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emprunta quelques milliers d'écus en son nom personnel, réorganisa les régiments qu'il avait sous la main et secondé par l'armée espagnole, qu'un ordre du roi Ferdinand VI avait rappelée de Savoie, il empêcha la prise de Castellane et couvrit Draguignan et Brignolles. Ses craintes pour Toulon étaient vives; ce port important pouvait d'un moment à l'autre se trouver attaqué par terre et par mer. Afin de prévenir un pareil malheur, Belle-Isle prit position au Puget sur la route de Toulon, y éleva des retranchements et attendit l'ennemi; mais une diversion inattendue arrêta les troupes alliées dans leur marche triomphante et les força de retourner sur leurs pas.

Gênes se soulève, 5 dé

Maîtres de Gênes, les Autrichiens avaient durement abusé de leur victoire. Non contents de s'être cembre 1746. emparés de seize millions déposés dans les caisses de la banque de Saint-Georges, ils exigeaient avec rigueur les huit millions auxquels ils avaient condamné la république. En vain les malheureux Génois avaient-ils imploré la compassion de la reine de Hongrie. Marie-Thérèse n'avait répondu à leurs supplications que par l'ordre de compléter sans retard l'amende qui leur avait été imposée, et de pourvoir à l'entretien de neuf régiments logés dans les faubourgs de la ville et les villages de la banlieue. L'anéantissement du commerce, le pillage de leurs maisons ne laissaient aux infortunés habitants de Gênes d'autre perspective que de mourir de faim. Les bruits les plus sinistres couraient au milieu de cette population désespérée. Le général Botta s'était vanté, prétendait-on, de ne laisser aux Génois que les yeux pour pleurer sur les ruines de leur république. Mêlés aux

ouvriers qui enlevaient, sous la surveillance des Autrichiens, les bombes et les mortiers des arsenaux, plusieurs sénateurs et d'autres personnes notables de la ville attisaient la haine de la multitude contre leurs oppresseurs. Ils lui faisaient entrevoir le moment où les femmes et les enfants seraient sans pain, et comptant les Autrichiens dispersés dans les villages ou renfermés dans l'enceinte de la ville, ils montraient la facilité de la révolte. Les colères du peuple fermentaient en silence, quelques menaces et quelques murmures étaient les seuls indices de son irritation, quand, le 5 décembre, un capitaine autrichien commit l'imprudence de frapper un manœuvre maladroit. Cet homme se retourne aussitôt et plonge un couteau dans la poitrine de l'officier. Au même instant, une grêle de pierres accable les soldats autrichiens, les boutiques des armuriers sont pillées, et le peuple en armes parcourt les rues étroites et tortueuses de la ville en criant aux armes. Le marquis de Botta, comptant que la crainte suffirait pour étouffer ce commencement de sédition, se contenta de renforcer les corps de garde placés aux portes de la ville. Le lendemain encore, il persista à se tenir sur la défensive, malgré les attroupements de plus en plus nombreux qui se formaient autour du palais du doge et demandaient des armes. Le doge se tut, mais ses domestiques indiquèrent au peuple une maison où il trouverait les armes qu'il réclamait. Bientôt des barricades s'élèvent dans les rues, des officiers génois se mettent à la tête de l'insurrection, et les Autrichiens, intimidés à l'aspect de la ville soulevée, se laissent enlever successivement les portes de Saint-Thomas et de Saint-Michel.

Une députation du sénat se rendit alors dans le faubourg Saint-Pierre-des-Arènes, où logeait le marquis de Botta, qui l'invita à marcher avec des soldats génois contre l'émeute. Le sénat, au fond du cœur, désirait le triomphe des insurgés et ne pouvait accepter une proposition semblable; il fit des observations qui, en paralysant l'activité de la défense, permit à la révolte de se développer. Le tocsin se répond de village à village, les paysans s'attroupent, et en quelques heures les Autrichiens se voient cernés par des ennemis toujours plus nombreux. Comptant sur les intelligences qu'ils ont dans la ville, les Allemands essaient de reconquérir quelques-uns des postes dont ils ont été chassés, en passant par le faubourg Bisagno; mais ils sont reçus à coups de canons et de mousquets. Le faubourg Saint-Pierre-desArènes ne tarde pas à être envahi à son tour par une nuée d'insurgés, qui chassent devant eux les Autrichiens, tandis qu'une multitude de paysans harcellent leurs flancs. Enfin, à la suite de nombreux et sanglants engagements, les soldats de Marie-Thérèse battent en retraite, abandonnant leurs magasins, leurs équipages, et arrivent jusqu'à la Bocchetta, qu'ils franchissent pour ne s'arrêter qu'à Gavi. C'est ainsi qu'à la stupéfaction de l'Europe, le territoire génois fut en peu de jours délivré de ses envahisseurs par un soulèvement populaire. Terrifiés par la crainte des représailles de l'Autriche, les sénateurs et la noblesse de Gênes se hâtèrent de protester à Vienne qu'ils n'avaient participé en rien au glorieux événement qui venait de s'accomplir.

La perte des vastes magasins que renfermait la

Situation périlleuse des

ville de Gênes se fit immédiatement sentir à l'arAutrichiens en mée du général Brown et augmenta les difficultés ils repassent le qu'il éprouvait dans sa marche à travers la Provence. Var le 12 avril La neige et la pluie avaient défoncé les chemins, la

Provence,

1747.

Les Anglais débarquent en Bretagne, Lorient sauvé

cavalerie avait perdu un grand nombre de chevaux, et les orages, en éloignant des côtes les vaisseaux anglais, ne leur permettaient que rarement de secourir les troupes autrichiennes isolées au milieu d'un pays ennemi. Aux attaques des corps francs qui enlevaient leurs convois, n'avaient pas tardé à se joindre les maladies. Les hôpitaux au-delà du Var regorgeaient de malades, ceux de Nice en étaient encombrés. Aussi le général Brown, qui se sentait comme perdu depuis qu'il n'avait plus Gênes pour base de ses opérations, ne tarda-t-il pas à songer à battre en retraite. Le maréchal de Belle-Isle, qui venait de faire lever le siége d'Antibes et de reprendre les îles Sainte-Marguerite, ne trouva plus en face de lui qu'une forte arrière-garde; il l'attaqua devant Castellane, la défit, et, le 12 avril, les ennemis repassèrent le Var.

Les ports de la France, depuis longtemps négligés par l'administration, étaient presque tous hors d'état par l'effet d'un de résister à une attaque par mer. Le galet s'était accumulé contre les jetées de Dieppe au point de

hasard.

former une grève de plus de trois cents mètres de largeur en face des batteries du port. Les canons en avaient été reportés à la hâte sur le bord de la mer au commencement de 1744, mais les travaux exécutés à Dieppe ne l'avaient pas été partout. Les ports de la Bretagne étaient complétement oubliés, lorsqu'à l'époque même de l'entrée des Autrichiens et

des Piémontais en Provence, une flotte considérable parut en vue des côtes. « J'aperçus, le 28 septembre, écrivait le commandant de Port-Louis, un nombre de voiles qui se multipliait à l'infini. >> Quatre jours après, il annonçait un débarquement des Anglais à peu de distance de la ville, en ajoutant: « Si on avait des fusils, on les battrait; mais les paysans n'ont que des fourches. » C'était le général SaintClair qui était descendu à terre avec cinq mille hommes. Port-Louis fut occupé sans résistance, et les Anglais parurent bientôt devant Lorient, où se trouvait le dépôt des marchandises de la compagnie des Indes. Le commandant, qui avait sous ses ordres douze mille hommes de milice, se laissa intimider par les menaces de Saint-Clair, qui parlait de tout mettre à feu et à sang. Il allait signer une capitulation, lorsque les miliciens, peu familiarisés avec les usages militaires, se mettent à battre la générale au lieu de la chamade. Saint-Clair étonné craint une trahison et se prépare à repousser une attaque, quand un signal de l'amiral Lestoc l'avertit que le vent a tourné et va pousser sa flotte au large. Placé entre un combat qu'il redoute et l'éloignement des vaisseaux qui l'ont amené, Saint-Clair se trouble, ordonne la retraite, et les Français qui lui apportent les clefs de la ville, ne trouvent personne à qui les remettre; les Anglais faisaient voile vers la presqu'île de Quiberon, abandonnant deux pièces de canon enterrées devant Lorient.

Courage des marins

Pendant que la France devait presque au hasard seul la défense de son sol en Provence et en Bre- français, ils ne

tagne, ses marins soutenaient par leur audace l'hon

peuvent pas épargner

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