VERS ADRESSES A MA FILLE MARIE, LA VEILLE DE SA PREMIÈRE COMMUNION. PAR M. E. LEROY DE CHAVIGNY, MEMBRE CORRESPONDANT. Ma fille, c'est demain que le Sauveur du monde Ma fille, comprends-tu le dévouement sublime Souviens toi de la croix qui reçut son martyre! Eh bien! c'est toujours lui, mourant sur le calvaire; Ma fille, tu le sais, pour s'asseoir à sa table, Reçois-le sans trembler: si sa toute-puissance Pour ne point effrayer les yeux de ton enfance, Demain, lorsqu'il viendra te choisir pour demeure, Dis-lui mon doux Jésus, gardez-moi toujours pure; Dis-lui: Enfant, si tu savais, toi si petite encore, Les messagers divins qui, sur leurs blanches ailes, Seront jaloux de ton bonheur ! Tu sais que les enfants, dans les bras de leurs pères, Vont chercher le pardon de leurs fautes légères, En posant un baiser sur ta tête si chère, Aussi, combien demain j'aurai l'âme ravie, De cette table sainte où je trouvai la vie, Lorsque j'étais petit enfant. Combien de souvenirs de ma douce jeunesse, Demande... pourrait-il repousser ta prière, Demande qu'il te garde, au début du voyage; Que tu puisses souvent, comme dans ton jeune àge, Que sévère à toi-même, aux autres indulgente, Demande des secours, une santé meilleure Mon enfant, tu counais ma pieuse tendresse, Ils m'ont donné la vie, ils protégent la tienne. Demande, pour ta mère, une douce existence, Un peu moins de souffrance, un peu plus de bonheur. Elle a, bien jeune encor, dirigé ton enfance, Que ton cœur ressemble à son cœur ! Demande pour ta sœur, ta compagne fidèle, Ma fille, je connais ton amour pour ton père ! Mais il est déjà tard, et de ses blanches ailes Château du Riau, 15 juillet 1855. E. LEROY DE CHAVIGNY. NOTE Sur les planches jointes à ce numéro. Nous donnons avec ce numéro deux planches importantes, dues toutes les deux à des enfants du Bourbonnais, élèves l'un et l'autre de notre école communale de Dessin. L'une est le portrait de Péron, lithographié par M. Champagnat, d'après le dessin original de Lesueur, dont le nom doit toujours se retrouver à côté de celui de son ami. Ce portrait a été lithographié pour être joint à l'Éloge de notre illustre compatriote, par M. Girard, ouvrage que la Société vient de publier, après lui avoir décerné une médaille d'or en 1854. L'autre est un frontispice sur lequel nous devons donner quelques explications : L'année dernière, sur la présentation de la Société d'Émulation, le Conseil général décerna le prix légué par le major Robichon à un jeune graveur sur bois qui a déjà conquis un rang honorable parmi les artistes. M. Pierdon a voulu témoigner sa reconnaissance à la Société et au Conseil général, et il a eu recours au crayon de son maître, notre honorable collègue, M. Tudot, dont le zèle et le talent sont toujours à la disposition de ses anciens élèves, aussi bien que de notre compagnie. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer à nos lecteurs bourbonnais tout ce qu'il y a d'ingénieux dans cette composition. Les principaux monuments de notre cité, la porte de Paris, le vieux beffroi de la bourgeoisie à côté du dernier reste du château de nos ducs, enfin la Cathédrale avec ses tours en espérance, servent de cadre et de fond à |