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parlant des plus remarquables loue son ami Laurentius qu'il regarde si habile dans l'art de classer des livres, qu'il le met au-dessus de Policrate le Samien, de Pysistrate le tyran, d'Euclide d'Athènes, de Nicocrate de Chypre, d'Euripide le Poëte (1), et enfin d'Aristote le philosophe. Je ne dirai rien de ces grands hommes en particulier, si ce n'est de Pysistrate, qu'Agellius regarde comme ayant été le premier qui ait eu l'idée de former une collection de livres. Polycrate avait aussi une bibliothèque à-peu-près dans le même tems: voici ce que dit Agellius (2) de Pysistrate: On croit que ce tyran a le premier fondé à Athènes une bibliothèque publique composée d'ouvrages relatifs aux beaux-arts. C'est à ce grand homme (le mot TYRAN n'avait point alors l'acception odieuse que nous lui donnons), c'est à ce grand homme, dis-je, que nous devons les œuvres d'Homère ( 3 ) recueillies, corrigées et mises

(1) Euripide, né dans l'île de Salamine, l'an 486 avant JesusChrist, a composé 92 tragédies: il ne nous en reste que 19, dont les éditions les plus estimées sont celles d'Alde Manuce, 1503, in-8; de Plantin, 1571 in-16; de Commelin, 1597, in-8; de Paul Etienne, 1604, in -4, et celle de Josué Barnès, 1694, in - folio. Le père Brumoy a traduit une partie de ces tragédies, dans son Théâtre des Grecs, dont la meilleure édition est celle de Cussac, en 13 vol. in-S. (2) Liv. VI.

(3) On place Homère 900 ans avant J. C., et 300 ans après la prise de Troie. Les meilleures éditions d'Homère en grec sont celle de Florence, 1488, 2 vol. in-folio; celle de Rome, 1542-1550, avec les commentaires d'Eustathe, 4 vol. in-folio, et enfin celle de Glaskow, 1756, 2 vol. in-folio. Les meilleures éditions grecques et latines sont celle de Schrevelius, 1656, 2 vol. in 4; celle de Barnès, 1711, 2 vol. in 4, et celle de Clarke, 1729, 2 vol. in-4. Les principales traductions en français sont, pour la prose, celle de madame Dacier, celle de Bitaubé, celle de Gin, et, en vers, celle de Rochefort.

en ordre telles que nous les avons aujourd'hui. Autrefois les princes et même les rois s'occupaient de ce genre de littérature que l'on nomme critique. Cette bibliothèque fut dans la suite augmentée par les Athé. niens, jusqu'au tems où Xercès, s'emparant d'Athènes, la spolia et l'enleva. Longtems après (dans la cent dixseptième olimpiade) Séléucus Nicanor, roi de Syrie, la restitua aux Athéniens ; et je crois qu'ils la conservèrent jusqu'au tems où, Sylla saccageant Athènes, elle fut détruite; mais il est présumable qu'elle fut rétablie ; car comment aurait subsisté la mère des beaux-arts sans une bibliothèque ?

Athenée se borne à dire d'Euclide, qu'il fut Archonte, et le plus instruit de tous les magistrats.

Quant à Aristote, j'ai cité dans le chapitre précédent ce que Strabon dit de son goût pour les livres; et j'ai ajouté qu'Athenée prétendait que sa bibliothèque avait été réunie à celle des Ptolomées. Mais Strabon et d'autres écrivains ne sont point de cet avis. Les livres d'Aristote, laissés à Néléus, dit Strabon (1), passèrent à des gens non instruits, qui les tinrent sous clé et n'en firent aucun usage; ensuite on les cacha dans la terre, où ils furent rongés par les cloportes et par les teignes. C'est dans cet état qu'Appolicon de Téos les acheta à grand prix. Il voulut les copier et rétablir les lacunes qu'y avaient faites la pourriture et les insectes; mais il le fit avec peu de goût. Après sa mort, Sylla s'étant em. paré d'Athènes fit transporter à Rome cette bibliothèque, et c'est là qu'un grammairien nommé Tyrannion, en voulant retoucher et faire de nouvelles copies des ou

(1) Liv. XIII.

vrages d'Aristote, en intervertit l'ordre et y fit de nouvelles lacunes. Plutarque, dans la vie de Sylla, se sert à-peu-près des mêmes expressions. Si cela s'est passé

tel

que Strabon et Plutarque le racontent, comment la bibliothèque d'Aristote a-t-elle pu être transférée par Néléus dans celle de Philadelphe, ainsi que l'assure Athenée? On ne peut concilier ces différens auteurs qu'en présumant que Néléus aura conservé précieusement les écrits autographes d'Aristote; qu'il les aura laissés comme un trésor inestimable à ses héritiers, et qu'il aura vendu le surplus de la bibliothèque à Philadelphe. Je n'ai rien lu de plus remarquable que ce que je viens d'exposer sur les bibliothèques de la Grèce, dont les Romains se sont sans doute emparé après avoir fait la conquête du pays.

Il existait à Constantinople une bibliothèque du tems des empereurs. Zonare (1) et Cédrène racontent que, sous l'empereur Bazile, cette bibliothèque, qui était composée de 120,000 volumes, fut dévorée par les flammes: on y voyait l'Iliade et l'Odyssée écrits en lettres d'or, sur un boyau de dragon de la longueur de cent vingt pieds. Cette bibliothèque ne doit point être mise au nombre de celles de la Grèce, parce qu'elle appartient à la Thrace.

(1) Zonare, historien grec, vivait dans le douzième siècle; il a composé des Annales, qui vont jusqu'à la mort d'Alexis Comnène, en 1118. La meilleure édition de ces Annales est celle du Louvre, 1686 -- 1687, 2 vol. in-folio, qui font partie de la Bysantine. Le président Cousin a traduit de ces Annales ce qui regarde l'histoire romaine.

CHAPITRE IV.

De la Bibliothèque de Pergame. - Erreur de Pline et de Vitruve au sujet de cette Bibliothèque; du nombre de volumes qui la composaient, et jusqu'à quel tems elle a existé.

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LA bibliothèque de Pergame, ville située en Asie,

le dispute pour la célébrité à celle d'Alexandrie. Les rois de Pergame, d'abord peu puissans par eux-mêmes, s'agrandirent par le moyen de l'alliance et des richesses des romains; dans la variété des embellissemens qu'ils prodiguèrent à leur capitale, ils n'oublierent point une bibliothèque. Strabon (1) regarde Eumène, fils d'Attale premier, comme fondateur de cette bibliothèque. Ce roi, dit-il, illustra sa capitale en la décorant de temples et d'une bibliothèque magnifique qui existe encore. Pline (2) raconte d'après Varron qu'il

(1) Liv. XIII.

(2) Liv. XIII, chapitre XI. Pline l'ancien vivait du tems de Vespasien et de Titus; il est mort près du Vésuve, l'an 79 de Jesus-Christ nous n'avons de lui que son Histoire naturelle en 37 livres. La meilleure édition de Pline est celle d'Hardouin, 1723, I vol. in-folio, et la meilleure traduction, celle de Poinsinet de Sivri, Paris, 1771, 11 vol. in -4: on ne parle plus de celle de Dupinet.

Pline le jeune a laissé le Panégyrique de Trajan, traduit par Sacy, et 10 livres de lettres, également traduites par Sacy. Les meilleures éditions des œuvres de Pline le jeune sont celle des Elzevirs, 1640, un vol. in-12; celle des Variorum, 1669, un volume in-8; celle d'Oxford, 1703, in-8 et celle d'Amsterdam, 1734, 1 vol. in-4.

existait une rivalité entre Ptolomée et Eumène, relativement à leur bibliothèque : Ptolomée défendait l'exportation du papier d'Egypte, et Eumène celle du parchemin. Jerôme ( 1 ), dans son épitre à Chromace, et Elien (2) ont rendu le même témoignage, si ce n'est qu'au lieu d'Eumène ils ont nommé Attale. Il est clair que ces auteurs se trompent; car Attale et Eumène ont régné presque un siècle après Philadelphe. Comment aurait-il existé de la jalousie entre eux? Sans doute que, en se servant du nom Ptolomée qu'ont porté plusieurs rois d'Egypte, on a voulu parler du cinquième Ptolomée, surnommé Epiphane, qui était contemporain d'Eumène, et il est présumable que cet Epiphane, qui d'ailleurs n'est pas connu pour aussi grand enthousiaste de livres que ses prédécesseurs, il est présumable, dis-je, qu'il aura défendu le commerce du papier d'Egypte, afin que la nouvelle bibliothèque de Pergame ne devienne pas assez considérable pour rivaliser avec la sienne. L'erreur que nous venons de relever, ou plutôt cette espèce d'obscurité est encore plus évidente dans

(1) Jerôme vivait dans le quatrième siècle: on a de lui une quantité d'ouvrages dont la principale édition est celle des Bénédictins, Paris, 1693 - 1706, 5 vol. in-folio : on a traduit ses lettres en 1713, 3 vol. in-8.

(2) Elien est un auteur grec qui vécut sous l'empereur Adrien, auquel il dédia son livre De instruendis aciebus. Cent ans après, au rapport de Philostrate et de Suidas, vivait un autre Elien. Auquel des deux doit on attribuer l'Histoire des animaux, en 17 livres, et les Histoires diverses, en 14 livres? La meilleure édition du livre des animaux est celle grecque et latine, Londres, 1744. 2 vol. in-4; et la meilleure édition des Histoires diverses est celle grecque et latine de Strasbourg, 1713, 1 vol. in-8.

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