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Fâcheux. Ces ouvrages ne se sont pas retrouvés dans ses papiers. RUMBOLD (SIR GEORGE), était ministre accrédité d'Angleterre, près de la république de Hambourg, en 1804. Les agens de Napoléon, en Allemagne, lui avaient dépeint le chevalier Rumbold comme un homme très-dangereux, chez qui se tramaient sans cesse des complots contre la France et contre son chef. On crut, en s'emparant inopinément de la personne et des papiers de ce diplomate, faire des découvertes importantes, et saisir le fil de toutes les intrigues de l'Angleterre, tant dans l'intérieur de l'Allemagne que dans la France même. La conspiration de George Cadoudal et de Piche gru venait d'être découverte à cette époque. Sir George Rumbold fut en effet arrêté, pendant la nuit du 25 au 26 octobre 1804, par un détachement de soldats français, dans sa maison de campagne, près de Hambourg. Ses papiers et les archives de la mission britannique furent en même temps enlevés; lui-même fut conduit à Paris et enfermé au Temple, où cependant sa détention ne dura que trois jours. Le gouvernement anglais avait, à la première nouvelle de cette arrestation, adressé à tous les cabinets de l'Europe des notes officielles, dans lesquelles il protestait contre un acte qui violait le droit des gens et réclamait l'intervention des puissances. Il exigeait particulièrement celle du roi de Prusse, en sa qualité de garant de la constitution germanique. FrédéricGuillaume III écrivit immédiate ment, de sa propre main, une lettre pressante à Napoléon, pour lui

demander la prompte mise en liberté du ministre britannique, et fit en même-temps expédier un courrier au général de Knobelsdorff, qui se rendait à Paris, pour assister aa couronnement de l'empereur, avec ordre de revenir à Berlin, s'il n'était point encore entré sur le territoire français, ou avec défense, s'il y était déjà arrivé, de paraître à la cour avant qu'on eût rendu justice au chevalier Rumbold. Celui-ci, dès son entrée au Temple, avait sollicité une entrevue avec le ministre de la police, et n'ayant pu l'obtenir, il adressa au gouvernement frangais une protestation énergique, réclamant sa liberté et la remise de ses papiers. Il ne sortit cependant de prison qu'après avoir contracté sur parole l'engagement personnel de ne point retourner à Hambourg, ni d'approcher des frontières de France à une distance moindre de cinquante lieues. Le ministre des relations extérieures de France, M. de Talleyrand, eut ordre d'adresser à tous les ministres français, résidant à l'étranger, une circulaire, dans laquelle on expliquait, aussi adroitement que possible, les motifs de l'arrestation momentanée de sir George Rumbold. Conduit d'abord à Boulogne-sur-Mer, le 5 novembre, et de là à Cherbourg, ce diplomate s'y embarqua et arriva le 18 à Portsmouth. Il n'a point reparu depuis sur la scène politique.

RUMFORT (BENJAMIN-THOMPson, Comte de), né de parens peu riches, dans l'Amérique septentrionale, en la petite ville de Concord, se trouva de bonne heure.

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livré à lui-même, et presque dénué de tous moyens d'existence. Un ecclésiastique, aussi instruit que charitable, prit soin de son éducation, et l'élève profita avec intelligence des leçons de ce bon maître. A 19 ans, le jenne Benjamin Thompson (c'était le nom qu'il portait alors) vit tout-à-coup changer sa destinée. Une veuve, riche, consentit à lui donner sa main, et il devint dès-lors un des personnages les plus importans de son canton. Vers 1772,il fut nommé major de la milice du district qu'il habitait, et se prononça dans les débats qui s'élevèrent entre les colons de l'Amérique septentrionale et la mère-patrie en faveur du parti anglais, Celui de la liberté et de l'indépendance ayant enfin, après une longue suite de revers et de succès, pris glorieusement le dessus, le majorThompson se retira avec l'armée anglaise à Boston, et lorsqu'elle fut forcée par les patriotes à évacuer la ville, en mars 1776, il fut chargé de porter cette nouvelle désastreuse à Londres. Lord George Germaine lui donna alors une place dans ses bureaux, et en 1780,i ,il fut nommé sous-secrétaired'état, La marche du ministère auquel il était attaché, lui paraissant cependant contraire à l'intérêt public, il ne voulut plus en faire partie, donna sa démission de la place de sous-secrétaire-d'état, et demanda à être employé activement dans l'armée anglaise. Il y obtint, en 1782, le commandement d'un'escadron, et fut chargé de diverses opérations, relatives à une organisation nouvellé de la cavalerie britannique. Il ne inontra pas moins de zèle et de

talens dans l'exercice de ces fonctions, que de valeur dans les combats auxquels il assista, et en fut récompensé par le grade de colonel de cavalerie quelque temps avant que la paix fût conclue. L'électeur de Bavière, Charles Théodore, lui ayant proposé, à cette é poque, d'entrer à son service, il en demandal'autorisation au roi d'Angleterre Georges III, qui non-seulement la lui accorda dans les ter mes les plus honorables, mais qui lui conserva la demi-solde de son grade de colonel, et le créa chevalier. Arrivé à Munich, en 1784, sir Benjamin Thompson obtint bientôt la confiance du souverain de la Bavière, et ne tarda point à rendre d'importans services à l'état et au prince. Il parvint à opérer de salutaires réformes dans plusieurs branches de l'administration, à détruire en partie la mendicité, et à former de nouveaux établissemens de manufactures, où les pauvres valides trouvaient du travail et du pain. Il introduisit aussi en Bavière la culture de la pomme de terre, fut le créateur des établissemens pour la distribution des soupes économiques, et inventa des cheminées qui, en accroissant l'intensité de la chaleur, diminuaient considérablement la consommation du bois. L'électeur de Bavière le décora de tous ses ordres, le nomma lieutenant-général de son armée, et lui conféra le titre de comte de Rumfort. C'est sous ce dernier nom qu'il est plus particulièrement connu. Il revint momentanément en Angleterre, et y propagea plusieurs de ses établissemens d'utilité publique. Sa mé.

thode nouvelle pour épargner les combustibles y fut presque géné ralement adoptée, et s'est depuis étendue avec d'utiles perfectionnemens dans toute l'Europe. Après la mort de son bienfaiteur, l'électeur Charles Théodore, le comte de Rumfort vint s'établir en France, où il était déjà connu. Il avait, peu de temps auparavant, publié les résultats de ses travaux et de ses recherches, dans un ouvrage qui obtint un succès général, et qui fut traduit en plusieurs langues, intitulé: Essai et expériences politiques, économiques et philosophiques. Honorablement accueilli par le premier consul Bonaparte, auquel il fut présenté, en juin 1802, le comte de Rumfort fut, peu de temps après, élu membre de l'institut de France, et prit jusqu'à sa mort une part active aux travaux de la classe dont il faisait partie. Il avait épousé, en secondes noces, la veuve du célèbre et infortuné Lavoisier. Le comte de Rumford, véritable philosophe pratique, qui a consacré la plus grande partie de sa vie à la recherche d'objets d'une utilité générale, et qui a attaché son nom à des découvertes importantes, s'est acquis des droits à la reconnaissance des hommes de tous les pays. Il mourut dans un âge avancé à sa 'cainpagne d'Auteuil, près de Paris, le 22 août 1814.

RUPEROU (N.), conseiller à la Cour de cassation, membre de la légion-d'honneur, était président de la sénéchaussée de Guingamp, cu Bretagne, au commencement de la révolution. Sage partisan de la ·liberté, il fut entraîné dans la perte -des Girondins, et mis hors la loi

à la révolution du 31 mai 1793. Après 14 mois d'une proscription, que termina la chute de Robes pierre, il fut successivement membre du district de Saint-Brieux, procureur-général syndic de son département, en l'an 3, et en l'an 4, membre du tribunal de cassation. Pendant les cent jours, en 1815, nommé membre de la chambre des représentans, par le département des Côtes-du-Nord, M. Ruperou a été réélu, en 1816 et en 1817, à la chambre des députés, dont il cessa de faire partie en 1820. Il était du nombre des députés qui n'ont pas cessé de défendre les libertés du peuple, et qui, dans la fameuse session de 1819, se sont opposés avec tant de force aux lois d'exception et au nouveau système électoral. Il continue (1825) à faire partie de la cour de cassation.

RUSSEL (N.), général des Irlandais-Unis, entra de bonne heure au service, et parvint rapidement au grade de capitaine dans l'infanterie anglaise. Joignant à des connaissances étendues beaucoup de courage et un ardent amour de la liberté, il se prononça vivement en faveur de la révolution française: ses opinions le firent proscrire en 1792 par le gouvernement anglais. En sortant de prison, il se réunit à O'-Connor, lord Fitz-Gérald et plusieurs autres. Russel devint général et membre du directoire provisoire d'Irlande; mais il subit bientôt une nouvelle détention dans le fort Saint-Georges, en Ecosse, et fut ensuite déporté en Allemagne. Son amour pour la liberté était au-dessus des persécutions: Russel retourna à Dublin, dans l'espérance d'y faire triom

pher la cause à laquelle il s'était dévoué; mais arrêté, pour la troi sième fois, le 9 septembre 1803, il fut mis en jugement et condamné à mort, comme ennemi du gouvernement anglais.

RUTLEDGE (JEAN), gouverneur de la Caroline méridionale, fut un des plus ardens défenseurs de la liberté de son pays, dès l'aurore de son indépendance. Non moins recommandable par ses talens que par la fermeté de son caractère, il fit d'abord partie du prequier congrès, dont il devint président en 1776; et en même temps commandant en chef de la colonie. Inébranlable dans ses principes, il refusa d'adhérer à la constitution de 1778, perdit en conséquence sa place, et fut cependant revêtu de celle de gouverneur l'année suivante. Placé à la tête de l'état, ayant sous ses ordres toutes les milices, il ne se servit de son pouvoir que pour le bonheur de ses concitoyens, et faire passer dans leur âme toute l'énergie qui l'animait lui-même contre la tyrannie anglaise. Ilgouverna la Caroline méridionale jusqu'en 1782, fut remplacé à cette époque par Jean Mathews, et termina, en 1800, son honorable carrière.

RUTY (LE COMTE CHARLES-ETIENNE-FRANÇOIS), lieutenant-général d'artillerie, est né le 2 novembre 1774. Après avoir fait les premières campagnes de la révolution, il partit, en qualité de chef de bataillon d'artillerie, avec le général en chef Bonaparte, pour l'expédition d'Egypte; il fit ensuite les campagnes du Nord, et obtint, le 14 mai 1807, la croix de commandant de la légion

d'honneur. Employé à l'armée d'Espagne, il dirigea l'artillerie au siége de Ciudad-Rodrigo, eut une part importante à la prise de cette ville, et se distingua, dans la même année, aux affaires de SantaMarta et de Villalba. En 1814, le général Ruty fit partie du comité de la guerre, et devint grandofficier de la légion d'honneur. L'année suivante

au mois de

mars, il eut sous ses ordres l'artillerie de l'armée du duc de Berri, destinée à arrêter Napoléon dans sa marche sur Paris. En 1816, il fit partie du conseil de guerre chargé de juger le général Grouchy, et devint ensuite inspecteur-général d'artillerie sur les côtes de l'Océan, directeurgénéral des poudres, membre du conseil d'état, et enfin pair de France, le 9 mars 1819.

RZEWUSKI (LE COMTE SEVE, RIN), général polonais, subit avec son père une captivité de 5 ans en Russie, et dut à cette détention une réputation de patriotisme que sa conduite ne tarda pas à démentir. Pendant la diète de 1788 à 1792, il se prononça en faveur de l'oligarchie et du système électif des rois. Opposé à la majorité de la noblesse polonaise, qui parvint à faire promulguer, le 3 mai 1791, une constitution conforme à ses vœux, Rzewuski se lia avec le comte Félix Potocki, refusa de prêter serment à la constitution, et devint l'un des chefs de cette fatale

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confédération de Targowitz, qui amena la ruine de la Pologne. Il fut, ainsi que Félix Potocki, et tous les partisans de la Russie, dépouillé de ses places et déclaré

rebelle à la patrie; mais après un court séjour à Saint-Pétersbourg, où il s'était retiré, il rentra en Pologne à la suite d'une armée russe, qui consomma l'œuvre inique du démembrement de la Pologne. Dans le mois de novembre 1792, Rzewuski fut envoyé près de l'impératrice de Russie par les confédérés de Targowitz, et fut loin de recevoir l'accueil que ses services semblaient lui avoir mérité. Ce général éprouva bientôt

que si les princes se servent des traîtres, ils les abandonnent bientôt lorsqu'ils n'ont plus besoin de les employer. Ayant voulu empêcher le rétablissement d'un conseil qu'avait ordonné le ministre russe, le comte Rzewuski vit ses biens séquestrés, et n'en recouvra la jouissance qu'après l'asservissement total de la Pologue. Il mourut depuis dans ses terres en Gallicie, ou Pologne autrichienne,

S

SABATIER (L'ABBÉ ANTOINE), dit SABATIER DE CASTRES, littérateur, naquit vers 1742, dans la ville dont il prit ou se laissa donner le nom. Il termina ses études à Paris, et se lança imprudemment dans la carrière littéraire, où son goût le portait bien plus que ses talens. Ses premiers ouvrages n'ayant point fixé l'attention pablique, il voulut à tout prix oCcuper la renommée, et y réussit, mais d'une tout autre manière qu'il ne l'avait espéré. Il se fit méchant pour être quelque chose. Son ouvrage, les Trois Siècles de la littérature, excita d'abord la curiosité. Un littérateur obscur entreprit de juger des hommes en possession de l'estime générale. Les philosophes furent honorés de sa haine, et leurs talens traités avec la plus insigne mauvaise foi, que secondait d'ailleurs sa parfaite ignorance du vrai mérite, dont ils avaient fait preuve comme écrivains. Les Trois Siècles de la littérature, où l'on remarque à

peine quelques articles judicieux, obtinrent le triomphe momentané du scandale; ils tombèrent bientôt dans le mépris, et on ne les cite, depuis long-temps, que pour flétrir leur auteur du nom d'envieux et de ridicule censeur. Telle De fut point la destinée des Palissot, des Laharpe, des Chénier, et même de Rivarol, qui, en général, portèrent dans leurs jugemens sur les ouvrages dont s'honore notre littérature, l'esprit, la malice, un goût pur, et la bonne foi exigés des véritables critiques. L'abbé Sabatier eut la mortification de survivre à son libelle en 4 vol. La révolution vint lui rendre l'espoir de reconquérir l'attention publique; il s'attacha à Rivarol, et concourut avec lui à quelques ouvrages également oubliés depuis long-temps. Le Tocsin politique (1791), des Lettres dans les journaux sur la révolution française, etc. (1792), n'ayant pu reveiller l'attention que de quelques hommes de partis, il émigra

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