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ÉPILOGUE

DE LA DEUXIÈME PARTIE.

I.

« Il ne faut pas que la guerre éclate parmi ceux qui

« doivent enseigner à vivre en paix. »

(DROZ, Philosophie morale, chap. 1x.)

172. Foi au devoir : apparaît dans tous les systèmes philosophiques autres que les systèmes rejetés dans les cinq livres précédents.

172. Nous avons épuisé la liste des négations qu'il faut écarter pour constituer la foi au devoir.-Tous les systèmes philosophiques, quels qu'ils soient, dès qu'ils se relèvent de ces diverses négations, ne contiennent rien de contraire à cette foi.-Disons-mieux, ils s'appuient sur elle. Nous les verrons même plus loin, unanimes sur la formule générale du devoir écrite au fond de toutes les consciences, admettre le même principe du juste, et ne se séparer que dans les commentaires de la formule mise en application.

En conséquence, lecteur, comprenez bien en ce moment la limite de notre intolérance et de notre tolérance scientifiques. Que notre loyale déclaration

vous fasse prendre parti sur l'abandon ou sur la continuation de cette lecture.

Arrière, vous dont l'âme est attristée par les désolantes doctrines réfutées dans notre deuxième partie! Ce traité, œuvre de foi, ne vous est pas destiné ! Voilà l'arrêt de notre intolérance! le seul qui se trouvera sous notre plume. Nous regrettons de l'écrire, mais il est forcé. Scaliger nous en donne les considérants « Omnis non solum cessatio ignavia est, « sed etiam quærendi defatigatio existimari debet « turpissima, ubi id quod quæritur est pulcherri

« mum! »

Mais vous qui méditez et espérez, qui vous proposez un but quelconque, vous êtes nos frères en science. Avec vous nous aurons à discuter des systèmes sur les objets du devoir, mais vous n'élevez nulle question préalable contre son existence. Aussi, que votre nom soit Épicuriens ou ascètes, stoïciens ou Fouriéristes, Benthamistes ou mystiques, matérialistes ou spiritualistes, sages d'Athènes ou Pères de l'Église, qui que vous soyez, raisonneurs honnêtes, nous vous écoutons tous et nous parlons à tous. Certes le choix entre vos doctrines ne nous sera pas sera pas indifférent! Nous saurons le faire avec fermeté. Mais nous n'en éconduirons aucune par une dédaigneuse fin de nonrecevoir. Heureux quand, sous quelque ruine dédaignée, nous retrouverons un trésor oublié qu'avait amassé la pensée humaine! Plein de joie, chaque fois qu'en cherchant la science de rendre à chacun ce qui lui est dû, nous commencerons par rendre ce qui est dû aux amis de la vérité qui nous ont précédé!

Le cœur, autant que la logique, repousse les rivalités enfantées par l'orgueil entre les hommes qui s'occupent des mêmes études. «J'ai seul trouvé ce

qui est; tous les autres n'ont enseigné que l'er« reur............... » Voilà ce que se dit tel penseur amoureux de ce qu'il a produit1. Hélas! bien faible est souvent la différence entre l'œuvre dans laquelle il se complait et les œuvres que son dédain méprise. Plaignons-le ! Quoi de plus doux pour l'homme éclairé que cette charité de l'intelligence, bien plus désireuse de trouver la douceur de l'accord que le triomphe de la vanité? Et d'ailleurs qui peut se flatter de prononcer le dernier mot de la science? Tout travail de l'homme peut-il être autre chose qu'un résultat provisoire attendant son complément du travail de demain 2? Eh bien! que ceux qui demain nous combattront imitent la courtoisie de nos débats avec ceux que nous combattons aujourd'hui! Loin d'eux et loin de nous ces accents de dédain ou de colère que n'évitent pas toujours les philosophes 3!

Sous le bénéfice de ces observations, voyons ce qu'il nous reste à faire.

1 «En général, les mots : Cela est évident, cela est absurde, sont des « mots d'écoliers. »

(DROZ, Philosophie morale, chap. VII.

l'Académie française).

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Ouvrage couronné par

2 « Un système est un voyage au pays de la vérité. Tous les voyageurs « s'égarent, et tous découvrent quelque chose. »>

(DE BONALD, Dissertation sur la pensée de l'homme.)

3 Nous regrettons de voir M. Jules Simon céder à une indignation généreuse, mais irréfléchie, et, suivant nous, parfois injuste, en signalant entre certains adversaires et lui un abîme, là où souvent existe à peine une nuance légère d'opinions.

II.

« Deux choses instruisent l'homme de toute sa nature:

« l'instinct et l'expérience. »

D

(PASCAL, Pensées.)

173. Indication de l'objet des deux parties suivantes.

173. Nous procédons lentement, lecteur, mais sûrement.

Notre première partie nous a montré l'idée du devoir. Dans notre seconde partie, nous avons donné corps à l'idée en démontrant l'existence du devoir par de nombreux actes de foi, savoir : foi à l'intelligence, à Dieu, à la distinction du moi et du monde extérieur, à la liberté, enfin à une direction réfléchie que cette liberté doit recevoir de l'intelligence. - Par l'emploi de ces cinq postulats, le devoir se place résolument devant notre conviction comme une réalité à étudier.

Il faut maintenant décrire cette réalité.

Nous intitulons Conscience du devoir notre troisième partie, consacrée à décrire la nature, le premier principe et le mode d'action du devoir, révélés directement par le sens intime.

Nous intitulons Science du devoir notre quatrième partie, consacrée à analyser l'objet du devoir, cherché par le travail de toutes les facultés de l'intelligence, par l'emploi de tous les moyens de connaître.

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