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pleine cité; on les transporta dès lors près de cette croix', élevée par la duchesse Renée et que les documents appellent, comme l'autre, «< croix de Bourgogne ».

Pendant le cours du xvie siècle, les ducs de Lorraine nommaient le chapelain de Bonsecours. Celui-ci célébrait de loin en loin la messe à la chapelle ; désignait l'ermite- en général un laïque qui habitait la maisonnette voisine et touchait les émoluments, revenus et profits du pèlerinage; car, déjà, les pèlerins venaient en grand nombre visiter l'humble église et, partant guéris après leurs ardentes prières devant l'image de Mansuy Gauvain, ils laissaient sur les murs de naïfs ex-voto. Aussi, l'on dut songer à célébrer dans la chapelle des services plus réguliers. Un scandale, qui éclata en 1604, montra encore davantage la nécessité d'un changement. L'ermite avait été condamné à être pendu et étranglé pour la légèreté de sa conduite et ses mœurs déplorables 3. Dès lors, par lettres patentes du 18 octobre 1609, le duc Henri II confia l'administration du pèlerinage aux religieux Minimes, que Christophe de Bassompierre venait d'établir dans la Ville-Neuve (ce couvent, joint à celui de la Visitation, abrite en ce moment le lycée). Les Minimes promirent d'acquitter les charges et services de la chapelle, d'y dire une messe à l'intention des ducs de Lorraine, tous les jours de fête de Notre-Dame; en échange, ils devaient jouir à jamais de tous les revenus qu'elle rapportait +. Ils ne s'établirent pas de suite à demeure à Bonsecours. Ceux qui étaient chargés du service de la chapelle continuaient d'habiter au couvent de Nancy et l'on nommait, pour résider près du sanctuaire, un ermite, «< mais un ermite de nom, d'habit et de profession, bien venu pour sa louable vie et sages déportements hors et dedans la ville 5 », un disciple de Pierre Séguin.

A partir du jour où les Minimes desservirent la chapelle, l'affluence des pèlerins devint encore plus grande. Un certain nombre de religieux, six, huit et jusqu'à dix, étaient occupés à donner les soins spirituels à ce peuple. Il fallut, à côté de la chapelle, leur bâtir des cellules ou chambrettes où ils résidaient désormais presque en permanence. Bientôt, la chapelle primitive fut

1. Le fait résulte des comptes de la ville présentés par Nicolas de Baulme et Henri Courtcol. A. D., B, 7247. Cf. LEPAGE, La Chapelle de Bon-Secours ou des Bourguignons, p. 11, no 2.

2. Cette croix fut sans doute entièrement détruite, lorsque Stanislas reconstruisit Bonsecours. On a prétendu parfois que cette croix était la même que la Belle-Croix qu'on voyait avant 1830 à Jarville, à l'angle formé par la route de Saint-Nicolas et l'avenue de la Malgrange. Mais il n'en est rien. LIONNOIS, t. I, pp. 609-610, nous raconte l'histoire de la Belle-Croix; elle fut bâtie près de la Malgrange par Stanislas, à la suite de la Mission de 1739, non loin de la route de Nancy à Richardmesnil et Flavigny. Quand le maréchal de Stainville occupa le château, « la Croix, qui était placée sous un baldaquin couvert d'écailles, a été transportée sur la chaussée qui conduit à Saint-Nicolas, de l'autre côté de la Malgrange. » Cf. NOEL, Mémoires pour servir à l'histoire de Lorraine, uo 5, 2e partie, p. 243; BADEL, Les anciennes croix monumentales de Nancy, p. 18.

3. Comptes du receveur général de 1604. A. D., B, 7339.

4. Les lettres patentes sont en original A. D., H, 1030; elles ont été publiées par JULET, p. 105. La possession de Bonsecours fut disputée pendant quelques années de 1609-1614 aux Minimes par les Bénédictins anglais de Dieulouard. Voir à ce sujet abbé JEROME, L'Église Notre-Dame de Bon-Secours à Nancy, pp. 24-26.

5. JULET, p. 107.

6. Id., ibid., p. 112.

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AGRANDISSEMENT DE BONSECOURS EN 1629.

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reconnue insuffisante. Elle mesurait à peine 30 pieds de longueur sur 20 de largeur; elle ne contenait qu'un seul autel. Les religieux demandèrent à Charles IV permission de l'agrandir; il la leur accorda par lettres patentes du 20 juin 1629 et contribua lui-même pour une somme de 2,000 francs à cette construction 2. La chapelle primitive servit d'abside à la nouvelle église; celle-ci, décorée d'un beau porche faisant face à la route de SaintNicolas, mesurait 60 pieds de long sur 30 de large. La première pierre fut posée le 23 juillet. Derrière la chapelle on éleva un bâtiment secondaire qui remplaça les cellules des religieux et qui servit à ceux-ci de demeure permanente. Il y eut désormais deux maisons de Minimes à Nancy, sous une direction unique celle de la Ville-Neuve près des remparts du côté nord et celle de Bonsecours. La gravure d'Israël Silvestre, que nous reproduisons, nous donne une image exacte de Bonsecours après tous ces changements. On y distingue bien les deux constructions successives et, devant la chapelle, l'ancienne habitation de l'ermite, puis la croix des

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FRONTISPICE DU LIVRE DE NICOLAS JULET

(Gravure de J. Callot.)

Bourguignons dans le cimetière. En avant, des mendiants tendent la main, des pèlerins achètent des objets de dévotion dans une petite boutique, et, au loin à gauche, apparaissent les deux tours de Saint-Nicolas 3.

1. A. D., H, 1030. JULET, p. 114, a imprimé, par erreur, 29 juin.

2. Le 7 septembre il y ajouta un don de mille francs. A. D., B, 1474, fo 60 vo.

3. La chapelle moderne n'occupe pas l'emplacement de l'ancienne; elle a été avancée vers la route de Saint-Nicolas.

Au moment où s'élevait le nouveau bâtiment, les miracles devinrent plus nombreux; l'autorité épiscopale ouvrit une enquête'; et un religieux minime, le P. Nicolas Julet, publia le récit de ces faits merveilleux. Il demanda un frontispice à notre grand artiste Jacques Callot, qui représenta l'intérieur de l'abside avec la Vierge miraculeuse sur l'autel principal; de chaque côté, un autel secondaire; à droite, le cardinal Nicolas-François de Lorraine, qui avait excité le P. Julet à publier l'ouvrage, à gauche des religieux minimes. L'œuvre du Père est intéressante. Il discute savamment sur le miracle, mêlant aux citations de la Bible celles de l'antiquité profane; puis, il nous raconte une foule de merveilles: possédées que quitte le démon, paralytiques marchant, aveugles recouvrant la vue, sourds entendant, loupes, sciatiques, fièvres, fluxions guéries; il indique quelles pratiques religieuses il faut observer quand on se rend au pèlerinage, et termine par une poésie en l'honneur de la chapelle. Venez, dit-il aux pèlerins,

Vous verrez proche Nancy,
Ville Metropolitaine,
Riche tableau racourcy
Des beautez de la Lorraine,

Non guerres loin de ses tours,
Son Autel de bon Secours;

Autel où est le portraict,

En bosse, de cette Dame

Qui, charmant d'un doux attrait

Le peuple qui la réclame,
L'accueille sous son manteau
Comme son plus cher troupeau.

Des ex-voto de plus en plus nombreux étaient suspendus autour de la statue de la Vierge. Peu de temps après la publication du livre de Julet, aux monuments donnés par les particuliers s'en ajouta un autre plus somptueux, élevé par la ville même de Nancy dans les circonstances suivantes. En 1630 et 1631, une peste terrible sévit sur notre cité et c'est alors, en soignant les malades, que mourut le grand médecin de l'Université de Pont-à-Mousson, Charles Lepois. De nouveau l'on enterra près de Bonsecours les morts que le fléau avait frappés. C'est alors, le 15 juin 1631, au moment où la peste faisait le plus de victimes, que la ville de Nancy fit un vœu solennel à la Vierge. Elle promit, pour obtenir la cessation du mal, de faire célébrer, à Bonsecours ou dans tel oratoire que l'on jugerait plus agréable à la Mère de Dieu, chaque semaine une messe basse en son honneur, et une haute

1. Abbé JÉRÔME, L'Église de Notre-Dame de Bon-Secours à Nancy, pp. 35-36.

2. Miracles et graces de N. Dame de Bon Secours lez Nancy. Imprimés du commandement de Monseig. l'Illustrissime Cardinal de Lorraine. A Nancy, par S. Philippe, Imprimeur de Son Altesse 1630. L'ouvrage a été réimprimé en 1734 avec quelques variantes à Nancy, chez Antoine Leseure, imprimeur-libraire, proche la paroisse Saint-Sébastien, à l'image S. Jean l'Évangéliste.

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