que je puisse publier le MANUEL, agréez, je vous prie, un petitrecueil bibliographique, qui n'en est, pour ainsi dire, que l'extrait: je l'ai composé de tout ce qui m'a paru le plus propre à donner une idée des bibliothèques anciennes et modernes, à faire connaître les livres, les formats, les éditions, et j'ai indiqué la manière de se composer une petite bibliothèque choisie, à peu près complète, classée méthodiquement et peu dispendieuse; les élèves des écoles centrales y trouveront aussi un catalogue exact des ouvrages sur chaque partie de l'enseignement, et sur d'autres objets instructifs et curieux.

M'étant apperçu que beaucoup d'auteurs modernes, qui ont parlé des bibliothèques anciennes, avaient disséqué le SYNTAGMA DE BIBLIOTHECIS de Juste Lipse, sans le citer, je me suis décidé à restituer à ce savant critique ce qui lui est dû, en traduisant en entier cet opuscule, et en le plaçant en tête de mon ouvrage. Le fond d'un sujet si intéressant pour nous m'a fait passer sur le dégoût

qu'inspirent ordinairement un style dur et un latin tout hérissé de pointes et d'ellipses. J'ai ajouté à ce petit traité des notes indicatives des meilleures éditions de tous les auteurs qui y sont cités, ainsi qu'une notice abrégée des bibliothèques modernes les plus célèbres. Puisse cet essai partager l'accueil dont votre indulgence a honoré le plan de mon MANUEL; ce serait le présage le plus heureux pour d'autres ouvrages sur la bibliographie dont je prépare dans ce moment les matériaux.

Salut et considération,

G. PEIGNOT.

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DE LA BIBLIOGRAPHIE.

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LE mot Bibliographie pris dans l'acception la plus étendue, signifie connaissance ou description de livres; mais cette connaissance en exige beaucoup d'autres préliminaires qui sont indispensables à celui qui aspire au titre de Bibliographe. La simple connaissance des livres n'est, pour ainsi dire, que la partie technique de la Bibliographie; c'est celle à la-i quelle on se borne ordinairement, et cependant elle ne devrait être que la suite ou le résultat d'une étude philosophique, historique et littéraire que nous nommerons BIBLIOLOGIE: de cette étude ou science dess productions de l'esprit, on descend naturellement à la description des livres, et cette dernière partie constitue essentiellement la BIBLIOGRAPHIE.,

I

Nous répétérons ce que nous avons déjà dit dans notre Prospectus de l'an vii: il ne suffit pas à un Bibliothécaire d'avoir sous les yeux des Catalogues › méthodiques et raisonnés, de savoir quel prix la curiosité de l'amateur ou la cupidité du libraire attai ̧ . chent à tel volume, de connaître les livres rares et singuliers, de deviner à quel siècle appartient tel manuscrit, etc. Ces connaissances, ffès-utiles d'ail-, leurs, sont autant et plus du ressort du commerce de la librairie, que du ressort de la Bibliographie; le

Bibliothécaire doit encore posséder quelques notions au moins historiques et alphabétiques des langues anciennes et modernes ; il doit se pénétrer de l'histoire de la philosophie et des belles - lettres, c'est-àdire, se former un plan d'histoire littéraire ; il doit connaître les principales bibliothèques qui ont existé avant et au commencement de l'ère vulgaire, et celles qui existent maintenant, sur-tout en Europe: l'histoire de l'imprimerie ne doit point lui être étrangere.. Apres avoir acquis quelques notions sur les livres des anciens, il doit s'occuper des éditions remarquables. qui ont illustré certaines presses depuis le 15.e siècle ; il doit étudier les différens systêmes bibliographiques, et tâcher de les concilier, s'il est possible, pour, en former un moins défectueux que ceux qui ont paru jusqu'à ce jour; enfin, il doit se familiariser avec quelques idées snr la librairie, tant ancienne que nouvelle.:

Tels sont les objets essentiels que l'on: a neglige de traiter, ou, pour mieux dire, que l'on a entièrement omis dans la plupart des ouvrages de Bibliographie. Persuadés qu'un livre qui suppléerait à ces, omissions pourrait être utile, nous nous en étions occupés, et même nous avions déja présenté le plan de notre travail a nos collégues les Bibliothecaires .. des départemens; l'impossibilité où nous avons été de publier notre manuscrit, nous a donné le temps de le revoir; en y portant nous-mêmes l'oeil sévère de la critique, nons avons trouvé que certains arcles étaient défectueux par la rédaction, et que d'autres

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