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LITTÉRAIRE.

ANNÉE M. DCC. LXXIX.

Par M. FRÉRON.

Parcere perfonis, dicere de vitiis. MART,
TOME TROISIÈME.

A PARIS

Chez MÉRIGOT le jeune, Libraire,
Quai des Augustins, au coin de la
rue Pavée.

M. DCC. LXXIX,

L'ANNÉE

LITTÉRAIRE.

LETTRE I.

Hiftoire naturelle de Pline, traduite en françois, avec le texte latin, rétabli d'après les meilleures leçons manuscrites, accompagné de notes critiques pour l'éclairciement du texte, & d'obfervations fur les connoiffances des anciens, comparées avec les découvertes des modernes ; tom. XI, in-4°. A Paris, chez la veuve Defaint, libraire, rue du Foin, 1778.

RIEN n'eft plus commun

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Mon

fieur, que de trouver des auteurs qui, peu fidèles à leurs engagemens, ne tiennent pas tout ce qu'ils avoient promis, & ne parcourent qu'une partie de la carrière où ils fe font engagés,

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Pline trompe fes lecteurs d'une manière bien différente. Son titre n'annonce qu'une énumération & une defcription des fubftances que nous obfervons dans cet univers; & affurément une pareille tâche étoit immenfe, & fuffifoit pour occuper l'écrivain le plus infatigable. Cependant combien de chofes ne trouvons-nous pas dans fon livre outre ce détail qui paroiffoit inépuisable? L'histoire de la nature eft à la vérité le fonds de fon ouvrage, mais comme fi c'étoit trop peu pour fon vafte génie, il y a joint une hiftoire abrégée de tous les arts & des artiftes, la notice des antiquités, des ufages, d'une infinité d'anecdotes intéreffantes; enforte que nous voyons comme d'un feul coupd'oeil tout ce qui peut infpirer une jufte admiration, & la libéralité du fouverain être qui répand fes dons avec profufion, & l'induftrie de l'homme faifant fervir tant de richeffes à fes befoins ou à fes plaisirs, induftrie qui eft elle-même un des plus beaux préfens qu'il ait reçus du ciel.

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Le mérite réel de cette collection immenfe, qui, comme la plupart des ouvrages écrits dans les langues anciennes, eft plus eftimé que connu, m'a déterminé à vous entretenir fucceffivement, Monfieur, des divers volumes dans lesquels elle eft diftri buée, & j'ai cru que la circonftance d'une traduction nouvelle étoit une occafion favorable d'analyfer jufqu'à un certain point l'auteur original, qui fans doute paroîtra nouveau à bien des lecteurs. On fera plus à portée après cela de le comparer avec l'écrivain moderne qui a ofé lutter avec lui. La brieveté élégante & quelquefois obfcure du premier fera un contrafte frappant avec la richeffe pleine de magnificence qu'on admire dans le fecond. Le premier paffe pour ingénieux, & il mérite fa réputation; le fecond a porté fes prétentions plus loin & il a obtenu les couronnes de l'éloquence. L'un écrivoit princi palement pour les favans, & il vouloit inftruire; l'autre cherche peutêtre plus à plaire, & il a furement gagné un plus grand nombre de

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