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DE L'ASTRONOMIE,

DEUXIÈME PARTIE.

DÉCOUVERTES

FAITES PAR LA THÉORIE.

CEs mondes qui se meuvent sur nos têtes avec tant de régularité, sont-ils assujettis dans leurs mouvemens à des lois immuables, ou ces lois doivent-elles insensiblement s'altérer et les détruire? La nature a-t-elle mis en eux des principes de permanence ou des germes de destruction?

C'est un être fragile qui n'a qu'une existence éphémère sur l'une des moindres planètes du système solaire, c'est l'homme qui demande à l'Univers s'il doit être éternel; l'Univers auquel il ose mesurer son intelligence, lui répond, que les mondes ne présentent aucun signe de décadence ni de vétusté; qu'un principe conservateur, dépendant de leur action mutuelle, assure leur stabilité; qu'ils n'éprouvent dans leurs élémens aucune altération réelle ou constamment croissante ; que les corps célestes ne doivent point s'accélérer jusqu'à se réunir un jour aux foyers des forces qui les animent; que les accé

mens,

lérations doivent se changer tour-à-tour en retardeet les retardemens en accélérations; que si les orbites varient dans leurs inclinaisons, elles ne parviendront jamais à se confondre; que jamais aucune génération ne verra la coïncidence de l'écliptique et de l'équateur, ou l'égalité constante des jours et des nuits sur toute la terre; que dans le ciel tout est périodique; que le même ordre de choses doit toujours s'y reproduire, et le système du monde se balancer dans cet état d'oscillation perpétuelle.

Ce sont ces belles conséquences du principe de Newton que nous verrons se développer à chaque pas dans les théories des deux grands géomètres que les sciences se glorifient encore de posséder, MM. Lagrange et Laplace. Nous y verrons que l'action lente et continue des planètes, après avoir diminué l'angle d'inclinaison de l'écliptique à l'équateur terrestre jusqu'à un certain degré, doit le ramener à sa première grandeur; que les moyennes distances des planètes au soleil, et leurs moyens mouvemens sont invariables; que par la raison seule que les planètes se meuvent toutes dans le même sens, dans des orbites presque circulaires et peu inclinées les unes aux autres, les variations de leurs inclinaisons et de leurs excentricités sont renfermées dans d'étroites limites ; nous y verrons même, que certains phénomènes qui paroissoient s'affranchir des lois de la pesanteur, en sont devenus les preuves les plus frappantes; qu'ils ont fait connaître les lois de la nature dans ses plus grands écarts, et dans l'Univers, les signes évidens d'une éternelle durée.

Les plus belles découvertes faites depuis quarante ans par la Théorie, ont conduit les géomètres à ces impor

tans résultats. Ces découvertes ont été d'abord consignées dans différens Mémoires des Sociétés savantes, ensuite fondues et réunies dans un grand ouvrage, qui devoit contenir sous un même point de vue toute la théorie de l'Astronomie; et comme elles appartiennent principalement à l'histoire de la période que nous parcourons, nous les exposerons à peu près dans l'ordre suivant lequel elles se sont présentées. Nous ferons voir la manière dont la gravitation universelle a rendu compte, depuis 1781, de plusieurs phénomènes qu'elle n'avoit pas encore expliqués, et nous essaierons ensuite de donner une idée de l'ouvrage célèbre qui couronne la longue série des découvertes faites par la Géométrie dans le siècle dernier.

SECTION PREMIÈRE.

PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES

EXPLIQUÉS PAR LA GRAVITATION UNIVERSELLE DEPUIS 1781.

DES

Es progrès étonnans avoient été faits depuis Newton dans la connaissance des mouvemens célestes; un seul principe paroissoit dévoiler la nature; déjà même il étoit reconnu dans le plus grand nombre des phénomènes : cependant quelques exceptions importantes se présentoient encore à l'époque de 1781. Quelques mouvemens lunaires, les variations lentes des orbites, certaines inégalités des deux plus grands corps planétaires, les lois du mouvement des satellites de Jupiter, les principes conservateurs des anneaux de Saturne paroissoient encore couverts d'un voile impénétrable. Euler, Clairaut et d'Alembert avoient laissé plusieurs théories imparfaites et de grandes difficultés à résoudre. MM. Lagrange et Laplace ont achevé leur ouvrage, et la gravitation universelle est restée, sans partage, souveraine absolue de l'Univers, dont elle maintient l'ordre et l'existence. Parcourons successivement les derniers phénomènes qu'elle est parvenue à ranger sous sa loi.

ARTICLE PREMIER.

Libration de la Lune.

Si cette Astronomie qui s'élève jusqu'à la connoissance des causes, fut créée par Newton, c'est à ses successeurs

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qu'elle doit ses plus beaux développemens. Ils ont été ses auxiliaires,je dirai même ses égaux, en attachant au grand principe de la gravitation universelle tous les phénomènes observés.

Parmi ceux dont ils ont déterminé les lois avec le plus d'efforts et de succès, on peut compter la libration de la lune, ou ce balancement périodique autour de son centre qui nous dérobe et nous découvre alternativement vers ses bords quelques portions de sa surface.

Galilée est le premier qui l'ait reconnu; comme les 'Anciens, il avoit observé que l'hémisphère de la lune, tourné vers la terre, est constamment le même ; mais ce qu'il avoit observé de plus, ce sont les diverses apparences que présentent ses extrémités, ces taches successivement dérobées à nos regards, et ramenées vers nous par une espèce d'oscillation du rayon vecteur qui joint le centre de la lune à celui de la terre. Il paroît n'avoir connu que la libration en latitude, c'est-à-dire celle qui s'opère perpendiculairement à l'écliptique, nous cache successivemeut et fait reparoître à nos yeux les régions situées vers les pôles de rotation du globe lunaire.

Hévélius découvrit ensuite dans le sens de la longitude ou de la route que parcourt la lune dans son orbite, une autre espèce de libration, qui lui montroit aussi successivement, tantôt vers le bord oriental, tantôt vers le bord occidental, des régions auparavant invisibles.

Après Hévélius, Dominique Cassini donna sur le phénomène de la libration de nouvelles lumières, qui sont encore aujourd'hui les plus beaux titres de sa gloire. Il développa les causes astronomiques des apparences qu'elle produit; il expliqua comment la lune, en tournant sur

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