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sur des ruines. Si, pour ache- I
ver de le connaître, nous de-
mandons maintenant ce qu'il
fit pour les finances, pour
l'agriculture, pour le com-
merce, pendant près de vingt
ans qu'il régna, la réponse
sera courte rien. Ces gran-
des vues d'un ministère qui
s'occupe de projets d'huma-
nité et du bonheur des na-
tions, et qui veut tirer le plus
grand parti possible et de la
terre et des hommes, lui
étaient entièrement incon-
nues: il ne paraît pas même
qu'il en eût le talent. Les fi-
nances, sous son règne fu-
rent très-mal administrées.
Après la prise de Corbie, en
1636, on avait à peine de
quoi payer les troupes : il fut
réduit à la miserable ressource
de créer des charges de con-
seiller au parlement. Sous lui,
les provinces furent toujours
trés-foulées d'une main il
abattait les têtes des grands,
et de l'autre il écrasait les
peuples. Presque toutes ses
opérations de finances se ré-
duisirent à des emprunts et
à une multitude prodigieuse
de créations d'offices, espèce
d'opération détestable qui at-
taque les moeurs, l'agricu-
fure, l'indústrie d'une na-
tion et qui d'une richesse
d'un moment fait sortir
une éternelle pauvreté. L'E-
tat, sous Richelieu, paya
communément 80 millions à
ving-tsept livres le marc, c'est-
à-dire, près de 160 millions

Tome VII

d'aujourd'hui. Le clergé qui sous Henri IV donnait avec peine treize cent mille livres, sous les dix dernières années du cardinal paya, année com mune, quatre millions. Enfin, ce ministre endetta le roi de quarante millions de rentes ; et à sa mort, il y avait trois années consommées d'avance. On peut donc lui reprocher d'avoir prodigieusement augmenté cette maladie épidé mique des emprunts qui devient de jour en jour plus mortelle d'avoir donné l'exemple de la multiplicité énorme des impôts; d'avoir aggravé tour-à-tour et la misère par le despotisme, et le despotisme par la misères de n'avoir jamais vu que je ne sais quelle grandeur imaginaire de l'Etat, qui n'est que pour le ministre, et dont le peuple ne jouit point; et d'avoir sacrifié à ce fantome les biens, les trésors, le sang, la paix et la liberté des citoyens. Voilà pourtant l'hom me à qui la poésie et l'élos quence ont prodigué les pané gyriques pendant un siècle. Les lois qu'il a violées, les corps de l'Etat qu'il a opprimés, les parlemens qu'il a persécutés, les peuples qu'il à écrasés, le sang innocent qu'il a versé, la nation entière qu'il a livrée toute enchaînée au pouvoir arbitraire auraient dû s'élever contre ce coupable abus des éloges, et Ivenger la vérité outragée par

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le mensonge. Ce n'est pas
qu'on prétende attaquer ici
les qualités que put avoir ce
ministre; on convient qu'il
eut du courage, un grand
caractère, cette fermeté d'a-
me qui en impose aux faibles,
et des vues politiques sur les
intérêts de l'Europe; mais il
me semble qu'il eut bien plus
de caractère que de génie : il
lui manqua surtout celui qui
est utile aux peuples, et qui,
dans un ministre, est le pre-
mier, s'il n'est le seul. D'ail-
leurs, je cite ici le cardinal
de Richelieu au tribunal de
la justice et de l'humanité; on
les a trop oubliées quand il a
fallu juger des hommes en
place. Il semble qu'il y ait
pour eux une autre morale
que pour le reste des hom-
mes on cherche toujours
s'ils ont été grands, et jamais
s'ils ont été justes; celui-mê-
me qui voit la verité craint
de la dire. L'esprit de servi-
tude et d'oppression semble
errer encore autour de la
tombe des rois et des minis-
tres. Qu'on les adore de leur
vivant, cela est juste; c'est
le contrat éternel du faible
avec le puissant; mais la pos-
térité, sans interét, doit être
sans espérance comme sans
crainte. L'homme esclave
pour
le présent, est du moins
libre pour le passé; il peut
aimer ou hair, approuver ou
flétrir d'après les lois de son
cœur. Malheur au pays où,
après plus de cent ans, il fau-

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drait encore des égards pour
un tombeau ou pour des cen-
dres».

RIGAUD (A. F. )
Les
deux Veuves, comedie en un
acte et en prose, 1799, in-8°.—
L'Inconnu, ou Misantropie et
Repentir, comédie en un
acte et en vers,imité du théâ,
tre allemand de Kotzebue,
1799, in-8°. Molière, avec
ses amis,
ου le souper d'Au-

teuil, comédie en 2 actes
(avec Jacquelin ), 1800,
in-8°.

RIGAUD, médecin, aj. —
Dissertation anatomique,phy-
sique, métaphysique et mé-
dicale sur les affections natu-
relles de l'organe de l'ouïe,
1800, in4°.

nous n'a

RIGOLEY DE JUVIGNY. aj.
Pour donner une idée du ta-
lent de cet ecrivain,
vons cité que le jugement de
Sabathier, Comme l'opinion
de ce critique est loin d'être
impartiale, nous devons lui
opposer les jugemens d'autres
critiques justement célèbres.
« Jamais, dit un homme de
lettre, écrivain n'a montré
plus de passion et d'acharne-
ment pour attaquer les talens
et le génie, que Rigoley-de-
Juvigny, Le nom seul de
Voltaire le mettait en fureur,
S'il ne lui prodiguait pas tou
tes les injures dont Fréron sa
lissait ses feuilles, ce n'était
pas faute d'intention, Ses fa-
meux discours sur la déca-
dence des lettres, sur les cu-
il fau-vres de Piron, sont remplis

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de lieux communs et de capucinades. Il s'érige en champion de la morale et surtout de la religion. Cet apôtre zèlé s'il eût été animé par cette charité qu'il recommande aux autres, n'eût pas donné l'édition des œuvres de Piron qui, à la Métromanie et à quelques pièces de vers près, ne sont qu'un monument élevé à la malignité ». « Tous les honnêtes gens, gens, dit également un autre critique, croyaient Piron un assez bon-homme, quoiqu'en lui attribuaut de la malice dans l'esprit. Des gaîtés, des plaisanteries ne prou. vent pas un mauvais coeur; mais dans le gros recueil que nous devons à Rigoley, l'envie la plus envenimée et la haine la plus aveugle contre Voltaire, se présentent à toutes les pages en prose et en vers détestables. Tout lecteur délicat est blessé de la lâcheté des moyens dont l'auteur ne rougit pas de se servir. On lit au haut d'une page ces propres mots : « Après la dé

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fense de jouer Mahomet » M. de Voltaire s'étant laissé aller à des paroles peu me» surées, fut obligé de s'en» fuir à Bruxelles; sur quoi » je fis l'épigramme suivan»te ». L'epigramme est infâme; mais pouvait-elle l'ètre plus que le titre? Quel sujet d'épigramme que la proscription qui accable un homme de génie ! La rivalité ne doit-elle pas être plus no

ble? Mais aussi Piron n'était pas fait pour être le rival de Voltaire. Sa grande erreur était d'avoir cru l'être, lorsque Gustave parut et réussit à côté de Zaïre. Mais il y avait dès-lors autant de différence entre les deux auteurs, que le temps en a fait voir de puis entre les deux ouvrages. A l'égard de la prose de Rigoley dans le discours préliminaire et dans la vie de Piron, elle est plate, niaise et quelquefois à peine française. Il raconte quelques avantures de Piron assez plaisantes et que tout le monde savait ; mais du ton d'un homme qui dit gravement de petites choses ». Ce jugement porté con

tre Piron et contre son édi

teur, n'est pas exempt de partialité. On se rappelle que Piron a lancé des épigrammes contre beaucoup d'écrivains. Il n'est pas étonnant qu'un auteur blessé par une épigramme ait un peu d'aigreur en parlant d'un auteur qui s'était déclaré son ennemi, et contre son éditeur qui avait conservé soigneusement tout ce qui était sorti de sa plume. Au reste, il n'est pas douteux qu'il n'y ait eu de l'esprit de parti des deux côtés ; mais s'il est ridicule d'avoir fait un grand homme de Rigoley-. de-Juvigny, il l'est également d'en avair voulu faire

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gypte. Description abrégée | des principaux monumens de la Haute-Egypte, 1800, in8°.

1720, après avoir servi en qualité d'officier dans toutes les guerres de la succession. Ce ne fut qu'à l'âge de 20 ans que Rivarol vint à Paris. Il avait une taille avantageuse, une figure noble et agréable; c'était un des hommes qui parlait dans les sociétés avec le plus de facilité et d'esprit. Aussi, toutes les fois qu'on savait qu'il dînait dans une maison, on cherchait à s'y faire inviter pour jouir de sa conversation brillante. Quoique dans les premières années de son séjour dans la capitale, la vie qu'il y menait parût frivole, il n'en culti

RIPIER (Michel) né au Mans, avocat au parlement de Paris, est auteur d'une préface historique pour servir à la conference de la coutume du Maine avec celle de Paris. Paris, 1702, in-4°, RIPPERT. Dictionnaire raisonné des droits d'enregis trement, timbre, patentes, messageries et amendes, d'après les lois des premier et 13 brumaire et 22 frimaire au 7, avec les principes des droits d'après la nouvelle jurisprudence, 1799, in-8°.—vait pas moins les lettres avec Répertoire domanial, ou recueil de décisions rendues par le ministre des finances et la régie, etc. 1799, in-8°. Code forestier, 1800, in-midi. Il avait pour principe

la plus grande activité. C'éfait la nuit surtout qu'il aimait à travailler; aussi, ne se levait-il jamais qu'après

qu'un jeune homme qui se sent des talens doit commencer par bien approfondir sa langue avant que de se livrer au public; qu'il doit d'abord beaucoup écrire pour luimême avant que d'écrire pour

8°. RIVALLIERE (la) Idées offertes à la méditation du sage et de ceux qui peuvent les utiliser, ou troisième chapitre d'un ouvrage, qui a pour but l'affermissement des nouvelles républiques, 1799, in-les autres, et qu'il faut pa

8°.

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raître daus la littérature avec un style tout formé, et com. me il le disait lui-même, se montrer comme Minerve sortant de la tête de Jupiter ar

RIVAROL. aj. Mort en Prusse dans une maison de campagne près de Berlin, le 13 a 3 avril 1801, à l'âge de 47 ans. Son père qui était très-mée de toutes pièces. C'est instruit avait fait son éducation. Son grand père, issu d'une maison très-ancienne et très-connue, s'était établi dans le Bas-Languedoc, en

ce qui lui fit entreprendre la traduction de l'Enfer du Dante, travail qu'il comparait à celui que font les jeunes artistes d'après les cartons de Michel

eût éprouvées, Rivarol se retira à Hambourg, où il s'occupa d'un nouveau dictionnaire de la langue française. Quelques démêlés qu'il eut avec son libraire à Hambourg le déterminèrent à partir pour Berlin vers la fin de l'an 1800. Il y fut accueilli de la ma

Ange. Après avoir fini cette | politique des travaux de l'Astraduction, il la retoucha, la semblée constituante. Pour corrigea long-temps et la don-éviter les persécutions qu'il na au public en 1784. C'est son premier ouvrage. Buffon disait que cette traduction était une création perpétuelle, et que la langue française y était maniée avec une haute supériorité. Rivarol avait connu ce grand homme, et il avait créé pour lui cette expression: la solemnité de sonnière la plus distinguée et la style, quoique d'ailleurs il n'approuvât pas sa physique et ses systêmes. Le Discours sur l'universalité de la langue française, qui fut couronné par l'Académie de Berlin, parut immédiatement après la traduction de l'Enfer du Dante. C'est cet ouvrage qui fit la réputation de Rivarol; l'éclat du style, la force, la clarté, la finesse et la profondeur des idées, tout s'y trouve réuni à un degré supérieur. Ce discours a eu trois éditions, et il s'en prépare nue quatrième. Lorsque la révolution éclata, Rivarol se jetta franchement dans le par-jour. Il voulut que sa chamti de la cour, et écrivit avec bre fût tapissée de fleurs, et fureur en faveur de son opi- que ses fenêtres restassent ounion dans un journal qui por- vertes; on lui obéit. Il avait tait le nom d'abord de Saba-pour médecin celui de la tier de Castres, et ensuite de reine, M. Formiez. Il lui diSalomon de Cambray, il pré-sait un jour, dans le fort de vit les excès de la révolution sa maladie Croyez-vous avec une assurance remarqua- docteur, que j'aie long-temps ble. Les résumés politiques de à vivre? Monsieur, il y a ce journal ont été réimprimés beaucoup d'espoir, vous êtes à Paris, en 1797, sous le ti-si bien constitué : la nature tre de Tableau historique et aidée des remèdes, agira puis

plus honorable, quoiqu'il
n'eût pas l'intention de se
fixer dans cette ville. Legrand
monde l'avait un peu dis-
trait de ses occupations; mais
ilcomptait se retirer à la cam-
pagne, et y achever tous les
ouvrages qu'il avait commen
cés. Il fut attaqué le 6 avril
d'une fluxion de poitrine à
laquelle se joignit une fièvre
putride; il en mourut le 13
du même mois. Dès qu'il se
sentit malade, il pria une
princesse russe
qui était
son amie particulière, de le
faire transporter à la campa-
gne, et cela fut fait le même

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