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du sujet, autant par des hypothèses adroitement combinées, que par une habile application de toutes les ressources de l'analyse.

La Mécanique céleste considérée sous tous les rapports, est le plus beau monument qu'ait encore élevé la géométrie parvenue à son état actuel de perfection. Dépositaire des résultats les plus importans de la gravitation universelle, et des plus hautes spéculations sur la science des astres, elle peut être regardée comme un de ces ouvrages que l'esprit humain ne produit qu'avec peine à des époques éloignées, qu'il rappelle toujours dans ses fastes avec orgueil, et qui forment par intervalle de grandes masses de lumière dans la nuit des erreurs dont il est sans cesse assiégé.

Si le mérite d'un tel ouvrage fait la gloire de l'esprit humain, il doit honorer plus particulièrement la nation qui l'a vu naître; elle doit en recevoir d'autant plus d'illustration que son chef sait mieux apprécier par luimême ces rares productions du génie et les distinguer par d'illustres récompenses.

Les sciences jouissent en France d'un bonheur qu'elles n'avoient pas encore obtenu. La langue de Descartes et de Newton n'est point étrangère au Souverain qui la gouverne; il a pris place dans les rangs du prémier corps savant de l'Europe, dont il est devenu le protecteur. Il en eût été la gloire par ses lumières, si de plus hautes destinées ne lui eussent été réservées. Qui pouvoit mieux récompenser les savans que celui qui fut à portée de les connoître, et qui sait parler leur langage? Jamais peutêtre ils n'ont reçu de plus nobles prix de leurs travaux. La plupart sont appelés à des postes honorables; plusieurs

même siégent aujourd'hui dans le Sénat, où l'auteur de la Mécanique céleste occupe un rang distingué parmi les membres de ce Corps illustre.

Ce témoignage éclatant d'une grande considération qui lui est accordée par le héros du siècle, la renommée qu'il s'est acquise par ses nombreuses découvertes, l'opinion générale qui dans l'Europe entière ne lui donne qu'un seul géomètre pour rival, celle des plus grands astronomes, qui le regardent comme leur oracle et leur guide, me laissent l'intime conviction que les éloges que j'ai donnés à l'ouvrage célèbre dont je viens de parler, ne font que prévenir en partie ceux de la postérité et ne s'écartent en rien du caractère juste et sévère de l'histoire.

D'après ce que nous venons d'exposer sur les découvertes faites par la Théorie depuis 1781, nous voyons qu'elles sont presque entièrement dues aux travaux des deux grands géomètres (1) que nous possédons; c'est par eux principalement que la Physique céleste a pris depuis trente ans un nouvel essor. Ils ont trouvé l'un et et l'autre les plus grands moyens d'approfondir ses lois, dans la mécanique qu'ils ont étendue et simplifiée, dans l'analyse qui n'a jamais été aussi puissante que dans leurs

(1) Si l'opinion publique ne s'étoit déjà depuis longtemps prononcée sur les deux grands géomètres dont il est ici question, nous pourrions citer à l'appui de tout ce que nous avons avancé sur leurs ouvrages, la décision unanime de l'Institut qui, conformément à celle du jury institué pour le jugement des prix décennaux, vient de décerner le grand prix d'analyse pure. au Calcul des Fonctions de M. Lagrange, et le grand prix des Sciences sou mises aux calculs rigoureux, à la Mécanique céleste de M. Laplace,

mains, dans la connoissance exacte du système du monde qu'ils ont examiné dans son ensemble et dans ses diverses parties. Ils ont continué Newton et perfectionné sa doctrine. L'avenir leur accordera, dans les sciences, et son rang et sa gloire. Ils ont, comme lui, dévoilé les causes de plusieurs phénomènes. Ils ont rangé sous la loi générale de la gravitation ceux même qui paroissoient s'en écarter, et dans leurs plus profondes recherches, ils ont toujours ramené les mondes vers un état oscillatoire, effet toujours renaissant de leur action mutuelle et garant de leur conservation.

Les mouvemens elliptiques qui, du temps de Kepler, remplacèrent dans le ciel les mouvemens circulaires consacrés par les anciens, changèrent la face de l'Astronomie, ou plutôt la partagèrent en deux classes bien séparées dont chacune eut son caractère distinctif.

Bientôt on s'apperçut que les planètes et les satellites ne suivoient pas exactement une route elliptique. Newton et ses premiers successeurs rendirent raison de leurs principaux écarts, par les attractions mutuelles des différens corps d'un même système ; mais ces écarts dans leurs développemens périodiques n'embrassoient qu'un petit nombre d'années. Il s'en trouvoit beaucoup d'autres qui dans leurs accroissemens ne laissoient entrevoir aucun terme ou paroissoient se soustraire aux lois de la gravitation. Ils leur ont été pareillement assujettis par les derniers efforts de la Géométrie.

C'est par ces différens degrés que l'Astronomie, parmi les sciences humaines, s'est élevée au plus haut point de sa grandeur. Depuis le commencement du dix-septième siècle jusqu'à ce jour, elle présente trois époques remarquables La première s'est illustrée par le nom de Kepler,

222 HISTOIRE DE L'ASTRONOMIE.

la seconde par celui de Newton, et la troisième par les brillantes découvertes des géomètres modernes et surtout par celles de MM.Lagrange et Laplace. Peut-être sommesnous parvenus aux dernières approximations que l'on puisse obtenir dans les calculs des mouvemens célestes. Peut-être l'astronome n'a-t-il plus rien à desirer sur cet objet que ce qu'il doit attendre du temps, c'est-à-dire, des données plus exactes de l'observation.

DE L'ASTRONOMIE.

TROISIÈME PARTIE.

TRAVAUX ASTRONOMIQUES
EXÉCUTÉS DEPUIS 1781.

LA science dont l'Univers est l'objet n'a point de bornes; elle peut occuper tous les talens et tous les esprits. Parmi les hommes qui consacrent leurs veilles à l'Astronomie, les uns s'occupent à chercher de nouveaux astres dans le ciel, d'autres à découvrir de nouvelles lois dans les mouvemens célestes; d'autres, enfin, se livrent à des travaux importans qui se lient aux découvertes des premiers, les favorisent ou servent à les compléter. Ils se composent des grandes opérations sur les mesures terrestres, dont l'exactitude sert à perfectionner la théorie de la figure de la terre essentiellement liée à tous les phénomènes célestes, de la formation des catalogues d'étoiles dont les positions bien déterminées sont nécessaires pour constater l'apparition des astres inconnus. Ils se composent enfin de la construction des Tables,

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