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J.

DE LOUIS DOUZE,

ROI DE FRANCE,

SURNOMMÉ PÈRE DU PEUPLE.

Nec magis sine illo nos esse felices quàm ille sine nobis potuit.

PLINE, PANEG. DE TRAJAN.

AVANT-PROPOS.

CET ouvrage fut envoyé au concours de l'académie française en 1785. Le prix ne fut poin donné. L'académie, en m'honorant d'une mention, blama la forme que j'avais adoptée. Je respectai d'autant plus cet arrêt, que mes juges avaient daigné quelquefois être plus indulgens pour moi. Cette indulgence m'avait encouragé, leur sévérité m'éclairait; toutes deux étaient des bienfaits.

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Ce qu'il y avait de plus malheureux pour moi, c'est que ce n'était pas faute de réflexions que j'avais choisi cette forme que l'on me reprochait. J'avais lu bien attentivement toutes les histoires de Louis XII; et je m'étais dit après les avoir lues : « Quatre choses doivent << faire le fonds de l'éloge de Louis XII : sa clé<< mence envers ceux qui avaient été ses en<< nemis; sa législation, qui rendit la France << heureuse malgré les revers qu'il éprouva; sa << bravoure et ses talens guerriers, qui étaient << le premier mérite de son siècle; et l'amour «<extrême qu'il sut inspirer à son peuple. Mais,

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en admirant, en adorant ses qualités, je ne « dois point passer sous silence ses fautes en politique, comme le traité de Blois, la li«gue de Cambrai, etc., qui firent de son règne une longue chaîne d'infortunes; ni « les erreurs de sa jeunesse, comme sa révolte << contre Charles VIII, et son divorce avec sa

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première épouse, qui tachèrent presque << toute sa vie. Il faut donc louer ses vertus << sans déguiser ses défauts, et me montrer à « la fois historien et panégyriste.

Une fois ce plan bien ou mal conçu, je crus ne pouvoir mieux faire louer sa clémence que par La Trimouille qui l'avait éprouvée; sa législation, que par son garde des sceaux Poncher; sa valeur, que par Bayard; et j'osai conduire son peuple jusques à son lit de mort, pour donner une image forte et touchante de l'amour si tendre et si vrai que ce peuple portait à son roi. Quant aux fautes de mon héros, je voulus, pour les affaiblir, en mettre l'aveu dans sa propre bouche; je voulus qu'il s'en accusât lui-même, afin qu'on les excusât davantage; et je pensai que le moyen de rendre ses erreurs pardonnables, était qu'il ne voulût pas se les pardonner.

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Je me suis trompé sans doute; j'ai mal loué Louis XII mais enfin j'ai parlé de lui, et son nom seul doit rendre mon ouvrage intéressant pour tout lecteur sensible et français.

ÉLOGE

DE LOUIS DOUZE,

PÈRE DU PEUPLE.

LOUIS XII, après dix-sept ans de règne, au moment où son hymen avec Marie d'Angleterre lui donnait un allié puissant, et déconcertait les mesures de ses ennemis, Louis XII fut atteint de la maladie dont il mourut. Il n'avait que cinquante-trois ans ; mais ses campagnes, et surtout le chagrin, l'avaient plus vieilli q son âge. Né avec un cœur tendre, que le malheur n'avait pas endurci, veuf d'Anne de Bretagne qu'il avait adorée, il s'enflamma trop aisément pour une épouse jeune et belle. Cet amour lui coûta la vie, et à la France sa félicité.

que

Les prières, les larmes de tout un peuple, ne purent sauver Louis. Il sentit approcher sa dernière heure, et voulut encore qu'elle fût utile. Il fit appeler le jeune François, son gendre et son successeur; et ne retenant avec lui que le brave La Trimouille, le garde des sceaux Poncher, et Bayard le chevalier sans

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