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décorent de festons et de verdure; la chaste épouse tresse de fleurs la chevelure flottante de sa fille chérie, tandis que l'enfant à la mamelle presse le sein de sa mère dont il est la plus belle parure... le vieillard, les yeux mouillés de larmes... etc.1. » Tel est le ton du tableau des réjouissances auxquelles sont convoqués tous les Parisiens; on a, en outre, répandu à profusion un Détail de l'ordre à observer qui indique à chacun des groupes comment il doit se comporter; à cinq heures du matin, rappel général; les quarante-huit sections s'ébranlent : elles doivent se masser de façon à se mettre en marche au signal donné, à huit heures, par le canon du PontNeuf; toutes se formeront en bataillons carrés, douze de front, les adolescents munis de fusils ou de piques; les hommes seront sans armes, toutes les citoyennes tiendront à la main un bouquet de roses; toutes les jeunes filles porteront une corbeille de fleurs, - comme à la ci-devant Fête-Dieu. Pour guider les mouvements de ces quarante-huit bataillons, sont nommés commissaires de la Fête cinquante membres de la Société des Jacobins, et aussi les vingt-sept artistes qui ont concouru aux préparatifs 2.

Ces dispositions promettaient un spectacle grandiose : l'immense amphithéâtre plaqué au pavillon central des Tuileries, côté du jardin, s'élevait élé

1. Plan de la Fête à l'Etre suprême, proposé par David et décrété par la Convention nationale. Moniteur, réimpression, XX, 653.

2. Instruction particulière pour les commissaires chargés des détails de la Fête de l'Etre Suprême. Imprimé. Bibliothèque de la Ville de Paris. Cité par AULARD, Le Culte de la Raison et le culte de l'Etre Suprême, 309 n. AULARD donne les noms des vingt-sept artistes commissaires.

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«J'y étais et je garantis le croquis exact », dit une note de Duplessis-Bertaux, à qui ce dessin appartenait. Cabinet des Estampes.

gant et majestueux, orné de vases et de statues, jusqu'aux fenêtres du premier étage dont on avait descellé les balcons pour assurer la communication avec le grand salon où devaient se réunir les Conventionnels 1. Sur le bassin circulaire se dressait, un peu difforme, vu la matière employée, l'Athéisme en toile inflammable 2, trônant à côté de la Folie, parmi l'Ambition, l'Egoïsme, la Discorde, la fausse Simplicité et autres ennemis de la félicité publique. Au Champ de Mars, la sainte Montagne s'élevait, abrupte, révélant dans ses flancs sa grotte, ses tombeaux, son temple, ses trépieds et dominée par un chêne vigoureux et une haute colonne. Mais ce qui excitait toutes les curiosités, c'était le char promis par le programme et auquel travaillaient dans les magasins du garde-meuble, le statuaire Michallon et le figuriste Montpellier. Traîné par huit taureaux, ce char symbolique devait porter une image de la Liberté assise à l'ombre d'un chêne, sur un monceau de fruits en carton et d'attributs champêtres véritables, fournis par le citoyen Duchesne, cultivateur 3. David n'était point le créateur de tous ces symboles la province avait, en ce genre, devancé Paris; on écrirait un volume, et un volume gai, à grouper les relations des extravagances révolutionnaires émanées de l'imagination des comités

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1. Archives nationales, F4 2090. Mémoire de Lathuile, entrepreneur de bâtiments « descellé le balcon du vestibule haut du pavillon Unité et transporté les fers au magasin »>. 2. Archives nationales, F4 2090. Fourni par Ruggiéri, artificier de la République, 114 aunes de toile cholette (?) pour servir de chemise à la statue de la théïsme (sic). Composition de nitre, de poudre et de soufre pour induire (sic) la dite toile, 1.203 livres. >>

3. Archives nationales, F4 2090 et 2091.

départementaux l'hiver précédent, par exemple, les sans-culottes de Montmédy avaient organisé, pour célébrer la reprise de Toulon, une cavalcade où l'on voyait un char portant la Fécondité : « Elle est représentée, d'après le compte rendu, par une jeune femme qui allaite son enfant ; autour d'elle on voit sauter plusieurs autres petits qui sourient à leur mère. » Suivait un autre char, funèbre celuici, « ombragé de noirs cyprès ». Il portait un tombeau surmonté d'une pyramide : « Une beauté touchante, dans un costume négligé, les cheveux épars et gardant l'attitude de la douleur, s'appuie sur la tombe qu'elle arrose de ses larmes. » Cette beauté touchante figurait « la veuve du citoyen Beauvais, représentant du peuple, massacré par les Anglais à Toulon ». Or Montmédy apprit, -après la fête, que Beauvais n'était pas mort et qu'il était veuf ! Cette fête présentait, au reste, des attractions plus marquantes encore entre autres l'assaut et la prise d'une ville rebelle par les patriotes ; « Les murailles sont escaladées; l'ennemi est mis en fuite; la ville est livrée aux flammes; la vengeance nationale s'exerce; l'infâme Pitt est amené par les Anglais eux-mêmes qui abjurent leurs erreurs et demandent l'alliance; un bûcher s'élève, le J... F... est grillé... » Le personnage de Pitt, rôle sacrifié, était distribué sans doute à quelque aristocrate. La fête se terminait par la danse de la Carmagnole et « les plus douces étreintes 1».

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1. Archives nationales, F14 I, 84. Le même carton contient d'autres relations de fêtes célébrées en province, à Lunéville, à Orgelet, à Montfort-le-Brutus (l'Amaury) à Montluçon, à Neau. phle-la-Montagne (Neauphle-le-Château), etc.

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