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BIBLIOGRAPHIE NOBILIAIRE DE LA LORRAINE

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complète sur ce sujet, mais une esquisse suffisante pour servir de guide dans l'usage de la bibliographie.

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En Lorraine, la classe occupant le premier rang dans la noblesse est connue sous le nom d'ancienne chevalerie. Il ne faut pas la confondre avec les ordres de chevalerie institués, comme en France, par l'autorité du souverain ou avec la chevalerie conférée par accolade.

Au moment de l'avènement de Gérard d'Alsace, le premier des ducs héréditaires, elle était déjà en possession de ses privilèges et formait un corps puissant et redoutable. L'ancienne chevalerie lorraine comprenait les familles en possession de fiefs, dont l'origine se perdait dans la nuit des temps et dont les membres étaient admis à siéger aux Assises. Si, en France, l'ancienne noblesse se montra peu soucieuse de continuer à remplir ses fonctions judiciaires, il n'en est pas de mème en Lorraine et l'exercice de cette prérogative contribua pour une large part à y maintenir son prestige.

Le tribunal des Assises, formé exclusivement des chevaliers, avait à la fois des attributions politiques, administratives et judiciaires : en politique, il tranchait des questions de succession au trône, de régence en cas de minorité, et prétendait avoir juridiction sur la personne même du duc; il intervenait dans l'administration du duché et ses prérogatives judiciaires n'étaient pas moins importantes.

Les Assises se réunissaient à Nancy, Mirecourt et Vaudrevange, chefs-lieux des bailliages de Nancy, Vosges et Allemagne. Le duc y était représenté par son bailli, appartenant lui-même à la haute noblesse, mais n'ayant pas voix délibérative.

Dans l'ancienne chevalerie, aucune suprématie n'était admise, tous ses membres étaient pairs et la distinction en grands et en petits chevaux est absolument fantaisiste; elle ne remonte pas au-delà du XVIIIe siècle. Dans sa belle Histoire de la réunion de la Lorraine à la France, M. d'Haussonville dit très justement : « Les membres de la chevalerie étaient parfaitement égaux entre eux et la distinction entre les grands et les petits chevaux et le reste de la noblesse, une pure affaire de convention, de mode et de fantaisie qui n'affectait en rien le

fond des choses, et à laquelle ces familles elles-mêmes n'attachaient aucune importance. >

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La chevalerie était primitivement un corps fermé et les ducs euxmêmes ne pouvaient en ouvrir les portes; aussi le temps et les guerres l'avaient rapidement réduite. Pour combler ces vides, on se décida à admettre les gentilshommes de nom et d'armes (1), appartenant à des familles étrangères et ayant épousé des filles de la chevalerie lorraine, mais à la condition que leur noblesse fût immémoriale et qu'ils fussent possesseurs de fiefs en Lorraine; de là leur nom de pairs fiefvés; cette investiture se transmettait à leurs descendants.

Primitivement l'ancienne chevalerie comprenait trois cents familles environ; mais le nombre de celles-ci décrut rapidement et, à l'époque actuelle, il en subsiste une trentaine au plus, parmi lesquelles une seule, dit-on, celle des Ligniville, serait d'origine lorraine.

Les ducs se montrèrent jaloux des prérogatives de la chevalerie et cherchèrent à les amoindrir. Cependant les Assises ne furent pas. supprimées par l'un d'eux, mais par le roi Louis XIII, pendant l'occu-, pation temporaire de la Lorraine; Charles IV et Léopold, en rentrant, dans leurs Etats, se gardèrent de les rétablir.

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A la suite de l'ancienne chevalerie, venaient d'autres familles de haut lignage qui, sans marcher tout à fait de front avec les premières, les suivaient de très près; les unes, originaires du pays, les autres venues anciennement du dehors (2).

Ainsi les nobles de cette catégorie sont d'une origine aussi lointaine que ceux de l'ancienne chevalerie, mais ils s'en distinguent en ce qu'ils ne sont pas admis à siéger aux Assises. On les désigne habi

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(1) En Lorraine, comme dans les autres pays de l'Europe, il y a des gentilshommes de nom et d'armes; c'est-à-dire une noblesse de si haute antiquité qu'on n'en peut démontrer l'origine, et qui prouvent une possession de temps immémorial par une suite de personnes distinguées par leur valeur et leurs exploits.... Dom Pelletier, Nobiliaire, p. XV et XVI.

En France, suivant l'usage établi, pour prouver sa noblesse de nom et d'armes, il fallait fournir des preuves d'une situation de gentilhomme depuis 1399, sans anoblissement connu.

(2) V. de Saint-Mauris, Etudes historiques sur l'ancienne Lorraine, tome I, p. 127.

tuellement sous le nom d'Ecuyers, à défaut d'une désignation plus exacte. En effet, nous voyons anciennement les membres de la che valerie prendre indistinctement le titre de chevalier ou celui d'écuyer. M. Meaume cite le procès-verbal d'une séance des Assises, en 1425, revêtu de 85 signatures; 8 seulement sont suivies de la qualification de chevalier, les 76 autres de celle d'écuyer. L'examen de ce document montre que le titre de chevalier n'était pas le privilège exclusif de certaines familles, ni même de l'aîné d'une même famille (1)..

III. DE CERTAINS GENTILSHOMMES

1o Gentilshommes verriers. Il y a bien de la légende dans l'opinion généralement reçue sur la noblesse des gentilshommes verriers. En réalité les lettres-patentes de 1448 et 1469 ne la confèrent pas aux verriers; elles les élèvent à une situation qui en est très voisine, en leur accordant des privilèges dont quelques-uns dépassent même ceux de la noblesse, privilèges attachés à l'exercice de la profession du verre et qui se perdaient dès qu'on cessait de la pratiquer. Toutefois, si la verrerie n'anoblissait pas, par contre elle n'entraînait pas la dérogeance. En France, la situation était semblable et la qualification de gentilhomme étant toujours suivie du mot verrier, son sens se trouvait ainsi restreint à sa véritable portée.

2o Gentilshommes de Laveline. Nous lisons dans l'Histoire de Lorraine d'Auguste Digot (2) : « Les habitants du village de Laveline, situé sur la Vologne, à une lieue de Bruyères, ayant rendu de grands services à René II et contribué à chasser les Bourguignons de la partie orientale des Vosges, furent tous anoblis en 1476. On les appelait les gentilshommes de Laveline, et ils transmettaient leurs privilèges non seulement à leurs fils, mais encore aux maris de leurs filles. Ces privilèges furent restreints par la suite aux descendants mâles..... »

Il semble qu'il en est de la noblesse des gentilshommes de Laveline comme de celle des verriers. Cette désignation ne devrait pas être tenue pour un titre de noblesse, mais elle est motivée par les

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(1) Journal de la Société d'archéologie lorraine, 1877. Les Grands et les Petits Chevaux, par M. E. Meaume.

(2) Tome III, p. 291.

privilèges considérables accordés aux habitants de cette localité et les rapprochant très sensiblement de la noblesse.

3° Gentilshommes de quatre générations. — Nous avons déjà dit que la qualité d'écuyer fut accordée à certains anoblis pouvant justifier de plusieurs générations de noblesse ; l'autorisation du souverain était nécessaire à cet effet. Mais le titre d'écuyer ainsi obtenu ne donnant aucun droit à prendre celui de gentilhomme, les lettres de gentillesse furent recherchées avec plus d'empressement. Ces lettres étaient accordées aux anoblis produisant l'acte d'anoblissement de leur ancêtre et fournissant à la suite la preuve de trois générations sans mésalliances ni dérogeance. Ainsi il fallait quatre degrés de noblesse dative pour être admis à prendre le titre de gentilhomme, mais sans faire partie de l'ancienne chevalerie. Les premières lettres furent délivrées sous le règne de Charles III; les quatre générations exigées dans le début furent ensuite réduites à trois.

Il arriva aussi que des anoblis se crurent en droit de prendre le titre de gentilhomme sans avoir obtenu de lettres du prince. L'ancienne chevalerie protesta contre ces abus et demanda que les quatre degrés de noblesse fussent vérifiés en séance d'Assises.

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Les ducs de Lorraine accordèrent des lettres d'anoblissement à ceux de leurs sujets ayant rendu des services à l'Etat ou à leur pers'étant distingués par leur mérite ou leurs talents. Malheureusement cette faveur n'allait pas au mérite seul et le caprice y eut une trop grande part; de plus l'exemption d'impôts, en alourdissant les charges du grand nombre, contribuait à l'impopularité de

la nouvelle noblesse.

Les premiers anoblissements en Lorraine ne sont pas antérieurs au xive siècle : ils y furent assez rares jusque vers la fin du xv. Ils se multiplièrent par la suite et le duc Léopold s'est particulièrement distingué par sa prodigalité des lettres de noblesse.

Les nouveaux anoblis devaient abandonner au trésor ducal le tiers de leurs biens; mais cette règle fut très rarement appliquée et le plus souvent le duc faisait remise à titre exceptionnel » de tout ou partie de cette redevance.

Certaines professions n'étaient pas incompatibles avec la noblesse ;

telles sont celles de médecin et d'avocat. D'autres mêmes conféraient la noblesse; ainsi en était-il, après vingt ans d'exercice, pour les professeurs de l'Université de Pont-à-Mousson, les conseillers d'État,

etc.

Les ducs de Bar ont anobii quelques années avant les ducs de Lorraine. Les évêques de Metz, Toul et Verdun conférèrent aussi des lettres d'anoblissement. Les comtes d'Apremont, seigneurs de Dun, en reçurent, dit-on, le droit de l'empereur d'Allemagne. Les damoiseaux de Commercy prétendaient posséder ce privilège. Enfin les rois de France conférèrent quelquefois la noblesse à des Lorrains.

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L'ancien pays lorrain était très morcelé. Outre le duché de Lorraine proprement dit, il comprenait le duché de Bar, les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, le Bassigny, etc. Dans chacune de ces enclaves la noblesse se distinguait par quelques traits particuliers.

Dans le Barrois non-mouvant, c'est-à-dire qui n'était pas sous la suzeraineté des rois de France, il existait anciennement une juridiction présentant de l'analogie avec les Assises de Lorraine. C'était la Cour des Grands-Jours de Saint-Mihiel, formée originairement de nobles et de prélats (1). Mais l'autorité des ducs de Lorraine étant beaucoup plus absolue dans cette partie de leurs États, le tribunal de Saint-Mihiel devint peu à peu permanent et formé de magistrats de carrière.

<< Dans le Barrois, il n'y a point de distinction, quant aux privilèges, entre les gentilshommes et les anoblis. Le ventre même anoblit, comme il faisait autrefois en Champagne ; c'est-à-dire qu'une fille de race noble épousant un roturier, les enfants qui naissent de ce mariage sont nobles, en renonçant à une partie des biens de leurs pères (2). >

Les Evêchés avaient une noblesse particulière, « de la nature de la noblesse des anciennes républiques d'Athènes et de Rome ». (Dom Calmet.)

A Metz, il existait des associations ou confédérations au nombre

(1) Aug. Digot, Histoire de Lorraine, tome V, p. 86.

(2) Dom Calmet. Histoire de Lorraine, 2o édit., tome II, col. XX.

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