aux savants à qui nous devons ces fouilles précieuses. Ils ont ressuscité ces génies qui nous font passer de si doux moments, et qui peut-être devenoient pour jamais la proie du temps destructeur, si un ou deux siècles de plus avoient pesé sur leur existence chancelante.

Jetons un coup d'œil sur la découverte de quelquesuns de ces monuments si précieux, et sur les savants auxquels nous avons de si grandes obligations.

TERTULLIEN.Les OEuvres de Tertullien n'ont vu le jour qu'en 1520; c'est aux soins de Beatus Rhenanus qu'on en est redevable. Elles ont été imprimées par Froben. Sigismond Gelenius a aussi contribué à augmenter le nombre des OEuvres de cet homme célèbre, d'après un ancien manuscrit que Jean Helandus lui envoya d'Angleterre. Cet Helandus l'avoit tiré avec beaucoup de peine d'un monastère fort ancien où il pòurrissoit in squallore et situ. Ce manuscrit présenta, outre les OEuvres qu'on devoit aux recherches de Rhenanus, les livres de Tertullien sur la trinité, sur le témoignage de l'ame, sur l'ame, sur les spectacles, sur le baptême, sur l'idolâtrie, sur la pudicité et sur le jeûne. Malgré ces heureuses découvertes, on croit que l'on n'a pas encore

tous les ouvrages du fécond Tertullien. Balzac disoit que l'obscurité du style de cet auteur est comme le noir de l'ébène qui jette un grand éclat.

RUFIN. Le manuscrit des Commentaires de Rufin. prêtre d'Aquilée, sur soixante-quinze psaumes de David, a été tiré de la bibliothèque de l'abbaye de l'isle Barbe à Lyon, par Antoine d'Albon, qui en étoit alors abbé. Ces Commentaires furent publiés en 1569, peu de temps après la découverte du manuscrit. Les autres œuvres de Rufin étoient déja connues. Voyez à ce sujet l'histoire de la bibliothèque de l'isle Barbe, dans l'intéressant ouvrage de M. Delandine, intitulé Bibliothèque de Lyon, 1811, pag. 2-6 du premier volume.

Un bon manuscrit d'AUSONE fut trouvé dans la même bibliothèque et dans le même temps, par le même Antoine d'Albon, qui fit les frais de l'impression. Etienne Charpin présida à cette édition. On possédoit déja les poésies d'Ausone, mais incomplètes et incorrectes. Le manuscrit de l'isle Barbe en fit réformer le texte, y restitua des passages omis, et fournit un grand nombre de pièces jusqu'alors inconnues. Ausone, né à Bordeaux, florissoit dans le quatrième siècle.

VELLEIUS-PATERCULUS.

L'Abrégé de l'histoire grecque et romaine, par Velleius-Paterculus a été longtemps caché dans l'ancienne abbaye de Murbach, monastère de la Haute-Alsace. La découverte en est due aux recherches de Beatus Rhenanus, qui le fit imprimer à Bâle, en 1520, sous ce titre : Publii Vellei Paterculi Historia romanæ duo volumina ad M. Vinicium cos. progenerum Tiberii Cæsaris, per Beatum Rhenanum Selestadiensem ab interitu utcumque vindicata. Le texte com

prend 69 pages petit in-fol. Cette première édition est défectueuse, mais on n'en a pas moins d'obligations à l'éditeur, qui a conservé à la littérature un trésor qu'elle a failli perdre; car on ne connoît point d'autres manuscrits anciens de Velleius-Paterculus que celui de Murbach. Lazius lui attribue un fragment d'une prétendue histoire des Gaules. Mais tous les critiques conviennent que ce fragment est supposé.

IRÉNÉE. Le Traité de S. Irénée contre les hérésies fut tiré de la poussière par Erasme; il conféra trois manuscrits, et publia ce Traité, en 1526, à Bâle, chez Jean Froben.

ARNOBE. Les Commentaires d'Arnobe sur les psaumes, furent tirés par Erasme du collége des chanoines de Franckendal entre Worms et Spire.

SENEQUE. Le Ludus in Claudium cæsarem, par Sénèque, étoit dans un cloître d'Allemagne; il fut publié du temps d'Erasme. Nous ignorons si c'est à ce savant qu'en est due la découverte.

Le CODE THÉODOSIEN, desiré depuis si long-temps, a été trouvé en Allemagne, non sans peine, par Jean Suichard, qui avoit obtenu des lettres de Ferdinand d'Autriche, pour faire des recherches dans toutes les bibliothèques de sa domination.

Le Lexique grec d'HESYCHIUS, et le Dernier livre d'AмMIEN MARCELLIN ont été trouvés dans la bibliothèque de Laurissen.

Les trois livres des Epitres de CICERON à son frère Quintus, sont dus aux recherches de Gasparin, profes

seur à Venise et à Padoue; mais ils étoient singulièrement endommagés.

Nous devons aux soins d'Ausculanus, le livre de MARCUS APICIUS, et les Commentaires de POMPONIUS PORPHIRIO Sur Horace.

CATULLE n'a été connu que depuis que Guarini l'a découvert et corrigé, car la copie qu'il en trouva étoit très défectueuse. Les Epigrammes de Catulle sont bien au-dessus de celles de Martial; on sait que Navagero brûloit tous les ans un exemplaire de Martial, qu'il sacrifioit, disoit-il, aux mânes de Catulle.

Les Fables de PHÈDRE proviennent des frères Pithou, que Scioppius appelle les protecteurs et les trésoriers des belles-lettres et des beaux-arts. L'un d'eux, François Pithou, découvrit le manuscrit de Phèdre dans la bibliothèque de S. Remi de Reims, vers les dernières années du seizième siècle, et son frère les fit imprimer à Troyes, en 1596. Ce manuscrit étoit unique en Europe, et la bibliothèque de S. Remi a depuis éprouvé un incendie. Si cet accident étoit arrivé avant la découverte de Pithou, Phèdre seroit aujourd'hui perdu pour nous, ainsi que le sont beaucoup d'autres excellents ouvrages de l'antiquité, mais le cinquième livre des Fables n'est point entier, qui sait même si les quatre autres le sont? Quelle reconnoissance on doit à celui qui a fait la découverte de cet excellent ouvrage? Scaliger disoit des savants frères Pithou, qu'ils sentoient les bons livres de loin comme un chien sent un os ou comme un chat sent une souris. Ces comparaisons ne sont pas du meilleur goût; mais elles expriment bien la bonne opinion que l'on avoit de l'érudition et du zèle

des frères Pithou, à qui l'on doit encore la découverte des Novelles de JUSTINIEN.

Depuis quelques années, on a découvert à Naples, dans la bibliothèque royale, un manuscrit de la main de Nic. Perrot, contenant diverses poésies, et entre autres trente-deux fables inédites de Phèdre. M. Cataldo Jannelli en préparoit une bonne édition avec cette sage lenteur si nécessaire dans les travaux d'érudition, lorsqu'il fut gagné de vitesse par un M. J. A. Cassitti, qui en fit prendre sur le manuscrit une copie écrite à la hâte et non revue, et s'empressa d'en donner une première édition, à laquelle on ne doit avoir aucun égard, vu les erreurs grossières et nombreuses qui la déshonorent. En février 1811, M. Jannelli a publié un volume in-8. daté de 1809, contenant, avec d'autres fables de Phèdre et d'Avienus déjà connues, mais présentant d'utiles variantes, ces trente-deux fables inédites, accompagnées de notes nombreuses et souvent très bonnes. Il a surtout restitué, avec une sagacité et une justesse remarquables, un assez grand nombre de mots devenus par l'ancienneté illisibles dans le manuscrit de Perrot. Quoique la seconde dans l'ordre de sa publication, cette édition doit être regardée comme première, et surtout comme authentique: c'est vraiment l'editio princeps de ces trente-deux fables, En tête du volume est un avis au lecteur, dans lequel on se plaint de la publication de l'autre édition, et où l'on annonce un second volume contenant des dissertations sur ces fables et sur le manuscrit qui les contient.

Cette découverte, intéressante sans doute, auroit pu l'être davantage; les fables sont loin du mérite de celles qui étoient déja connues, et si quelques-unes se font

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