Toul, Me Bégon, accompagné de l'évêque de Chartres, de l'abbé de La Galaizière et d'un nombreux clergé. Monseigneur fit un discours où il vanta la générosité du roi de Pologne; il accorda quarante jours d'indulgence aux ouvriers qui allaient travailler à cette église ; mais peu de Nancéiens, encore irrités du changement de régime, assistèrent à la cérémonie1. Trois années après, la chapelle était prête. Le 6 septembre 1741, M8 Bégon bénit les quatre cloches que le roi avait données à Notre-Dame; et, pendant la nuit, afin de ménager les susceptibilités du peuple lorrain, on transporta la Vierge de Mansuy Gauvain de l'ancien édifice dans le nouveau. Le 7 eut lieu la cérémonie de la consécration, tandis que le régiment français de Foix était sous les armes; et le 8, fête de la Nativité de la Vierge, l'évêque de Metz chanta avec pompe la grand'messe, en présence du roi de Pologne et d'un assez grand concours de peuple; mais la foule était surtout composée d'étrangers. Les jours suivants, on exhuma les corps des personnes enterrées dans la vieille chapelle et on déposa les ossements dans le nouvel édifice; et alors on détruisit l'antique sanctuaire. Les Lorrains ne le virent pas disparaître sans douleur, et l'on rapporte qu'un bourgeois de Nancy, le potier d'étain Mouchette-Revaud, habitant en face de Bonsecours, fit murer ses fenêtres pour n'être pas témoin de cette profanation 3. Le nouvel édifice fut bâti en partie avec les pierres et les colonnes du chàteau de la Malgrange, élevé par Léopold et laissé inachevé. Emmanuel Héré, encore jeune, dirigea la construction du monument; Provençal peignit le plafond, qui représente divers épisodes de la vie de la Vierge; Lamour forgea les grilles qui contournent en haut tout l'édifice, celles des tribunes de l'orgue et celles qui séparent la nef du chœur. Les murs furent ornés d'un stuc imitant à s'y méprendre le marbre, fait d'après un procédé découvert par Louis et Nicolas Mansiaux, de Ceintrey, près Vézelise §. L'édifice, dans le style de la Renaissance italienne, présente un aspect assez coquet. A l'extérieur, quatre colonnes d'ordre composite supportent 1. Journal de NICOLAS, l. c., p. 329. Cf. le journal manuscrit de DURIVAL à la Bibl. de Nancy. 2. Id., ibid, pp. 355-356. Les vœux déposés dans l'ancienne chapelle furent placés dans les corridors du nouvel édifice; on cacha aussi pendant un certain temps les drapeaux pris sur les Turcs; et on ne les exposa dans l'église que plus tard. Cf. [Abbé GODFROY], Pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Secours. Notice historique et descriptive, p. 11, Nancy, Vagner, 1846. La brochure, souvent attribuée à l'abbé MOREL lui-inème, a eu diverses éditions peu modifiées. La dernière, chez Royer, est de 1892. M. LEON GERMAIN a signalé dans un compte rendu, 7 pages, Crépin-Leblond, diverses erreurs échappées à l'auteur. 3. NOEL, Mémoires pour servir à l'histoire de Lorraine, no 5, 1r partie, p. 225. Le libraire NICOLAS nous raconte aussi en son Journal, non sans une certaine satisfaction, que des quatre entrepreneurs de la construction de la nouvelle église trois moururent dans l'année 1738, l. c., p. 329. 4. Les dernières grilles ont été exactement replacées. Au milieu, sur l'un des battants de la porte, on lit, en rouge sur fond d'or simulant un livre ouvert, ces mots de l'Écriture: Per fidem vicerunt. Sur le battant opposé, une croix rayonnante. Sur les enroulements délicats se détachent les chiffres de Stanislas: S. R., Stanislaus Rex, et de Louis XV, deux L entrelacés. Les grilles qui garnissent les trois balcons de l'orgue sont aussi celles de Jean Lamour, mais les diverses parties n'ont pas été remises exactement à leur ancienne place. Quant aux grilles de la galerie, elles ont disparu; on y a substitué un ouvrage moderne, sans caractère. 5. LIONNOIS, t. I, p. 585. DESCRIPTION DU BONSECOURS DE STANISLAS. 585 l'entablement. Au milieu, une porte, qui est couronnée de trois têtes d'anges ailés, dans un amoncellement de nuages; dans l'entrecolonnement, deux niches qu'ornent les statues de saint Stanislas de Cracovie et de sainte Catherine avec sa roue, patrons du roi et de la reine de Pologne. Ces statues mutilées sous la Révolution ont été restaurées en 1850 par Jiorné Viard. Sur le second attique on a peint en couleurs vives les armes de Stanislas: écartelé de Pologne et de Lithuanie (au 1er et au 4o, de gueules à l'aigle éployé d'argent, becqué, langué, membré et couronné d'or, qui est de Pologne ; au 2o et au 3o, de gueules, au cavalier d'argent, tenant de la main droite une épée de même, et de la gauche un bouclier d'azur chargé d'une croix patriarcale d'or, qui est de Lithuanie), et sur le tout l'écu de la famille de Leszczinski (d'or au rencontre de buffle de sable, bouclé de même). Les armoiries actuelles remplacent celles qui ont été martelées sous la Révolution. Au-dessus s'élève l'étage de la tour gracieuse et légère. Mais pénétrons dans le sanctuaire. Il est formé d'une nef, divisée en quatre travées et couronnée par une voûte en plein cintre, à laquelle s'ajoute un chœur plus étroit et de forme pentagonale; dans le ressaut on a placé deux autels à droite celui de saint Stanislas, à gauche celui de sainte Catherine. Ils sont surmontés de deux tableaux assez médiocres représentant d'une part le martyre de saint Stanislas, de l'autre l'image de sainte Catherine'. La première impression qu'on ressent n'est pas très favorable. L'église est trop surchargée d'ornements de toutes espèces : statues polychromées faisant le tour de l'édifice2; symboles dorés de la frise rappelant au chœur le mystère de l'Eucharistie 3, dans la nef les attributs de la Vierge ; rideau rouge peint qui sépare le chœur de la nef; faux marbre noir des murs et marbre blanc des tombeaux. Toutes ces couleurs jurent un peu de se trouver ensemble, 1. Le Journal du libraire NICOLAS nous apprend à ce sujet un détail curieux : « Après la consécration de l'église, le prélat de Toul interdit la chapelle de sainte Catherine, parce que le tableau était trop indécent; on le raccommoda.» Probablement sainte Catherine était à l'origine représentée à peu près nue. M. S. A. L., 1899, p. 355. 2. Ces statues représentent, en commençant par le chœur et le côté de l'Évangile pour finir par celui de l'Epitre : saint Jean Nepomucène, sainte Reine, saint François-Xavier, saint Michel, saint François de Paule, saint Antoine de Padoue, saint Gaëtan et saint Joseph. Voir la description detaillée dans la brochure de l'abbé GODFROY et dans l'abbé Jérome, L'Eglise Notre-Dame de BonSecours à Nancy, pp. 263-267. 3. Ce sont, en commençant par le côté de l'Évangile : un calice et une étole; le livre des Évangiles; un bassin; un chandelier et un cierge allumé; un encensoir; le chandelier à sept branches; une tiare avec les clefs; une croix dont une étole entoure le pied, avec des tables figurant la loi nouvelle; un agneau immolé sur une croix, le tout sur le livre des sept sceaux; un pélican; un ostensoir; une mitre, une crosse et une croix archiepiscopale à double croisillon; une table avec les pains de proposition; un bénitier et un aspersoir; une croix d'autel avec un cierge allumé; une burette et des palmes; un chandelier et des palmes; un ciboire et un cierge allumé. Les emblèmes du fond ont été ajoutés en ce siècle, lorsque le chœur a été agrandi. 4. Ce sont, en commençant par le chœur, du côté de l'Évangile : une étoile ; une colombe portant un rameau son bec; l'arche d'alliance; une maison d'or; deux branches de lys croisées; la tour de David; une couronne surmontée d'étoiles; une branche d'olivier; un soleil; une couronne surmontée de neuf globes; une branche de vigne avec ses fruits; une porte ouverte ; une couronne et un miroir; un vase; un vaisseau naviguant sur les flots; une couronne, un sceptre et une branche de laurier; des roses épanouies; un sceptre et une main de justice en croix, surmontés d'une étoile. 5. La plupart des ornements furent placés après la consécration de l'église. Nous lisons dans le |