Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Vitruve (1). Les rois de Pergame, guidés par leur goût. pour les sciences, fondèrent une superbe bibliothèque publique dans leur capitale. Alors Ptolomée, dirigé par le même goût, forma à grands frais un établissement pareil à Alexandrie. Quoi ! ce sont les rois de Pergame qui auraient montré l'exemple aux Ptolomées, qui auraient excité en eux cette ardeur pour les livres ? Eh! ils n'existaient pas encore que les Ptolomées étaient déjà célèbres par leur bibliothèque! On a peut-être voulu parler de quelque Ptolomée qui a existé postérieurement; au reste, il est reconnu que la bibliothèque de Pergame ne date pas du même tems que celle d'Alexandrie, et qu'elle n'a jamais été aussi considé◄ rable. Plutarque (2) l'atteste, en disant que le triumvir Antoine, amant de Cléopâtre, fit présent à cette princesse de la bibliothèque de Pergame, qui était composée de deux cent mille volumes; je dis volumes, et non pas ouvrages; car dans un volume il peut se trouver plusieurs ouvrages, qui alors ne font pas nombre dans l'énu. mération des livres qui composent une bibliothèque. Voilà donc la bibliothèque de Pergame détruite sitôt après celle d'Alexandrie; mais elle se retrouve dans celle d'Alexandrie même ; l'a-t-elle entièrement remplacée? On serait tenté de le croire en se rappelant la citation précédente de Strabon, qui existe encore. Cet encore indique sans doute le tems où Strabon

(1) Liv. VII. Vitruve vivait du tems d'Auguste : il dédia son beau Traité de l'architecture, en 10 livres, à cet empereur. La meilleure édition est celle d'Amsterdam, 1649, I vol. in-folio. On en a une bonne traduction par Perrault, dont il y a deux éditions in-folio, l'une de 1683, et l'autre de 1684.

(2) Vie de Marc Antoine.

2

écrivait, c'est-à-dire, sous Tibère; et il y a apparence qu'Auguste, qui a annullé tout ce qu'avait fait Antoine, ou a fait transporter cette bibliothèque à Rome, ou l'a fait transcrire, et ainsi l'a rétablie ; mais on ne peut avoir que des doutes à ce sujet.

CHAPITRE V.

Des Bibliothèques romaines.

Des parti

culières. - De la première rendue publique par Asinius Pollion.

DES bibliothèques anciennes les plus remarquables en Egypte, en Grèce et en Asie, passons à celles des Romains: elles sont moins anciennes, et nous sommes plus près du lieu où elles ont existé. Les Romains se sont livrés tard à l'étude des belles-lettres, parce que le bruit des armes effarouche les Muses; mais petità-petit le dieu du goût les inspira; ils sentirent le prix de l'art de bien parler, et ils se laissèrent séduire par les charmes de l'éloquence. Les progrès furent lents, comme c'est l'ordinaire. Isidore rapporte que Paul Emile, vainqueur de Persée, roi de Macédoine, fut le premier qui forma à Rome une collection de livres qu'il avait enlevés à ce prince. Par la suite, Lucullus en fit de même après sa conquête du Pont; mais ni l'un ni l'autre ne rendirent leurs bibliothèques publiques. Voilà tout ce que j'ai découvert sur Paul Emile. Plutarque s'étend davantage sur Lucullus. On ne peut trop louer, dit-il, sa magnificence et son goût pour les livres ; il en avait beaucoup et de très-bien écrits; il se faisait un plaisir de les communiquer; sa bibliothèque était

ouverte à tout le monde : elle était surtout fréquentés par les Grecs, qui la regardaient comme le temple des Muses ils venaient y passer agréablement le tems, libres de tout soucis; lui-même conversait avec eux; il n'était point déplacé parmi les savans, qui se plaisaient à le fréquenter. On voit par-là que ces bibliothèques, quoique appartenant à des particuliers, pouvaient être considérées comme publiques, puisque ceux qui désiraient s'instruire y.avaient un libre accès. Outre Paul Emile et Lucullus, on compte encore Sylla, depuis, dictateur, qui amena à Rome les livres qu'il avait enlevés d'Athènes, et dont Lucien (1) a parlé, ainsi que Plutarque.

Cependant Rome n'avait point encore de bibliothèque publique ; l'honneur d'en fonder une était réservé à Jules - César, si les destins eussent prolongé sa carrière; car Suétonne dit qu'il se proposait de réunir toutes les bibliothèques grecques et latines, pour en composer une publique dont il aurait confié l'organisation et l'administration à M. Varron. O sublime entreprise, et entreprise d'autant plus heureuse que personne n'était plus propre à ce genre de travail que M. Varron, l'un des plus savans parmi les grecs et les latins! Mais César ne put exécuter son plan; Auguste, son fils par adoption

(1) Lucien écrivait dans le deuxième siècle : la meilleure édition grecque de ses ouvrages, est celle des Alde, Venise, 1503, 1 vol. in-folio. La meilleure édition grecque et latine est celle Variorum, Amsterdam, Westein, 1743, 3 vol. in-4. Perrot d'Ablancourt en a donné une traduction estimée, dont la plus jolie édition est celle d'Amsterdam, Mortier, 1709, 2 vol. in-8, figures.

mit cet objet au nombre des embellissemens et des choses utiles qu'il fit pour le bien de Rome et de l'empire. Il chargea Asinius Pollion, orateur et membre du sénat, d'élever, dit Suétone (1), un temple à la liberté, dans lequel fut établie la bibliothèque. Isidore raconte aussi que Pollion fut le premier qui travailla à une bibliothèque publique composée d'ouvrages grecs et latins. Les bustes des auteurs décoraient la salle qui avait été construite avec le produit des dépouilles de l'ennemi (ces ennemis étaient les habitans de Dalmatie qu'on venait de vaincre ). Pline ( 2 ) dit aussi qu'Asinius Pollion, en composant cette bibliothèque, a rendu public le génie des grands hommes. Le temple de la liberté était sur le Mont Aventin, et il y a apparence qu'il a été plutôt réparé et disposé à recevoir la bibliothèque que construit à cet effet; car il existait déjà depuis longtems, et plusieurs historiens, entr'autres, Plutarque, s'accordent à en regarder Tiberius Gracchus, père des Gracques, comme le fondateur. On l'a donc seulement préparé pour l'usage auquel on le destinait. Ovide (3) fait dire à ce sujet à son livre: La liberté m'empêcha d'entrer dans le temple où l'on a établi la

(1) Suétone vivait dans le deuxième siècle, sous l'empereur Adrien. Il a écrit beaucoup d'ouvrages dont il ne reste que P'Histoire des XII Césars et une partie du Traité des illustres réthoriciens et grammairiens. Une des bonnes éditions de Suétone est celle de Leuwarden, Halma, 1714, 2 vol. in-8. On a deux bonnes traductions de Suétone, celle de Laharpe, Paris, 1770, 2 vol. in-8, et celle de Delille de Salle, sous le nom d'Ophellot de la Pause, Paris, 1771, 4 vol. in-8.

(2) Liv. XXXIV, chap. XI.

(3) Liv. III des Tristes, élégie première. Ovide, né 43 ans avant J. C., vivait sous Auguste; on a de lui les Métamorphoses, les

première bibliothèque publique. Je ne suis point de l'avis des savans qui pensent que ces vers ont rapport à une assemblée de poëtes. Le livre d'Ovide se plaint hautement de n'être point reçu dans la bibliothèque d'Asinius Pollion, qui a été la premiere fondée pour l'utilité publique.

CHAPITRE V I.

de l'Octa

Des Biblio

De la Bibliothèque d'Auguste, vienne et de la Palatine. thécaires qui y ont été préposés.

C'EST donc sous Auguste qu'a paru la première biblio

thèque publique ; bientôt on en vit deux autres dont on lui est également redevable. La première est l'Octavienne, ainsi nommée parce qu'il la fonda en l'honneur de sa sœur Octavie. Voici ce que Dion Cassius ( 1 ) en dit dans ses actes de l'an sept cent vingt-un: Auguste établit une bibliothèque dite Octavienne, du nom de sa sœur. Et Plutarque ( 2 ) s'exprime à-peu-près de même sur ce sujet. Octavie, mère de Marcellus, dit-il, ayant eu le malheur de le perdre, érigea une bibliothèque en

Tristes, les 4 livres de Ponto, des Héroïdes, les 3 livres des Amours, l'Art d'Aimer et le Remède de l'Amour, un Poëme satyrique contre Ibis, des fragmens d'autres, etc. On estime beaucoup l'édition des Œuvres d'Ovide, ad usum, Lyon 1686 et 1689, 4 vol. in-4. Duryer et Banier ont traduit les Métamorphoses; Kervillars a traduit les Fastes, et Martignac a traduit toutes les Cuvres. Ces traductions en faisait désirer une bonne : celle de Lefranc de Pompignan et la plus complette et la plus estimée.

(1) Liv. XLIX.

(2) Vie de Marcellus.

« VorigeDoorgaan »