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Article deuxième (premier extrait.)

Nous allons d'abord recueillir quelques-unes des notions que nous donne Fauteur sur Odessa, tant parce que c'est principalement de son port que nous avons tiré les blés étrangers dont l'importation nous a été si utile dans la disette dont nous fumes affligés en 1817, que parce que c'est à l'un de nos ministres (M. le duc de Richelien) qu'Odessa doit en grande partie l'état dorisrissant où est maintenant cette nouvelle ville de la Bessarabie.

Cette ville est située sur la rive droite du Nieper, entre le Bog et le Niester, à l'est d'Ozakow, à neuf lieues de ce port et à quarante-cinq lieues de celui de Cherson. (*) Odessa cessera d'être considérée comme une rade, et son port sera très-sûr, lorsque les ouvrages importans qu'on y a commencés, et qui sont tres-avancés, auront mis les navires à l'abri des vents d'est; qu'ils lui auront procuré en hiver, au moyen d'une jetée, toute la sûreté dont il est susceptible; qu'enfin on sera parvenu à le dégager des sables qu'y entrainent

(*) Le port de cette dernière ville est aussi d'une grande importance. Ses exportations consistent en chanvre, suif, blés, seigle, mats, bois de chêne et d'orme, merrains, cire, soie de porc, laines, toile à voiles, boeuf salé, crin de cheval, lin, graine de lin, tabac, duvet, fourrures, peaux de lièvres, nattes, fer, potasse, peaux de bœufs, de vaches et de veaux non préparées, cuirs rouges et noirs, etc. Ce port aurait acquis une bien plus grande importance encore, si Catherine II lui eût accordé la franchise; mais le systême des finances de son Empire dont les douanes sont une branche principale, s'y oppose vraisemblablement.

annuellement les eaux du Niester. On assure qu'il peut contenir au-delà de six cents bâtimens marchands Les grands froids de 1803 l'avaient gelé.

Le climat d'Odessa est vif, l'air y est très-sain. Son port est protégé par une citadelle: il est situé dans une anse dominée par une hauteur où est båtie la ville qui, de ce côté, offre l'aspect d'un amphithéâtre. Cette ville est très-bien percée les rues en sont larges et longues; mais, comme elle ne sont point pavées, et qu'il y passe journellement un grand nombre de chariots, la poussière en été et la boue en hiver, les rendent fort in commodes. Leur pavage peut seul faire cesser ce fâcheux état aussi attend-on impatiemment l'arrivée des gès pour le transport desquels ont été expédiés, par ordre de l'Empereur, des bâtimens dans la Tauride (l'ancienne Crimée.) La population d'Odessa et des villages voisins est évaluée à environ soixante mille âmes; elle se compose d'indigènes, de Polonais, de colonies d'Allemands et de Bulgares, de Tartares nogaïs, d'anciens habitans de la Crimée, de Cosaques, de Grecs, de Juifs et d'Arméniens sujets du Grand Seigneur, enfin de divers capitalistes et commerçans de la Russie et de l'étranger: aussi parle-t-on à Odessa toutes sortes de langues. Odessa est heureusement située pour le commerce de la Bessarabie, pour celui des Palatinats de Breslaw, de la Podolie, de la Volhinie, et autres pays échus à la Russie par les trois partages de la Pologne. Plusieurs des pays passés sous la domination de l'Antriche et de la Prusse peuvent s'y procurer des marchandises étrangères et donner leurs productions en échange; mais, pour que ces rapports acquièrent plus de consistance et plus d'étendue, il faut que le régime d'administration de ces deux puissances y concoure et seconde les dispositions du gouvernement de la Russie. (*) L'empereur Alexandre, par

(*) L'auteur aurait pu observer qu'au

plusieurs ukases dont l'auteur rapporte les dispositions, a pris plusieurs mesures pour hâter le progrès du commerce d'Odessa.

Le commerce manquait, à Odessa, 'd'espèces de cuivre; il s'y était établi un agiotage dans leur échange contre des assignations: l'Empereur y a établi une banque pour donner, au pair, de la monnaie de cuivre au porteur de ce pa pier-monnaie.

Pour fournir à la ville les moyens de subvenir aux dépenses que lui occasionnent les travaux qui se font au lazaret et au port, l'Empereur a accordé à cette ville, entre autres immunités et priviléges, celui d'affermer à son profit la vente des eaux-de-vie et de retirer de la douane le dixième des droits qui y sont perçus. Ce prince, én désignant Odessa pour l'un des quatre ports principaux de la mer Noire, avait nommé pour son gouverneur civil et militaire M. le duc de Richelieu; il l'avait rendu indépendant dans ses fonctions, de sorte que ce gouverneur ne rendait compte qu'aux ministres de J'Empereur à Pétersbourg. Les étrangers qui affluent à Odessa ont toujours éprouvé, de la part de M. le duc de Richelieu, bienfaisance et protection.

Le blé de la Pologne forme l'une des principales branches du commerce d'Odessa un grand nombre de bâtimens en partent tous les ans chargés de cette denrée; il y en a de deux qualités, le blé dur et le blé tendre; ce dernier est difficile à conserver dans la traversée; l'auteur croit, d'ailleurs, qu'on ne

moyen de la cession de la plus grande partie de la Pologne prussienne, faite à la Russie par le dernier traité de paix, ce régime d'administration, quant à l'ancienne Pologne prussienne, pour la plus grande partie, est à la disposition de la Russie.

le soigne pas assez dans les magasins d'Odessa. Le journal anglais the Statesman annonce à ce sujet une découverte bien précieuse propre à remédier à cet incon. riore en aucune manière le blé qu'on y vénient: c'est une méthode qui ne détésoumet. Pendant le séchage le blé est remué au moyen d'une machine. Après cette opération, le beau froment de la Odessa peut être expédié pour les pays Pologne méridionale qu'on rembarque à les plus lointains, sans crainte qu'il ne s'échauffe pendant le voyage. Le mouvement que lui communique la machine lui donne un aspect brillant et un air de propreté qui doivent lui assurer la préférence dans tous les marchés. Les livraisons de blé du cru de la Pologne s'effectuent depuis le mois de mai jusqu'en août : il est arrivé quelquefois à Odessa, en un seul jour, cinq cents, sept cents et jusqu'à mille chariots traînés par des bœufs : il vient aussi du blé de Cherson à Odessa. Constantinople reçoit de cette dernière ville beaucoup de productions de la Russie: son port sert d'entrepôt aux blés expédiés de cette ville russe pour y être vendus: leur transbordement et leur opération s'y opèrent sans entraves; mais il ne peut y être débarqué que pour la consommation locale. Les blés qui arrivent le sont sans inconvéniens et sans frais à à Constantinople, à l'effet d'y être livrés, des négocians étrangers.

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qui jaillissait à une petite distance de la ville et était susceptible de s'élever à plus de quarante toises au-dessus de son niveau. Cette source sert en même temps à alimenter plusieurs fontaines répandues dans la ville. Pour suppléer à la disette du bois à brûler qui est très-cher, on emploie une herbe très-forte nommée bouriane et des bouses de vache sé chées; mais comme ces combustibles étaient insuffisans, on fait venir de

Cherson des rondins et des tronçons de différentes espèces de bois. Il n'a encore été importé de la Pologne à Odessa, sur des chariots, et de la Russie par Cherson, sur des alléges, que de petites quantités de suif, de chanvre, de lin, de cire, de laine, de potasse, de peaux de lièvres et d'autres articles, de sorte que l'exportation de ces productions ne forme pas un grand objet de com

merce.

TROISIÈME CLASSE.

STATISTIQUE.

Analyse statistique des Etats-Unis. Par Adam Feysart, membre de la Chambre des représentans des Etats-Unis pour la ville de Philadelphie. Traduit par G.N. Scheffer. 1 vol. in-8. Brissot-Thivars. 6 fr.

Londres en 1819. (Voyez, pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le précédent cahier de ce journal 1820.)

Article deuxième.

L'Angleterre, observe l'auteur, est peut-être le seul pays de l'Europe où une fable d'une absurdité monstrueuse, d'une impiété révoltante, puisse trouver des partisans dans le siècle où nous vivons. Et pourquoi ? Parce que c'est le pays où l'on trouve le plus de fanatisme et de superstition; parce que c'est là qu'on voit des gens qui, sans cesse occupés à méditer sur la Bible, voulant

expliquer des prophètes qu'ils ne peuvent pas comprendre, cherchent la vérité, non dans l'humilité du cœur, mais dans l'orgueil de l'esprit, se jettent dans un labyrinthe dans lequel leur imagination s'égare et leur raison se confond. Croirait-on qu'au moment actuel il existe à Londres un docteur en théologie, ayant passé toute sa vie à méditer les prophètes de l'Ancien-Testament, qui prétend y avoir découvert une prophétie qui annonce qu'il y aura l'année prochaine une révolution épouvantable en Angleterre ?

On sait, dit l'auteur, combien la société des amis des noirs, l'institution africaine, ont jeté de cris sur les tourmens endurés par les pauvres esclaves à épiderme noire, sur les vaisseaux négriers qui les transportaieut d'Afrique dans les colonies européennes : ils ont eu raison, sans doute; mais comment se fait-il que ces mêmes anglais, si compatissans pour les Africains, aient si peu d'entrailles pour leurs propres concitoyens; que les condamnés à la déportation soient conduits à Botany-Bay dans des bâtimens de transport à bord

desquels ils souffrent au moins les
mêmes maux auxquels on se plaignait
tant que les exclaves noirs fussent exposés
sur les vaisseaux négriers? Mais, dira t on,
ceux-ci étaient innocens, et ceux-là sont
coupables. L'auteur répond d'abord que
parmi les esclaves noirs il se trouvait
des condamnés, par les lois de leur pays,
à être vendus; ensuite, que parmi les
déportés anglais, il s'en trouve dont le
crime est graciable anx yeux de l'hu-
manité, celui, par exemple, dont est
coupable un malheureux braconnier; en-
fin, quel que soit la cause de leur con-
damnation, on ne doit pas en augmen-
ter la rigueur, en les exposant à périr
de misère dans le cours de la traversée.
En vain un membre du parlement
M. Bennet, dans la séance du 25 javier
1819, annonça à la chambre des com-
munes qu'il avait visité le bâtiment de
transport, le Baring, prêt à partir pour
Botany-Bay avec une cargaison de deux
à trois cents déportés; qu'il avait vu
vingt hommes placés à fond de cale dans
un espace qu'il avait visité lui-même et
qui n'avait pas douze pieds carrés (le
pied anglais est plus petit d'environ un
pouce que celui de France); que les
malheureux enfermés dans cette prison
flottante passaient la nuit dans des trous
de six pieds et demi de largeur sur cinq
et demi de longueur, et où six individus
étaient entassés ensemble; que partout
il n'avait vu que maladie et malpro-
preté en vain ajouta-t-il que sur les
bâtimens négriers on accordaît un pied et
demi d'espace à chaque esclave, tandis
qu'on n'en donnait qu'un aux déportés ;
que la Sally, partie en 1818 avec deux
cents condamnés, en avait perdu qua-
rante dans la traversée. Que répondit-
on à ces faits positifs? Un honorable
membre dit que le Baring avait été
équippé comme les autres bâtimens des-
tinés au transport des condamnés à la
déportation, ce qui ne prouvait assuré-
ment pas qu'ils fussent traités comme ils
devaient l'être, mais seulement que l'a
bus étant général, il n'en sollicitait que

plus vivement une réforme. Un autre membre dit froidement qu'on ne peut pas voyager sur mer sans être exposé à quelques inconvéniens. Un troisième allégua que les soldats n'étaient pas mieux traités sur les vaisseaux de ligne, et qu'ils n'y ont que dix pouces par homme Pitoyable raisonnement! car, si l'allégation était fondée, certes un abus ne pouvait pas servir à en justifier un autre. Que devint, au reste, la dénonciation de M. Bennet? Tout se passa en conversation: le Baring mit à la voile, et les déportés, dit l'auteur, devinrent ce qu'il plut à Dieu.

Nous passons d'un sujet si sérieux à l'observation qu'il a faite d'un ridicule relatif à l'un des acteurs les plus renommés des théâtres de Londres : c'est Kean, acteur de Drury-Lane, qui à Londres a des partisans aussi formés que quelques-uns de ceux de Talma à Paris : on pourra en juger par le morceau suivant, traduit littéralement d'une notice mise au bas d'une affiche de Drury-Lane, du mois de mars 1819.

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« Quelques grands, quelques trans«cendans qu'aient été les succès de « M. Kean, dans les rôles qu'il a déjà a joués en grand maître, la manière « puissante et étonnamment sublime « dont il a rendu le Nain de Naples, « samedi soir, a absolument surpris et « enchanté l'auditoire; et quoiqu'il fût « presque épuisé par les efforts prodigieux qu'avait exigés son rôle, tous les « spectateurs, sans exception, l'appelèrent à haute voix, pour qu'il vînt « recevoir les torrens d'applaudissemens dont ils jugeaient convenable d'honoa rer cette vaste addition à sa renom« mée. » (*)

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a

(*) L'auteur observe qu'il faut que Kean soit bien possédé du démon de la superbe, démon familier des comédiens, il est vrai, pour avoir souffert une pa

En parlant de l'exposition des tableaux de l'école anglaise qui a lieu tous les ans, et particulièrement de celle de 1819, l'auteur remarque que sur onze cent dix huit tableaux qui y furent exposés dans les salles de Somerset-House, il se trouva, dans cette année, six cent vingt six portraits, cent soixante morceaux appartenants à l'architecture; le reste était composé de paysages, de tableaux de genro, de quelques sujets d'histoire naturelle : : et les tableaux d'histoire, dirat-on, ne s'en trouvait-il donc aucun? Si vraiment, répond assez malicieusement l'auteur, il en est jusqu'à vingt-cinq que l'on pourrait citer, si l'on voulait donner ce nom à des tableaux qui n'ont pas plus d'un pied de long et dont les figures n'ont pas plus d'un pouce de hauteur; mais l'exposition n'en offrait véritablement que huit ou dix auxquels on pût, en conscience, donner ce nom. D'où vient, se demande à lui-même l'auteur, cette grande disette de peintures d'histoire en Angleterre? C'est, dit-il, qu'il n'existe dans ce royaume pas ragemens pour les peintres. Les églises ne sont pas décorées de tableaux; le gouvernement n'en commande point; et la majeure partie des amateurs se contentent d'avoir dans leurs collections un ou deux échantillons de l'école anglaise: il en résulte qu'on se jette dans le portrait, parce que c'est le genre le plus lucratif, et dans le paysage, parce que, demandant moins de peines et de temps, il est plus facile d'en tirer parti : il est même des artistes qui ne sont pas dénués de tout talent, qui ne dédaignent pas de peindre les planchers des salles de bal chez les grands seigneurs, suivant la mode anglaise.

รา

d'encou

reille affiche. Sans adopter une observation trop généralisée sans doute, nous nous bornerons à dire que si cet acteur a tout le mérite que lui attribue l'affiche, il n'a pas au moins celui de la modestie,

Les bornes de ce Journal ne nous permettent pas de suivre l'auteur dans les détails où il entre sur plusieurs tableaux d'histoire, et même sur quelques tableaux de genre faisant partie de l'exposition: nous nous bornerons à dire quelque chose du jugement qu'il porte sur M. West, président de l'Acadé mie. (*) C'est, dit-il, un homme d'un talent reconnu, et presque le seul peintre d'histoire que l'Angleterre puisse citer aujourd'hui. Les trois tableaux qu'il avait mis à l'exposition ont paru àl'auteur au-dessous de sa réputation, quoiqu'il n'y ait trouvé aucun reproche à lui faire ni pour le dessin, ni pour le coloris; mais il faut, observe-t-il, autre chose dans un tableau d'histoire : c'est la pensée; et il appuie ce jugement de plusieurs remarques qui nous ont paru très-judicieuses.

il

Pour bien juger une nation, dit l'auteur dans une de ses lettres, pour répondre au reproche qu'on lui a fait d'avoir employé un ton de couleur exagéré pour peindre les mœurs à Londres, ne faut voir cette nation, ni dans les salons des grands et des riches, ni dans le taudis de la pauvreté, sous les guenilles de l'indigence; ces deux classes sont, à quelques nuances près, les mêmes dans tous les pays : c'est dans la classe moyenne qu'il faut faire ses observations, parce que ce n'est que là qu'on peut

(*) Cet artiste vient de mourir, et c'est une perte bien sensible pour les beaux-arts en Angleterre. Il était né à Philadelphie et était de la secte des Quakers. Dans un tableau dont l'estampe de même proportion que ce tableau même appartient au rédacteur de ce Journal, M. West a peint une famille de Quakers sur laquelle il jette un regard furtif. L'expression des divers personnages est frappante, leurs costumes sont parfaitement rendus.

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