MOSAÏQUE DE LA RUE NICOLAS-PERSEVAL

acquise en 1890 pour le Musée de Reims

Communication de M. HENRI JADART, Secrétaire général.

La fréquente découverte de mosaïques gallo-romaines à Reims, et l'intérêt qu'a toujours pris l'Académie à leur conservation, nécessitent une note dans ses mémoires sur le transport et l'acquisition de la mosaïque de la rue Nicolas-Perseval.

Au mois de septembre 1890, dans une maison en construction sur cette rue, au n° 10 actuel, les terrassiers découvrirent à peu de profondeur, dans le jardin, une mosaïque d'un éclat encore très vif et d'une préservation remarquable (1). Un seul endroit était mutilé sur la droite, par suite d'une fosse creusée à cet endroit, vraisemblablement à une époque antique. Le médaillon du centre est orné d'un sujet offrant la lutte de deux gladiateurs; la décoration générale, l'encadrement et la bordure étaient du plus grand attrait pour le Musée.

L'immeuble appartenant à des propriétaires de terrains habitant Paris (2), la Ville ne pouvait acquérir la

(1) Un dessin en couleur fut exécuté de suite, sur place, par M. E. Auger, afin de fixer l'état de la découverte, et ce dessin est exposé au Musée rémois. Le cliché reproduit ici offre le médaillon central; il nous a été procuré par M. Alph. Gosset, qui le tient de M. Normand, architecte à Paris, président de la Société des Amis des Monuments, auquel nous adressons nos vifs sentiments de gratitude.

(2) Nous pouvons citer M. Berlancourt.

mosaïque sans engager une dépense assez importante. L'architecte se trouvait être M. Alph. Gosset, conseiller municipal et membre de l'Académie. Par son entremise, le chiffre de 6,000 francs fut accepté de part et d'autre. Une somme de 4,000 francs fut prise par la Ville sur le crédit d'achat d'objets d'art pour le Musée, et le Conseil municipal vota un crédit spécial de 4,000 francs. Le surplus fut apporté par l'Académie, sur la demande de M. le D' H. Henrot, maire de Reims, et membre de la Compagnie. Dans la séance du 28 novembre 1890, cette somme de 1,000 francs fut imputée pour moitié sur le budget de l'année, et pour l'autre moitié complétée à l'aide de cotisations volontaires des membres titulaires. Cette généreuse contribution fut réunie en quelques jours et versée à la Caisse municipale.

Dans les premiers mois de l'année 1891, le transfert de la mosaïque à l'Hôtel de Ville s'opéra par les soins de M. Giudici, mosaïste à Reims, sous la surveillance de M. E. Brunette, architecte de la Ville et membre de l'Académie. Elle fut installée dans la Salle des Mariages, contre le mur du fond, où les visiteurs viennent nombreux pour l'admirer et l'étudier.