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LE TOMBEAU DU CARDINAL DE VAUDEMONT.

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statues de marbre, représentant assis les quatre docteurs de l'Église latine saint Augustin, saint Grégoire, saint Ambroise, saint Jérôme. Tombeau et statues sont l'œuvre de Florent Drouin, de Nancy. Sous la Révolution, le tombeau et les statues devinrent propriété de la ville; elleles transféra au musée qu'elle créa dans la chapelle de la Visitation. En 1807, la ville fit don du tout à l'église cathédrale; on y plaça la statue du cardinal de Vaudémont dans la chapelle Saint-Fiacre, les quatre docteurs dans les chapellesde la Vierge de Bonne-Nouvelle et du Sacré-Cœur, qui forment le transept de l'édifice1. Lorsqu'au début de ce siècle on rendit l'église des Cordeliers au culte, lorsqu'on

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pierre, recouvertes d'un vernis noir simulant le mar-
bre. Ces colonnes supportent un entablement couronné
d'un fronton triangulaire dans le tympan duquel on
a sculpté les armes spéciales du pontife, surmon-
tées du chapeau de cardinal. Elles font pendant à
l'entrée de la Chapelle ducale. Les chapiteaux des
colonnes et le fronton sont l'œuvre du sculpteur Glo-
rieux. Sur un socle de marbre qui supporte la statue,
on a rétabli l'ancienne inscription latine, donnée par
LIONNOIS, t. I, p. 119. Nous publions de nouveau cette
inscription:

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D. O. M.

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Viden, Viator, tot Principum flores succisos et hic jacentes? Unus adest quem raptum querare et plangas; nam Carolus Lotharingius, Cardinalis Vaudemontius, Episcopus et comes Verdunensis et Tullensis, sacri imperii Princeps, qui purpureo apice clarus, morum odore suavissimus, doctrina succis saluberrimus, Lotharena radice illustrissimus, -in spem eruperat incredibilem. - Probitate insignis, virtutibus ingens, religione incomparabilis, et avito in hæreticos odio flagrans incredibiliter, vere flos temporum, nam cito natus, cito raptus, cito marcidus, cito floccidus, nondum XXIX annos delibarat, cum fatorum turbo, furentibus febrium austris, quatit, frangit et disjicit humi exanimem. O crudelitas! Siccine Principem virum tam acerbe? Haud aliter mors insolens gloriam parat. Cæterum, Viator, ne percunctere cur tam cito perit. Nam perit quod tam impuro sæculo vivere non debuit. Tu qui pius es, pio principi bene precare, et abi in rem tuam, hoc te volebam. Philippus-Emmanuel Lotharingius, dux Mercurii, memoriæ fratris incomparabilis frater optumus mærens pro singulari amore hoc monumentum consecravit. - Obiit anno a nativitate Christi MDLXXXVII, die XXX octobris.

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DOCTEUR DE L'ÉGLISE A LA CATHÉDRALE (Saint Jérôme.)

1. Saint Grégoire et saint Augustin sont dans la chapelle de droite, du Sacré-Cœur; sur les socles, les deux inscriptions: Diffusa veritas et Profligatæ hæreses; saint Jérôme et saint Ambroise dans celle de gauche, de la Vierge de Bonne-Nouvelle; sur les socles, les inscriptions: Locupletata Ecclesia et Illustrata Religio. LIONNOIS a cité à tort parmi les docteurs de l'Église latine saint Léon, et un article de M. ARTHUR BENOÎT, Note sur les statues des quatre docteurs du tombeau du cardinal de Vaudémont, dans le J. S. A. L., 1883, p. 80, a achevé d'embrouiller la question.

ramena dans la chapelle ronde les restes des anciens ducs lorrains, on réclama à la cathédrale le mausolée du cardinal de Vaudémont et les quatre docteurs. Elle rendit le cardinal qui la gênait : mais elle garda les quatre docteurs. Il y eut à ce sujet une controverse très vive entre la Mairie qui soutenait les Cordeliers, la Préfecture partisan de la Cathédrale. Finalement la Cathédrale garda ses docteurs, et le monument de Florent Drouin est encore aujourd'hui partagé entre les deux édifices religieux'.

Les tombeaux de René II et du cardinal de Vaudémont, voilà ce qui reste encore des monuments de l'ancienne église des Cordeliers. Les autres ont disparu en 1793, brisés en morceaux. Dans le chœur, on voyait autrefois le sarcophage de Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, second fils du duc Antoine et père du cardinal Charles2. Il s'était marié trois fois et il était entouré, sur son tombeau, de ses trois épouses: Marguerite d'Egmont, Philippe de Savoie-Nemours et Catherine de Lorraine-Aumale. A côté de son mausolée était celui d'un autre de ses fils, Philippe-Emmanuel, duc de Mercœur, l'un des plus vaillants capitaines de son temps, qui résista si longtemps à Henri IV dans son gouvernement de Bretagne et combattit ensuite avec tant de vaillance contre les Turcs dans les plaines de Hongrie3. Puis tous les murs de l'église, principalement ceux des chapelles, étaient couverts de monuments funéraires, d'épitaphes pompeuses, quelques-unes en vers français; on y lisait entre autres celle de la comtesse de Carlingford, femme du principal conseiller du duc Léopold; celle d'un célèbre médecin du xvIe siècle, Christophe Cachet, celle d'Artigotty, grand chambellan de Charles III; celle de Thierry Alix, de Vroncourt, qui le premier, à la fin du xvr° siècle, a mis de l'ordre dans le trésor des chartes lorraines. Toutes ces inscriptions ont été martelées à la fin de 1793, mais quelque temps auparavant Lionnois les avait recueillies et, en 1805, elles ont été imprimées dans son Histoire de Nancy›. Citons une dernière curiosité qu'on montrait dans l'église avant la Révolution. Au-dessus de la porte qui conduisait du chœur extérieur au cloître, autour d'un cadran, étaient placées debout sur une console les statues de saint François et de saint Antoine de Padoue: elles tenaient en main une croix qu'un mécanisme faisait hausser et baisser, quand sonnait l'heure.

1. M. AUGUIN exprime le désir que ces statues soient rendues aux Cordeliers. « Il est curieux de remarquer combien disparates sont les divers éléments de la chapelle de Bonne-Nouvelle, où des statues de l'époque de Charles III concourent à décorer un autel rocaille... Nous nous permettrons donc, dans l'intérêt de l'art lorrain et du goût public, d'exprimer le vœu que ces œuvres si intéressantes soient rendues à leur première destination, quelque regret qu'en doivent naturellement éprouver les paroissiens de l'église où l'on a pris l'habitude de les admirer. »

2. LIONNOIS, t. I, p. 120.

3. Il mourut à Nuremberg, le 19 février 1601. Saint François de Sales prononça son oraison funèbre dans l'église Notre-Dame de Paris.

4. Sur lui, voir P. Boyé, Qualis vir et scriptor exstiterit Theodoricus Alisius, 1898, p. 3.

5. T. I, pp. 123-137. Voir aussi à ce sujet l'abbé GUILLAUME, Cordeliers et chapelle ducale de Nancy, pp. 51-67. L'abbé GUILLAUME a publié, n. 76, un état des familles dont les membres avaient le droit d'être enterrés dans l'église des Cordeliers de Nancy, en exécution d'un arrêt de la Cour du 12 décembre 1769.

6. LIONNOIS, t. I, p. 123.

LES TOMBEAUX PROVENANT DE BELVAL.

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L'église présentait ainsi en 1789 un tout autre aspect que de nos jours. La plupart des tombeaux qu'on y admire aujourd'hui n'y ont été amenés qu'en ce siècle, après la restau

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ration de l'édifice. Jusqu'en 1848, Nancy n'a pas eu de musée archéologique; l'église Saint-François en tint lieu dans une certaine mesure, et on y a entassé des monuments d'origine très différente. Quelques-uns proviennent de l'ancien chapitre de Vaudémont, sur la montagne sainte de Sion. Le chapitre fut supprimé en 1760 et ses biens unis à la mense des Dames chanoinesses de Bouxières 1. Les restes des comtes de Vaudémont, enterrés dans l'église collégiale, furent, comme nous le verrons plus loin, transférés en 1762 à la chapelle ducale, et leurs tombeaux provisoirement déposés à l'ancien prieuré de Belval, situé sur le territoire de la commune de Portieux. Ces tombeaux eux-mêmes furent transportés à Nancy dans l'église des Cordeliers vers 1818 et fortement restaurés par le statuaire François

Labroise 2. Ils sont au nombre GÉRARD Ier, cte DE VAUDÉMONT, ET HADWIGE DE DAGSBOURG de deux: 1o Le tombeau du

comte Henri III, mort en 1332

(Aux Cordeliers.)

(l'inscription moderne placée à côté sur le mur donne la date fausse de 13253), et celui de sa femme Isabelle de Lorraine. La tête du comte est entièrement refaite+; 2° le tombeau du comte Antoine, mort en 1447, et de sa femme Marie

1. LIONNOIS, t. I, p. 162. Cf. supra, p. 46.

2. Dans le résumé des sommes dépensées à cette époque pour la restauration des Cordeliers, on lit: « Transport de six statues de Belval à Nancy, 70 fr.» (Abbé GUILLAUME, Cordeliers et chapelle ducale de Nancy, p. 267 et n. 133.) Nous croyons que ces six statues sont : 1er et 2o, celles de Henri III et d'Isabelle; 3o et 4o, celles d'Antoine et de Marie d'Harcourt; 5o, le groupe de Gérard Ier et d'Hadwige; 6e la statue de Thiébaut de Neuchâtel.

3. 1325 est la date de la fondation de la collégiale de Vaudemont. GRILLE DE BEUZELIN, Statistique monumentale. Monuments historiques des arrondissements de Nancy et de Toul, 1837, in-4°, donne de son côté la date fausse de 1375.

4. Dans l'atlas accompagnant l'ouvrage de GRILLE DE BEUZELIN, voir ce monument avant la restau

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d'Harcourt, grands-parents de René II'. Le prince et la princesse sont couchés sur le sarcophage, ayant à leurs pieds le premier un lion, la seconde un chien accroupis. En même temps que ces quatre statues, on ramena de Belval deux autres encore plus curieuses et qui se trouvaient anciennement dans le prieuré. C'est d'abord la statue de Gérard Ier, comte de Vaudémont, fondateur de Belval, tenant étroitement embrassée sa femme Hadwige de Dagsbourg : échantillon des plus curieux de la sculpture du xe siècle et qu'on doit rapprocher de l'image de sainte Odile et d'Etichon, conservée en Alsace au cloître de Hohenbourg. La sculpture est barbare, mais l'attitude des personnages est intéressante; l'auteur a essayé de traduire sur leur visage les sentiments de leur âme 2. L'autre monument est une statue couchée; sur la table du vieux sarcophage on lit encore ces mots: HAULT ET PUISSANT SEIGNEUR, MONSEIGNEUR THIEBAUT DE NUEF... On a voulu d'abord voir en lui le duc lorrain Thiébaut Ier, et autrefois on lisait sur le cartouche ces mots: Hic jacet Theobaldus, Lotharingia marchio dux; obiit anno Domini 120333. Mais le costume du personnage trahit le xve siècle. Nous sommes en présence d'un monument élevé à la gloire d'un de ces seigneurs de Neuchâtel, qui, à la suite d'un mariage, s'implantèrent en Lorraine et y obtinrent les seigneuries de Châtel-sur-Moselle, de Bainville et de Chaligny. On ne sait duquel de ces seigneurs il s'agit; car ils ont presque tous porté le nom de Thiébaut. Est-ce Thiébaut VII, le premier en date de ces princes qui s'établit dans nos régions+? Mais il périt à la bataille de Nicopolis en 1396, et aucun document ne nous dit qu'on ramena ses restes en Lorraine. Est-ce Thiébaut VIII, qui mourut en 1459? Mais il fut enterré dans la Franche-Comté, à l'Isle, dans la chapelle de la Vraie-Croix. S'agit-il, au contraire, de Thiébaut IX, le fameux maréchal de Bourgogne, auquel Louis XI donna Épinal, que les Spinaliens ne

ration. Le tombeau est dans la seconde chapelle à droite, en entrant, la première après la tribune. Les médaillons encastrés dans le mur de l'église et où se trouvent cette inscription sont de Miller et Lépy. 1. Dans la deuxième chapelle à gauche. Le soubassement est orné de six gracieuses petites statuettes qui ont été refaites ou retouchées, mais qui ont bien le caractère des sculptures de la fin du xve siècle. Ces statuettes représentent un prophète en prière, un ange avec l'écusson de Lorraine écartelé de Harcourt, un moine, une femme avec un livre ouvert, un moine, un ange avec l'écusson de Lorraine.

2. Le monument a été reproduit par NOËL dans son Catalogue, t. III. NOËL, t. III, pp. 36–37, a eu la singulière idée de voir dans les personnages de la stèle un Romain et une Romaine. Cf. GRILLE DE BEUZELIN, o. l., p. 28. Voir aussi notre étude sur la Légende de sainte Odile, p. 100. Le monument se trouve à l'entrée de la Chapelle ronde, dans le mur à gauche. Au-dessous, on placé un vieux sarcophage qui provient aussi de Belval et d'où Dom Calmet a sans doute retiré les restes de Gerard Ier qui ont été conservés au XVIe siècle au prieuré Saint-Léopold de Nancy. Voir plus loin, p. 655. 3. La date de 1203 est fausse au demeurant: Thiebaut a été duc de Lorraine de 1213 à 1220. Le monument est dans la troisième chapelle à droite en entrant. Tout ce que CAYON dit de ce tombeau, Église des Cordeliers, pp. 56-57, est erroné; il le fait venir bien à tort de Joinville. Le tombeau vient surement de Belval. DURIVAL, t. II, p. 153, parlant du prieuré, dit : « On y voit aussi le mausolée de Thiebaut de Neufchâteau, maréchal de Bourgogne. » La tête de Thiebaut, encadrée de ses longs cheveux, est bien ancienne. Cf. le dessin de Grille de Beuzelin, o. l.

4. Cf. l'ouvrage de LoYE, Histoire de la seigneurie de Neufchâtel. Montbéliard, 1890, in-8°. Cf. La Généalogie de la maison de Neuchâtel dans les Basler Chroniken, III, p. 568.

5. C'est en sa faveur que se prononce M. ARTHUR BENOÎT, Les Sires de Neufchâtel à Châtel-surMoselle. Notes sur quelques-uns de leurs tombeaux dans le Bulletin de la Société philomatique vosgienne, 24 année, 1898-1899, p. 299.

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