Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

et

faut

près d'eux. Ce musée avait des galleries et plusieurs appartemens, dont les uus étaient destinés aux exercices du corps et les autres aux exercices de l'esprit, c'est-à-dire, qu'on s'y réunissait pour discuter des objets de sciences et d'arts. Dans une autre partie du musée était la salle à manger où les repas se prenaient en commun. Philostrate (1), en parlant de Denis, raconte qu'il fut reçu au Musée, puis il ajoute: Que dans ce Musée on nourrissait ceux qui y étaient admis, qu'on y appelait les savans de toute la terre. Il ne pas prendre à la lettre ce mot toute la terre, il signifie qu'on ne regardait ni au nombre des savans, ni à la dépense que cela occasionnait. Timon le satyrique en parle ainsi à sa manière: On nourrit en Egypte des gens pour être continuellement occupés de livres et pour discuter IN CAVEA MUSARUM. Athenée ( 2 ) explique ainsi le mot cavea: Timon tourne en ridicule les philosophes qui sont nourris au Musée, comme on nourrit certains oiseaux précieux dans une cage. Athenée se sert de la dénomination particulière de philosophes ; mais Strabon dit gens lettres et hommes savans, cela renferme tous les genres. Ce mot hommes donne à entendre qu'on n'y admettait point les enfans, les jeunes gens, et ceux qui n'en étaient encore qu'aux premiers élémens des sciences. L'admission au musée

(1) Vie de Denís Milésien. On connaît deux Philostrate, dont l'un, qui vivait dans le deuxième siècle, a composé la vie d'Apollonius, et un Traite d'Images ou Tableaux ; et l'autre, son petit-fils, qui a composé les Vies des Sophistes. La meilleure édition des ouvrages des deux Philostrates, est celle grecque et latine de Leipsic, 1709, 1 vol. in-folio.

(2) Liv. I.

[ocr errors]

était donc pour les savans, le prix de leurs veilles et
une honnete retraite ; c'est à-peu-près comme à
Athènes où l'on nourrissait dans le Prytanée aux dé-
pens du trésor public, ceux qui avaient bien mérité
de la patrie. Où êtes-vous, princes généreux, et vous
tous qui excitiez et entreteniez si bien le feu d'une
noble émulation? Strabon place à la tête du Musée
un prêtre qui en était le directeur, et qui devait être
choisi par les rois ou par les empereurs. C'était donc
une grande dignité, puisqu'elle était conférée par
l'empereur lui-même; mais l'empereur ne nommait-il
pas à toutes les places du Musee? On lit dans Phi¬
lostrate, que l'empereur Adrien nomma Denis le so-
phiste, satrape ou préfet en Egypte ; qu'il l'inscrivit au
nombre de ceux à qui l'on décernait des honneurs
publics et qui étaient nourris au Musée. Et en parlant
de Polémon, Adrien le nomma membre du Musée, et
il y fut nourri. Le texte porte dans le cercle du Musée
ce qui signifie peut-être qu'on y était reçu tour-à-tour;
qu'outre la liste des membres reçus, il y en avait
une de candidats, c'est-à-dire de ceux qui devaient y
être admis sitôt qu'une place vaquait. Les candidats
arrivaient donc par ordre d'inscription, aux places qui
devenaient vacantes. Athenée parle aussi d'une place
donnée dans le Musée par Adrien (1), Le Poëte
Pancratis avait loué ingénieusement ce prince sur son
Antinous. Adrien, charmé de cet éloge, ordonna que le
počte serait nourri au Musée. Voilà ce que Strabon
dit de l'instit tion du Musée et du lieu où il était
situé. On peut ajouter que ceux qui y étaient admis

(1) Liv. XV.

[ocr errors]

n'y restaient point sans rien faire (comment des ames bien nées pourraient-elles croupir dans l'oisiveté ?). On y composait, on y discutait et on y déclamait. Spartien raconte ( 1 ) qu'Adrien avait proposé beaucoup de questions aux professeurs du Musée d'Alexandrie, et qu'il en avait discuté et résolu plusieurs qu'on lui avait faites. On peut encore citer Suétonne (2), qui dit que l'empereur Claude ajouta un nouveau Musée à l'ancien, et qu'il ordonna que certains livres y seraient lus tous les ans.

Nota. Il est surprenant que Juste Lipse n'ait pas parlé de l'espèce de Bibliothèque que les Juifs avaient dans leur temple: elle était composée, dit-on, des Tables de la Loi, des Livres de Moyse, de ceux des Rois et de ceux des Prophètes, qui avaient eux-mêmes fait des copies de leurs prophéties.

(1) Ælius Spartien vivait dans le troisième siècle, sous Dioclétien il a écrit en latin les Vies d'Adrien, de Caracalla et de quatre autres Empereurs romains. On les trouve dans l'ouvrage intitulé Historiae Augustae scriptores. Leide, 1670--1671, 2 vol. in-8. (2) Chap. XLII.

NOTICE

ABRÉGÉE

DES

PRINCIPALES

BIBLIOTHÈQUES

MODERNES,

Pour servir de supplément au Traité des Bibliothèques anciennes, par Juste Lipse.

Ju

USTE LIPSE n'a parlé que des bibliothèques anciennes; nous avons cru qu'un mot sur les bibliothèques modernes trouverait ici naturellement sa place; nous allons donc extraire et abréger le chapitre consacré à cet objet, dans notre MANUEL DU BIBLIOTHÉCAIRE.

Il est inutile de citer ces bibliothèques, ou plutôt ces petites collections de livres qu'eurent les premiers chrétiens, qui, dans le principe, brûlèrent tous les ouvrages qui n'avaient point de rapport à la religion. Passons à celles que l'on établit quand le christianisme fut affermi sans contradiction.

Celle de Constantin le grand est la première qui mérite attention. Elle fut fondée l'an 336; il n'est pas présumable que l'empereur Julien ait voulu détruire cette bibliothèque (1), qui avait été très-aug

(1) Elle éprouva beaucoup de révolutions et monta jusqu'à cent

« VorigeDoorgaan »