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ner aux instrumens anglais la grandeur de leurs rayons et l'excellence de leur construction.

En France, les règles de platine inventées par Borda, pour la mesure des bases, tiennent lieu des chaînes d'acier dont on fait usage en Angleterre. La longueur exacte des règles est garantie à chaque instant par la pureté de la matière qui les composent, et les thermomètres métalliques qui les accompagnent. Les chaînes d'acier, pour être exactes, demandent une main très-habile qui les construise. Elles mettent ainsi l'observateur dans la dependance de l'artiste qui partage la gloire de ses opérations; ce que l'on peut dire aussi du théodolite et du secteur astronomique.

Dans les opérations françaises, les lampes à miroir parabolique remplacent les feux du Bengale dont se servent les Anglais. La lumière qu'elles produisent peut avoir une durée indéfinie et l'on peut juger de l'éclat qu'elle jette au loin par le grand triangle qu'ont mesuré en Espagne MM. Biot et Arago.

Les procédés des Français dans les mesures terrestres paroissent en général plus simples et plus expéditifs leurs instrumens moins embarrassans tant dans leurs appareils que dans leurs volumes. Déjà les étrangers conmencent à les adopter; les astronomes suédois les ont employés dans leurs mesures vers le cercle polaire; et l'on peut croire avec beaucoup de vraisemblance, en rendant justice à l'habileté des artistes anglais, qu'un jour le théodolite cédera partout la prééminence au cercle répétiteur, que les règles de platine l'emporteront sur les chaînes d'acier et les lampes à miroir parabolique, sur les feux du Bengale.

DEUXIÈME SECTION.

CATALOGUES D'ÉTOILES.

Si de la mesure de la terre nous passons aux dénombremens, aux positions des étoiles dans le ciel, nous y trouverons des objets aussi dignes d'exciter l'intérêt et plus capables d'exalter l'imagination. Ces astres lumineux immobiles pour nous dans l'espace, nous servent à suivre la marche des astres errans; c'est par l'immobilité des uns que sont appréciés les mouvemens des autres. Rien n'est donc plus intéressant pour l'astronome que la détermination exacte de la position des étoiles ou la formation de leurs catalogues. Ces sortes d'ouvrages ont été mis par les anciens au rang des travaux astronomiques les plus importans et les plus difficiles. Pline (1) ne cite qu'avec admiration le catalogue d'Hipparque; une pareille entreprise lui paroît être celle d'un dieu.

Cependant, combien les modernes se sont élevés dans cette partie au-dessus des anciens! jusqu'à Flamsteed, qui le premier se servit du télescope dans les observations des étoiles, les erreurs sur leurs positions avoient été portées jusqu'à quatre et cinq minutes. Le télescope, organe nouveau, que n'avoient pas connu ou que n'avoient pas employé ses prédécesseurs, donna les moyens de

(1) Pline dit en parlant d'Hipparque, ausus rem etiam deo improbam adnumerare posteris stellas et sydera ad normam expangere. Plin. Hist. nat. lib. 2, cap. 26.

les examiner avec plus de soin et de les multiplier. Le dénombrement d'Hipparque rapporté dans l'Almageste de Ptolémée, avoit été de 1022 étoiles, celui de Flamsteed fut porté jusqu'à près de trois mille.

Quoique son catalogue, connu sous le nom de Britannique, ait fait époque dans l'Astronomie,'quoiqu'il ait été pendant près d'un demi-siècle le guide le plus sûr des observateurs, et qu'il ait servi de base aux plus belles théories des mouvemens célestes, cependant il n'avoit pas encore atteint le degré de perfection que devoit comporter un ouvrage de cette nature. Les effets de la réfraction étoient mal déterminés, l'aberration de la lumière et la nutation de l'axe terrestre étoient encore inconnues; ces découvertes, ainsi que les mouvemens propres de certaines étoiles ont encore fait appercevoir dans le catalogue de Flamsteed des erreurs assez considérables.

Ce n'est que vers le milieu du dix-huitième siècle, qu'aidés par les progrès de l'Astronomie et les secours d'instrumens plus parfaits, Lacaille et le Monnier en France, Tobie Mayer en Allemagne, Bradley en Angleterre, travaillèrent avec une nouvelle ardeur et plus de succès à la formation de nouveaux catalogues d'étoiles.

A peu près vers le même temps fut formé par M. Maskelyne, astronome célèbre de l'Observatoire de Greenwich, un catalogue important, non par le nombre des étoiles qu'il renferme, mais par la précision extraordinaire avec laquelle ont été déterminées leurs positions. Dans leur innombrable multitude, il n'en a choisi que trente-six principales. C'est à ce petit nombre d'étoiles qu'il a rapporté les positions de toutes les autres; ce sont ces points fixes, l'objet constant de ses travaux pendant

plusieurs années qu'il a regardés comme les régulateurs communs de tous les astres, et pour ainsi dire, comme les clefs de la voûte céleste.

ARTICLE PREMIER.

CATALOGUE DE WOLASTON.

Passons aux catalogues formés pendant la période astronomique que nous avons embrassée. L'un des plus considérables qui se présente d'abord est celui de Wolaston, membre de la Société Royale de Londres. L'auteur a rassemblé dans un seul ouvrage les catalogues de tous les astronomes qui, depuis Hévélius, se sont occupés à déterminer les positions des étoiles; il a fait pour eux ce qu'avoit fait Ptolémée pour Hipparque.

Le recueil de Wolaston contient les noms des étoiles rangées suivant l'ordre de leurs distances au pôle, leurs déclinaisons, leurs ascensions droites en parties de l'équateur et en temps, toutes réduites d'après le catalogue de chaque astronome à l'époque de 1790, les caractères qui les distinguent, les constellations auxquelles elles appartiennent, ainsi que le nom de l'observateur; il contient aussi les nébuleuses de M. Herschel, les étoiles doubles qui peuvent être apperçues avec des télescopes ordinaires, les étoiles zodiacales observées par Flamsteed, I acaille, Mayer et Bradley, à neuf degrés de latitude soit australe, soit boréale; enfin tout ce qui peut mériter l'attention d'un astronome. Cet utile répertoire pourroit seul former une Histoire céleste universelle.

ARTICLE II.

CATALOGUE DE M. LE FRANÇAIS-LALANDE.

Un catalogue plus considérable encore que le précédent, est celui de cinquante mille étoiles de M. Le Français-Lalande, dont le projet fut conçu par Jérôme Lalande, son oncle. Ce savant, qui consacra sa vie entière à l'Astronomie, vouloit la rendre héréditaire dans sa famille, comme elle l'a été pendant près de deux siècles dans celle des Cassini. Il avoit, avec la passion de la célébrité, la noble ambition de voir celui qui devoit hériter de son nom, paroître aux yeux de l'Europe savante, avec des titres de gloire obtenus dans la même carrière qu'il avoit parcourue avec succès. Il n'en vit point de plus grand que celui de porter le nombre des étoiles observées au-delà des espérances de tous les astronomes; il engagea donc son neveu à suivre avec ardeur une entreprise qui lui paroissoit aussi glorieuse qu'utile; il pensoit qu'après avoir fait élever à l'Astronomie ce monument durable, aucun astre ne pourroit plus se montrer dans la partie boréale du ciel, et même à deux ou trois degrés au-delà du tropique de l'hémisphère austral, sans que son mouvement ne fût aussitôt reconnu et déterminé; mais l'ouvrage étoit difficile, et la vie d'un seul homme n'étoit peut-être pas suffisante au succès d'une pareille entreprise. Quoi qu'il en soit, Jérôme Lalande présentoit à son neveu un héritage de gloire et des travaux qui pouvoient l'en rendre digne; il vouloit l'attacher à l'Astronomie par les sacrifices qu'elle alloit lui coûter. M. Le Français-Lalande ne se laissa point effrayer par

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