l'institution des orphelins mili taires. RIEGGER (LE CHEVALIER JOSEPH-ANTOINE-ETIENNE DE), jurisconsulte et littérateur allemand, naquit à Vienne, et suivit la carrière du barreau, où son père s'était distingué comme jurisconsulte. Le chevalier Riegger avait des connaissances littéraires très-étendues. En 1764, professeur de droit ecclésiastique au collége Thérésien à Vienne; en 1765, professeur du droit civil à Fribourg en Brisgau; en 1778, conseiller et professeur de droit public à Prague, où il avait été envoyé par le gouvernement, le chevalier de Riegger fut nommé, par Joseph II (voy. ce nom), inspecteur des études, et rapporteur de la censure à l'époque où ce monarque commençait à mettre à exécution ses projets de réforme. Le chevalier de Riegger seconda noblement les intentions de son souverain; il fut laborieux, tolérant, permit l'entrée d'un grand nombre d'ouvrages, qui, sous le règne précédent, avaient été prohibés, et contribua puissamment au changement du système des études. Il se rendit ensuite près du prince régnant de Schwarzemberg, qui l'avait nommé l'un de ses conseillers intimes; enfin le chevalier de Riegger occupa une place importante dans l'administration de Bohêine. Son obligeance lui ayant fait cautionner des créanciers dont les dettes lui étaient étrangères, il se trouva bientôt privé de la plus grande partie de sa fortune, et mourut, presque dans l'indigence, le 5 août 1795. On doit au chevalier de Riegger les ouvrages suivans: 1° des Fondations pour les étudians en Bohême, 1787; 2° Archives de l'histoire et de la statistique de Boheme; 5° Esquisses d'une géographie statistique de la Bohême: ces ouvrages sont en allemand, et fort estimés. 4° Bibliotheca juris canonici, Vienne, 1761, 2 vol. in-8°; 5° Historia juris romani, Fribourg, 1766, in-8°; nouvelle édition, 1771.6° Opuscula ad historiam et jurisprudentiam præcipuè ecclesiasticam illustrandam, Ulm, 1774; 7° un grand nombre de Dissertations dans les Amœnitates litteraria Friburgenses. Une notice biographique sur lui et sur son père a été publiée, à Prague et à Vienne, en 1797, par Wond de Grundwald. RIEGO (D. RAFAEL DEL), maréchal de-camp, capitaine-général de l'Aragon, député aux cortès de 1822, naquit dans les Asturies en 1783. Partageant l'enthousiasme dont la jeunesse espagnole était enflammée, en 1808, pour l'indépendance de la patrie, il interrompit le cours de ses études, et se fit incorporer dans l'un de ces bataillons où se précipitaient à l'envi les jeunes élèves des collèges espagnols. Devenu officier dans le régiment des Asturies, il entra en campagne ; mais la fortune ne secondant pas sa valeur, il fut fait prisonnier et conduit en France: la pacification du continent le rendit à la liberté. Pendant cette longue captivité, livré à lui-même, il ne s'occupa que des maux de sa patrie, et sen tit germer dans son âme les grandes passions que l'espoir de faire le bonheur de ses concitoyens de vait bientôt développer. Il ne retourna en Espagne qu'après avoir voyage en Allemagne et visité Londres; mais au lieu des lumières qu'il crut y trouver avec l'indépendance, il n'y vit que l'inquisition et la servitude; cependant Riego avait repris son service en qualité de lieutenant-colonel. Le régiment qu'il commandait était un de ceux rassemblés à Cadix pour passer au Mexique, et Riego figurait parmi les chefs qui avaient projeté d'améliorer le gouvernement. Ce projet ayant été révélé, on arrêta les colonels Quiroga, Arco-Agüero, Lopez-Banos, O'Daly; mais tout espoir n'était pas perdu : Riego était demeuré libre. Il ranime le courage de ceux de leurs amis qui pouvaient encore agir, ordonne les dispositions que les nouvelles circonstances exigent, réserve pour lui tous les dangers de l'initiative, et donne le signal de la régénération espagnole. Le 1er janvier 1820, l'un de ses bataillons fait retentir les airs du cri de: Vive la constitution! Elle est proclamée au village de Las Cabezas de San Juan. Sans donner à ce premier élan le temps de se ralentir, Riego court à Arcos, y trouve un autre batail lon, dont il se fait seconder, arrête le nouveau général en chef (le comte de Calderon), et tout son état-major, vole à Alcala de Los Cazules, et enlève Quiroga à ses geoliers. Dans l'intervalle, les régimens de Séville et des Canaries prennent part au mouvement; d'autres corps suivent leur exemple tous jurent la constitution: il n'y a plus qu'une armée nationale l'armée expéditionnaire a cessé d'exister. Quiroga prend le rang que lui assigne son ancienneté, et place son quartier-général à l'île de Léon; Riego, de son côté, part à la tête de 1,500 hommes pour aller insurger l'Andalousie, prend la route d'Algésiras, reçoit quelques renforts de Gibraltar, et arrive à Malaga. Cependant le général Jh. O'Donell le suit avec des forces supérieures, l'attaque à plusieurs reprises, et jusque dans les rues de cette dernière ville, et le réduit à n'avoir plus aucun espoir de s'échapper. Riego voyait sa petite armée livrée au désespoir et sur le point d'être anéantie, quand le succès qu'obtenait sa vaste entreprise dans les autres parties du royaume vint changer sa position et celle des constitutionnels, et, pour un temps, la destinée de l'Espagne. Riego se rendit à Séville, où il reçut les honneurs du triomphe. Tel est le sort des choses humaines! Vainqueur, il reçoit la couronne de Guillaume Tell et de Themistocle; vaincu, il partagera le supplice de Porlier et de Lacy. Le roi d'Espagne sembla, lorsqu'il parut à Madrid, rivaliser de bienveillance pour lui avec les citoyens; il lui donna des marques de considération particulière, et le nomma capitaine-général de l'Aragon, place que lui firent perdre ses différens avec le ministre de la guerre Salvador, et le chef politique de Saragosse, Moreda, ou plutôt les mouvemens qui bientôt vinrent ébranler l'équilibre politique. Riego fut persécuté parce que le parti qui repoussait la révolution ne pouvait pas en protéger les auteurs; mais le peuple, qui renou 1 velait alors ses mandataires, allait par ses choix consolider ou anéantir la liberté. Ils furent favorables à la révolution, et le héros de Las Cabezas de San Juan fut nommé pour représenter ses concitoyens. Les cortès, dès leur première séance, le choisirent pour les présider, et le vengèrent ainsi des tracasseries qu'une faction lui avait fait éprouver. Les honneurs dont on surchargeait Riego, la gloire dont on l'environnait, semblaient l'importuner; on lui donna des fêtes à Léon et à Valladolid; l'anniversaire de la constitution fut célébré à Madrid en présence de Riego; on lui éleva un arc-de-triomphe à Burgos et à Saragosse, chef-lieu de son gouvernement, où il signala son arrivée par une proclamation adressée au peuple d'Aragon; d'un autre côté, on proposait aux cortès de lui accorder pour lui et ses descendans, en biens-fonds, une rente de 80,000 réaux (20,000 fr.). Cependant les ennemis de Riego ne restaient pas inactifs ils met taient tout en œuvre pour lui faire perdre sa popularité; des mouvemens furent excités à Saragosse, et on en rendit Riego responsable. Suspendu de ses fonctions, il est envoyé en surveillance à Lérida, et malgré l'exposé de sa conduite, qu'il publia, il est destitué et remplacé par le chef politique Moreda; tandis que Cadix demande au roi qu'il soit mis en jugement, la société patriotique de Valence lui écrit une lettre de félicitation, et au moment où on lui offrait le gouvernement de Barcelonne, il est nommé député aux cortès par la province des As T. XVIII. : turies. Son voyage de Valence à Madrid fut une marche triomphale. Les autorités s'empressèrent de le féliciter à son arrivée dans cette dernière ville, le 18 février 1822. Le 18 mars, le régiment qu'il commandait à Cadix eut l'honneur de défiler dans la salle des cortès; le sabre de Riego, dont il avait fait hommage à cette assemblée, lui fut rendu dans cette occasion, pour qu'il s'en servît contre les ennemis de la constitution, avec injoaction de le rendre, pour être déposé parmi les monumens nationaux, lorsque ses services cesseraient d'être utiles. Tant de marques d'intérêt accablaient Riego; il voulut en quelque sorte se faire pardonner sa gloire par sa modération : il n'entra que la nuit à Madrid, pour se dérober aux honneurs du triomphe qu'on lui préparait, et demanda aux cortès que le cri de Vive Riego fût défendu. Il fit l'abandon de la pension de 80,000 réaux, que les cortès lui avaient accordée, et elles refusèrent de l'accepter; il proposa une amnistie en faveur des insurgés, et euxmêmes demandèrent à être jugés. Mais tandis que les ennemis de l'ordre actuel rejetaient jusqu'à ses bienfaits, ses partisans proposaient d'élever un monument à l'endroit où le premier cri de la liberté s'était fait entendre par son armée. Le roi lui-même semblait partager l'enthousiasme qu'excitait la présence de Riego; il l'invitait à se rendre au palais, l'accueillait avec bienveillance, lui prenant la main, et le pressait de fumer un cigarre avec lui, en l'entretenant familièrement. Ric 2 en |