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et, pour ainsi dire, dans les langes. Pour nous servir d'un mot appliqué aux vieux livres, c'étoient des langues incunables. Elles ne s'épurèrent qu'environ un siècle plus tard, tandis que les premières, à leur tour, déclinèrent alors sensiblement.

On trouve encore de cette histoire romanesque une édition espagnole-françoise, Bruxelles, 1596, in-16; une autre, italienne-françoise, avec la Déiphire d'Alberti, Lyon, 1555, in-16. Les réimpressions de cette dernière édition sont celles de Lyon, Rigaud, 1574: Paris, Bonfons, 1581; Lyon, Rigaud, 1582, in-16. Elles sont toutes assez curieuses pour avoir mérité l'attention des amateurs, qui les paient assez cher dans les ventes. L'édition que nous possédons, et dont nous avons peut-être parlé trop longuement, emporté que nous sommes par la pensée de notre épigraphe, a particulièrement frappé l'auteur de l'Essai sur la Littérature espagnole (M. de Malmontet), Paris, Barrois, 1810, in-8 (1), qui s'est même donné la peine de présenter à ses lecteurs (page 121), un fac-simile de la première page de ce livre singulier, disposée sur quatre colonnes qui comprennent chacune une des langues du texte. Cet écrivain regarde l'œuvre de J. de Flores comme fort précieuse pour l'histoire littéraire du xvi° siècle, et c'est cette conviction qui l'a entraîné à en faire l'objet d'un article tout particulier de son intéressant Essai.

(1) L'exemplaire de l'Essai sur la littérature Espagnole, que je possède, provient de la bibliothèque de l'Impératrice Joséphine, vendue à la Malmaison après sa mort. Il est magnifiquement relié en maroquin

rouge.

A. DINAUX.

(La suite au prochain numéro.)

Mélanges

RAPPORT

AU CITOYEN J.-G. LOCRÉ,

SECRÉTAIRE-Général du conseil d'état.

Citoyen,

Lorsque vous avez ordonné l'impression du catalogue de la bibliothèque du conseil d'État, vous avez imprimé, pour ainsi dire, sur cette collection précieuse, un caractère d'utilité générale. Il sera possible en effet que les savans de tous les pays y découvrent des ouvrages qu'ils auront vainement cherchés de toutes parts. C'est ainsi que l'estimable Meerman, syndic de Rotterdam, ayant acquis le catalogue de la bibliothèque publique d'Orléans, au moment où il se disposoit à faire imprimer son Novus Thesaurus juris, y remarqua plusieurs livres qu'il n'avoit pu encore trouver. Il les demanda aux conservateurs de la bibliothèque, et ils lui servirent à enrichir son recueil.

Permettez-moi de vous adresser quelques détails sur la marche que j'ai suivie dans la rédaction de ce catalogue, ainsi que sur l'origine, les progrès et l'état actuel de la bibliothèque.

L'origine de la bibliothèque du conseil d'État ne remonte qu'au milieu de l'an vi; le 23 pluviôse de cette année, le citoyen- Letourneux, alors ministre de l'intérieur, me nomma commissaire avec le citoyen Leblond, conservateur de la bibliothèque des Quatre-Nations et membre de l'Institut national, pour choisir, dans les dépôts littéraires du département de la Seine et de Versailles, les ouvrages qui devoient composer la bibliothèque du directoire exécutif.

Le citoyen François de Neufchâteau établit, en fructidor an vi, le dépôt provisoire de cette bibliothèque dans la maison Croy, rue du Regard. Il voulut bien m'en nommer le conserva

teur.

Les consuls furent instruits, au mois de nivôse an vin, par le citoyen Lucien Bonaparte, des ordres qui avoient été donnés par ses prédécesseurs pour la formation d'une bibliothèque qui pût être placée auprès du gouvernement.

Le 28 du même mois, les consuls prirent un arrêté par lequel ils accordèrent cette bibliothèque au conseil d'État, et la placèrent sous votre direction immédiate. Elle est composée en ce moment d'environ 25,000 volumes, et contient les ouvrages les plus précieux qui se trouvoient dans les dépôts littéraires à l'époque de sa formation. Quelques échanges autorisées par le Ministre de l'Intérieur lui ont procuré des articles dont l'impres sion étoit postérieure à la fondation des dépôts, et tout récemment le citoyen Chaptal lui a accordé un exemplaire des principaux ouvrages qui ont été acquis par lui et par ses prédécesseurs pour le gouvernement. Je puis avancer sans présomption que le conseil d'État trouvera dans sa bibliothèque les ouvrages les plus importans dans tous les genres de connoissances humaines.

Avec quelle satisfaction les amis des sciences et des lettres n'apprendront-ils pas que les consuls ont placé un établissement de ce genre auprès du conseil d'Etat ? Non contens de s'être entourés des hommes les plus célèbres par leurs talens et leurs connoissances, ils ont voulu encore rendre un hommage particulier aux génies de tous les siècles dont les productions ont avancé les progrès de notre régénération politique.

Je me suis occupé du travail préparatoire pour la formation du catalogue, en même temps que de la composition de la bibliothèque elle-même. Ce travail consiste dans la transcription des titres des ouvrages sur des cartes. Le classement de ces cartes est une opération aussi délicate que difficile, surtout lorsque le nombre en est considérable. Il se fait dans un ordre connu sous le nom de Système Bibliographique.

J'ai eu à choisir dans la multitude de ceux qui ont été publiés jusqu'à ce jour. Le meilleur de tous seroit un tableau raisonné

de nos connoissances. Des hommes de génie ont essayé de le tracer. Qui ne connoît celui du chancelier Bacon, auquel les immortels auteurs de l'Encyclopédie françoise ont donné une nouvelle existence en le plaçant, avec de nouveaux développemens, à la tête de leur utile et immense collection. Mais soit que ces illustres écrivains n'aient pu se représenter l'innonbrable variété des ouvrages que l'esprit de l'homme devoit produire, soit qu'il ait paru trop difficile aux hommes estimables qui se sont occupés, par état ou par goût, de l'arrangement des bibliothèques, de suivre la route qui leur étoit indiquée par le génie, on s'est contenté d'admirer le système figuré des connoissances humaines, mis au jour par les Bacon, les Diderot, les Dalembert, et l'on a adopté dans la classification des livres et dans la rédaction des catalogues, le système bibliographique qu'inventèrent, vers le milieu du xviie siècle, les Dnpuy, les Bouillaud, les Naudé, les Garnier, en mettant en ordre les cé-lèbres bibliothèques du président de Thou, du cardinal Mazarin et du collège de Louis-le-Grand.

Ce système a été perfectionné au commencement et au milieu du xviiie siècle par d'estimables libraires, tels que les Prosper Marchand, les Martin, les Barrois, les Debure.

J'ai dû m'attacher à ce système, qui jouit d'une grande estime, non seulement en France, mais dans les pays étrangers; en l'examinant avec attention, on voit qu'il est calqué sur la législation qui étoit en vigueur dans le temps où vivoient ses auteurs. Il étoit donc indispensable d'y apporter les modifications que nécessitent les lois qui régissent la France républi caine: ainsi il a fallu en modifier les deux premières classes, c'est-à-dire, la théologie et la jurisprudence.

Dans la théologie, la qualification de dominante, affectée par nos anciennes lois à la religion catholique romaine, permettoit de désigner comme impies et hétérodoxes tous les ouvrages qui contenoient des maximes contraires à celles du catholicisme. La conduite prudente que tient le gouvernement actuel relativement aux diverses religions, doit être imitée dans la manière d'indiquer les ouvrages sur lesquels ces religions sont fondées. Ainsi les ouvrages relatifs aux différens cultes doivent être placés aujourd'hui dans la classe de théologie, sous des dénomina

tions qui rappellent la protection que le gouvernement accorde à chacun d'eux. C'est en manifestant dans toutes les circonstances un égal respect pour les opinions religieuses, quelles qu'elles soient, qu'on accoutumera ceux qui les professent, sinon à s'aimer, du moins à se tolérer.

La seconde classe de l'ancien système bibliographique, la jurisprudence, devoit subir une réforme de la même nature; on la divisoit en droit canonique et en droit civil. Le droit canonique ne peut être considéré actuellement en France que comme la collection des réglemens adoptés par un des cultes qui s'y professent. Il devient donc, sous ce rapport, partie intégrante de l'histoire ecclésiastique de France, dans la classe de l'histoire. Si les collections générales de ce droit doivent être maintenues dans la classe de jurisprudence, elles n'y peuvent être placées qu'avec la désignation des pays où elles ont encore force de loi. C'est ce qui m'a déterminé à les désigner à la suite du droit public ancien et moderne, sous le titre de droit italien ou ecclésiastique.

Ces modifications et quelques autres de la même espèce, très importantes en elles-mêmes, apportent pen de changemens dans la classification générale d'une bibliothèque; elles ne font que perfectionner le système bibliographique dans lequel on les introduit, en le rendant d'un usage plus universel.

C'est d'après ces bases, citoyen, que j'ai rédigé le catalog ue de la bibliothèque du conseil d'Etat. On y verra le tableau de nos connoissances et de nos opinions, peint avec plus de fidélité que dans les anciennes bibliographies.

Cet avantage est une conséquence naturelle des principes que professe le gouvernement sous lequel nous avons le bonheur de

vivre.

Pour mettre encore plus de vérité dans le travail que j'avois à exécuter, j'ai fait toutes les recherches dont j'étois capable pour découvrir les noms des auteurs qui ont publié leurs ouvrages sous le voile de l'anonyme ou sous des noms empruntés. Dans beaucoup d'occasions une louable modestie, dans d'autres des motifs de prudence ont donné lieu à ces réticences ou à ces déguisemens. On aime cependant, en lisant un ouvrage, à ne pas ignorer le nom de son auteur. Il suffit souvent pour nous faire

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