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Brahé; M. Bugge, savant distingué, perfectionnoit la géographie de ce pays; il déterminoit les positions de Copenhague, d'Uranibourg et de Lunden. A Stockholm, Wargentin s'occupoit encore des satellites de Jupiter, dont il avoit donné les premières tables exactes. A Pétersbourg, le savant élève d'Euler découvroit la cause de l'orbite extraordinaire (1) que présentoit la comète de 1770.

Partout l'Astronomie trouvoit de zélés partisans et des gouvernemens protecteurs. Cette situation florissante lui préparoit de nouveaux développemens. Pour élle commence en 1781 une période remarquable, dans laquelle on verra l'observateur et le géomètre agir de concert et dans le même esprit pour calculer les mou→ vemens célestes avec plus de précision; celui-ci, pénétrant dans les profondeurs de la théorie, attendre de l'observation des données plus exactes, le besoin de cette nouvelle exactitude, amener, celui de la perfection des instrumens et la perfection des instrumens conduire à la découverte de nouveaux phénomènes.

Tel doit être l'enchaînement des causes et des effets. Les astronomes et les géomètres s'entendront du nord au midi pour arriver ensemble au même but; chaque nation payera son tribut à la science, l'une par des théories plus profondes, une autre par des instrumens plus parfaits ou des observations plus précises, une autre enfin par la découverte d'astres inconnus.

Cependant l'Astronomie a perdu depuis 1781 un grand nombre de ses plus fermes appuis elle a eu

(1) Réflexions sur le temps périodique des comètes et principalement de celle de 1770. Pétersbourg, in-4°, 1780,

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successivement à déplorer la perte de Lemonnier, Pingré, de Borda, de Méchain, de d'Agelet, de Duséjour, de Lalande, de Wargentin, de Ximenès, de Boscowick, de Frisi, de Hell et de beaucoup d'autres dont les noms lui seront toujours chers; mais il lui restoit encore des hommes capables de lui donner une grande impulsion, et d'autres dignes de seconder efficacement leurs efforts; elle s'est aussi fortifiée de nouveaux coopérateurs dont nous avons à faire connoître les travaux. En France, paroissent MM. Delambre, Gassini, Messier, Bouvard, le Français-Lalande, Burckhardt, Biot et Arago; Flaugergues, Vidal et Duc-la-Chapelle; en Italie, MM. Oriani, Calandrelli, Cagnoli et Piazzi; en Allemagne, MM. de Zach, Triesneker, Schroeter, Harding, Olbers, Gauss et Bürg; en Suède, MM. Swanberg, Ofverbon, Holmquist et Palander. A cès savans astronomes, peuvent être associés deux voyageurs célèbres, unis par leur noble dévouement pour les sciences; MM de Humboldt et Bonpland, qui, pour observer les effets de la réfraction dans la zône torride, ont gravi jusqu'aux sommets des montagnes équatoriales. Ces noms nous laissent encore pour l'avenir de grandes espérances, auxquelles on peut ajouter celles que donnent le zèle éclairé de M. Mathieu pour l'observation pret les hautes connoissances de M. Poisson dans l'analyse. C'est par cette succession continuelle de talens et de lumières que les arts et les sciences se soutiennent ou se perfectionnent; leur décadence arrive lorsqu'une telle succession est interrompue, ou que le génie est remplacé par la médiocrité...

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PREMIÈRE PARTIE.

DÉCOUVERTES FAITES PAR L'OBSERVATION.

ARTICLE PREMIER.

DÉCOUVERTES DE M. HERSCHEL

URANUS.

Au moment où l'auteur de l'Histoire de l'Astronomie terminoit son ouvrage, un phénomène extraordinaire occupoit les savans de l'Europe. M. Herschel (1), observateur aussi distingué par ses connoissances dans l'Optique et dans l'Astronomie, que par les principes qui l'ont dirigé dans la recherche des phénomènes célestes, venoit de découvrir un astre nouveau. Il l'aperçut à Bath en Angleterre, le 13 mars 1781, en observant, avec un télescope de sept pieds, les étoiles situées vers le pied boréal des Gémeaux. L'ayant trouvé plus large et moins lumineux que les étoiles, il employa pour l'examiner un télescope d'une plus grande force, et vit son diamètre apparent s'agrandir. Deux jours après il reconnut qu'il avoit changé de place.

:: Bientôt l'apparition du nouvel astre fixa l'attention du monde savant; les astronomes les plus célèbres,

(1) William Herschel est né à Hanovre en 1738.

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Lemonnier, Lalande, Méchain, d'Agelet, et M. Messier en France; M. Maskelyne en Angleterre; MM. Oriani, Reggio, Cesaris et Slope en Italie; M. Bode à Berlin; Wargentin à Stockolm, s'attachèrent à suivre sa marche મે dans le ciel.

A mesure qu'il s'avançoit dans les espaces 'célestes, ils admiroient le phénomène et n'osoient prononcer sur sa nature. Ils examinèrent d'abord si l'astre étoit une comète; mais il n'en avoit point les apparences, il n'en avoit ni la chevelure, nila traînée lumineuse : son mouvement sensible et l'augmentation observée de son diamètre apparent ne permettoient pas non plus de le mettre au rang des étoiles, On se refusoit à le croire une planète; le monde, accoutumé depuis tant de siècles à n'en compter que sept, se prêtoit difficilement à l'adoption d'une huitième. En conséquence son orbite fut d'abord calculée comme celle d'une comète dans l'hypothèse parabolique. En peu de jours le calcul s'éloigna des observations, et ce fut en vain que l'on augmenta, pour les représenter, les distances périhélies des paraboles dans lesquelles l'astre étoit supposé se mouvoir, depuis quatorze jusqu'à dix-huit fois celle de la terre au soleil. Le président Saron, de l'Académie des Sciences de Paris, reconnut le premier qu'elles étoient mieux représentées dans le cercle que dans la parabole, et que la distance de l'astre étoit au moins douze fois aussi grande que celle de la terre au soleil nenfin Lexell, célèbre astronome de Pétersbourg, trouva que son mouvement dans un cercle, dont le rayon seroit double de celui de Saturne, étoit propre à satisfaire à toutes les observations. Dès-lors les opinions commencèrent à

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se fixer sur la nature d'un astre dont la découverte étoit d'autant plus extraordinaire qu'elle reculoit de plus de trois cent millions de lieues les limites du système planétaire. Peut être s'étendent-elles beaucoup au-delà; peut-être d'autres planètes invisibles pour nous, ou confondues avec des étoiles, circulent comme les comètes au-delà de l'astre d'Herschel; peut-être les générations futures étendront encore les bornes de notre univers.

Après quelques mois d'observations, les astronomes cherchèrent à déterminer plus exactement l'orbite de la nouvelle planète. Lalande, qui s'en occupa spécialement, forma diverses hypothèses sur sa distance au soleil; de chacune d'elles il déduisoit, d'après la loi de Kepler, la durée de sa révolution sidérale, concluoit son mouvement héliocentrique pour un temps déterminé, le comparoit avec son mouvement conclu pour le même témps, d'après les observations réduites au soleil, revenoit sans cesse à la même série d'opérations, jusqu'à -ce que l'accord entre deux résultats, auxquels il arrivoit -par deux voies différentes, devînt le garant de la légitii mité de son hypothèse. Après différens essais, il trouva que pour obtenir cet accord, la distance de la planète devoit être supposée près de dix-neuf fois celle de la -terre au soleil, et la durée de sa révolution sidérale, de plus de 82 ans.

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Il aperçut en même temps dans son mouvement une inégalité sensible qui se manifestoit par la difficulté de représenter exactement dans le même cercle les observations faites pendant l'espace de quinze mois; mais il laissoit au temps le soin d'en déterminer la quantité. Il s'arrêta pour le moment à l'hypothèse d'une orbite

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