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VERS ADRESSES A MA FILLE MARIE,

LA VEILLE DE SA PREMIÈRE COMMUNION.

PAR M. E. LEROY DE CHAVIGNY, MEMBRE CORRESPONDANT.

Ma fille, c'est demain que le Sauveur du monde
Viendra te convier à son banquet d'amour.
Livre ton âme entière au bonheur qui l'inonde:
Demain sera ton plus beau jour.

Ma fille, comprends-tu le dévouement sublime
De cet Agneau divin, l'attente d'Israël,
Qui donne encor son sang, innocente victime,
Au sacrifice de l'autel !

Souviens toi de la croix qui reçut son martyre!
Souviens-toi de son cœur par la lance percé !
Tu sais comme il souffrait, quand il se prit à dire :
Mon Dieu, m'avez-vous délaissé ?

Eh bien! c'est toujours lui, mourant sur le calvaire;
Sur son front brûle encor le baiser de Judas.
Reconnais l'homme Dieu sous le pain du mystère,
C'est Jésus qui t'ouvre ses bras.

Ma fille, tu le sais, pour s'asseoir à sa table,
L'homme doit être pur comme le lys des champs;
Mais il est le Dieu bon, qui pardonne au coupable,
Surtout aux petits enfants!

Reçois-le sans trembler: si sa toute-puissance
Alarme ton esprit, ne vois que sa bonté.

Pour ne point effrayer les yeux de ton enfance,
Il a voilé sa majesté.

Demain, lorsqu'il viendra te choisir pour demeure,
Dis-lui : : mon doux Jésus, restez toujours en moi !
Je veux tant vous aimer........ jusqu'à ma dernière heure,
Soyez mon amour et ma foi !

Dis-lui mon doux Jésus, gardez-moi toujours pure;
Donnez-moi seulement ce qui plait à vos yeux,
Vous qui donnez aux fleurs leur plus belle parure,
Vous qui donnez l'éclat aux cieux.

Dis-lui:
: pour vos bienfaits, comment vous rendre hommage?
Moi je n'ai que mon cœur, et je viens vous l'offrir,
Et, plutôt que d'y voir effacer votre image,
J'aimerais mieux, cent fois, mourir.

Enfant, si tu savais, toi si petite encore,
Combien tu seras grande, aux yeux de notre foi,
Lorsque le roi des rois que l'univers adore,
Demain, reposera dans toi!

Les messagers divins qui, sur leurs blanches ailes,
Portent, dans les cieux bleus, les ordres du Seigneur;
Les chérubins témoins des fêtes immortelles

Seront jaloux de ton bonheur !

Tu sais que les enfants, dans les bras de leurs pères,
Asile inviolable ouvert à leur amour,

Vont chercher le pardon de leurs fautes légères,
Quand vient la veille du beau jour.

En posant un baiser sur ta tête si chère,
Alors, je le dirai, des larmes dans mes yeux :
O ma fille! c'est toi qui dois bénir ton père :
Ton nom est écrit dans les cieux.

Aussi, combien demain j'aurai l'âme ravie,
Ma fille, en te voyant t'approcher, en tremblant,

De cette table sainte où je trouvai la vie,

Lorsque j'étais petit enfant.

Combien de souvenirs de ma douce jeunesse,
Et combien de regrets de mon indignité !
Enfant, demande à Dieu de rendre à ma vieillesse,
Le bonheur que j'avais goûté.

Demande... pourrait-il repousser ta prière,
Ce Diea qui, sur l'autel, se donne tout entier ?
Rends amour pour amour : donne-toi tout entière.
Tu ne saurais mieux le prier.

Demande qu'il te garde, au début du voyage;
Qu'il écarte de toi la pierre du chemin !

Que tu puisses souvent, comme dans ton jeune àge,
Prendre part au banquet divin!

Que sévère à toi-même, aux autres indulgente,
Tu pratiques le bien, tu pardonnes le mal.
Que ta main soit toujours discrète et bienfaisante,
Que ton cœur soit toujours égal!

Demande des secours, une santé meilleure
Pour le pauvre chrétien qui gémit ici bas.
Ne te détourne pas du malheureux qui pleure:
C'est ton frère, tends-lui les bras.

Mon enfant, tu counais ma pieuse tendresse,
Pour mes parents chéris qui sont aussi les tiens;
Demande à Dieu, pour eux, une longue vieillesse,
Qu'il leur accorde tous ses biens.

Ils m'ont donné la vie, ils protégent la tienne.
Rends-leur les tendres soins dont ils m'ont entouré;
Si je meurs avant eux, que ta main les soutienne;
Que ce devoir te soit sacré !

Demande, pour ta mère, une douce existence,

Un peu moins de souffrance, un peu plus de bonheur. Elle a, bien jeune encor, dirigé ton enfance,

Que ton cœur ressemble à son cœur !

Demande pour ta sœur, ta compagne fidèle,
Qu'elle garde son cœur aussi pur que ses yeux !
Qu'elle puisse bientôt te prendre pour modèle
Et se nourrir du pain des cieux.

Ma fille, je connais ton amour pour ton père !
Demain, tu prieras Dieu qu'il prolonge mes ans.
Si je suis désireux de rester sur la terre !
Enfant, c'est pour t'aimer longtemps!

Mais il est déjà tard, et de ses blanches ailes
Ton bon ange gardien abaisse le manteau.
Va rêver au bonheur des rives immortelles,
En attendant un jour si beau.

Château du Riau, 15 juillet 1855.

E. LEROY DE CHAVIGNY.

NOTE

Sur les planches jointes à ce numéro.

Nous donnons avec ce numéro deux planches importantes, dues toutes les deux à des enfants du Bourbonnais, élèves l'un et l'autre de notre école communale de Dessin.

L'une est le portrait de Péron, lithographié par M. Champagnat, d'après le dessin original de Lesueur, dont le nom doit toujours se retrouver à côté de celui de son ami. Ce portrait a été lithographié pour être joint à l'Éloge de notre illustre compatriote, par M. Girard, ouvrage que la Société vient de publier, après lui avoir décerné une médaille d'or en 1854.

L'autre est un frontispice sur lequel nous devons donner quelques explications :

L'année dernière, sur la présentation de la Société d'Émulation, le Conseil général décerna le prix légué par le major Robichon à un jeune graveur sur bois qui a déjà conquis un rang honorable parmi les artistes. M. Pierdon a voulu témoigner sa reconnaissance à la Société et au Conseil général, et il a eu recours au crayon de son maître, notre honorable collègue, M. Tudot, dont le zèle et le talent sont toujours à la disposition de ses anciens élèves, aussi bien que de notre compagnie. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer à nos lecteurs bourbonnais tout ce qu'il y a d'ingénieux dans cette composition. Les principaux monuments de notre cité, la porte de Paris, le vieux beffroi de la bourgeoisie à côté du dernier reste du château de nos ducs, enfin la Cathédrale avec ses tours en espérance, servent de cadre et de fond à

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