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particulières ne pouvaient être très considérables car on employait beaucoup de tems à copier, et les manuscrits étaient excessivement chers avant que l'imprimerie eût rendu les livres plus communs. Osymandias, roi d'Egypte, est le premier dont l'histoire vante le goût pour les livres il avait une belle collection de bons ouvrages, et Diodore (1) rapporte que ce roi avait établi une bibliothèque magnifique, sur le frontispice de laquelle il avait gravé REMÈDES DE L'Ame. Je ne doute pas, malgré l'ancienneté de cette époque, que l'exemple de ce roi n'ait été suivi (peut-être sa bibliothèque a-t-elle été conservée), et que depuis il ne se soit toujours trouvé en Egypte quelques bibliothèques, particulièrement dans les temples, où il y en avait qui étaient confiées aux soins des prêtres. On en a beaucoup de preuves, entr'autres ce trait relatif à Homère (2): Un certain Naucrates l'accuse d'avoir, lors d'un voyage qu'il fit en Egypte, soustrait à Memphis, dans le temple de Vulcain, l'Iliade et l'Odyssée, qu'une nommée Phantasie avait écrits et y avait déposés, de les avoir ensuite transcrits et publiés sous son nom. Mais ce reproche de plagiat n'a jamais été accrédité et me parait mal fondé.

(1) Liv. 1. Diodore, de Sicile, composa à Rome sa Bibliothèque historique en grec elle comprenait 40 livres, dont il ne reste que 15. La meilleure édition est celle d'Amsterdam, 1745, 2 vol. in-folio. Terrasson l'a traduite, Paris, 1737, 7 vol. in-12.

(2) Ce trait se lit dans Eustathe, préface de l'Odyssée. Eustathe, évêque de Thessalonique, vivait au douzième siècle. Il a composé des commentaires sur Homère et sur Denys le géographe. La meilleure édition de ces commentaires sur Homère est celle de Rome 1542, 4 vol. in-folio. On lui attribue le roman d'Ismène et d'Isménias.

CHAPITRE SECOND.

De la Bibliothèque d'Alexandrie, dont Philadelphe est le premier et le principal fonvariété et nombre de livres qui

dateur;

la composaient ; son incendie, rétablissement.

son

Si nous n'avons aucun détail sur les bibliothèques dont nous venons de parler, nous en sommes dédommagés par tout ce que l'histoire nous rapporte de celle de Ptolomée Philadelphe, bien digne de notre admiration et de nos éloges. Ce Ptolomée était fils de Ptolomée Lagus, second du nom et de la race des rois d'Egypte : il cultivait les sciences et les arts, par conséquent aimait les livres; c'est pourquoi il fonda la grande bibliothèque d'Alexandrie, aidé de l'instruction, de l'exemple et des ouvrages du célèbre Aristote. Car Aristote (1), comme je le dirai bientôt, avait une bibliothèque remarquable par le nombre et le choix des ouvrages. Selon Strabon (2), Aristote est le premier

(1) Aristote, né 385 ans avant J. C., disciple de Platon, est suffisamment connu par l'universalité de ses connaissances et par la quantité de ses ouvrages, dont les plus estimés sont la Dialectique, la Morale, l'Histoire des animaux, la Poétique et la Réthorique. La meilleure édition des Œuvres d'Aristote est celle de Duval, grecque et latine, Paris, 1619, 2 vol. in-folio. Cassandre a traduit sa Réthorique, I vol. in-4; Dacier, sa Poétique, 1 vol. in-4, et Champagne, sa politique, Paris, an V, 2 vol. in-8.

(2) Liv. 1. Strabon vivait du tems d'Auguste, et est mort sous Tibère. Il a composé plusieurs ouvrages, dont il ne reste que sa Géographie, en 17 livres on la regarde comme le meilleur des ouvrages que les anciens nous aient laissés sur cette matière. La meilleure édition est celle d'Amsterdam, 1707, 2 vol. in-folia.

qui fit une collection de livres et qui enseigna aux rois d'Egypte à se composer une bibliothèque. Ce passage de Strabon demande à être éclairci, car Aristote, qui vivait avant Philadelphe, n'a pu lui être utile dans la formation de sa bibliothèque, si ce n'est, comme je l'ai dit, en lui servant de modèle. On peut plutót en croire Athenée (1), qui assure qu'Aristote laissa ses livres à Théophraste, et Théophraste (2) les laissa à Néléus, de qui Ptalomée les acheta pour les faire transporter dans sa belle bibliotheque d'Alexandrie, avec d'autres qu'il s'était procurés à Athènes et à Rhodes. Nous verrons plus bas qu'il y en a qui ne sont point de cet avis. Quoiqu'il en soit, Philadelphe fouilla de tous côtés pour composer sa bibliothèque de toute espèce de livres : il se procura même les livres sacrés des hébreux; car à peine fut-il instruit de la réputation de ces livres qu'il envoya des savans pour en demander la com

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(1) Athenée, grammairien grec, né en Egypte, vivait dans le deuxième siècle sous Marc Aurèle. Il ne reste de lui qu'un ouvrage en 15 livres, intitulé les Dypnosophistes, c'est-à-dire les sophistes à table. Les deux premiers livres, une partie du troisième et la plus grande partie du dernier manquent. La plus belle édition d'Athenée est celle en grec, de Venise, 1514, I vol. in-folio, et la plus intéressante à cause des notes est celle de Lyon, 1614, grecque et latine, 2 vol. in-folio. Marolles en a donné une traduction en 1680, 1 vol. in-4.

(2) Théophraste, disciple d'Aristote, vivait l'an 322 avant J. C. On a de lui 1.° des Caractères, dont la meilleure édition grecque et latine est celle de Cambridge, 1712, 1 vol. in-8, et la meilleure traduction celle de Labruyere, avec les notes de Coste, 1765, 1 vol. in-4.; 2.o un Traité des plantes, dont la meilleure édition grecque et latine est celle d'Amsterdam, 1644, 1 vol. in-folio; 3.° une Histoire des pierres, dont Hill a donné une belle édition grecque et anglaise, en 1 vol. in-8.

munication aux docteurs de la loi, et ces savans, qui étaient au nombre de 70, les traduisirent de l'hébreu en grec, afin qu'ils fussent plus répandus: cette traduction se nomme des septante; elle fut faite, selon Epiphane (1), la dix septième année du règne de Philadelphe, dans la cent vingt-septième olympiade. Démétrius de Phalère (2), célèbre dans les fastes de l'histoire d'Athènes, autant par ses écrits que par ses belles actions, qui ne le mirent point à l'abri de l'exil, présida à l'organisation de cette bibliothèque : il avait toute la confiance du roi, tant pour cet objet que pour d'autres plus intéressans. Il mit à contribution les productions littéraires des caldéens, des égyptiens et des romains; il les fit traduire en grec. George Cédrène (3) s'en explique ainsi : Philadelphe fit traduire en grec beaucoup d'ouvrages précieux qui étaient écrits en caldéen, en égyptien, en latin et en d'autres langues.

(1) Epiphane, ami de Cassiodore vivait dans le sixième siècle, du tems de Théodoric, roi des Gots. Il a fait plusieurs traductions du grec en latin, et entre autres celles des historiens ecclésiastiques Socrate, Sozomène et Théodoret. C'est sur cette version que Cassiodore composa son Histoire tripartite, dont la meilleure édition est celle du bénédictin Garuti, Rouen, 1679, 2 tomes in-folio.

(2) Démétrius de Phalère, disciple de Théophraste, a fait un grand nombre d'ouvrages qui ne nous sont pas parvenus : оп attribue à Denys d'Halicarnasse la réthorique qui porte son nom. La meilleure édition de cette réthorique est celle du Louvre 1555, I vol. in-8.

(3) liv. XXII. George Cédrène vivait dans le onzième siècle. Il a fait des Annales depuis le commencement du monde jusqu'au règne d'Isaac Comnène, empereur de Constantinople, qui sont peu estimées elles font cependant partie de la Bysantine, et ont été imprimées au Louvre en 1647, 2 vol. in-folio.

Ces ouvrages pouvaient monter en tout à cent mille volumes: il les fit déposer dans sa bibliothèque d'Alexandrie.

Je ferai deux remarques sur cette citation : la première est que je crois très-utile la traduction des livres étrangers en langue vulgaire, et qu'on ne peut trop se livrer à ce genre de travail. La seconde est que le nombre de livres cités par ce Cédrène, quelque grand qu'il soit, n'est pas suffisant s'il veut parler de tous, et je pense qu'il n'a entendu parler que des traduits, et que le nombre de ceux écrits en grec était beaucoup plus considérable. D'autres écrivains qui ont parlé de cette bibliothèque la font encore plus volumineuse. Sénèque (1) dit que 400000 volumes, superbe monument de la magnificence royale de Philadelphe, furent la proie des flammes. Il a bien raison de dire superbe ; ce monument'était plus précieux que des diamans et des trésors. Et combien n'aurait-il pas été plus beau s'il eût été plus abondant!

Sénèque s'était encore trompé; on en comptait 700000. Joseph (2) nous apprend que Démétrius ayant

(1) Chap. IX, de la Tranq. Sénèque vivait du tems de Caligula et de Néron: on a de lui beaucoup d'ouvrages, dont la meilleure édition est celle de Leyde, des Elzevirs, 1640, 3 vol. in-12.

(2) Liv. XII, chap. u des Antiq. Eusèbe, de la Préparation, liv. VIII.

Flavien Joseph, historien juif, vivait du tems de Caligula et de Domitien on a de lui deux excellens ouvrages, 20 livres des Antiquités judaïques, et 7 livres de la Guerre des juifs, ce qui lui a valu le surnom de Tite Live grec. La meilleure édition de toutes ses œuvres est celle d'Amsterdam grecque et latine, Havercamp, 1726, 2 vol. in-folio. Arnaud d'Andilly a donné une traduction estimée de l'Histoire des juifs, dont la meilleure édition est celle d'Amsterdam,

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