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C'est ici que l'on peut être frappé de la puissante influence de l'analyse. Un astre est apperçu pour la première fois; sa marche est observée pendant quelque temps; les lois de son mouvement sont altérées, l'observateur n'apperçoit ses altérations qu'à mesure qu'elles se manifestent; mais l'œil du géomètre perce dans les profondeurs des siècles, il prévoit qu'indépendamment de plusieurs autres corrections qu'il peut séparément indiquer, le moyen mouvement de l'astre nouvellement connu doit être corrigé dans un intervalle de 569 ans de 2 15"; prescience extraordinaire donnée par la géométrie.

Cependant les secours de l'analyse ne dispensent point l'astronome des longs travaux qui lui sont réservés; ce n'est que par degrés qu'il peut approcher de la véritable détermination des élémens d'une planète. La précision qu'il obtient est le fruit de ses pénibles recherches; elle est le dernier résultat des approximations (1) successives, au moyen desquelles il cherche à resserrer de plus en plus les limites de ses erreurs.

M. Delambre connoissoit toute l'étendue de la tâche importante qui lui restoit à remplir; les soins qu'il apporta dans la recherche des élémens qu'il devoit employer à la construction des tables de la nouvelle planète furent couronnés d'un succès qu'il n'avoit pas espéré. Ces tables, qu'il compara pendant trois ans avec le ciel, ne s'écartèrent pas pendant tout ce temps des

(1) En général la détermination des élémens elliptiques dépend des perturbations, et celle des perturbations dépend elle-même des élémens elliptiques, de sorte que l'on ne peut parvenir à la connoissance des uns que par le secours des autres, et par des approximations successives, qui deviennent d'autant plus exactes, que l'on emploie un plus grand nombre d'observations.

observations au-delà de sept secondes. L'Académie des Sciences leur décerna le prix qu'elle avoit proposé pour 1790; elles jouirent en même temps de la gloire d'être adoptées par les astronomes français et étrangers: elles furent employées pour les calculs de la Connoissance des Temps. Lalande les inséra dans la troisième édition de son Astronomie, et Wurm, astronome allemand, dans son Histoire de la nouvelle planète.

Ces tables, celles du Soleil, de Jupiter et de Saturne; celles des Satellites de Jupiter, et de l'aberration d'un grand nombre d'étoiles, qui parurent presqu'en même temps, placèrent alors M. Delambre au rang des astronomes les plus distingués, et ce qu'il a fait depuis, doit associer son nom aux noms les plus illustres, cités dans les fastes de l'Astronomie.

Les travaux dont je viens de donner un apperçu ne laissent plus rien à desirer sur les mouvemens de la nouvelle planète. Les résultats obtenus en moins de dix ans, ont surpassé les espérances des astronomes euxmêmes. « Si la génération actuelle, disoit Bailly (1), » à l'époque de sa découverte, a l'avantage d'enrichir » notre système d'une nouvelle planète, ce sont les > générations suivantes qui fixeront les élémens de son >> mouvement et les dimensions de son orbite. » L'observation et la géométrie ont fait plus qu'il n'avoit osé prévoir.

Ce qui pouvoit encore fixer l'attention des astronomes, c'étoient les dimensions de la planète elle-même, si long-temps inconnue à la terre. Sans l'aide du télescope, les regards de l'homme n'auroient pu l'atteindre;

(1) Histoire de l'Astronomie moderne, tom. 3, pag. 88.

mais aidé de ce puissant secours, il a mesuré le diamètre apparent de son disque devenu sensible. Ce diamètre, réduit à la moyenne distance de la terre au soleil, a été estimé de 1′ 14′′,52, c'est-à-dire, d'environ quatre fois et un tiers celui de la terre, qui n'est que de 17",2, réduit à la même distance. Le volume de la nouvelle planète seroit donc, d'après cette évaluation, qui, cependant ne peut être regardée comme très-précise, environ quatre-vingts fois plus grand que celui de la terre; et cependant peu s'en est fallu que ce corps si volumineux ne soit encore resté quelque temps ignoré dans les espaces célestes. Car, si le hasard, observe Lalande, eût dirigé le télescope d'Herschel vers cet astre onze jours plutôt, il ne se seroit point apperçu de son mouvement; la planète étoit alors stationnaire.

Mais s'il est vrai qu'un hasard heureux ait avancé sa découverte, un hasard d'un genre tout opposé l'avoit aussi retardée de seize ans. Lemonnier, en 1765, avoitobservé trois fois, en moins de huit jours, la planète qu'il prenoit pour une étoile. S'il eût comparé ses trois observations, il eût sans doute enlevé à l'astronome anglois l'un des premiers titres de sa gloire. Le nouvel astre, à cette époque, étoit presque en opposition, et son mouvement en ascension droite étoit très-sensible. Il est probable, au reste, qu'il ne pouvoit plus se cacher long-temps à la terre, que s'il eût encore dérobé sa marche au télescope d'Herschel, il n'eût pas échappé aux savans qui se sont occupés dans ces derniers temps de la formation de grands catalogues d'étoiles.

Les astronomes ont varié quelque temps sur le nom qui lui devoit être donné. M. Herschel l'avoit appelé Georgium Sidus, l'astre de George, en recon

noissance des encouragemens qu'il avoit reçus du roi George. Lalande et d'autres l'appeloient Herschel, du nom de l'auteur de la découverte. On avoit aussi proposé les noms de Cybèle et de Neptune; mais le nom d'Uranus, qui lui fut donné par M. Bode, a prévalu sur tous les autres.

SATELLITES D'URANUS.

Pour ne pas interrompre la série des découvertes faites dans le monde d'Uranus, nous allons parler de celle de ses satellites.

Ce n'étoit pas un médiocre effet de la puissance du télescope de découvrir une planète située vers les extrémités de notre système; mais cette puissance devoit paroître encore plus grande dans la découverte de six petits astres qui circulent autour d'elle : cette conquête, plus difficile que la première, étoit réservée à la constance de M. Herschel,

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Dès l'année 1782, cet habile observateur commençoit soupçonner l'existence de quelques satellites autour d'Uranus. Il reconnut par leur changement de position, que les corps qu'il appercevoit auprès de la planète n'étoient pas des étoiles, mais des astres qu'elle entraînoit avec elle dans son cours; il consacra huit années entières à les observer. Il en découvrit d'abord deux le 11 janvier 1787, environ six ans après la découverte de la planète, Ces deux satellites étoient, par leurs distances, au centre de leurs mouvemens, le second et le quatrième. En observant leur situation dans diverses oppositions successives, il trouva que la révolution

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synodique du premier étoit de 8 17h 1' 19,"3 et celle du second de 13 1" 5' 1", 5. I'

Un de leurs élémens importans, qu'il s'appliqua bientôt aussi à déterminer, étoit leur distance au centre de la planète. Une seule suffisoit pour en conclure d'autres, d'après les lois de Kepler : il s'attacha donc à découvrir celle du satellite le plus éloigné; il l'observa dans un grand nombre de positions différentes. L'ellipticité de son orbite lui parut sensible, et sa distance moyenne à la planète, de 43",23; il évalua celle de l'autre à 33′′,09. En 1790, il découvrit encore deux autres satellites de sa planète; l'un le 18 janvier et l'autre le 9 février; ce sont le premier et le cinquième, en désignant toujours leurs rangs par la distance. Il trouva celle du premier, qu'il appelle intérieur, de 25",5, et sa révolution périodique de 5 21h 25′; la distance du cinquième, qu'il appelle extérieur, de 88", 4, et sa révolution périodique, de 38j 1h 49'.

Il découvrit enfin les deux derniers en 1794; l'un le 28 février, et l'autre le 26 mars; ce sont le sixième et le troisième; il évalua la distance du sixième, qu'il trouva le plus éloigné de la planète, à 176′′,8, et sa révolution périodique à 107 16h40′; la distance du troisième, qu'il appelle intermédiaire, à 38",57, et sa révolution périodique de 101 23′′ 4.

Ce que les satellites d'Uranus présentent de plus remarquable, ce sont les rapports établis dans leurs distances. Celle du troisième satellite est la moitié des distances réunies du second et du quatrième; la distance du cinquième est le double de celle du quatrième, t la distance du sixième en est le quadruple. Quelles sont les causes d'une semblable régularité? Ces astres

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