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PRIX D'UN LIVRE ET DE SA RELIURE AU XVII SIÈCLE. sède, écrit un amateur qui signe E.-G. P., un exemplaire, relié en parchemin, du RATIONALE DIVINORVM OFFICIORVM, du célèbre Guillaume Durand, évêque de Mende, suivi d'un autre Rationale de Jean Beleth, théologien de Paris (LVGDVNI, apud hæredes GVLIELMI ROVILLII, sumptibus PETRI ROVSSELET. M.DCXII). C'est un volume in-12, de 568 ff. paginés au recto, précédés de 66 ff. non pag., contenant la dédicace et les tables (en tout 1250 pp.), d'une impression fine, mais nette et facile à lire, sur bon papier. Au feuillet de garde, à la fin du volume, est écrit : Ex libris magistri Guillelmi Colliche, presbyteri.... Ex libris de Guillaume Coliche, prétre de.... [suit un nom de lieu que je n'ai pu déchiffrer]. — Dans l'intérieur de la couverture, et d'une écriture que je crois plus ancienne : Emptum sexaginta assibus Parysiis, Lutetiæ Parisiorum (acheté soixante sous parisis à Lutèce des Parisiens, autrement dit: Paris), et plus bas, de la même écriture, en dessous d'un parafe Pro duplicatione, duo asses (pour la reliure, 2 sous). Je ne suis pas très-sûr du prix de la reliure, on peut lire duo ou decem (2 ou 10). Mais, à raison de la simplicité de cette reliure sans titre et sans dorure, ni ornement d'aucune sorte, comme aussi par comparaison avec le chiffre d'acquisition du livre, je penche plutôt pour 2 sous que pour 10. On a fait, sur la différence de la valeur de l'argent aux diverses époques, des commentaires si nombreux et si variés, — je n'ose dire si pleins de pures conjectures, que je n'essaye pas de réduire en monnaie de notre temps les sommes susindiquées. Je laisse cette recherche aux érudits et me borne à relater le fait. Quant à moi, j'ai payé ce livre 2 francs, en 1869; et je crois avoir fait un bon marché. Si c'est une illusion de bibliophile, je prie les critiques de ne pas me la retirer et leur souhaite, pour leurs acquisitions, une chance encore plus favorable.

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E.-G. P.

DONS FAITS A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE, Département des IMPRIMÉS ET DES MANUSCRITS. Nous empruntons au Moniteur des Arts ce qui se rapporte aux livres et aux manuscrits dans un article sur les dons et les restitutions faits à la Bibliothèque nationale pendant l'exercice 1873.

Comme tous les ans, c'est le département des imprimés qui,

en 1873, a vu ses collections s'accroître du plus grand nombre d'articles ayant une généreuse origine. Des volumes imprimés dus à la libéralité des particuliers, des grandes administrations de l'État, des sociétés savantes françaises et étrangères, des gouvernements étrangers, atteignent un chiffre très-élevé.

Il serait impossible de mentionner dans cette courte note tous ces ouvrages qui forment un total de plus de 700 numéros; mais ce serait de l'ingratitude que de ne pas rappeler ici le nom de M. le baron James-Édouard de Rothschild, donateur d'un petit volume fort rare et très-recherché, intitulé: OEuvres satiriques de P. Corneille Blessebois; Leyde, 1676, petit in-12, revêtu d'une reliure en maroquin, véritable chef-d'œuvre de Capé, que la Bibliothèque, où ce livre faisait défaut, avait déjà poursuivi dans plusieurs ventes, mais que le feu des enchères lui avait enlevé.

A côté de ces dons doivent être indiquées des restitutions qui ont profité à ce même département et ont été faites avec une entière spontanéité et une parfaite courtoisie : l'une a porté sur un très-joli livre d'heures du quinzième siècle, orné de peintures, qui était irrégulièrement sorti d'un dépôt de l'État et que le curé d'une paroisse de Paris a été chargé par un anonyme d'attribuer à la Bibliothèque nationale; l'autre sur une liasse de lettres autographes de Lucas Holstenius, qui a été remise par M. Étienne Charavay et qui comble une lacune dans la correspondance de Peiresc.

La librairie Gay et fils, à San Remo, continue la série de réimpressions de livrets curieux et devenus pour quelques-uns assez rares, série qu'elle a entreprise depuis une douzaine d'années et à laquelle les amateurs ont réservé un bon accueil. Nous avons sous les yeux un volume mis au jour récemment les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, réimpression textuelle de l'édition de Paris, 1796 (in-18, 125 pages; tiré à 200 exemplaires numérotés, dont deux sur papier de Chine).

Une courte notice fait connaître que l'édition originale de cet écrit satirique paraît celle qui porte la rubrique de Pampelune, Colin Matrus, 1696. Deux réimpressions virent le jour, Leyde (Lyon), 1696, et Cologne, s. d., in-12. D'autres suivirent, avec accompagnement d'un autre ouvrage qui n'a, avec celui qui nous

occupe, que peu de rapports : le Moine sécularisé dont on changeait le titre pour cette occasion, et les Moines en belle humeur. On joignait à ces dernières éditions le frontispice de Jean danse mieux que Pierre ou des Amours du Père la Chaise. Malgré ces réimpressions, l'ouvrage est resté assez rare; il est probable que les amis de la célèbre compagnie l'auront fait disparaître de leur mieux. Le Manuel du Libraire n'indique que l'édition de Cologne, P. Marteau, 1725.

Ce que ce volume a de plus remarquable, c'est que les personnes dont il parle sont nommées en toutes lettres, et cela dans le temps même où elles jouissaient de toute leur puissance. Le Père la Chaise, confesseur de Louis XIV, ne mourut qu'en 1709; le Père de la Rue, en 1725; le Père le Comte, en 1729. Il est vrai que l'auteur et les éditeurs du pamphlet sont restés inconnus.

La notice qui fournit ces détails attribue à P. Lenoble : la Cassette ouverte de l'illustre créole (Villefranche, 1690), libelle dirigé contre Mme de Maintenon et rempli d'assertions très-certainement calomnieuses. Cette attribution est-elle exacte? Il n'en est point fait mention au Manuel du Libraire, qui indique une adjudication jusqu'à 29 francs; mais depuis, en 1870, à la vente Potier, n° 1465), un exemplaire relié en maroquin par Hardy s'est vendu 128 fr.

Une publication périodique dirigée également par la maison Gay a pour titre : le Fantaisiste; Magazine bibliographique, litté raire, philosophique et artistique. Reproduction de pièces anciennes et récentes, analyses et extraits d'ouvrages intéressants en tous genres, correspondance et mélanges. La seconde livraison de ce curieux recueil est un volume d'une épaisseur respectable, car il ne comprend pas moins de 121 pages. Indiquons les principales pièces qu'il nous présente :

Épigrammes inédites de Gombault (elles sont au nombre de trente-deux, plus vingt-deux stances de quatre vers pour des ballets. Ces fragments se trouvent joints en manuscrit à un exemplaire des OEuvres de Gombault (jouxte la copie imprimée à Paris, chez A. Courbé, 1657, in-12), dont M. Prosper Bn (Blanchemain ?) est possesseur.

Cinq pièces de colportage, plusieurs devenues introuvables: Les gracieuses amours de Pierre du Puis et de la grosse Guillemette (première moitié du dix-huitième siècle); Sermon équivoque et ri

sible (plusieurs fois réimprimé, notamment dans le Momus français, an IX, dans les Sermons facétieux; Paris, Delarue, s. d.); l'Histoire nouvelle d'une fille attaquée dans un bois, près de Rennes, par un voleur déguisé en hermite, etc.

Onze pièces relatives aux Demoiselles du Palais-Royal, publiées de 1789 à 1801, et qu'il est difficile de rencontrer aujourd'hui. Viennent ensuite des extraits de l'Espion chinois (Cologne, 17651774, 6 vol.); du Grivoisiana, de Martainville, 1807; des Anecdotes du dix-neuvième siècle, de Collin de Plancy.

N'oublions pas une reproduction d'un opuscule qui parut en 1853 sous le titre énigmatique de H. B. P. M.; initiales qu'il faut traduire par : Henri Beyle, par Prosper Mérimée; il ne fut alors tiré qu'à quinze exemplaires, mais il a été réimprimé depuis, notamment à Bruxelles (sous la rubrique d'Éleuthéropolis, in-16 de 62 pages, à 140 exemplaires; il se retrouve, mais changé et surtout adouci, dans la Correspondance inédite de Stendahl (Paris, 1855). Nous aurons peut-être l'occasion de reparler de cette plaquette qui a fait quelque bruit.

Parmi les raretés reproduites figurent, de temps à autre, quelques pamphlets de l'époque révolutionnaire, productions révoltantes que l'historien doit cependant consulter comme témoignages des excès auxquels se porte la licence de la presse dans des années néfastes. Un de ces tristes monuments des fureurs démagogiques est intitulé : Tétes à prix. Parmi les aristocrates ainsi tarifés, figurent Bouillé, Monsieur (depuis Louis XVIII), le prince de Bourbon, tarifés à 8000 livres; le maréchal de Broglie atteint le maximum, 12000; la tête du cardinal de Rohan n'est évaluée que 6000 livres; celle du journaliste Mallet du Pan, est presque pour rien, 200 livres. La Description de la ménagerie d'animaux établie aux Tuileries est un pamphlet ignoble; bornons-nous à en transcrire trois lignes relatives au Royal Veto: « Il est vorace par nature; il mange ou plutôt il dévore avec malpropreté tout ce qu'on lui jette; il est ivrogne et ne cesse de boire depuis son lever jusqu'à son coucher, il est aussi timide qu'un lièvre, aussi stupide qu'une autruche. »> G. B.

Typographie Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.

SOUVENIRS D'UN HOMME DE LETTRES.

IX.

· LA CUISINE DU VAISSEAU-ÉCOLE (1)

ET

LA GASTRONOMIE PENDANT MA JEUNESSE.

Comme on l'a vu, les sujets d'intérêt, d'enthousiasme et de gaieté ne manquaient pas sur le Tourville; mais on ne persuadera jamais à une mère que son fils a tout ce qu'il lui faut, quand il est loin d'elle.

Dans les premiers temps que je fus sur le vaisseau-école, une des choses qui préoccupaient le plus la mienne, c'était la manière dont je vivais. Quoiqu'elle eût vu beaucoup par ses yeux lorsqu'elle m'avait conduit à Brest, il lui revenait de temps en temps à l'esprit la comparaison qu'un hôte railleur faisait avant mon départ des dîners tranquilles de notre maison avec ceux d'un vaisseau, où officiers et passagers, exposés à des coups de roulis, étaient sans cesse occupés à retenir un plat qui fuyait ou un verre qui allait chercher son point d'appui sur le plat-bord du navire. Elle savait bien que les aspirants avaient, comme les capitaines et l'état-major, leur cuisinier particulier; néanmoins elle était toujours tentée de confondre ces artistes culinaires avec des coqs grossiers et sales qui, malgré l'étymologie de leur nom, croient avoir fait tout ce qu'il y a à faire quand ils ont

L

(1) Ces chapitres ne sont pas placés par ordre de dates, mais suivant qu'ils ont été retrouvés. Ils reparaîtront du reste ailleurs corrigés et distribués comme il convient.

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