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DESCRIPTION DU BONSECOURS DE STANISLAS.

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de grâce mystique, est devenue une chapelle funéraire, avec des sépulcres de marbre solennels et froids, et si elle a été, à une date plus récente, élevée

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à la dignité d'église paroissiale? On sera plus juste pour l'œuvre de l'architecte, si l'on supprime, par la pensée, tous les accessoires qui l'ont encombrée depuis 1741 et si l'on se rappelle sa destination primitive.

Ce fut Stanislas qui décida que Notre-Dame de Bonsecours serait le lieu de sépulture de sa famille. Il ne pouvait point se faire enterrer lui et les siens dans la chapelle ronde, à côté de ces anciens ducs dont il avait pris la place. Sous le pavé du chœur il fit donc construire un caveau funèbre qui pour la première fois s'ouvrit, le 21 mars 1747, pour recevoir le corps de sa femme, Catherine Opalinska. Stanislas voulut faire élever à l'épouse, qu'il avait souvent trompée, un magnifique mausolée, comme juste compensation. Il s'adressa à Nicolas-Sébastien Adam, le second fils de Jacob-Sigisbert et le plus célèbre des trois frères Adam. Le modèle parut déjà au Salon de 1747, et, moins de deux années plus tard, le 9 juin 1749, on commença à mettre l'œuvre en place à Bonsecours. Adossée à une pyramide, Catherine est représentée à genoux sur son tombeau. Un ange aux ailes éployées la soutient d'une main et l'entraîne, tandis que de l'autre il lui montre les splendeurs célestes. La reine a dépouillé le sceptre et la couronne qui gisent à ses pieds, désormais vains hochets. Au sommet de la pyramide sont sculptées les armes royales de Pologne avec sur le tout l'écu des Opalinska à la barque3 et le monument est couronné par une urne funéraire. Contre le sarcophage s'appuie l'aigle de Pologne et entre ses serres on trouve le verset de Judith Manus Domini confortavit te, et ideo eris benedicta in æternum +. Ce tombeau est supporté par un soubassement où se lit l'inscription suivante :

D. O. M.

Atavis orta Regibus, avia Regum,
CATHARINA OPALINSKA

Regina Poloniæ, Magna Ducissa Lith., Ducissa Loth., Barri, etc.
Pietate in Deum, misericordia in pauperes, morum integritate
Supra modum mirabilis,
Spiritu magno

Quo prospera tulit et adversa,

Vidit ultima

Die 19 Mart. An. salutis 1747, ætat. 67.

Regiæ conjugi, optime merenti,

Stanislaus I, Rex Poloniæ, Magnus Dux Lith., Dux Loth., Barri, etc.
Sui ac publici luctus monumentum

Reginæ Cælorum ad pedes pie posuits.

1. DURIVAL, Description de la Lorraine, t. II, p. 193 : « Le monument, plein de génie et de la plus belle exécution, fixe toujours les yeux des étrangers. M. Collin fils l'avait gravé; mais l'eau-forte détruisit tout. Jean-Charles François le grava depuis en grand, pour être joint au recueil des bâtiments et édifices de Stanislas. » Cf. H. THIRION, Les Adam et Clodion, Paris, 1885, p. 166.

2. Lors de la restauration du monument, on a placé, à tort, sur la tête de la reine une petite couronne ouverte, en marbre blanc, qui est assez laide et qui est un contre-sens, puisque la vraie couronne gît à ses pieds. Voir la reproduction de l'ancien monument dans l'Album de Héré, t. II, dessine par C. Eisen. En revanche, on n'a pas refait les guirlandes qui tombaient de l'urne funéraire.

3. Par une inadvertance singulière, on a pris cet écu de la famille Opalinska pour les armoiries de l'église de Bonsecours, et l'on a vu dans cette barque un emblème du secours apporté par la Vierge aux chrétiens lors de la bataille de Lépante! En 1848, ces armoiries ont été reproduites sur le monument du Vœu de Nancy; on les a gravées sur la couronne de 1865, sur les stalles modernes du chœur, non sans les amplifier. On consultera à ce sujet un excellent article de M. Léon GERMAIN, Des prétendues armoiries de l'Église de Bonsecours, dans l'Espérance du 6 mai 1896.

4. JUDITH, XV, 11. Autrefois on lisait ce verset: Anima ejus in bonis demorabitur, et semen ejus hereditabit terram. Psalm., 24, v. 13.

5. Cette inscription a été rétablie en 1807. On a changé un peu l'ancien texte. LIONNOIS, t. I, p. 587.

LES TOMBEAUX DE L'ÉPOQUE DE STANISLAS.

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A droite et à gauche de ce soubassement se trouvent deux admirables médaillons: la Religion tenant d'une main la croix, de l'autre l'encens de l'adoration; la Charité avec trois enfants, le premier qui dort et sur lequel repose son regard plein d'amour, le second à qui elle donne le sein, le troisième qui pleure à ses pieds '. La composition a un grand charme et est l'un des plus jolis morceaux des Adam. Sur le soubassement, à côté de la pyramide, des cassolettes dont la fumée s'élève en nuages. Le monument dans l'ensemble est un peu théâtral et solennel; mais l'exécution est tout à fait remarquable, et, certainement, nous sommes ici en présence du plus beau morceau de sculpture du xvin siècle qui existe en Lorraine.

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Après la reine de Pologne, l'église de Bonsecours reçut, le 6 janvier 1756, les restes de la duchesse Ossolinska, cousine germaine du roi Stanislas, et, disaient les méchantes langues, sa maîtresse. Son mari, François-Maximilien, comte de Tenczin et duc d'Ossolinski, la suivit bientôt dans la tombe, le 1er juillet. On lui éleva un petit monument dans la chapelle, à gauche de la porte, sous la tribune des orgues-depuis, il a été transporté dans le chœur. Il consiste en un cartouche ovale aux armes du duc une hache qu'entourent deux génies et que surmonte une couronne avec la croix. L'œuvre avait été commandée par Ossolinski lui-même au grand sculpteur nancéien Nicolas-Sébastien Adam, quelque temps après l'exécution du monument de la reine de Pologne 3.

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Stanislas lui-même voulut être enterré à Bonsecours, et, après le triste accident qui, le 23 février 1766, abrégea sa vie, son cercueil fut déposé dans les caveaux de la petite église. Son gendre, Louis XV, commanda son tombeau au sculpteur Louis-Claude Vassé. Le modèle figura au Salon de

1. Nancy-Artiste, 1888, pl. 89.

2. LIONNOIS, t. I, p. 594. Il fut enterré le 6 juillet dans la crypte royale, à côté de sa femme. 3. H. THIRION, Les Adam et Clodion, p. 168. En 1820, l'on a fait graver par le marbrier Michel sur le socle de ce tombeau l'inscription suivante :

D. O. M.

Ici repose
FRANÇOIS-MAXIMILIEN,
Comte de TENCZIN,
Duc d'OSSOLINSKI,
chevalier de l'Ordre

du St-Esprit,

Grand Trésorier de la
Couronne de Pologne,

Grand Maitre de la Maison
de STANISLAS Ier,
Roi de Pologne,

Duc de Lorraine et de Bar,
Décédé à la MALGRANGE,
le 1er juillet 1756.

Par erreur, Michel a gravé Tenezin à la ligne 4; comme à la ligne suivante, Ossolenski au lieu de Ossolinski.

4. On voulut d'abord commander le tombeau à Pajou. DIDEROT écrit : « Vassé, qui a bien autant de talent que Pajou et qui est plus leste que lui, lui a soufflé l'entreprise du tombeau du roi de Pologne. Le baron de Gleichen, qui s'y connaît, fait grand cas de sa composition. » Salon de 1769, Euvres complètes, t. XI, p. 459.

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