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ARTICLE IV.

PLANÈTES DÉCOUVERTES

DEPUIS LE COMMENCEMENT DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

Passons à d'autres découvertes non moins intéressantes que celles dont nous venons de parler; elles sont entièrement dues au siècle présent qui vient de s'annoncer sous les auspices les plus favorables à l'Astronomie. Déjà quatre nouveaux astres signalent ses premières années; en moins de sept ans, paroissent aux yeux des astronomes Cérès, Pallas, Junon et Vesta.

Mais, comme si la nature donnoit quelquefois aux hommes une certaine prescience des grandes découvertes comme des grands événemens, l'existence de plusieurs planètes inconnues avoit été dès long-temps annoncée parmi les savans; elle avoit été soupçonnée par les anciens philosophes (1); elle étoit inspirée au génie de Kepler, lorsqu'il trouvoit une lacune entre Mars et Jupiter, ou plutôt l'interruption des proportions harmoniques qu'il croyoit appercevoir dans les distances des planètes; et c'est précisément dans l'espace où ces proportions lui présentoient un vide à remplir, que les nouveaux astres ont été découverts.

M. Titius, professeur de Wittemberg, croyoit aussi

(1) Artemidore, cité par Sénèque, livre 7,chapitre 5, disoit que les cinq planètes n'étoient pas les seules, et qu'il y en avoit un grand nombre qui nous étoient in(Bailly, Astronomie, page 467.)

connues.

Kepler disoit; inter jovem et martem interposuit novum planetam.

reconnoître une loi dans les mêmes distances, et la trouvoit seulement défectueuse (1) entre Mars et Jupiter. suivant cette loi, la distance de Mercure étoit représentée par le nombre 4, et celle des autres planètes, en partant de Vénus, par le même nombre augmenté de 3, multiplié par les diverses puissances de 2 depuis la première jusqu'à la sixième. Lambert, M. Bode et plusieurs autres astronomes plaçoient également une planète inconnue entre Mars et Jupiter. Son existence, après avoir été pressentie long-temps avant sa découverte, fut enfin confirmée le premier jour du dix-neuvième siècle.

CÉRÈS.

M. Piazzi astronome de Palerme en Sicile, occupé d'une description du ciel, observoit la quatre-vingtseptième étoile du catalogue zodiacal de la Caille située entre la queue du Bélier et le Taureau, lorsqu'auprès d'elle il en apperçut une de huitième grandeur qui lui paroissoit inconnue et douée d'un mouvement sensible; mais il en avoit fait à peine trois observations, dont la troisième étoit même incomplète, qu'il fut attaqué d'une maladie dangereuse qui manqua lui faire perdre avec la vie son heureuse découverte,

(1) Les distances des planètes au soleil sont entre elles à peu près comme les nombres 4, 7, 10, 15, 52, 95, 191. En suivant la loi du professeur de Wittemberg, la distance de Mercure étant exprimée par 4, celle de Vénus seroit 4+3x2° ou 7; celle de la terre 4+3x2' ou 10; celle de Mars 4+3x2 ou 16; celle de Jupiter 4+3x2 ou 5s; celle de Saturne 4+3x5 ou 100; celle d'Uranus 4+3×26 ou 196; où l'on voit qu'il se trouve une interruption de la loi entre Mars et Jupiter ou la distance représentée par 4+3x23 ou par 28 ; et cette distance est à peu près celle des nouvelles planètes relativement aux anciennes,

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Lorsqu'il fut en état de reprendre ses travaux, l'astre n'étoit plus visible à la terre, il avoit disparu dans les rayons du soleil. M. Piazzi revint donc à ses premières observations, seuls guides qu'il eût alors à consulter pour procéder à sa recherche ; il les trouva représentées dans une ellipse. Ses résultats, conformes à ceux de M. Burckhardt, astronome d'une habileté reconnue, le confirmèrent dans l'idée que l'astre qu'il avoit découvert étoit une planète; il lui donna même le nom de Cérès, pour rappeler à la postérité que la Sicile, anciennement consacrée à cette déesse, avoit été le lieu de sa découverte.

Cependant la nouvelle planète n'étoit pas encore retrouvée; elle échappoit, par sa petitesse, à tous les regards. La route qu'elle avoit suivie au sortir des rayons solaires, n'étoit pas celle que l'on avoit essayé de lui tracer. L'année1801 fut employée toute entière à parcourir le ciel pour la reconnoître. Enfin, après plusieurs tentatives infructueuses, MM. de Zach et Olbers la retrouvèrent, l'un le 31 décembre et l'autre le 1er janvier 1802; c'està-dire un an après sa découverte. Dès-lors MM. Gauss et Burckhardt s'empressèrent de recueillir de nouvelles observations pour arriver à une détermination exacte de ses élémens (1). Maintenant renfermée dans une orbite

(1) Elémens elliptiques de la planète Cérès, d'après leur dernière détermination, Révolution sidérale ...

Demi grand axe de l'orbite...

Rapport de l'excentricité au demi-axe..

Longitude moyenne à minuit, commencement 1801.

Longitude du périhélie à la même époque...

Inclinaison de l'orbite à l'écliptique.............

1681 jours 539

2,767406

0,0783486

264°,45.5"

146°.39'.39"

10°.37'.34"

Longitude du noeud ascendant au commencement de 1801... 80°.55^.3

sûre et corrigée de ses principales inégalités, elle ne peut plus dérober sa marche aux regards des obser

vateurs.

Sa découverte a changé tout-à-coup les idées reçues sur la largeur du zodiaque. L'étendue de cette zône du ciel dans laquelle sont observés les mouvemens des planètes, avoit toujours été comprise dans une largeur d'environ 16 degrés. C'étoit celle du zodiaque consacré par l'ancienne Astronomie. Cérès en a franchi les bornes et porté sa largeur jusqu'à 37 degrés (1).

Elle a détruit encore les rangs établis entre les différens corps du système planétaire. La nature paroissoit avoir mis les plus grands sous l'empire immédiat du soleil et sous la puissance de ces derniers, d'autres astres plus petits forcés de les suivre dans leur cours. Aujourd'hui cette espèce d'hiérarchie a cessé. Cérès est un des plus petits corps du système planétaire. Son diamètre apparent réduit à la moyenne distance de la terre au soleil, n'est pas même d'une seconde, suivant M. Herschel (2); ce qui suppose son diamètre réel environ dix-sept fois moindre que celui de la terre, ou cinq fois plus petit. que celui de la lune, et cependant elle n'est pas au rang des astres secondaires, ou forcée de suivre un cercle étroit autour d'une planète. Elle suit majestueusement dans le ciel une longue route tracée pour elle au-delà des orbes de la terre et de Mars.

(1) L'inclinaison apparente de l'orbite de Cérès varie depuis environ onze degrés jusqu'à 18 et demi,

(2) D'après de nouvelles mesures, MM. Schroeter et Harding ne donnent pas à Cérès un diamètre moindre de 2′′; et quand elle en auroit trois, elle seroit encore beaucoup plus petite que la lune, dont le diamètre réduit est à peu près de 5

secondes.

La

La découverte de Cérès peut être regardée comme un effet du hasard; mais elle est aussi le fruit honorable du travail, la récompense méritée des soins apportés par M. Piazzi à la formation de son Catalogue d'étoiles (1); la petitesse de l'astre la rendoit difficile, elle n'en est devenue que plus glorieuse pour son auteur, surtout par les conséquences importantes qui l'ont suivie. Cérès a fixé l'attention des astronomes, et c'est en cherchant la route qui lui est tracée dans le ciel, qu'ils ont découvert d'autres planètes qui leur étoient également inconnues.

PALLA'S.

La seconde année du dix-neuvième siècle en a vu paroître encore une nouvelle dont la découverte est due à M. Olbers, docteur en médecine à Bremen, avantageusement connu dans l'Astronomie par un traité sur les comètes. Le 28 mars 1802, il parcouroit, avec le dessein de déterminer la position de Cérès, toutes les étoiles de la Vierge. Arrivé non loin de la vingtième, près de laquelle il avoit observé la planète deux mois auparavant, il vit une étoile de septième grandeur qu'il n'avait pas encore apperçue dans sa première observation; il soupçonna qu'elle n'étoit point ce qu'elle paroissoit, l'examina plus attentivement, la vit changer de place dans l'intervalle même de deux heures, et dans

(1) M. Piazzi ne plaçoit aucune étoile sur son catalogue qu'après l'avoir observée pendant plusieurs nuits consécutives; c'est à ces observations répétées qu'il a dû la découverte de Cérès.

K

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